Au sortir de Saulieu, nous précise le Guide Bleu de la France automobile 1954, «la N6 (auj. D906) achève de traverser le plateau du Morvan». Si le trajet est «pittoresque et sinueux», les difficultés s’accumulent: voilà les lacets de la descente sur la vallée de la Baigne, rectifiés par une ligne droite, puis, nous écrit l’ouvrage Les chemins de Paris à Lyon, «la célèbre épingle à cheveux de La Guette», également rectifiée depuis les années quarante. Peu avant, au niveau de la forêt de Thoisy, on aura laissé partir sur la gauche l’ancienne N77bis. Plus loin, la route coupe direct dans la «petite barrière rocheuse du Maupas»; on peut y voir, dans l’ancien hameau, le vieux relais de poste qui s’y trouvait. A 287 km de la capitale, voilà Arnay-le-Duc, autre étape sur l'itinéraire Paris-Lyon. Moins glamour peut-être que Saulieu, la petite bourgade est bâtie sur un promontoire dominant l'Arroux. Au XIe siècle, bien fortifiée, la cité devient un point de surveillance sur la route d'Autun à Langres, l’itinéraire principal d’alors. Ce fut donc, bien des années plus tard, une des étapes d’importance sur la route de Lyon. Outre ses nombreux restaurants et hôtels (dont Chez Camille ou l’Hôtel Terminus), la ville disposait de garages où étaient dépannés routiers et touristes. A noter que le président français Edouard Herriot avait fait d'Arnay-le-Duc son étape gourmande entre Lyon et Paris…
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R.N.77bis:
LA TRAVERSEE DU MORVAN
La
RN77bis de 1959 relie Nevers à Sombernon en
passant par le Morvan. Une route
de jolies courbes à suivre ici (lire) |
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La R.N.6 historique au nord d'Arnay-le-Duc (photo: Marc Verney, mars 2014). |
A quelques kilomètres d’Arnay, la route a subi quelques modifications dans les années trente à la hauteur de Neuilly: le sommet de la colline a été littéralement raboté de manière à adoucir la montée. Du coup, la chaussée passe sous un pont depuis lequel on a une magnifique vue sur les méandres de la R.N.6… Encore un peu plus loin, la déviation de Lacanche, un bourg connu pour sa production de fourneaux de qualité, a été réalisée bien après la Deuxième Guerre mondiale (1954). Nous voici désormais à Ivry-en-Montagne... Là aussi il existe un contournement par l’est, projeté dès 1941, mais ouvert en 1953 seulement et sur un tracé différent. A côté, Cussy-la-Colonne est connue pour sa... colonne datant du IIIe siècle. Sans doute disposée à l'entrée ou au centre d'un domaine gallo-romain, elle a certainement une origine religieuse; en tout cas, depuis sa restauration au XIXe siècle, elle domine tous les alentours de ses 11,60 m. Les Etats de Bourgogne ont mené dans cette région, au début du XVIIIe siècle, «une énergique politique routière», selon l’ouvrage Chemins oubliés en pays bourguignon: on améliore la route n°1 (la R.N.6 historique) en la faisant passer par Ivry-en-Montagne au lieu de Molinot (une ancienne voie moyenâgeuse), ce qui permet à Antoine Garreau dans une Description du gouvernement de Bourgogne de 1717 d’affirmer que le «chemin ordinaire de Lyon à Paris est de Chalon à Chagny, (puis) La Rochepot, Ivry, Arnay-le-Duc, Maupas, Saulieu…»
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Le petit village d'Orches (où se trouvait ce panneau en 2008) se trouve juste à côté de l'ancienne RN (photo: Marc Verney, novembre 2008). |
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Cette ancienne publicité Kodak a été récemment restaurée (photo: Marc Verney, mars 2014). |
La route traverse maintenant un «plateau désertique» nous conte le Guide Bleu 1954. Au lieu-dit du carrefour de Bel-Air, se trouvait, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais un célèbre «restoroute». A 317 km de Paris, c’était, dans les années soixante, le seul point éclairé de la nationale entre Arnay et Chagny. Dans un article du Miroir Mag daté du 3 juin 2013, Lilian Bonnard revient sur l’histoire singulière de ce lieu, où l’on trouvait «plusieurs stations-service, un restaurant routier, deux garages ainsi que le restaurant qui deviendra le fameux Relairoute de La Rochepot». La halte ne devait rien au hasard: d’un côté, l’automobiliste qui venait de Paris savait en passant ici qu’il en avait terminé avec les difficultés du Morvan… et de l’autre, celui qui arrivait de Lyon, savait, en voyant Bel-Air, qu’il avait achevé la dure montée de La Rochepot. La pause s’imposait dans les deux sens… Le cinéma achèvera de rendre mythique le carrefour de Bel-Air, bientôt condamné par l’autoroute du Sud: Alain Delon en cavale sur la R.N.6, s’y restaure dans le Cercle Rouge (1970) de Jean-Pierre Melville. Aujourd’hui (en 2014), abandonné du trafic, Bel-Air est pourtant un lieu en plein devenir: expositions de voitures prototypes, restauration de véhicules anciens, road nostalgia… Les projets fleurissent sur un bout de bitume appelé –peut-être- à devenir un jour une «route 66 à la française»… Juste à côté, le touriste friand de curiosités naturelles fera (par la D111E) un saut au cirque du Bout-du-Monde, une charmante reculée (de type jurassien) d'où jaillit la Cosanne en une cascade de 40 m de hauteur (enfin, quand il y a de l'eau...).
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La Rochepot. Le château est visible sur la gauche de l'image (Photo: Marc Verney, mars 2014). |
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R.N.73:
DEUX BALE A MON MOULINS!
La route nationale 73 de 1959 relie Bâle en Suisse
à Moulins dans l'Allier. C'est l'une des plus singulières
transversales qui soient. Mais pas des moins bucoliques... (lire) |
«Certaines routes sont de véritables monuments», a-t-on pu lire l’été 2008 dans le journal régional, le Bien Public. En effet, la route nationale 6 historique aborde ici ce qui est très certainement sa partie la plus mythique du tronçon Sens-Lyon... Appréciée des voyageurs, crainte par les camionneurs: voilà la côte de La Rochepot. En quelques kilomètres, la nationale «tombe» de plusieurs centaines de mètres dans la plaine de la Saône en longeant jusqu’à Chagny les plus beaux vignobles de blanc de Bourgogne. Attention, l'arpenteur de nationale historique ne doit pas se tromper de trajet: la fameuse côte, terrible pour les moteurs, a été déviée en 1955... Il faut maintenant suivre la départementale 33 –la chaussée de la fin du XVIIIe siècle- pour apprécier ce qui est -de l'avis de tous les amoureux de la route- le plus beau virage de France, face au monumental château de La Rochepot. Mais on trouvait encore une route plus ancienne, signale le livre Chemins oubliés en pays bourguignon, qui descendait très rapidement du plateau d’Auvenay par la croix du Pèlerin en direction de La Rochepot pour ensuite redescendre sur Saint-Aubin par la croix de l’Ormeau.
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R.N.74:
DE L'EAU DANS LE VIN...
En
1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial
(Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy,
Langres, Dijon, Beaune... (lire) |
Après avoir longé les extraordinaires vignobles du montrachet et croisé la N74 (D974), la route aborde Chagny, petite bourgade industrieuse située sur les bords du canal du Centre, inauguré en 1794. Depuis cette ville, porte de la Saône-et-Loire, la route de 1959 retrouve -et ce jusqu'à Lyon- des caractéristiques «modernes»: plus grande largeur et virages systématiquement rectifiés... Le contournement de la cité date de 1954. Avant, la traversée de la ville, par de petites rues étroites et parfois à angle aigu était «mouvementé», nous dit Alain Dessertenne dans Chemins oubliés en pays bourguignon. Au XIIe siècle on y trouve un péage. Au XIVe siècle, Chagny est liée aux Ecorcheurs, des bandes de soudards qui s’y installent et pillent la région. Il faut tout le prestige et le bagout de Bertrand Du Guesclin (et un peu d’argent!) pour les convaincre d’aller guerroyer en Espagne…
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Extrait d'une publicité murale à Chagny (Photo: Marc Verney, mars 2014). |
Pour aller vers Chalon-sur-Saône, avant le XVIIIe siècle, affirme l’ouvrage Chemins oubliés en pays bourguignon, il faut filer plein est vers Demigny, pour «attraper» la route de Beaune à Chalon (D19), encore visible sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée sur le site de l’IGN. Le nouveau tronçon, direct, datant, lui, du XVIIIe siècle, «descend, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais, jusqu’à Chalon, la vallée de la Thalie, également suivie par le canal du Centre». On va presque regretter la bucolique traversée du Morvan: c’est une longue ligne droite bordée d'arbres longeant de loin la forêt de Chagny où les autos flirtent avec les limitations de vitesse... Grande fierté des Chalonnais: être le berceau mondial de la photographie. La statue de Nicéphore Niépce, l'homme sans qui ce site n'existerait pas se situe sur les quais longeant la Saône. Grosse ville carrefour grâce à son pont franchissant l'imposante rivière, Chalon voit se croiser les routes d'Autun, de Paris, de Dijon, de Dole, de Lons-le-Saunier (N78), de Bourg-en-Bresse et de Lyon... Jusqu’au XVIIIe siècle, on rentre dans Chalon par la porte de Beaune. Dans la ville, l’avenue de Paris fut percée avant la Révolution française. Il y eut encore un prolongement vers les quais au début du XXe siècle (le quai Gambetta est réalisé à partir de 1788). La déviation routière des années cinquante servant à l’autoroute du Soleil, on combla le canal du Centre et le port dans la ville afin de créer au début des années soixante une voie rapide supportant l’intense trafic de la R.N.6 en transperçant littéralement la ville… Pas terrible comme idée!
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Ancien panneau indicateur à Chagny (Photo: Marc Verney, mars 2014). |
Au XVIIIe siècle, nous dit l’Histoire de Chalon-sur-Saône, «aux portes même de Chalon, le bois de Beauregard était dangereux. La route vers Lyon était en si mauvais état qu’en général on prenait le bateau»… Dans le même ouvrage, on apprend que la cité est le plus «considérable» des ports de Saône; c’est en effet là que le plus gros bateaux doivent s’arrêter. En 1835, par exemple, lit-on dans l’ouvrage Chalon et la Saône, «le premier bateau à coque métallique, le Papin, réussit à relier Lyon à Chalon en 12 heures». L’histoire de la ville est liée au développement des communications: déjà, à l’époque gallo-romaine, partaient de Cabillonum les voies de Boulogne, de Langres et de Besançon. Il y avait un gué pour franchir la Saône, vite remplacé par un pont en bois vers –14 av. JC et un autre vers 95. Fortifiée dès le IIIe siècle, Chalon accueille d’importantes foires commerciales au Xe. A la fin du XVe siècle, apprend sur le site chalon.fr, la cité est «annexée au royaume de France. Ce dernier la dote d’une nouvelle enceinte en 1555 et d’une citadelle (achevée en 1591)». Car la ville est une frontière avec les Etats des Habsbourg. On termine quand même le pont Saint-Laurent en pierre (1508) vers la Bresse. L’ingénieur Gauthey, au XVIIIe siècle, va finaliser la liaison vers la plaine bressane en réhabilitant le pont Saint-Laurent (1784) et en réalisant le pont des Echavannes en 1787. A la même époque, la route de poste Paris-Lyon est temporairement détournée par Autun, utilisant notamment la R.N.80 historique; mais on reviendra plus tard à l’itinéraire initial. Au milieu du XIXe siècle, c’est l’apogée pour les Chalonnais: le train s’interrompt provisoirement à Chalon, faisant de la ville une étape incontournable sur la grande route vers le sud…
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R.N.78:
LE JURA PAR LE MORVAN
La
RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en
passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons.
Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire) |
Avant, on sortait de Chalon-sur-Saône par la rue de Lyon et la Grande-Rue-Saint-Cosme dans le faubourg Saint-Rémy. Aujourd’hui, la N6 historique utilise le quai Saint-Cosme, le long de la Saône. Voilà bientôt Lux, après un vaste rond-point. Au lieu-dit La Pérouse, on trouve une partie de la voie romaine descendant vers Buxy, plus à l’ouest. De 1940 à 1943 c’est aussi à Lux que l’on traversait la ligne de démarcation. La route rejoint Saint-Loup-de-Varennes où se trouve la maison natale de Niépce (monument). C’est dans ce village que l’ingénieur prit la première photo jamais réalisée, le Point de vue du Gras en 1826 ou 1827. Le temps de pose a duré 8 heures! A côté, à Varennes-le-Grand, où l’on s’est déjà bien éloigné de la Saône, on garde précieusement aux archives la mémoire d’un lieu-dit, le Terreau-Pailloux situé en bordure d’un «chemin ferré» voie gauloise puis romaine d’importance qu’accompagne à quelque distance une chaussée plus moderne, plus large (12 m) et plus rectiligne créée grâce à la corvée sous Louis XV et qui sera plus tard la R.N.6…
On arrive maintenant à Sennecey-le-Grand après avoir franchi la rivière Grosne. Là, en des temps très anciens, les crues de la rivière imposaient parfois de longs détours, notamment par La Ferté, où l’on trouve encore des traces de voies romaines. La R.N.6 historique (D906) s'approche d'une autre de ses étapes majeures: la ville de Tournus, connue pour son église abbatiale romane Saint-Philibert et ses nombreux restaurants gastronomiques... Située à égale distance de Dijon et de Lyon, le petit bourg a quelque chose du sud de la France... Sont-ce les toits recouverts de tuiles romaines, les platanes du bord de Saône...? A noter que Tournus était déjà à l'époque romaine une étape importante de la voie d'Agrippa. Dans l’Histoire de la ville et du canton de Tournus, on découvre que la chaussée antique a été «reconnue à l’entrée de la porte de Mâcon». La traversée de l’agglomération n’était pas simple: la route ancienne, nous précise un article du Journal de Saône-et-Loire de juillet 2012, «empruntait le centre de Tournus. Les véhicules devaient (notamment) s’immiscer dans la rue Désirée-Mathivet». Une déviation, qui contourne le centre par des boulevards extérieurs est réalisée avant la Deuxième Guerre mondiale. Au sud, le carrefour avec la R.N.75, qui traverse la Saône sur un pont réalisé en 1951 a toujours été d’un franchissement délicat en période de forte circulation (un «toboggan» déviant la circulation vers Bourg sera installé jusqu'au moment de la mise en service de l’autoroute du Soleil en 1970). La chaussée file maintenant vers Mâcon. Ici , le tracé du XXIe siècle est identique à celui du XIXe, comme on peut le constater sur la carte d’état-major publiée sur le site de l’IGN. Les quelques rares écarts visibles sont majoritairement dus aux travaux réalisés au milieu du XXe siècle pour supprimer les passages à niveau.
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R.N.471:
UNE ROUTE JURASSIENNE
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant
par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura
où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire) |
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R.N.75:
LA "GRIMPEE" DES ALPES
C'était,
dans les années soixante, la route des Parisiens se précipitant
dès les premières neiges à l'assaut des stations de ski des
Alpes... (lire) |
Dans l’Histoire de Mâcon et du Mâconnais, Emile Magnien raconte que cette «grand’route du val de Saône» est élargie à 40 pieds à partir de 1735. Son entretien semble, en tout cas importer aux Bourguignons: à la fin du XVIIIe siècle, dans la traversée de la région, la route est divisée en plusieurs sections (Tournus, Saint-Oyen, Mouges, Mâcon, Varennes et Pontanevaux). Des cantonniers (ils sont douze au total) sont affectés à chacune de ces sections et se trouvent chargés aussi bien de combler les ornières et d’assurer une forme d’assistance aux voyageurs en difficulté. La route longe désormais les vignobles du Mâconnais. Vers Uchisy, on passe non loin du petit village de Chardonnay, à l'origine du nom du fameux cépage qui donne les blancs parmi les plus fins du monde. Voilà maintenant Saint-Oyen, où se trouvait –au temps des diligences- un vaste relais, associant plusieurs propriétaires servant la poste, le coche et les messageries. La route traverse Fleurville, Saint-Albain, La Salle, Saint-Jean-le-Priche... Dans l’Histoire des routes de France, du Moyen-Age à la Révolution, Georges Reverdy écrit «qu’en 1788, il est dit qu’il faut préférer en hiver la route de la Bourgogne à celle du Bourbonnais, car "on a la ressource du pavé" si le chemin de terre est gâté».
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A
Mâcon (Photo: Marc Verney, août 2007). |
Encore quelques kilomètres et voici Mâcon, la préfecture de la Saône-et-Loire, implantée, comme Chalon, au bord de la rivière Saône. La route nationale 6 historique (D906) longe aujourd’hui les quais, ce qui permet de constater l'animation qui règne dans le centre-ville (bars, restaurants)... A 65 km de Lyon, Mâcon est, s'exclame le Guide littéraire de la France, «la ville lamartinienne par excellence». C'est ici, en effet, que le grand poète est né en 1790. Du coup, une rue, un quai et un lycée portent son nom... La statue de Lamartine se situe sur la promenade qui longe le quai. Avant l’aménagement des quais, de fin XVIIIe au début du XIXe, l’entrée dans Mâcon se faisait par la rue de Paris. Il y a bien longtemps, découvre-t-on dans l’ouvrage Mâcon, la cité «n’était qu’un simple gué sur la Saône, alors bien plus large côté bressan». Plus tard, située à côté du duché de Savoie, Mâcon se love dans ses remparts durant le Moyen-Age et encore bien après… On y croise aujourd’hui également la route Nevers-Genève, la nationale 79 historique qui y traverse la Saône sur un pont construit sans doute au XIe siècle. Construite en direction de la Loire au XVIIIe siècle, cette chaussée a servi au commerce des vins du Mâconnais en direction de Paris, par les canaux de Briare et du Loing.
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R.N.79:
DU CHAROLAIS AU JURA
En
1959, la route nationale 79 nous conduit de Nevers à La
Cluse sur la commune de Montréal-la-Cluse dans le département
de l’Ain (monts du Jura). Des paysages plein la vue!(lire) |
La sortie de Mâcon se faisait naturellement par la rue de Lyon. D’importants travaux de restructurations (Percée sud) ont été menés après la Deuxième Guerre mondiale dans les faubourgs sud de la cité, permettant de fluidifier (un temps) l’important trafic de la R.N.6. Amusant: dans les années trente, Mâcon est une étape pour les gros hydravions de la compagnie britannique Imperial Airways. Les gigantesques machines de la ligne Londres-Athènes-Alexandrie se servent de la Saône comme piste d'atterrissage alors que les passagers descendent à l'Hôtel d'Europe et d'Angleterre.
Après Varennes-lès-Mâcon, la route s'installe entre côte des vins et Saône. Au loin vers l’ouest, les villages chantent les louanges du cépage gamay, roi du beaujolais: Juliénas, Chénas, Fleurie, Villiers-Morgon... A gauche, soulignée par le cours de la Saône, l'immense plaine de Bresse s'élance jusqu'aux premiers contreforts du Jura. A Crèches-sur-Saône, on retrouve trace sur le cadastre de la voie d’Agrippa sous le nom «Vieux chemin de Mâcon à Belleville». Son tracé se trouve plus proche de la Saône que celui de la nationale 6. En 1757, les Etats du Mâconnais, précise le site internet très complet du village de Crèches, «demandent que le grand chemin soit élargi». Plus tard, en 1774, «il fut décidé que la grande route passerait par le village de Crèches», soit le tracé actuel de la R.N.6. En effet, avec la circulation croissante, la route doit désormais se tenir éloignée de la rivière et de ses crues… En août 1844, nous révèle encore le site de Crèches, il passait sur la route n°6 «entre 210 et 220 véhicules par jour, dont 77 voitures suspendues».
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Plaque
de la RN6 à Pontanevaux (Photo: EF, avril 2008). |
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Bien
camouflées, ces deux plaques à La Croisée,
un faubourg de Belleville (Photo: MV, avril 2008). |
Après le lieu-dit de Pontanevaux, la route passe La Maison-Blanche. C’est là qu’une ancienne borne porte les inscription suivantes: «limite du beaujolois et limite du maconnois». Nous voici entrés dans le département du Rhône. La Croisée, un peu plus loin, n’est qu’un faubourg de Belleville-sur-Saône que l'on effleure. Le bourg, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais «est une ancienne bastide construite sur plan régulier en 1168 par Humbert III, sire de Beaujeu». A Saint-Georges–de–Reneins, le tracé de la chaussée de Lyon a quelque peu évolué: des bords de Saône pour le chemin antique, il s’est déplacé vers le village tout d’abord en contournant sa butte. Puis au XIXe siècle, une tranchée est creusée, nous dit le site internet du bourg, «au pied de l’église» nécessitant le déménagement du cimetière «pour permettre la traversée rectiligne du village que nous connaissons aujourd’hui». Les discussions ont dû être houleuses… Plus au sud, au lieu-dit Patural, se trouvaient d’importants vestiges d’une agglomération gallo-romaine à vocation commerciale, Ludna, située en bordure de la via Agrippa.
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A
gauche, anciennes plaques préservées au lieu-dit de
Pontanevaux (commune de la Chapelle-en-Guinchay). A droite, limite
du Rhône et de la Saône-et-Loire non loin de Romanèche-Thorins.
L'ancienne borne porte les inscription suivantes: "limite
du beaujolois et limite du maconnois" (Photos: EF et MV,
avril 2008). |
Au bout de 14 kilomètres, voilà Villefranche, sous-préfecture du département, une cité créée à la seconde moitié du XIIe siècle. Il s’agit là, indique le site villefranche.net, pour les sires de Beaujeu de s’opposer à l’expansionnisme lyonnais mais aussi à contrôler plus efficacement par un péage la croisée des chaussées Lyon-Chalon et celle de Roanne à la Saône, là où se trouve le gué de Rottier. Les XVe et XVIe siècles sont des périodes prospères pour la ville, enrichie par le commerce des toiles (l’union à la Couronne de France date de 1530 qui en fait la capitale du Beaujolais). La nationale 6 historique (D306) traversait l'ensemble de la cité en ligne droite (2,5 km de rue Nationale) mais dans une configuration bien singulière: une longue pente descend jusqu’à un espace plat où est bâti l’église (c’est l’ancien «marais» du Morgon) puis remonte en direction de Lyon par une pente tout aussi raide. «Après la démolition des murailles, au début du XIXe siècle, découvre-t-on dans un article des Etudes rhodaniennes de 1938, d’importants travaux ont été entrepris pour les adoucir, car elles constituaient un véritable danger pour la circulation». Jusqu’au XXe siècle, les auberges, nombreuses, se regroupent autour des entrées de la ville. En 1966, l’ouverture d’une déviation autoroutière (qui sera intégrée plus tard à l’A6) diminuera nettement le trafic touristique…
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R.N.504: PETITS VIRAGES ENTRE AMIS
Entre Roanne et la Savoie, la route nationale 504 historique traverse des paysages qui nous sont chers... Beaujolais, Bresse, Bugey, Alpes... (lire) |
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A
Villefranche (Photo: Marc Verney, avril 2008). |
A un jet de pierre de Villefranche, juste après le quartier industriel de Limas, voilà Anse, sur l’Azergues, véritable «porte» de la région lyonnaise. Ses origines viennent d’un castellum protégeant la voie Lyon-Autun. C'est ici que se situait «la plus belle lieue de France»... Idéal de route façonné au fil du temps puisqu'il en est fait mention dans un ouvrage de 1813. Plus récemment, en 1931, un plan de rénovation porte la largeur de la chaussée à neuf mètres avec piste pour piétons, revêtement antidérapant et balisage de pavés spécifiques... Inutile de dire qu'au XXIe siècle, «la plus belle lieue de France» Villefranche-Anse fait triste mine avec son macadam terne et ses alignements de maisons et de grandes surfaces insipides... C’est là que l’automobiliste quitte la vallée de la Saône pour entamer son ultime trajet vers Lyon que l’on pressent, déjà, au loin.
Avant d'y arriver, la R.N.6 historique s'élève un peu pour franchir le seuil qui sépare les monts du Beaujolais (à l'ouest) du Mont-d'Or lyonnais (à l'est). Au XVIIIe siècle, la route montait jusqu’à Limonest (auj. D42) par une montée harassante pour les chevaux. Depuis le milieu du XIXe, la route principale passe désormais par Lissieu avant de rejoindre les faubourgs de Lyon. On trouve également dans les parages l’embranchement de la R.N.485 historique. Cette route, plus connue sous le nom de Route Buissonnière permet de rejoindre Paris par du bitume nettement plus calme que celui de la plaine de la Saône!
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LE COUP DE LA "ROUTE BUISSONNIERE "
Route
alternative et vraiment mignonne pour rejoindre Lyon,
la "route buissonnière" sillonne depuis Nemours des régions
un peu oubliées et pleines de charme... (lire) |
Voilà Champagne-au-Mont-d'Or, où les travaux d’aménagement de la route vers Limonest, construite entre 1749 et 1751 se sont finalement terminés en 1787 (empierrement). C’est cette commune qui cède à Lyon une partie de son territoire en 1958 pour la construction des grands ensembles de La Duchère. Enfin, voilà le quartier de Vaise, qui était aussi, à l’époque gallo-romaine, le point de départ de la voie de l’Océan. Rien d'extraordinaire à voir: les paysages, désormais urbains, sont bouleversés par les centres commerciaux et les bretelles autoroutières qui sont la marque des agglomérations-capitales... La route historique retrouve la Saône. En 1812, «La rue principale du faubourg de Vaise, lit-on dans l’ouvrage Itinéraire ou Passe-temps de Lyon à Mâcon, par la diligence d'eau, conduit à une place circulaire, à laquelle aboutissent la route de Bourgogne et celle du Bourbonnais. Le centre était orné d'une pyramide couronnée par des emblèmes de la paix et dédiée à Louis XVI. Cette pyramide a été remplacée par une haute borne qui désigne les deux routes». Voilà Lyon, ville d'histoire et de bonne chère, terme de cette deuxième étape...
Marc Verney, Sur ma route, juin 2014. |