L'écrivain Léon Daudet avait coutume de dire que «Lyon était une ville arrosée par trois grands fleuves: le Rhône, la Saône et le beaujolais»... C’est dire si l’on va quitter la «capitale» des Gaules à regrets!! On sort de la ville par la chaussée de Genève, une voie, qui escaladait la Croix-Rousse sous l’Ancien régime, qui s’accroche désormais solidement aux rives du fleuve depuis le début du XIXe siècle, passant sous le fort de Montessuy, construit entre 1831 et 1836, et qui domine le quartier Saint-Clair. Ce quartier, au départ, nous dit Le Progrès dans un article d’août 2015, n’était qu'une «mince rive où l'on trouvait quelques cabanes et chemins de gravier inondés. (...) Saint-Clair a pris forme au XVIIIe siècle grâce à l'extension de Lyon au Nord. Avec l'apparition de la route de la Bresse et les constructions, les pêcheurs affluent et le commerce s'organise». Ce sont, indique Edmond Berthaud, dans un article de la Revue de géographie de Lyon, «de grands travaux d’urbanisme» confiés à partir de 1749 à l’architecte Soufflot qui entraîneront «le refoulement vers l’est du Rhône et l’aménagement d’un quai de circulation continué jusqu’à la jonction avec la route de Bresse (travaux achevés en 1811). Désormais le trafic de la Bresse –et de la Suisse- désertant les routes du plateau, aborda Lyon par le nouveau faubourg Saint-Clair». La «route de Strasbourg» (D483) quitte la R.N.84 au niveau de Crépieux-la-Pape.
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R.N.84:
GENEVE ET LE JURA
Suivez la route nationale 84, la route Genève-Lyon par
Bellegarde, Nantua, Pont-d'Ain... Du Jura majeur au tonitruant
Rhône... faites le plein d'émotions sur bitume!! (lire) |
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A Sathonay-Village. Ces deux Michelin ne sont plus en place (photo: Marc Verney, avril 2007). |
Ce ne fut pas toujours le cas: jusqu’en 1843, la route de Bourg-en-Bresse passait par Meximieux et Chalamont. Afin de «raccourcir» le trajet à travers la Dombes, signale Wikisara, une ordonnance royale du 11 juillet de cette année-là imposera un changement d’itinéraire: la nouvelle chaussée passera désormais par Villars-les-Dombes, coupant au plus court dans cette très humide région. Constituée par un plateau d'origine morainique aux innombrables étangs artificiels chargés de la drainer, il ne faut pas s’étonner que, jusque tard dans le XIXe siècle, la Dombes souffrait d'un paludisme endémique. Ce qui ne devait pas arranger les communications! Au départ de Crépieux, des travaux seront menés en 1846 afin d’adoucir la montée de la combe La Folie puis l’année suivante à Rillieux-la-Pape afin d’améliorer la traversée du bourg (Wikisara). Faisant encore partie du département de l’Ain en 1959, les villages de Crépieux et Rillieux sont rattachés au Rhône en 1968 et vont fusionner en 1972 (rillieuxlapape.fr). Favorisée par l’expansion économique rapide de Lyon, une ville nouvelle (ZUP de près de 6000 logements) verra le jour en ces lieux dès l’orée des années 1960. Bon, pas facile de se dégager de la région lyonnaise, une agglomération qui étend ses tentacules loin de son centre… L’automobiliste des anciennes nationales est un peu comme un extra-terrestre au milieu de cette forêt de béton! Peu d’espoir d’aviser par ici un horizon de vieux macadam… C’est un petit peu avant Vancia que notre œil entraperçoit les premiers indices nous permettant de dire que Lyon est bien dans notre dos… Sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par l’IGN, c’est ici que s’arrête la chaussée… Un chemin sinueux part vers Mionnay où l’on retrouve une voie macadamisée digne de ce nom (enfin, sur la carte!), étrangement appelée «ancienne route de Bourg» (peut-être une réminiscence du chemin du XVIIIe siècle, qui rejoignait Sathonay). Wikisara signale des travaux de voirie à Vancia en 1846. Quoiqu’il en soit, notre route de 1959 contourne le fort Séré-de-Rivières de Vancia, construit à partir de 1872.
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Point kilométrique de la R.N.83 à Mionnay (photo: Marc Verney, juillet 2017). |
Ici, il faut bien l’avouer, les paysages sont peu spectaculaires et le regard s’endort un peu sur le ballet empressé des autos virevoltant sur l’A46, tout à côté. Hop, on saute par dessus cette quatre-voies, puis nous nous glissons sous la voie TGV et l’A432 pour accéder au village des Echets. Au XIXe siècle, on n’y voit sur la carte de l’IGN qu’une ferme posée au milieu des champs! En passant dans l’Ain, notre route prend le numéro D1083. Trois kilomètres après les Echets, la chaussée aborde Mionnay, longtemps fief du chef étoilé Alain Chapel. Au sud, le marais des Echets, qui était un véritable obstacle aux communications, ne fut asséché que vers 1512 par l’œuvre du duc de Savoie Charles III qui fit percer un grand fossé permettant l’écoulement des eaux en direction de la Saône. Cette cuvette lacustre, raconte le site mionnay.fr, «qui évolua par la suite en un marais producteur de tourbe, couvrant encore plus de mille hectares au XIXe siècle, ne fut définitivement assainie que vers cette époque». Après Mionnay, la «route de Bourg-en-Bresse» prend la direction de Saint-André-de-Corcy. Ce village à vocation agricole, divisé en deux hameaux, fut longtemps entouré de nombreux étangs du XIIIe au XVIIIe siècle, nous dit le site ladombes.free.fr. Au milieu du XIXe, profitant certainement de la mise en place de la nouvelle route, un relais s’installe à la Croix-Blanche, l’un des écarts du village. Sur la carte d’état-major du XIXe publiée par le Géoportail de l’IGN, on voit clairement la chaussée ancienne traverser le lieu-dit La Croix puis s’orienter vers Saint-André (aujourd’hui le Vieux-Marseille) puis revenir vers la D1082 du XXIe siècle par la rue de la Poype et un ultime tracé perdu dans les champs après le lieu-dit les Alouettes. Wikisara donne le milieu du XIXe pour l’établissement d’une rectification. A peine trois kilomètres plus loin, voilà le village de Saint-Marcel, bâti sur une ancienne butte glacière. «Village typique de la Dombes mouillée, nous dit ladombes.free.fr, cette commune vit la création du premier étang artificiel connu: l’étang de Conche».Il faut parcourir sept kilomètres pour parvenir à la première étape d’importance de notre trajet: Villars-les-Dombes.
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Le pont sur la Chalaronne à Villars-les-Dombes (photo: Marc Verney, juillet 2017). |
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Ancien panneau en métal vers Saint-Paul-de-Varax (photo: Marc Verney, juillet 2017). |
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R.N.504: PETITS VIRAGES ENTRE AMIS
Entre Roanne et la Savoie, la route nationale 504 historique traverse des paysages qui nous sont chers... Beaujolais, Bresse, Bugey, Alpes... (lire) |
On entre dans Villars-les-Dombes par l’avenue Charles-de-Gaulle. Le bourg, nous explique Jean-Claude Martin dans l’article «La Dombes et ses étangs», «naît» du carrefour de deux anciens chemins romains, «la voie de Germanie et la voie transversale qui reliait Loyes au gué d’Anse». Pour passer au milieu des eaux, la chaussée de la route a dû être érigée au XIXe en digue au travers des étangs de Glareins et Turlet. C’est au Moyen Age, raconte le site ain-tourisme.com, que «des moines bénédictins et chartreux ont aménagé la Dombes pour créer les premiers viviers à poissons en apprivoisant les marécages». Au cœur de cette terre de labeur, Villars-les-Dombes, bâtie sur les rives de la Chalaronne, tout d’abord aux mains des sires de Villars, reste savoyarde de 1402 à 1601, date à laquelle le traité de Lyon donne à Henri IV la Bresse, le Bugey, le comté de Gex et le Valromey. La R.N.83 historique quitte la cité par la route de Bourg. Il y a quatorze kilomètres jusqu’à Saint-Paul-de-Varax pendant lesquels notre voie Lyon-Strasbourg apparaît en lacune autour de Marlieux sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée par le Géoportail. Là encore, c’est Wikisara qui nous indique novembre 1846 pour la réalisation de la chaussée nouvelle. De son côté, l’Annuaire du département de l'Ain confirme ce chantier dans son édition de 1848. Contourné depuis 1949, le village de Saint-Paul-de-Varax, «regroupé autour de son église, existe vraisemblablement depuis l’époque gallo-romaine», signale le site municipal mairie-saintpauldevarax.fr. L’ancien tracé de la R.N.83 y emprunte la rue de la Cressonnière puis la route du Pont-Rouge. L’essor économique vient de la création de cette route au milieu du XIXe puis de l’arrivée du chemin de fer (la ligne Lyon-Bourg) en 1866.
Bourg-en-Bresse n’est plus qu’à 14 kilomètres. Sur notre chemin, Péronnas est un véritable faubourg de la ville. L’avenue de Lyon nous semble interminable… il faut «sauter» la ligne de chemin de fer pour embrayer sur l’avenue Jean-Jaurès. Nous voilà enfin proches du centre-ville, entouré par une ceinture de boulevards. La ville, qui est aujourd'hui le chef-lieu du département de l'Ain s'est développée, nous explique le site patrimoines.ain.fr, «à la croisée des grandes régions naturelles du département: Bresse, Dombes et Revermont, et au carrefour des grands axes routiers et ferroviaires conduisant à Lyon, Mâcon, Genève ou Paris». Durant la période gallo-romaine, il y a deux zones d’habitat: un village à Brou autour d’un fanum (terrain ou édifice consacré aux divinités) et un fortin, transformé ensuite en château. Les sires de Bâgé s'y implantent au XIIIe siècle. En 1272, le mariage de Sybille de Bâgé et du comte Amédée de Savoie fait rapidement passer Bourg sous la coupe de la Maison de Savoie (sauf lors d’un bref intervalle entre 1536 et 1559). Dès lors, la ville se dote de puissantes défenses: trois enceintes fortifiées protègent les habitations autour du château féodal. En 1560, lit-on encore sur le site patrimoines.ain.fr, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, qui fait face au roi de France, lance la construction d’une vaste citadelle «de forme pentagonale avec de larges fossés et des angles renforcés par cinq bastions». En 1601 pourtant, Bourg basculera du côté du royaume de France… Au XVIIIe siècle, découvre-t-on sur le site bourgenbresse.fr, «la ville se transforme radicalement au cours du règne de Louis XV: les marécages sont asséchés, les rues sont pavées et éclairées, les remparts sont abattus et de nouveaux bâtiments sont édifiés».
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R.N.75:
LA "GRIMPEE" DES ALPES
C'était,
dans les années soixante, la route des Parisiens se précipitant
dès les premières neiges à l'assaut des stations de ski des
Alpes... (lire) |
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R.N.79:
DU CHAROLAIS AU JURA
En
1959, la route nationale 79 nous conduit de Nevers à La
Cluse sur la commune de Montréal-la-Cluse dans le département
de l’Ain (monts du Jura). Des paysages plein la vue!(lire) |
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R.N.436: LACETS JURASSIENS
De la Bresse au Jura! Ou comment passer de la ligne droite aux charmants virages du Haut-Jura. Une balade qui tourneboule les sens (lire) |
A la fin du XIXe siècle intervient un changement majeur indique le site patrimoines.ain.fr: «L'avenue Alsace-Lorraine, une nouvelle large artère est percée à partir de 1895 à l'instigation du maire Jean-Marie Verne». La cité, qui devient officiellement Bourg-en-Bresse en 1955, comptait de nombreuses hôtelleries en raison de sa position géographique, dont certaines sont décrites par Maurice Brocard, historien de la ville, comme l'auberge A la descente des Lyonnais (XVIIIe siècle), qui, ainsi que son nom l'indique, recevait les voyageurs venus de Lyon... Un boulevard urbain ceinture le centre de Bourg depuis les années 70. Il n'est donc pas difficile d'y retrouver la route de Lons-le-Saunier (l’avenue des Sports, puis l’avenue de Bad-Kreuznach) au niveau du faubourg du Jura. A quelques kilomètres, la R.N.83 traverse la Carronnières de Challes; ce nom rappelle une fabrique de carrons, de grosses briques en terre cuite servant à la construction et palliant l’absence de pierres dans la Dombes (patrimoines.ain.fr). Notre chaussée, bien visible sur la carte de Cassini (XVIIIe) et la carte d’état-major du XIXe siècle publiées par l’IGN, pointe en quasi ligne droite vers Saint-Etienne-du-Bois, un village traversé par la rue Centrale. Un relais de poste, entre Bourg et Saint-Amour y était organisé jusqu’à l’arrivée du train, en 1862 (st-etienne-du-bois.fr). Ici, notre route franchit toute une série de petites rivières dévalant du Revermont et allant irriguer la verte plaine de Bresse, comme le Sevron, le Solnan, la Gizia…
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La chaussée longe le Revermont, et le voyage devient bien joli (photo: Marc Verney, juillet 2017). |
Cinq kilomètres après Saint-Etienne-du-Bois, voilà Moulin-des-Ponts, théâtre d’un féroce combat autour de la voie ferrée entre résistants et Allemands en juin 1944. Les «soldats de l’ombre», férocement matraqués par un train blindé, ont dû se replier, «laissant six morts», raconte un article du Progrès de mai 2016. Encore un peu plus loin au nord, passé Villemotier, voilà Coligny. Au XVIe siècle, nous dit Wikipédia, «Gaspard II de Coligny réunit les seigneuries de Coligny-le-Vieil et de Coligny-le-Neuf en 1550. Après avoir relevé du duc de Savoie, Coligny-le-Neuf devint finalement française grâce au traité de Lyon de 1601, alors que Coligny-le-Vieil, qui relevait du comté de Bourgogne alors possédé par les rois d'Espagne, finit par être définitivement rattaché à la France sous Louis XIV après le traité de Nimègue en 1678». Nous voici donc sur une très ancienne frontière! On trouve d’ailleurs dans les parages (vers Dingier) d’anciennes bornes marquant en 1613 le passage du Royaume de France à la Franche-Comté, terre d'Empire (bresse-revermont.fr). De fait, quasiment passées les dernières maisons de Coligny, nous voilà dans le Jura. Un ouvrage de 1862, De la corvée en France et en particulier dans l'ancienne province de Franche-Comté, signale que cette voie Lyon-Strasbourg a été traitée par le «rélargissement des chemins territoriaux». Et qu'en «1737, elle était déjà distribuée à l'entretien public des communautés». Bien «qu'on y ait déjà opéré plusieurs rectifications, elle en exige cependant une très grande quantité d'autres». La route n°83 historique, se faufilant entre les villages de Chazelles et de Nanc, s’approche de Saint-Amour considérée, dit le site bresse-revermont.fr, «comme une des principale clés du bailliage d'Aval de Franche-Comté». Déviée à la fin des années soixante, on y entre aujourd’hui par l’avenue de Lyon (D3) et la rue Lamartine (une réalisation du XIXe). L’ancienne chaussée royale semble bien être la rue de la Croix-de-Mission. Il y avait là un château qui se composait d'un épais donjon circulaire et d'une forteresse bâtie sur une éminence naturelle; l'enceinte était délimitée par les fossés de la rue des Terreaux et le quartier de l'église avec le cimetière autour. Ces fortifications (et le bourg) vont subir, au fil des siècles, les assauts meurtriers des troupes royales (1477, 1595, 1637, 1674…). Désormais, la plupart des fossés ont été convertis en jardins et il ne subsiste de ces temps troublés que la tour Guillaume, haute de 20 m. Le relais de poste, écrit l’historien local Robert Faverge sur son site très documenté (robert.faverge.pagesperso-orange.fr), se trouvait à l'entrée de Saint-Amour, au début de l'allée des Capucins.
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VISITER LA ROUTE DES RECULEES
C'est un des plus beaux itinéraires jurassiens, emblématique de ces montagnes travaillées par le ruissellement des eaux... (lire) |
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La route nationale 83 historique (D1083) ondule au pied des collines du Revermont (photo: Marc Verney, juillet 2017). |
On sort de Saint-Amour par le lieu-dit La Maladière et l’avenue de Franche-Comté (D51). Jadis, on y traversait le «petit» Besançon (il entraînait de nombreux moulins) sur un pont de planche. La route passe alors au large de Balanod, lieu d’extraction d’un «marbre» de qualité. La portion de chaussée moderne entre Joudes et Goz, selon la Situation des travaux est livrée à la circulation en 1840. Cet ouvrage signalant par ailleurs que l’on œuvre encore à la «consolidation des accotements dans la rampe de Joudes». Puis c’est l’arrivée à Cuiseaux (Saône-et-Loire) par la D972. La petite cité était traversée par la nationale en 1959, ce qui devait amener de sacrés embarras dans l’étroite rue Edouard-Vuillard… Le bourg, dit le Guide Bleu Franche-Comté-Monts-Jura (1961), est dominé «à l’Est par de pittoresque rochers couronnés de mélèzes. Il reste deux tours de son ancienne enceinte qui en comptait trente-six». «Lors du rattachement du duché de Bourgogne à la France par le roi Louis XI, écrit Wikipédia, à la suite de la mort de Charles le Téméraire, la ville de Cuiseaux resta fidèle à Marie de Bourgogne, la fille du duc. En représailles, le sire de Craon, lieutenant de Louis XI, réduisit la ville en cendres le 25 juin 1477». Entre XVIIe et XVIIIe siècles, «bénéficiant de puissants seigneurs (des princes d'Orange au prince de Condé) incitant au commerce (il y avait quatre foires annuelles) et d'un terroir permettant de bénéficier à la fois des vins jurassiens et de l'élevage de Bresse, siège d'un bailliage, possédant un hôpital et un collège, la ville n'a pas cessé de garder son importance», explique le Diagnostic architectural, paysager et environnemental de Cuiseaux publié sur le site internet de la municipalité (cuiseaux.fr). Plus tard, au XXe siècle, une usine de salaisons (l'entreprise Morey) exportant sa production sur tout le territoire national va compter jusqu'à 2300 ouvriers sur un vaste site de 6 ha. L’avenue René-Cassin nous emmène en direction de Lons-le-Saunier. On croise sur la gauche, l’ancienne route de Louhans, désormais transformée en impasse par la réalisation du contournement de Cuiseaux, dans les années 80. Et, peu de temps après, on retrouve le Jura au niveau de Digna.
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Vue sur la Bresse et Lons-le-Saunier depuis le belvédère des Tilleuls au-dessus de Conliège (photo: Marc Verney, avril 2015). |
Il y 3,5 km entre Cuiseaux et Cousance, petit bourg blotti à l’orée de la reculée de Gizia. La route nationale 83 historique y pénètre par la Grand-Rue (D178). Ici, de premiers travaux de rectification ont eu lieu entre 1844 et 1846, indique Wikisara. Un ancien tracé devait en effet emprunter la rue du Moulin. Mais la grande affaire c’est la déviation de la commune dans les années 80-90 pour laquelle il faut construire un ouvrage d’art au-dessus de la Gizia. D’après le site municipal mairie-cousance.fr, «de vieux manuscrits attestent l'existence d'un moulin dès le XIIe siècle». «Il faudra attendre, écrit encore ce site, la fin du XVIIIe siècle, bien après le rattachement de la Franche-Comté au royaume de France, pour que le village s'éveille: il doit déjà à cette époque sa réputation à ses foires, à ses marchés et à ses commerces prospères: cabarets et auberges qui se tiennent le long de la route royale Strasbourg-Lyon». Au même moment, on bâtit un premier pont franchissant la rivière de Gizia sur la route royale. Après, la R.N.83 (D1083) longe Cuisia, Augea (rectification de la combe Janard) puis Maynal. Les chaussées XVIIIe, XIXe et XXe empruntent ici quasiment les mêmes itinéraires au vu des cartes publiées par le Géoportail de l’IGN. Notre étape suivante, le village de Beaufort, doit son origine à son château-fort bâti au Xlle siècle par les religieux de Gigny pour la protection des vastes domaines qu’ils possèdent dans la région, signale le site beaufort-39.fr. Encore quelques kilomètres d’une paisible route qui oscille entre les collines et voilà l’arrivée à Lons-le-Saunier par Messia. De là, l’ancienne chaussée gagnait le centre-ville par l’avenue de Montciel. Un nouveau tracé, suivant l’avenue Pasteur, draine le trafic principal à partir de la fin du XVIIIe siècle.
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A
gauche, le beffroi, place de la Liberté, au centre de Lons-le-Saunier.
La tour amorce l'artère la plus étonnante de la cité,
la rue du Commerce, environnée de belles arcades de pierre
blanche. A droite, derrière le théâtre de la ville,
on trouve la statue de Rouget de l'Isle. En fait, la maison familiale
de l'auteur de la Marseillaise se trouve à Montaigu,
un petit village tout à fait charmant qui domine Lons (photos:
Marc Verney, juillet 2006). |
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R.N.78:
LE JURA PAR LE MORVAN
La
RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux
en passant par le Morvan et les beaux vignobles de Bourgogne.
Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire) |
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R.N.470: DES COLLINES ET DES MONTS
Entre Bourgogne et monts du Jura, la route nationale 470 historique se faufile au travers des plus belles contrées de la région (lire) |
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R.N.471:
DU JURA AU DOUBS
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant
par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura
où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire) |
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L'ancien
hôtel Genève & Paris de Lons-le-Saunier symbolise
bien la vocation de ville-étape qu'avait la préfecture
jurassienne dans les années cinquante, soixante et soixante-dix...
La cité est aujourd'hui le rendez-vous commercial des Jurassiens
et des nombreux touristes venus du nord de l'Europe qui viennent s'installer
dans la région les beaux jours venus (photo: Marc Verney, juillet
2006). |
La cité de Lons-le-Saunier, lit-on dans l’Enquête sur le Jura depuis cent ans, est devenue «un grand centre de routes, par suite de l’importance, jusqu’au XIVe siècle, de ses salines, réexploitées au XVIIIe siècle». A lire l’Histoire de Lons-le-Saunier, en 1775, la ville bâtie «s’allonge du sud-ouest au nord-est selon un axe très net, c’est la route Nord-Sud de la côte, d’origine romaine et peut-être pré-romaine. Venant du sud, elle contournait la colline de Montciel (on l’a déjà vu) à flanc de coteau (…), empruntait la rue des Capucins (rue des Ecoles), tournait à angle droit pour couper perpendiculairement la Vallière et s’engageait ensuite vers la Grande Rue, c’est-à-dire cette rue des Arcades qui a toujours été le centre commercial de la cité». Placée dans une cuvette entourée de buttes (Montaigu, Montmorot, Montciel...), Lons-le-Saunier se love à l'amorce de la reculée de Revigny, découvre-t-on dans le guide Franche-Comté, édité par la Renaissance du livre. Profitant de sa situation idéale, Lons attire les artisans du Haut-Jura et les paysans de la plaine... Après bien des déboires (un incendie en 1536, la guerre de Dix ans en 1637) la ville renaît donc au XVIIIe siècle sous l'impulsion du Royaume de France grâce à l'exploitation du sel. En 1849, on y construit même un établissement thermal. Entre-temps, et au grand désespoir de Dole, la capitale historique régionale, Lons est choisie en 1789 pour être le nouveau chef-lieu du département du Jura. Vers le nord, en direction de Poligny, il y a 28 km à parcourir sur la R.N.83 de 1959. Et, nous explique l’Histoire de Lons-le-Saunier, c’était «la route de la côte, qui comme aujourd’hui» nous emmenait vers Besançon, tout en se dédoublant cependant vers Chille: un embranchement «gagnait Poligny par Château-Chalon et Plasne; c’était l’itinéraire de beaucoup le plus fréquenté. L’autre, plus à l’ouest, se dirigeait vers Plainoiseau et Saint-Germain selon un tracé qui n’est pas exactement celui de l’actuelle N83, lequel remonte à la première moitié du XIXe siècle». Georges Reverdy, qui évoque la généralité de Besançon dans son Histoire des routes de France, du Moyen-Age à la Révolution, signale également les redoutables reliefs à franchir par ici, la «côte dangereuse du mont des Plasnes» et la «descente de Château-Chalon, qu’on ne pouvait se dispenser de rectifier»…Monsieur Trudaine, écrit-il encore, «aurait préféré qu’on aménage la déviation faisant un grand détour par Toulouse-le-Château, ce qui serait fait par la suite, mais, en 1781, l’assemblée des Ponts et Chaussées s’était prononcée en faveur d’aménagements sur place».
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LA BELLE ROUTE DES VINS
Du nord au sud du Jura, la route des vins suit les collines du Revermont. Voilà un itinéraire gourmand dans le sympathique «bon pays»... (lire) |
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Embranchement (il y a un rond-point maintenant) de la R.N.83 avec la départementale 38 menant au village vigneron de l'Etoile (cépage chardonnay). Le nom du bourg vient des anémones de mer fossilisées que l'on retrouve par ici. En effet, il y a de cela de très nombreuses années, le Jura était... une mer chaude (photo: juillet 2006). |
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A Plainoiseau (photo: juillet 2006). |
En direction de Plainoiseau, on note effectivement sur la carte d’état-major du début du XIXe siècle publiée par l’IGN (Géoportail) un chemin qui se sépare de la route de Voiteur au niveau de Chille, passe ensuite en ligne droite à l’ouest du Pin et s’engage sur le territoire de Plainoiseau par le hameau de Rochebois. Ce n’est pas le tracé de la R.N.83 de 1959 qui rejoint Plainoiseau par Feschaux et en passant aux pieds du mont Genezet. D’ailleurs, pour être franc, on se perd un peu dans toutes les modifications de cet itinéraire… Reprenons: au XVIIIe siècle, on passe par le Revermont, Château-Chalon (rudes virages) et Plasne pour redescendre sur Poligny… mais on peu aussi faire une large boucle par Toulouse-le-Château… Au XIXe siècle (travaux à partir de 1840 environ selon Wikisara) la route s’oriente vers Plainoiseau, Saint-Germain, Mantry et Toulouse-le-Château (peu avant ce village, on voit d’ailleurs sur les photos aériennes des années cinquante les restes d’une «voie impériale»). Plus tard, après les lourds travaux menés depuis des années, dans la deuxième partie du XIXe, on «saute» Mantry et Toulouse, en allant, depuis Mauffans, vers Montchauvrot et Millacre. Après la traversée d’une partie des forêts de Boichat et de Vaivres, notre chaussée de la R.N.83 de 1959 arrive en vue de Poligny, terme de la première étape. Avant l’aménagement du contournement de la cité, en 1969 (Wikisara), la voie entrait à Poligny par la longue route de Lons. Encore avant, sous l’Ancien Régime, la route du Revermont arrivait par ici en suivant d’abord la route de Plasne puis la rue de Verdun. Mais tous les chemins finissaient par mener à la place des Déportés, où la route Lyon-Strasbourg a longtemps croisé la R.N.5 Paris-Genève, notre «route blanche».
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R.N.468:
ENTRE SAONE ET DOUBS
En 1959, la route nationale 468 relie la région dijonnaise (Côte d’Or) au village de Toulouse-le-Château non loin de la petite cité de Sellières, dans le Jura (lire) |
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Panneau Michelin à Saint-Germain-les-Arlay (photo: juillet 2006). |
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Vue
sur le Revermont depuis la N83 entre Poligny et Saint-Germain-les-Arlay
(Photo: avril 2006). |
Stratégiquement placé au pied de la reculée des monts de Vaux qu’il commande, le petit bourg de Poligny, dominé par la croix du Dan, a fière allure. Petites rues étroites, belles maisons en pierre de taille, églises, statues et fontaines... Le tout donne envie de faire étape. Ca tombe bien: nous voici arrivés au pays des vins et du fromage. Le territoire est occupé dès la préhistoire. Les découvertes archéologiques témoignent d'un enracinement humain dès l'aube des temps. A l'époque gallo-romaine, le lieu (Polemniacum) est une place de marché. Nous sommes sur un carrefour de routes antiques qui relient des zones prospères: le bassin parisien à la plaine du Pô, la vallée du Rhône aux pays rhénans... Entre le VIIe et le XIe siècle, un nouveau quartier de la cité se forme autour de l'église romane de Mouthier-le-Vieillard. Durant le XIe siècle, l'extension de Poligny se poursuit avec la construction du Bourg-Dessus, formé au pied du château de Grimont. La cité s'organise peu à peu selon un plan quadrillé, structuré par trois rues parallèles, dominées par la collégiale Saint-Hippolyte. Poligny, alors rattachée au duché de Bourgogne, préserve les archives des grands ducs d'Occident. A l'époque de Louis XI, le système défensif de la cité comporte jusqu'à 25 tours et cinq portes. Aujourd'hui, Poligny abrite la prestigieuse Ecole nationale d'industrie laitière et se veut la capitale du fromage comté, appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis 1952 (on dit aujourd’hui appellation d’origine protégée...). A bon fromage, bon vin... les viticulteurs polinois cultivent 85 ha de côtes du jura. En direction d’Arbois, la vieille route de Strasbourg se calait au milieu des vignes à flanc de Revermont jusqu’à Pupillin… Mais c’est une autre histoire que nous évoquerons dans la deuxième étape de notre balade sur la R.N.83 historique… (à suivre)
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A la sortie de Poligny en direction de Lons (photo: Marc Verney, juillet 2006). |
Marc Verney, Sur ma route, novembre 2018
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R.N.5:
LA ROUTE BLANCHE
La route nationale 5 de Paris à Genève traverse Poligny et escalade les monts de Vaux... direction le magnifique Haut-Jura! (lire) |
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R.N.83:
LA DIAGONALE DU DOUBS (II)
La route nationale 83 sort de Poligny en direction de Besançon. Puis c'est Belfort et l'Alsace... On en prend plein les yeux jusqu'à Strasbourg (lire) |
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