Placée à côté du pont traversant la Cressonne, voilà la borne de limites départementales entre la Nièvre et la Saône-et-Loire (photo: MV, juillet 2011).
AMI LECTEUR: les textes, photos et dessins de ce site sont soumis au droit d'auteur. Pour toute autre utilisation, contacter l'auteur de Sur ma route. Merci de votre compréhension...
Sources et documents: Atlas routier France (Michelin, 2011); Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte Michelin n°69 Bourges-Mâcon (1963); Annales des ponts et chaussées, administration des  ponts et chaussées, Carilian-Goeury, libraire-éditeur (1835); Annales des ponts et chaussées, partie technique, Dunod, éditeur (1874); «Chronique bourguignonne: Decize et la région decizoise», Jean-Bernard Charrier, Revue Géographique de l'Est (1977); Document statistique sur les routes et ponts, ministère des Travaux publics, imprimerie Nationale (1873); Guide Bleu Bourgogne, Morvan, Nivernais, Lyonnais (Hachette, 1965); Guide Bleu de la France automobile (Hachette, 1954); Guide du Routard Bourgogne (Hachette, 2009); Histoire de Mâcon et du Mâconnais, Emile Magnien (éd. des amis du musée de Mâcon, 1971); Histoire de Nevers (1 & 2), Madeleine Chabrolin, Jean-Bernard Charrier, Jean-Pierre Harris, Bernard Stainmesse (éd. Horvath, 1984); Histoire des routes de France, du Moyen-Age à la Révolution, Georges Reverdy (Presses de l'ENPC, 1997); Le Mâconnais: géographie historique contenant le dictionnaire topographique de l'arrondissement de Mâcon, Th. Chavot, H. Champion et Belhomme, libraires (1884); Nivernais et Morvan d'autrefois, Jean-Pierre Harris (éd. Horvath, 1981); Situation des travaux, administration générale des ponts et chaussées et des mines, imprimerie Royale (1837, 1841); arcelormittal.com; art-et-histoire.com; forteresse-de-berze.com; gennievre.net (Wiki nivernais); loire-baratte.com; pop.culture.gouv.fr; ville-charolles.fr; ville-decize.fr; ville-imphy.fr; patrimoinecharolaisbrionnais.fr; saint-ouen-sur-loire.a3w.fr; tourisme-paraylemonial.fr; wiki-macon-sud-bourgogne.fr; Wikisara, Wikipédia; La Voix du Dardon (association pour la sauvegarde du patrimoine, à l'ouest du département de Saône-et-Loire). Un grand merci à la Bibliothèque publique d'information du Centre Georges-Pompidou, au Géoportail de l’IGN, à CartoMundi.
Ancienne signalisation à un carrefour de Digoin (photo: EF, juillet 2011).
Panneau Michelin annonçant la station thermale de Bourbon-Lancy (photo: MV, août 2007).
Villes et villages traversés par la N79 historique (1959), en italique, les anciennes RN principales croisées:
Nevers (N7, N76, N77, N78)
Saint-Eloi
Imphy
Le Port-des-Bois
Saint-Ouen
Béard
Saint-Léger-des-Vignes
Decize
Devay
Les Arbelats
Saint-Hilaire-Fontaine
Cronat
Vitry-sur-Loire
Lesme
Le Fourneau (N73)
Saint-Aubin
Gilly
Saint-Agnan
La Varenne
Digoin
Paray-le-Monial (N74)
La Redoute
Charolles (N485)
Vendenesse
La Fourche
Mont
Curtil-sous-Buffières
Bergesserin
Mazillé
Sainte-Cécile
La Valouze
Col du Bois-Clair (N80)
La Croix-Blanche
La Roche-Vineuse
Charnay-lès-Mâcon
Mâcon (N6)
Ambiance de rue à Paray-le-Monial (photo: MV, juillet 2011).
Cet ancien panneau indicateur se trouve sur un chemin vicinal aux approches de la forêt de Charolles (photo: MV, juillet 2011).
Panneau lumineux à Charolles sur la route de Mâcon. Difficile de s'y repérer au premier coup d'oeil, d'autant que certaines informations sont redondantes! (Photo: MV, juillet 2011).


Nos belles routes de France
R.N.79: LA ROUTE DE L'OCEAN A LA SUISSE (I)
En 1959, la route nationale 79 nous conduit de Nevers à La Cluse sur la commune de Montréal-la-Cluse dans le département de l’Ain (monts du Jura). C'était une des grandes artères qui reliaient le centre de la France à la Suisse. On compte d'ailleurs 316 km entre Nevers et Genève... une belle promenade qui nous fait rouler sans hâte le long de la Loire, zigzaguer entre les monts et les vignobles du Mâconnais ou encore escalader hardiment le Revermont jurassien!! Première partie: de Nevers à Mâcon par Decize, Digoin, Paray-le-Monial et Charolles. Rédigée en 2011, cette belle promenade mérite d’être renovée dix ans après avec un texte renouvelé enrichi de très nombreuses informations supplémentaires.

La route nationale 79 d'antan entre Charolles et Mâcon. Un vrai bonheur pour le promeneur tranquille des anciennes nationales. (Photo: Marc Verney, juillet 2011). En cliquant sur l'image vous poursuivez la promenade sur la RN79!

Créée en 1824, la route n°79, qui succède à la route impériale 97, nous dit le site Wikisara, relie Nevers à Genève par Mâcon et Nantua (où l'on retrouve la R.N.84). On quitte donc Nevers par la rue de la Nièvre (que l'on traverse) en suivant la direction de Decize. On passe ensuite les faubourgs de Mouësse et de la Baratte jusqu'à la bifurcation du même nom (rond-point), où commence officiellement le tracé de la R.N.79 (D981). Là, notre chemin porte le nom de «route de Bourgogne». A ce niveau, la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN ne mentionne encore aucune voie sur la rive droite de la Loire jusqu’aux portes de Decize. Le site loire-baratte.com y mentionne cependant l’existence d’un «chemin antique de l'époque romaine entre Saint-Eloi et Nevers» qui se prolongeait vers Decize. La chaussée actuelle est visible, elle, sur la carte au 1:80.000 de 1847 publiée par CartoMundi. Aux portes de Nevers, le faubourg de Baratte était parsemé de jardins maraîchers… Au XIXe siècle, ces cultivateurs, surnommés les «mangeux d'ail» s'y établissent en grand nombre. Ils défrichent et drainent les marécages, ils y construisent leurs longues maisons, construites en pierre et enduites à la chaux, recouvertes d’ardoise (loire-baratte.com). En 1835, les Annales des ponts et chaussées signalent qu'il demeurait une lacune sur la route n°79 au niveau de Saint-Eloi «sur une longueur de 2930 m» et que les projets de son élimination étaient «rédigés». En 1837, la Situation des travaux indique que cette lacune est terminée. Peu après Saint-Eloi, on remarque aussi –sur la carte d’état major du XIXe siècle publiée par l’IGN- que la chaussée de l’époque fait un coude évitant le bois du Mont-Dessend pour rallier Imphy par le Bourdy et le domaine de Marigny. A Imphy, que la route moderne évite depuis les travaux de 2004, on garde précieusement le souvenir des aciéries où l'on a amoureusement fondu puis travaillé certaines des pièces de la Tour Eiffel (construction du pilier nord) et inventé plusieurs métaux spéciaux dont l'invar et l'élinvar... Beaucoup moins glamour, l'usine d'Imphy produira, durant la Première Guerre mondiale, de larges quantités d'une arbalète lanceuse de grenade (surnommée «sauterelle») à la portée de 125 m. A noter, la cité des ingénieurs, située dans le lieu-dit La Turlurette! On emprunte désormais l’avenue Jean-Jaurès (D200) qui longe les usines métallurgiques fondées au début du XVIIe siècle pour fournir des pièces d'ancres à la marine royale. Elles fabriquaient, jusqu'à la Révolution, 300 pièces d'ancre par an, d'un poids de cent à trois mille kilogrammes. «Les fabrications étaient transportées par la Loire à Cosne-sur-Loire et vers les ports», précise le site pop.culture.gouv.fr. L'usine employait en 1819, 119 ouvriers, 36 charretiers pour un total de 350 personnes. Là, une brigade de gendarmes à pied s'installe en 1856, et, en 1907, une convention est signée entre les forges et la commune «pour l'éclairage des rues», voit-on sur le site ville-imphy.fr. On rattrape la déviation moderne à la sortie d'Imphy (lieu-dit Grand-Vernay) avec la D206. Le bitume joue à saute-moutons avec les collines qui bordent la Loire. Au Port-des-Bois (importantes tuileries), un fier petit panneau rouge annonce «route de Genève». Nous voilà informés! Après Saint-Ouen, où la carte d’état-major du XIXe publiée par l’IGN signale une «poste aux chevaux», on passe non loin du «château» de Mont où l’on recensait une des lacunes de la chaussée: «supprimée» en 1837, relate la Situation des travaux de 1837. Puis voici Béard, et une jolie église romane du XIIe siècle qui coiffe le village. Amusant: aujourd'hui restauré, l'édifice, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais de 1965 était «utilisé comme grange».

R.N.7: LA ROUTE DE L'AZUR
Nevers est traversée par la N7. Dans notre balade vers l'azur, les rives de la Loire sont une étape privilégiée avant Lyon, la vallée du Rhône, la Provence et les cigales (lire)

R.N.76: TRES CHER BERRY
La route nationale Tours-Bourges-Nevers se glisse le long des "jardins de la France"... Un voyage inoubliable dans le temps et l'espace... (lire)

R.N.77: AUBE SUR LOIRE...
La route nationale Sedan-Nevers traverse une grande partie de l'est de la France. Ardennes, Champagne, Bourgogne... Un trio de régions pour une superbe promenade! (lire)

R.N.78: LE JURA PAR LE MORVAN
La RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons. Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire)

Vue d'une rue de Nevers. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

Quelques ondulations plus loin, on coupe le hameau de Dardault. De là, notre chaussée passait au sud de Sougy-sur-Loire en faisant un «Z» bien marqué au passage d’un vallon (le bien nommé Creux). Une rectification moderne du XXe siècle fait désormais oublier ce court désagrément à l’automobiliste contemporain. Là aussi, il est fait mention –au début du XIXe siècle- d’une «lacune» sur la «route de Genève»… Un chantier achevé en 1837, comme pour les autres. Du château de Rosière jusqu’à Saint-Léger-des-Vignes, petit bourg aux portes de Decize, un chemin est tracé sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN. Situé sur la Loire et à l’orée du canal du Nivernais, le village de Saint-Léger a un fort passé industrieux. C’est notamment d’ici (port de la Charbonnière) que partait le «charbon de terre» extrait des mines de la Machine. De 1724 à 1931, des verreries y fonctionneront également; «les bouteilles de champagne à destination de Reims ou d’Epernay» prenait le chemin du canal du Nivernais pour arriver à destination, précise le site stleger.info. Dès lors notre route n°79 s’oriente vers le faubourg Saint-Privé de Decize en traversant le canal (inauguré le 15 mars 1841), puis l’Aron. Un pont de 1617 s’y trouvait, précise le site art-et-histoire.com; «il portait alors le nom de pont des Malades, à cause du voisinage de la Maladrerie de Decize». Cet ouvrage de pierre a été partiellement détruit lors d'une crue en mai 1836. Il est décidé d'édifier un nouveau pont en maçonnerie en mars 1837. Decize est une ville particulièrement entourée d'eau! «Sur une butte rocheuse, dans une île de la Loire», nous dit le Guide Bleu 1965, Decize «reçoit, sur la rive droite, l'Aron et le canal du Nivernais, et communique sur la rive gauche avec le canal latéral (à la Loire)». Sur le site internet de la cité ville-decize.fr on trouve quelques dates importantes: première mention de l'endroit en 52 avant J.C. (César y arbitre un conflit entre deux chefs éduens), entre 1026 et 1194, les comtes de Nevers bâtissent châteaux, défenses et église, le 1er septembre 1559, un incendie ravage toute l'agglomération, le 27 janvier 1660, Mazarin, qui s'est porté acquéreur de tout le Nivernais, loge à Decize... Autres travaux imposants: fin 1770, on embellit la ville en réalisant notamment la promenade des Halles, ce qui fixe le cours de la Loire. Enfin, en 1837, le fleuve est coupé par un barrage qui autorise la jonction entre le canal latéral et celui du Nivernais. «Les ponts sur la Loire, écrit le site gennievre.net (Wiki nivernais) furent édifiés à une époque inconnue mais la situation de la ville de Decize laisse supposer qu'ils sont aussi anciens que la ville elle-même. On sait qu'ils existaient vers 1620». Mais nous ne franchirons pas ces superbes ouvrages, anciens et récents. La R.N.79 historique oblique à gauche, coupant de part en part le faubourg Saint-Privé.

La "route de Genève" au Port-des-Bois. Photo: Marc Verney, juillet 2011.
Decize, sur la Loire. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

Passant au large du château de Brain, notre voie (D979), visible sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée sur le site de l’IGN, prend maintenant la direction de Devay, Charrin et Saint-Hilaire-Fontaine. En 1835, les Annales des ponts et chaussées signalaient cependant encore une «lacune» sur la route n°79 entre Decize et la limite de Saône-et-Loire, précisant qu'il restait encore «à projeter» le pont sur la Cressonne (qui fait donc la limite entre Nièvre et Saône-et-Loire) ainsi que «l'avenue de ce pont côté Nièvre sur une longueur de 365 mètres». Deux ans plus tard, la Situation des travaux (1837) disait que huit kilomètres de route et sept aqueducs avaient été construits: «les travaux commencés en 1836 seront prochainement achevés». Le petit pont sur la Cressonne étant finalisé trois ans plus tard, signale Wikisara. En Saône-et-Loire, notre chaussée pointe en direction de Bourbon-Lancy. Voici Cronat et Vitry-sur-Loire, où, dans ce village, les cartes postales d'antan évoquent, comme à Port-des-Bois, une «route de Genève». Jusqu’au Fourneau, Wikisara indique que la route moderne a été façonnée dans les années 1840-1841. De son côté, La Situation des travaux (1841) écrivait qu'il «restait à faire les terrassements dans la rampe de la Cressonne» et qu'entre la Verchère et Boulègre (c’est-à-dire autour de Vitry-sur-Loire), si la route était bien livrée à la circulation, «la couche supérieure de la chaussée reste à former». C'est à la hauteur de Bourbon-Lancy que la nationale 79 historique croise en 1959 (lieu-dit Grand-Chemin), la route Bâle-Moulins (ancienne R.N.73). Une bretelle R.N.79A (auj. D979A) conduit à Bourbon-Lancy lorsque l'on arrive de Digoin. Après Saint-Aubin-sur-Loire, le trajet de 1959 de la R.N.79 jusqu'à Digoin passe par la rive droite de la Loire (Gilly-sur-Loire, Perrigny-sur-Loire, Saint-Agnan). Mais ce tronçon aura connu auparavant bien d'autres péripéties... Jusqu'aux dernières années du XVIIIe siècle, il n'y a, entre Bourbon-Lancy et Digoin, nous conte en effet l'association historique La Voix du Dardon sur son site internet qu'un mauvais chemin «rempli de tortuosités qui l’allongent considérablement, très difficile, surtout en hiver, même pour les gens de pied, et impraticable aux cavaliers et aux voitures». Et cela, alors que depuis la moitié du XVIIIe, les Etats de Bourgogne réalisent deux itinéraires est-ouest traversant le département, l'un au départ de Chalon et l'autre au départ de Mâcon. Les deux tracés se rejoignant à la fourche de Vendenesse, ils continuent ensuite vers Digoin par Charolles et Paray.

R.N.73: DEUX BALE DANS MON MOULINS
La route nationale 73 de 1959 relie Bâle en Suisse à Moulins dans l'Allier. C'est l'une des plus singulières transversales qui soient. Mais pas des moins bucoliques... (lire)

Gros plan sur la borne de limites départementales entre Nièvre et Saône-et-Loire. On y lit clairement que la route va de Nevers à Genève. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

Cependant, pour aller plus loin, c'est compliqué... Deux régions se font face, le Bourbonnais et la Bourgogne... dans un premier temps, personne ne veut payer le coût de la nouvelle infrastructure! En 1772, un projet passant par Pierrefitte, Diou, Beaulon et Chevagnes se propose de rallier Digoin à Moulins. Mais, relate La Voix du Dardon, Trudaine, l'intendant des Finances chargé des ponts et chaussées ne veut pas que cette réalisation coûte un centime à la généralité de Moulins. Et de proposer un contre-projet reliant Digoin et Bourbon-Lancy sans sortir des limites bourguignonnes (la Loire fait ici office de frontière). Mais les Bourguignons ne souhaitent pas non plus «passer au tiroir-caisse» (refrain bien connu!)... Et il faut patienter trois ans pour que les Bourguignons, sous la pression des habitants de Bourbon-Lancy (où un relais de poste vient d'être établi sur la route Moulins-Autun), lancent un projet. La route traverse la campagne au plus court pour rejoindre Bourbon-Lancy. On en voit encore le tracé sur les anciennes cartes Michelin par Les Guerreaux, La Fayette, Les Jarsaillons (où elle croise la route n°25 des Etats de Bourgogne reliant Bourbon-Lancy à Louhans par Gueugnon, Perrecy, Joncy, Saint-Gengoux, Tournus, Cuisery). Sur cet axe, on construira seize ponts entre 1778 et 1781; mais le franchissement de l’Arroux n'est possible qu’à gué ou avec un bac. Alors, effectivement, peut-on lire sur le site de l'association La Voix du Dardon, Le parcours entre Bourbon-Lancy et Digoin reste difficile... une route, dit le maître de poste de Bourbon en 1786, «coupée de montagnes et de rochers, très dangereuse à cause du passage de l’Arroux sur des bacs en très mauvais état». Il en reste aujourd’hui la rue du Bac, au nord de Digoin, qui pointe sur l’Arroux et la «route de la Rochette», début de l’ancien chemin de la fin du XVIIIe siècle. Le compliqué tracé de 1775 sera ensuite remplacé par celui des bords de Loire, traversant Saint-Agnan et Gilly dans la seconde moitié du XIXe siècle, signale Wikisara.

A Lesmes. L'orthographe 2011 sur l'Atlas Michelin est Lesme. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

R.N.74: DE L'EAU DANS LE VIN
En 1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy, Langres, Dijon, Beaune... (lire)

Pour atteindre Digoin, il faut, quoi qu’il en soit, franchir l’Arroux. Un nouveau pont, écrivent les Annales des ponts et chaussées (1874), a donc été construit sur cette rivière «de 1845 à 1847 pour la rectification de la route nationale n°79, de Nevers à Genève, et établi tout entier en dehors du lit de la rivière qui fut ensuite redressé. Il comprend sept arches en plein cintre de 14 mètres d'ouverture chacune». Mais, emporté par une crue en septembre 1866, il dut être rebâti. On entre dans Digoin par la «route de la Motte», la place de la Grève et et la rue Nationale. Le contournement du centre-ville par l’avenue des Platanes a été réalisé à la fin des années cinquante avec le comblement du canal du Centre «avec des matériaux provenant de l'industrie de la céramique» raconte le site patrimoinecharolaisbrionnais.fr. Digoin a toujours été une cité très active au fil des cours d'eau qui y passent: un port sur la Loire y a exporté pendant plusieurs siècles vers Paris les vins du Mâconnais et du Chalonnais. L'aménagement des canaux (au XVIIIe et XIXe siècles) va confirmer la vocation de cette cité. Comme à Briare, un pont-canal long de 243 m (datant de 1843) permet à la batellerie de franchir la Loire. En 1875, la fabrication de grès et poteries débute à Digoin, signale Wikipédia. Entre Digoin et Paray-le-Monial, il n'y a que douze kilomètres, vite parcourus en quasi ligne droite, tracés sur le plateau de Chizeuil puis dans la vallée de la Bourbince. Là, nous dit l'Histoire de Mâcon et du Mâconnais, les travaux de réalisation de la route jusqu'à Mâcon ont débuté en 1735 (pour se poursuivre jusqu’en 1740). Sur notre gauche, en entrant dans la ville de Paray-le-Monial, voici le canal du Centre que nous allons suivre sur le quai de l’Industrie. Dans les années cinquante, notre R.N.79 historique pénètre dans le centre-ville par l’avenue Charles-de-Gaulle et la rue des Deux-Ponts qui franchit la Bourbince. La voie qui suit les berges du canal du Centre sera d’abord numérotée R.N.74, puis, à partir de 1959, intégrera le contournement de l’agglomération sous le n°79. Petite bizarrerie, nous signale Wikisara, «l'ancien tracé par le centre de Paray-le-Monial n'avait pas été déclassé et jusqu'en 1972 le service des ponts-et-chaussées de Saône-et-Loire a géré deux routes numérotées R.N.79». Paray est un des pèlerinage parmi les plus fréquentés en France. C'est là que Jésus «apparaît» à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), lui dévoilant Son cœur «brûlant d'amour pour tous les hommes», dit le site tourisme-paraylemonial.fr. On quitte la ville par la rue Pasteur et l’avenue de Charolles (D248). A voir la carte d’état-major du XIXe publiée sur le Géoportail de l’IGN, la chaussée ancienne filait tout droit par la rue de Survaux, une rampe abandonnée lors de travaux au milieu du XIXe siècle (Wikisara). Puis, là, on franchissait jadis la Bourbince sur un ouvrage «en maçonnerie» réalisé en 1837-38, précise le Document statistique sur les routes et ponts de 1873. Au XXIe siècle, s’impose ici le spectacle routier impressionnant de la «nouvelle N79», la route Centre-Europe Atlantique (RCEA) et son cortège de poids-lourds qui défilent dans un grondement qui impressionne le voyageur des anciennes nationales…

LE COUP DE LA "ROUTE BUISSONNIERE"
Route alternative et vraiment mignonne pour rejoindre Lyon, la "route buissonnière" sillonne depuis Nemours des régions un peu oubliées et pleines de charme... (lire)

A la sortie de Charolles, en direction de Cluny et Mâcon. Photo: Marc Verney, juillet 2011. (par honnêteté, veuillez noter que cette image a été retouchée: le N79 a été légèrement blanchi!!)

Huit kilomètres plus loin, voici Charolles où l’on entre par l’avenue du 8-Juin-1944. La région est essentiellement connue aujourd'hui pour une race bovine que l'on croise au détour de chaque pré, jolies (mais souvent massives) tâches blanches qui s'égrènent régulièrement dans les paysages de bocage. Le charolais, connu dans le monde entier, est désormais élevé dans quasiment tout le centre de la France... La petite ville est surplombée par les restes de l'ancien château, où l'on trouve aujourd'hui la mairie (depuis 1867). Appartenant au duché de Bourgogne depuis 1390, le comté du Charolais va être marqué par l'empreinte des grands ducs d'Occident. Puis, «après la chute du duché de Bourgogne, le comté est rattaché aux territoires de Maxilien de Habsourg puis légué à Charles Quint roi d'Espagne. Entre 1684 et 1760, la ville et son comté appartiendra aux princes de Condé puis sera achetée par le roi de France», voit-on sur le site ville-charolles.fr. Quittant les rutilantes machines vrombissant sur la RCEA, notre R.N.79 historique (désormais apaisée) se faufile entre les vieilles demeures et prend la direction de Mâcon après avoir mixé son macadam avec celui de la jolie «route buissonnière» qui passe en ces parages. Là encore, il ne faut pas se tromper: pour suivre la nationale de 1959, il nous faut emprunter la départementale 17, qui suit le tracé initial décidé par les ingénieurs bourguignons au XVIIIe siècle. A La fourche de Vendenesse, on laisse partir, sur la gauche, la route de Chalon. La chaussée remonte, désormais, le vallon où coule la Semence. Juste après le hameau de Mont, la route continue sa douce grimpette, et, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais de 1965, «atteint le col des Bouchots (514 m) sur la ligne de partage Océan-Méditerranée et sur le faîte des monts du Charollais». Non loin de là, se trouve la butte de Suin, sa table d'orientation et son panorama à couper le souffle sur tous les environs (détour très conseillé)! Voici Curtil-sous-Buffières; «autrefois, lit-on dans le Wikipays (Macon, sud-Bourgogne) son château constituait un lieu de pèlerinage. La tradition pérégrine est tenace: Curtil est considérée comme la dernière halte avant de changer de versant montagneux pour aller vers Compostelle». Bergesserin, que la route bitumée évite, fut cependant en 1786 l'une des étapes de poste sur le trajet Digoin-Mâcon, tout comme (outre les villes de départ et d'arrivée) Paray-le-Monial, Charolles, Cluny, La Croix-Blanche. Peu avant Sainte-Cécile, la route de Genève est rejointe -sur sa droite- par la voie venant de La Clayette (ancienne R.N.487). A la Valouze, peut-on lire dans l'Histoire de Mâcon et du Mâconnais, la route Digoin-Mâcon réalisée à partir de 1735 est reliée à Cluny, un peu plus au nord; avec extension au sud vers Tramayes (c'est l'actuelle D22). En 1770, un nouveau tronçon de chaussée, plus pratique pour les voyageurs venant de la plaine de la Saône, sera construit (la future R.N.80) entre le col du Bois-Clair et Cluny. Il permettra ainsi d'éviter les difficultés du vieux chemin passant par Berzé-le-Châtel. De la Valouze, la voie du XVIIIe siècle entre Charolles et Mâcon filait vers les Vachets pour emprunter la «route de la Roche-d’en-Bas» jusqu’au Bois-Clair.

R.N.80: UN TRAVAIL DE (GALLO) ROMAINS!
Entre Châtillon-sur-Seine et Cluny, la route n°80 rencontre de belles cités de caractère et zigzague au milieu de paysages nobles et sereins marqués par la patine du temps... (lire)

Au niveau du col du Bois-Clair, la RN79 ancienne se voit affublée du titre de "route touristique". Photo: Marc Verney, juillet 2011.

L'itinéraire par le col du Bois-Clair (396 m), le moins élevé de la chaîne du Mâconnais, est l'un des plus anciens de la région. Au temps des Celtes, y passe une voie qui aboutit à Decize, port éduen sur la Loire. Robustement empierrée par les Romains, cette voie sera, beaucoup plus tard, à la fin du XVIIe siècle, le chemin d'exportation favori des vins du Mâconnais vers Paris grâce à la mise en service du canal de Briare, prolongeant la navigation sur la Loire. Vers 1780, on rectifie la voie, selon l’ouvrage Le Mâconnais: géographie historique contenant le dictionnaire topographique de l'arrondissement de Mâcon: la nouvelle route de Mâcon à Charolles, entre le Bois-Clair et la Valouse, est «reportée dans la vallée au nord des Vachets». En 1845, la route de Mâcon à Digoin monte tout droit vers le Bois-Clair depuis la Croix-Blanche et évite Berzé-le-Châtel, découvre-t-on sur la carte d’état-major au 1:80.000 publiée par CartoMundi. En 1897, la route n°79, visible sur la carte de France au 1:200.000 montrée par CartoMundi se fait nettement plus zigzagante, passant en dessous de Berzé-le-Châtel, tout comme la D17 actuelle. Il s'agissait ici de réduire la forte pente du tracé de 1735 (des travaux datant de la moitié du XIXe siècle, avance Wikisara). Passant (très) au large de la voie rapide RCEA qui a supplanté la R.N.79 d'origine, notre route descend maintenant lentement vers Mâcon. L'itinéraire est qualifié, sur les panneaux, de «touristique». On ne va pas s'en plaindre, tant les paysages se suivent et ne déçoivent pas l'oeil... voici par exemple la fantastique forteresse médiévale de Berzé, qui domine les environs de sa masse de pierre sombre, environnée du vignoble du Macônnais. «Joyau de la Bourgogne du sud», souligne le site forteresse-de-berze.com, ce château-fort «avec ses quatorze tours et son châtelet d’entrée conserve dans ses trois enceintes  un ensemble de pièces médiévales et une chapelle carolingienne». Il servait à contrôler le chemin stratégique entre le comté de Mâcon, et le comté de Nevers. Puis le château fait partie des places militaires importantes de la guerre de Cent Ans (1337-1453), des conflits entre ducs souverains de l'Etat bourguignon et royaume de France de Louis XI, et des guerres de religion entre Henri IV et la Ligue catholique de la seconde moitié du XVIe siècle (Wikipédia).

Cette plaque indicatrice se trouve aujourd'hui à l'entrée de La Roche-Vineuse Elle mentionne l'ancien nom du village. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

Il reste une vingtaine de kilomètres à parcourir jusqu’à Mâcon, terme de notre première étape sur la R.N.79 historique. Voilà le hameau de la Croix-Blanche, situé au pied de Berzé-la-Ville. Juste à côté, se trouve Milly-Lamartine; le nom «Lamartine» ayant été ajouté en 1902, en hommage au romancier Alphonse de Lamartine, qui y passa sa jeunesse. Même si la multivoie RCEA et la ligne TGV ne sont jamais bien loin dans le paysage, l'arrivée sur Mâcon est ponctuée par d'agréables rendez-vous avec les vignobles, à La Roche-Vineuse notamment. Voilà un bourg qui a préféré conserver son nom attribué à la Révolution française plutôt que de retrouver son ancienne appellation, Saint-Sorlin… Au vu des dizaines de vignobles qui s’étagent dans ce vallon, on peut comprendre les habitants! C’est au niveau du Champ-Grenon que notre voie abandonne toute ses velléités champêtres pour entrer dans l’agglomération mâconnaise. Voici la Grand-Rue de la Coupée (D579) qui nous mène directement au centre-ville. Nous allons plus avant dans Mâcon par la rue Rambuteau qui parcourt le faubourg de la Barre. Un peu plus loin, la place de la Barre, l’entrée ouest de Mâcon, «fait l'objet de plusieurs campagnes d'aménagement à la fin de l'Ancien Régime», voit-on sur le site du patrimoine pop.culture.gouv.fr, sous l'égide du dernier échevin de la ville, Marie-André-Placide Daugy (1771-1788). L’homme «avait fait de l'urbanisme et de l'organisation des secours ses priorités». Ainsi, Mâcon est désenclavée, embellie, assainie: les rues sont pavées, un éclairage public est installé, on crée de nouveaux hôpitaux et on transfère hors les murs le cimetière de Saint-Pierre. Construite en 1788, la porte de la Barre «est la dernière construite à Mâcon et une des plus éphémères» raconte encore pop.culture.gouv.fr. Devenue symbole de l'ancien régime, elle est démolie en 1791-1792. «Jusqu'en 1795, les derniers fragments de la muraille d'enceinte disparaissent les uns après les autres et les anciennes portes de ville sont remplacées par de simples octrois», apprend-on encore sur cette plate-forme numérique gouvernementale. De la place de la Barre, on se rend au pont Saint-Laurent par la rue Philibert-Laguiche. Fin de la première partie. On continue ici.

Marc Verney, Sur ma route, mars 2021

Cette autre plaque de la RN79 d'antan se trouve dans le centre de Mâcon. Photo: Marc Verney, juillet 2011.

R.N.6: LA ROUTE DES ALPES
Entre Chalon et Mâcon, la route nationale 6 longe la belle rivière Saône. C'est aussi une des plus belles régions vigneronnes de notre pays. A déguster modérément!! (lire)

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