Les vignobles déploient tous leurs charmes à l'automne, après les vendanges (photo: MV, novembre 2008).
A Port-Lesney, les vignes dominent le village et le cours de la Loue, qui ondule tranquillement sous les vieilles pierres des vestiges de l'ancien pont (photo: MV, juillet 2014)
SOURCES ET DOCUMENTS: carte n°70, Beaune-Evian, Michelin (1946, 1982); Carte de découverte sur la route touristique des vins du Jura, Comité interprofessionnel des vins du Jura; Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, Alphonse Rousset, Bintot, imprimeur-libraire (1837, 1853, 1854); Guide Vert Jura, Michelin (1964); «La vigne conservatoire, une collection de 40 cépages anciens», Maryline Chalon, Le Progrès (16 août 2023); arbois.fr; bourgogne-tourisme.com; champagne-sur-loue.fr; coeurdujura-tourisme.com; jura-tourism.com; jura-vins.com; lons-jura.fr; mairie-cousance.fr; pupillin.cc-coeurdujura.fr; terredelouispasteur.fr. Merci au Géoportail de l’IGN.
Vers Cramans (photo: MV, juillet 2014).
LE VIGNOBLE EN CHIFFRES
Le vignoble jurassien s'étend sur une distance de 80 kilomètres environ, depuis Salins-les-Bains au nord jusqu'à Saint-Amour au sud, en passant notamment par Arbois et Poligny, Château-Chalon et l'Etoile. Il se confond avec le Revermont, une zone plissée qui se trouve au contact du premier plateau à l'est et de la plaine de la Saône à l'ouest. Avec 2080 hectares (1,6% de la surface agricole utilisée), c’est le plus petit vignoble de France en surface. Il s’étend cependant sur une centaine de communes. En 1936, arbois est la première appellation d’origine contrôlée française. La viticulture jurassienne contribue à hauteur de 20% de la valeur de la production agricole départementale. On trouve 181 producteurs indépendants, 29 maisons de négoce et 4 coopératives (fruitières).
Sortie de Pupillin en direction de Poligny par l'ancienne chaussée royale (photo: MV, novembre 2008).

A NOS AMIS LECTEURS: les photos et dessins de ce site sont soumis au droit d'auteur. Pour toute autre utilisation, contacter l'auteur de Sur ma route par le biais de cette adresse: marc.verney@laposte.net. Merci de votre compréhension...

Vers l'Etoile, une des appellations du vignoble, réalisée à partir de chardonnay uniquement (photo: juillet 2006).
Anciens panneaux d'obligation sur la route des vins, dans le Sud-Revermont (photo: MV, août 2014).

Les belles routes du Jura
LA ROUTE DES VINS DU JURA: ON PASSE AU JAUNE!
Le vignoble jurassien, déjà connu dans l'Antiquité, s’allonge du nord au sud du département du Jura au bord du premier plateau, sur une frange de terre appelée le Revermont. Ce «bon pays», peu élevé, est constitué d’un sous-sol calcaire, principalement des marnes bleues, grises ou rouges, propices à la culture du raisin. Au cœur de cette magnifique région vallonnée, serpente un itinéraire touristique majeur, la «route des vins du Jura», qui dessert l’ensemble d’un vignoble dominé par les exceptionnelles petites cités d’Arbois, de Poligny et de Château-Chalon. L’auteur du site Sur ma route, grand amateur de gastronomie jurassienne, a parcouru cette voie du début à la fin, entre Champagne-sur-Loue et Saint-Amour, sans dédaigner d’y repérer aussi quelques anciennes traces du passé routier régional. Mais attention, sur le site Sur ma route, on conduit d’abord et on déguste après!!

Autour de Château-Chalon (photo: Marc Verney, novembre 2008). En cliquant sur l'image, vous revenez vers la page principale du site.

L’irrigation principale du Revermont se fait avec la R.N.83 (D1083 après déclassement), la grande chaussée entre Strasbourg et Lyon, qui longe toutes les montagnes jurassiennes, du nord au sud, et qui relie des terroirs d’exception: l’Alsace, cœur d’Europe, de goût, dans ses croquignolet winstubs… et Lyon, ville chef d’œuvre de la gastronomie française, avec ses multiples «bouchons» qui s’étagent sur les rebords de la Croix-Rousse… Au milieu de cet étalage gourmand, la Franche-Comté n’a pas à rougir avec son comté, ses saucisses de morteau, ses vins issus notamment de cépages à la typicité affirmée: trousseau, savagnin, poulsard… Alors, on oublie pour un temps la chasse au cartouche rouge des nationales françaises pour zigzaguer tranquillement sur le bitume tressautant de la «route des vins du Jura»…

Le vignoble conservatoire de Champagne-sur-Loue (photo: EF, juillet 2014).

Les premiers mètres de la «route des vins du Jura» sont à emprunter du côté de Champagne-sur-Loue, petite localité coquette blottie dans une boucle de la Loue. «Marqué par son passé viticole, ce village de 130 habitants a su préserver son cachet architectural. Les bâtisses édifiées en pierre locale, avec des portes de granges et des entrées de caves caractéristiques, expriment la chaleur et la générosité de ses habitants», raconte le site municipal champagne-sur-loue.fr. Les vignes estampillées ici côtes-du-jura se trouvent sur la butte qui domine Champagne-sur-Loue et Cramans, autre village vigneron du Val-d’Amour. De là, on se rend à Port-Lesney par la D48E2 qui croise sur son tracé la jolie chapelle de Lorette (quelques minutes à pied), érigée au XVIIe siècle et qui domine les méandres de la Loue (vue). Dominée par son vignoble, Port-Lesney s’alanguit le long de la rivière. Ce joli village, écrit le Guide Vert Jura (1964), «est une villégiature estivale fréquentée. Le dimanche, pêcheurs, amateurs de canotage, gourmands de truite et de friture, y affluent». La localité est divisée par la Loue en deux parties à peu près égales. «Le quartier situé sur la rive gauche de cette rivière s'appelle le Port, et celui sur la rive droite, Lesney. Les maisons sont généralement bien bâties en pierre, couvertes en tuiles, élevées d'un étage au-dessus du rez-de-chaussée et alignées comme dans les villes», raconte Alphonse Rousset dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté. De fait, l’endroit est agréable et animé en été (brocantes, bistrots, baignade…). L'homme politique franc-comtois Edgar Faure, gastronome et amateur de bons mots, qui fut président du Conseil, député, sénateur, dix fois ministre, s'était établi dans cette petite commune du Jura. Il en fut le maire entre 1947 et 1970, puis entre 1983 et 1988, année de son décès. Notre chemin prend maintenant la direction de Pagnoz par la D48 qui croise la R.N.83. Ce village est surplombé par les ruines du château de Vaulgrenant, une bâtisse citée dès le XIIIe siècle, qui se trouve sur une arête rocheuse dominant la Loue. Cette situation en hauteur permettait aux seigneurs de surveiller la «route du sel et du bois», qui reliait Salins-les-Bains à Dole. De Pagnoz, une petite chaussée nous emmène vers Aiglepierre. Il faut ensuite poursuivre vers la départementale 105 et rouler en direction des Arsures. Ici, la densité des vignobles, de part et d’autre du chemin, est de plus en plus importante. D’une seule grange au XVe, le village s’est développé jusqu’à s’affranchir de la tutelle de Montigny en 1842. C’est à partir du XVe siècle que la culture de la vigne s’y implante, favorisée par les moines défricheurs. «Le noyau ancien des Arsures est assez groupé, raconte coeurdujura-tourisme.com. Les rues étroites et sinueuses bordées de maisons de pierres aux tuiles plates, forment un circuit propice à la découverte d'une architecture typique des petites cités vigneronnes. Flâner dans les ruelles du village vous mènera notamment à la chapelle de 1851, aux vestiges gallo-romains sur la route de Montigny ainsi qu'au château, modernisé dans la première partie du XIXe siècle». Un petit mot de toponymie: «Arsure» est un nom médiéval, caractéristique des défrichements par le feu qui ont eu lieu à cette époque dans la région.

R.N.72: DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique qui prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard, Salins-les-Bains, Levier, Pontarlier... (lire)

Vers les Arsures (photo: Marc Verney, juillet 2014).
Le joli village de Montigny-lès-Arsures. La Boutière et Saint-Laurent sont deux quartiers de ce bourg (photo: Marc Verney, juillet 2014).

C’est la départementale 249 qui file maintenant vers Montigny-lès-Arsures. Dans une parcelle de ce bourg, Louis Pasteur a «effectué des travaux sur la fermentation qui lui ont notamment permis de remettre en cause définitivement la théorie de la génération spontanée», signale le site terredelouispasteur.fr. Le village, dit Alphonse Rousset, produit «des vins rouges connus sous le nom de "vins des Arsures", qui passent pour être les meilleurs de la province». «Montigny, lit-on encore dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, se développe en amphithéâtre sur une éminence, au pied occidental d’une ceinture de collines qui lui sert d’encadrement. L’horizon en est aussi varié que pittoresque. On découvre à l’ouest la belle vallée de la Cuisance, que dominent les poétiques ruines du château de Vadans, et au nord, au-delà de l’immense forêt de Mouchard, les magnifiques bassins du Doubs et de la Loue». Dans le domaine qui nous passionne aussi, l’histoire des transports, le village garde tout d’abord la mémoire d’une très ancienne borne saunière (visible au musée du Sel à Salins), qui marquait la «limite entre les deux grandes zones de distribution du sel, le pays d’aval et le pays d’amont, des secteurs où la grande et la petite saline de Salins-les-Bains pouvaient commercer», voit-on sur le site . En effet, souligne Alphonse Rousset, «une route très ancienne, dite le "Chemin-Saunier", tirant de Grozon à Salins, passait au nord de Montigny». Par ailleurs, adossé au Revermont, voilà le spectaculaire viaduc ferroviaire de Montigny, entièrement en courbe, long de 230 mètres et haut de 28 mètres, qui permet le passage -sur cette artère franco-suisse- de nombreux express internationaux dont le plus célèbre fut le Simplon-Orient-Express... On atteint Arbois par le hameau de Vauxelle et la rue de Verreux. C’est l’une des étapes parmi les plus prisées de notre virée vinicole jurassienne! La cité, cerclée de vignobles (première appellation française à voir le jour en 1936), se blottit à l'orée de la reculée des Planches, dont les roches, au loin, cernent les collines environnantes. Cette belle capitale du vignoble jurassien se laisse découvrir à pied, le long des chemins et des ruelles qui suivent la rafraîchissante Cuisance. Son appartenance au réseau des «Petites cités comtoises de caractère» en fait définitivement une halte sincèrement et fortement recommandée! L’histoire du vignoble arboisien remonte à loin: «Avant François 1er, c’est Philippe le Bel qui introduit les vins d’Arbois à la cour de France, découvre-t-on sur le site arbois.fr. En 1774, une liste de 14 bons plants pour le vin est publiée. Dès lors, cette sélection garantit la qualité et accroît la notoriété des vins d’Arbois. A partir de 1863, Louis Pasteur, père de l’œnologie moderne, effectue ses travaux sur les maladies des vins dans la cité». La richesse de son patrimoine étonne le visiteur, mentionne arbois.fr: «châteaux, églises, anciens couvents, remparts, maisons nobles, bourgeoises ou vigneronnes, fontaines, moulins témoignent de la vitalité de la cité. Le témoin le plus évocateur reste probablement l’église Saint-Just édifiée du XIIe au XVIIIe siècle. L’imposant clocher de pierre rousse semble surgir d’un océan de vignes».

La vigne de Louis Pasteur à Montigny-lès-Arsures (photo: Marc Verney, août 2022).
Dans le centre-ville d'Arbois se trouve la maison de Louis Pasteur (photo: Marc Verney, août 2010).
Une vue du vignoble de Pupillin (photo: Marc Verney, juillet 2014).

R.N.469, ARBOIS, VINS ET GROTTES!!
Un petit détour par Arbois et ses grands crus ne peut pas faire de mal... En plus, voilà la belle reculée des Planches!! A savourer à vitesse lente... (lire)

Il faut maintenant se diriger en direction de Pupillin par la rue du même nom, la D246, qui escalade en partie le Revermont. A noter qu’il s’agit de l’ancien itinéraire historique de la chaussée de Besançon à Lyon. «A Arbois le renom, à Pupillin le bon»… clame-t-on depuis ces hauteurs! C’est vrai que la «capitale mondiale du cépage ploussard» (ou poulsard) ne manque pas de bons vignerons… Et l’histoire des lieux, quoique encore largement méconnue remonte à loin: «Les vestiges d’une importante villa et d’un petit fanum (temple) sont mis au jour à la fin du XIXe siècle», raconte le site pupillin.cc-coeurdujura.fr. Dans les caves de cette villa, on retrouve de multiples débris d’amphores en terre cuite destinées à contenir du vin qui disent l’ancienneté de la culture du raisin dans cette contrée. «Le premier titre à mentionner cette localité, pointe Alphone Rousset dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, est la charte par laquelle Otton-Guillaume et Rainaud Ier, son fils, fondent, avant l'an 1020, l'abbaye de Vaux-sur-Poligny». Après 1678, et l'entrée définitive de la Franche-Comté dans le giron français, on oublie un peu les années terribles où le village ruiné était totalement inhabité, et les vignes reprennent possession des pentes. Au début du XIXe siècle, apogée de la vie paysanne, «Pupillin compte alors environ 600 habitants qui y cultivent quelque 150 hectares de vigne», explique pupillin.cc-coeurdujura.fr. Après un lent déclin (phylloxéra, guerres, exode rural…) qui avait réduit le vignoble à 25 ha, Pupillin compte aujourd’hui 120 hectares de vignes qui sont cultivées selon une structure particulière: «La moitié relève d’une dizaine de vignerons qui vinifient et écoulent eux-mêmes leur production; l’autre appartient à une quarantaine de viticulteurs livrant leurs raisins à la fruitière qui se charge de la vinification et de la vente» (pupillin.cc-coeurdujura.fr). On quitte ce village attachant par l’ancienne chaussée royale qui serpente à mi-pente du Revermont. C’est un festival visuel de tout premier ordre qui s’offre à nos yeux: le regard balaye l’horizon, du fossé bressan jusqu’à la plaine de la Saône… En poursuivant sur l’étroit chemin de bitume, on aboutit au village de Buvilly, posé en bordure de la R.N.83, qui se fond, dès lors, avec la «route des vins du Jura» jusqu’à Poligny.

STRASBOURG PAR LA R.N.83
Voilà une route qui sillonne l'Est de la France à flanc de collines: Jura, Doubs, Vosges... On n'oubliera pas non plus les vignobles qui s'étalent de part et d'autre du bitume... Une route de gourmet? (lire)

Poligny vu depuis la Croix du Dan (photo: Marc Verney, octobre 2005).

R.N.5: LA TRAVERSEE DU JURA
Dans tout le Jura... la vieille route impériale virevolte entre les monts... Entre Dole et Gex en passant par le col de la Faucille, c'est beau à chaque tournant!!! (lire).

A Poligny, notre périple croise la «route blanche», l’axe Paris-la Suisse qui est à l’origine de ce site Sur ma route. Au pied de la reculée des monts de Vaux, le petit bourg a fière allure. Petites rues étroites, belles maisons en pierre de taille, églises, statues et fontaines... Le tout donne envie de faire étape. Ca tombe bien: nous voici arrivés au pays des vins et du fromage. Le territoire est occupé dès la préhistoire. Les découvertes archéologiques témoignent d'un enracinement humain dès l'aube des temps. A l'époque gallo-romaine, le lieu (Polemniacum) est une place de marché. Nous sommes sur un carrefour de routes antiques qui relient des zones prospères: le bassin parisien à la plaine du Pô, la vallée du Rhône aux pays rhénans... Entre le VIIe et le XIe siècle, un nouveau quartier de la cité se forme autour de l'église romane de Mouthier-le-Vieillard. Durant le XIe siècle, l'extension de Poligny se poursuit avec la construction du Bourg-Dessus, formé au pied du château de Grimont. La cité s'organise peu à peu selon un plan quadrillé, structuré par trois rues parallèles, dominées par la collégiale Saint-Hippolyte. Poligny, alors rattachée au duché de Bourgogne, préserve les archives des grands ducs d'Occident. A l'époque de Louis XI, le système défensif de la cité comporte jusqu'à 25 tours et cinq portes. Aujourd'hui, Poligny abrite la prestigieuse Ecole nationale d'industrie laitière (Enil) et se veut la capitale du fromage comté, appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis 1952 (on dit aujourd’hui appellation d’origine protégée...). A bon fromage, bon vin... une poignée d'exploitants polinois cultivent avec soin les cépages du cru. On se dirige maintenant vers Miéry avec la D259. Peu avant ce village on peut se rendre à Saint-Lothain grâce à la D194. Mais les plus «aventureux» pourront suivre la toute petite chaussée qui traverse Miéry et le hameau des Bordes pour arriver également à Saint-Lothain (et c’est bien plus charmant).

Ancienne plaque de cocher à Passenans. Le GC n°57 est devenu la départementale 57 (photo: Marc Verney, janvier 2009).

Cette commune viticole traditionnelle du vignoble jurassien cache un «grand patrimoine», dit le site coeurdujura-tourisme.com. Un moine bénédictin de l’abbaye d’Autun, Lothain, y vient se retirer en ermite au VIe siècle et attire de nombreux pèlerins. Ceux-ci aidèrent à fonder un petit monastère, qui accueillit très vite une soixantaine de moines, puis une quarantaine dans un deuxième emplacement, non loin de Buvilly. On trouve également sur le territoire communal un ancienne carrière d'albâtre qui a notamment servi à la construction des tombeaux des ducs de Bourgogne situés dans la grande salle du palais des ducs, à Dijon (Wikipédia). «Saint-Lothain est, nous dit Alphonse Rousset dans son Dictionnaire de la Franche-Comté, sans contredit, l’un des plus beaux villages du Jura. Ses deux rues principales décrivent un double demi-cercle au pied d’un mamelon, dont l’église, l’ancien prieuré, le château escaladent les flancs». La «route des vins du Jura» prend dès lors la direction de Passenans (D57). La localité, très agréable à visiter, est «une ancienne dépendance de l’abbaye de Château-Chalon», signale le site jura-tourism.com. Un lien confirmé en 1165 par l’empereur Frédéric Barberousse. La vigne a été un élément fondamental dans le développement du village. «Au XIXe siècle on mentionne d’ailleurs qu’au lieu-dit de la côte de Rostaing, les vins étaient aussi bons que les meilleurs crus de Château Chalon. La surface viticole de la commune s’établit à 60 ha environ», dit encore ce site internet du tourisme jurassien. «Du haut de la montagne du Châtelet, sur le penchant de laquelle les maisons de Passenans sont disposées en amphithéâtre, au milieu de jardins et de vergers, on découvre les villages et les châteaux de Frontenay, de la Muire, d'Arlay, de l'Etoile, de Villevieux, de Ruffey, de la Sauge, de Saint-Lamain, de Montchauvier, de Baudin, de Toulouse, de Darbonnay, de Bersaillin, séparés les auns des autres par de petites forêts, des vignobles, des prairies, de petits monticules qui donnent à l'ensemble de la perspective l'aspect d'un magnifique jardin anglais. Dans le lointain, on découvre Dole, Dijon, Beaune, Chalon et toutes les montagnes de la Bourgogne. Ce panorama est vraiment admirable», écrit Alphonse Rousset dans son Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté de 1837.

Le magnifique promontoire cerclé de vignes sur lequel se trouve juché le bourg de Château-Chalon (photo: Marc Verney, novembre 2008).

On se dirige vers Frontenay, village dominé par son château, «construit au Moyen Age (par Jean de Chalon, seigneur d’Arlay) pour protéger la route du sel, et les convois qui transportaient cette denrée si précieuse», dit le site chateaudefrontenay.com. Sur notre chemin, le hameau de Vau, un des quartiers de Frontenay avec l'Écouvette, la Ville et le Viseney, «était le plus populaire et le plus actif, avec son moulin, sa forge et son haut-fourneau» (Wikipédia). Dans le cimetière du village (au Chanet, près du château), se trouve la sépulture de l’écrivain franc-comtois Bernard Clavel. Un peu plus loin, voici Menétru-le-Vignoble qui annonce notre entrée dans l’aire géographique des vins de Château-Chalon. C’est là que l’histoire du vin jaune est née «grâce à l’initiative de quelques religieuses qui décidèrent de planter au Moyen Âge les premiers pieds de savagnin, ce cépage propre au Jura», raconte le site montagnes-du-jura.fr. Le site est éminemment «pittoresque, constitué par un escarpement rocheux, boisé, qui émerge de pentes couvertes de vignes, le tout couronné par un vieux village», décrit le Guide Vert Jura de 1964. Produite sur une soixantaine d’hectares (jura-vins.com), l’AOP château-chalon fait l’objet d’un élevage dit «sous voile»: une fois la fermentation achevée, le vin est conservé au minimum six ans et trois mois en fût de chêne usagé sans ouillage, ni soutirage. Ce procédé respecte l’évaporation naturelle du vin appelée «la part des anges» et provoque la création d’une fine pellicule de levures à la surface du vin qui préserve le vin de l’oxydation en le privant de contact avec l’air ambiant. À la fin de son vieillissement, le nectar ainsi obtenu est mis en bouteille dans un flacon de 62 cl créé pour lui, le clavelin. Le résultat est juste sublime: ce vin jaune, encore appelé «l’or du Jura», est d’une garde exceptionnelle et offre une complexe palette d'arômes et de flaveurs; il est idéal avec une cuisine généreuse et gourmande comme les plats de poularde aux morilles, la truite au bleu, la croûte aux morilles…

Dans le Sud-Revermont (photo: Marc Verney, août 2014).
Cette ancienne borne de pierre survit sur la R.N.83 historique au sud de Lons-le-Saunier (photo: Marc Verney, août 2014).

Au sud de Château-Chalon, la «route des vins du Jura» (D70) croise de nombreux villages vignerons, Voiteur, le Vernois, Lavigny, Montain, Panessières, Chille… A l’ouest de Lons-le-Saunier, voilà L’Etoile, un village et une appellation, à base de cépage chardonnay. Le bourg porte ce nom en raison des «innombrables pentacrines», ces étoiles fossiles que l'on peut trouver en se promenant dans ses vignes, dit le site jura-vins.com. La localité, explique jura-tourism.com, «recèle d’authentiques fermes de vignerons (XVIIIe). Ces maisons dites de “polyculteurs-vignerons” témoignent de la nécessité d'autosubsistance des vignerons jurassiens qui, outre leur activité viticole, pratiquent l'élevage et la céréaliculture jusqu'au milieu du XXe siècle». Voilà maintenant la cité de Lons-le-Saunier, préfecture du Jura et étape de choix sur notre chemin. «Dès l’époque romaine, les habitants de Lons s’organisent autour de la source du Puits-Salé. Le sel devient la clé du développement économique de la cité, qui prospère au Moyen Age», dit lons-jura.fr. Puis l'activité de foires et marchés prendra le relais du sel. Profitant de sa situation idéale, Lons attire les artisans du Haut-Jura et les paysans de la plaine... Après bien des déboires (un incendie en 1536, la guerre de Dix ans en 1637) la ville renaît au XVIIIe siècle sous l'impulsion du Royaume de France. L'exploitation du sel est relancée, et, en 1849, on construit même un établissement thermal. Entre-temps, et au grand désespoir de Dole, la capitale historique régionale, Lons est choisie en 1789 pour être le nouveau chef-lieu du département du Jura. Touchée par la crise du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, la ville voit fortement péricliter son activité vigneronne: les exploitants et vignobles restants se trouvent alentours, sur les coteaux lédoniens, à Perrigny, Conliège, Vernantois, Vatagna, Montaigu, Macornay, Courbouzon, Chilly et Montmorot... Au sortir de Lons-le-Saunier, on va emprunter la route D1083 (ancienne R.N.83) jusqu’à Gevingey. «La principale ressource des habitants consiste dans la culture de la vigne», écrit Alphonse Rousset dans son dictionnaire jurassien en 1854.

R.N.78: LE JURA PAR LE MORVAN
La RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons. Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire)

R.N.470: DES COLLINES ET DES MONTS
Entre Bourgogne et monts du Jura, la route nationale 470 historique se faufile au travers des plus belles contrées de la région (lire)

R.N.471: UNE ROUTE JURASSIENNE
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire)

Le village de Rotalier (photo: Marc Verney, août 2014).
A Cuiseaux, un belvédère domine la cité. On y trouve une belle table d'orientation (photo: Marc Verney, août 2014).

Plus au sud encore, dans ce Sud-Revermont riant et souvent ensoleillé, voici Cesancey. On trouve en 1838 dans le Dictionnaire général des communes, hameaux du département du Jura une mention d’un «grand et excellent vignoble» dans ce village, écrit Wikipédia. On rejoint Grusse, Vincelles et Rotalier par de toutes petites voies qui se frayent un passage au milieu des terres vigneronnes, souvent entremêlées de vergers et de pâtures, et parsemées de ces villages typiques qui font le charme exquis et discret du Revermont. On retourne en direction de l’ancienne R.N.83 pour longer Orbagna et sa –très contemporaine- caborde, une aire «viti-culturelle» créée en bord de grande route par les Jurassiens pour promouvoir le vignoble du Sud-Revermont… entre autres! On arrive à Beaufort. D'après la notice historique du Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, par Alphonse Rousset, le bourg «doit son origine à son château-fort, bâti au XIIe siècle, par les religieux de Gigny, pour la protection des vastes domaines qu'ils possédaient alors». Ce château «était bâti sur une éminence, à un kilomètre environ à l'est du village actuel. I1 occupait une position magnifique d'où la vue dominait sur une grande partie du comté et du duché de Bourgogne, sur le Mâconnais et les Dombes», écrit encore Rousset. Mais hélas, en 1793, raconte toujours Rousset, «les paysans de Beaufort, entraînés par quelques énergumènes, se ruèrent sur ce château, le mirent au pillage et le ruinèrent tellement, qu'aujourd'hui on a peine à en retrouver les traces. La tour de Germigney et le château de Rambey furent détruits pendant les guerres du XVIe siècle». De Beaufort, une petite route nous emmène à Maynal et Augéa, deux villages vignerons qui précèdent la localité de Cousance. «Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle, explique le site mairie-cousance.fr, bien après le rattachement de la Franche-Comté au royaume de France, pour que le village s'éveille. Il doit déjà à cette époque sa réputation à ses foires, à ses marchés et à ses commerces prospères: cabarets et auberges qui se tiennent le long de la route royale Strasbourg-Lyon. On assiste alors à l'essor des "grands chemins" qui facilitent les relations avec la montagne vers la Suisse, ainsi qu'avec la proche Bourgogne: un premier pont franchissant la rivière de Gizia est alors construit sur la route royale (la R.N.83 historique)». A Cuiseaux, nous voici en Saône-et-Loire pour quelques kilomètres. Il n’y a plus de vignoble mais un petit écomusée, qui perpétue la mémoire de la production viticole, remplacée plus tard par le travail ouvrier dans les établissements de salaison Morey. «Le tout dans une belle maison vigneronne traditionnelle, avec son atelier de tonnelier reconstitué», écrit bourgogne-tourisme.com. Le vignoble du Jura, signale jura-tourism.com, «se termine à Saint-Amour, porte d’entrée de la Petite-Montagne jurassienne, très appréciée pour la beauté de son patrimoine et ses influences méridionales (déjà!)».

Marc Verney, Sur ma route, novembre 2023

SUR LE CHEMIN DES LACS
Les montagnes du Jura sont réputées pour leurs nombreux lacs, torrents et cascades. Notre balade motorisée est créée spécialement pour ce site... (lire)

VISITER LA ROUTE DES SAPINS...
Le site Sur ma route va se mettre au vert dans l’une des plus jolies forêts du Jura, non loin de Champagnole, juste à côté de la route blanche Paris-Genève... (lire)

LA ROUTE DES RECULEES...
Du nord au sud du Jura... la magnifique route des Corniches et des Reculées montre une région façonnée par le temps et les éléments. Epoustouflant! (lire).

RETROUVER LA ROUTE DU COMTE
L’ancienne route du Comté, tracée au XXe siècle, traverse les montagnes jurassiennes du nord au sud en passant par les plus beaux paysages du Doubs et du Jura... (lire)

Retour à la page principale
du site (cliquez ici)

La route des vins du Jura longe le Revermont, du nord au sud (cartographie: MV, 2023).
A VOIR, A FAIRE
Champagne-sur-Loue: «véritable musée à ciel ouvert», écrit le Progrès, la vigne conservatoire, plantée en 2007, rend hommage aux cépages anciens. On y préserve ici un savoir-faire et des cépages qui font partie du patrimoine jurassien. Sur 5 ares de terrain, l'endroit contient 38 anciens cépages locaux: trousseau gris, poulsard blanc… qui poussent autour de la petite caborde de pierre. A chaque rangée son cépage, dont le nom est inscrit sur une petite plaque métallique. Situation: sur la butte qui domine Champagne-sur-Loue et Arc-et-Senans, lieu-dit les Peux.
Port-Lesney: un agréable but de promenade, avec son pont sur la Loue (baignade en été). Non loin, se trouve l’ancienne saline d’Arc-et-Senans, chef d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux.
Pagnoz: le château médiéval de Vaulgrenant, dont les premières traces datent du XIIe siècle. Au sud, le bourg vigneron d’Aiglepierre.
Salins-les-Bains: (à huit kilomètres de Mouchard) la visite de la Grande Saline est particulièrement intéressante. Mention spéciale aux  immenses chaudières, où l'on extrayait le sel de l'eau et aux souterrains où l'on peut encore voir de nos jours un très ancien système de pompage. Il existait un «saumoduc» entre Salins-les-Bains et Arc-et-Senans. Cette canalisation, réalisée en bois, a transporté sur à peu près une vingtaine de km les eaux saumâtres en direction de la saline créée par Ledoux. Il n'en reste hélas aucune trace de nos jours si ce n'est un itinéraire de promenade. Non loin, la masse imposante du mont Poupet (belvédère et promenades).
Montigny-lès-Arsures: jolies demeures vigneronnes. En 1878, Louis Pasteur mène ses expériences sur la fermentation du raisin dans ses vignes du clos de Rosières, situé en contrebas du village (panneau commémoratif).
Arbois: l'église romane Saint-Just, édifiée aux XIIe et XIIIe siècles, son beau clocher (1530) en pierres rousses d'une soixantaine de mètres domine les toits de la ville; la maison de Pasteur, rue de Courcelles; le musée Sarret-de-Grozon, Grande-Rue; on peut voir dans ce bel hôtel particulier du XVIIe siècle des collections de porcelaines et d'argenteries exceptionnelles ainsi que des pastels exécutés par Louis Pasteur; la place de la Liberté, bordée de maison à arcades du XVIIIe siècle et véritable coeur d'Arbois avec de nombreuses échoppes de vignerons; la tour Gloriette (XVIe siècle) et le pont Saint-Just (jolie vue sur la Cuisance), le site du château Bontemps (XVIe siècle), ancien logis des ducs de Bourgogne... A ne pas manquer: le château Pécauld et le musée de la Vigne et du Vin, vers la rue des Fossés. Belle maison forte d'origine médiévale, on y trouve toutes les explications sur les vins du Jura.
Pupillin: ce charmant village vigneron, posé sur les flancs du Revermont, propose d'agréables visites. Parcourir ses rues permet de découvrir le belvédère avec son aire de pique-nique, son kiosque d'observation et sa table d'orientation, offrant une vue panoramique sur le vignoble.
Poligny: si la cité a une réelle homogénéité architecturale, la plupart des bâtiments dignes d’intérêts se trouvent concentrés le long de la Grande-Rue et de la rue du Collège. Ne pas rater la collégiale Saint-Hippolyte (1429) et son clocher du XIIe; elle abrite de nombreuses statues de l’école bourguignonne du XVe, la tour de la Sergenterie, vestige de l’enceinte médiévale, le cloître des Ursulines, la chapelle des Jacobins et l’église Notre-Dame de Mouthier-le Vieillard (clocher roman du XIe). Dominant la ville, le belvédère de la croix du Dan offre un panorama gigantesque sur toute la région (suivre la route de Barretaine). Poligny se veut capitale du comté (le fromage!). On y trouve donc la Maison du comté. Là, il est possible de tout savoir sur la fabrication, la commercialisation de ce fromage (AOP) produit dans tout le massif jurassien qui se marie si bien avec les crus locaux.
Saint-Lothain: l’église de ce village vigneron typique, construite entre le IXe et XIIe siècle, est inscrite aux monuments historiques. On trouve de nombreuses fontaines dans les ruelles du bourg.
Passenans: encore un charmant bourg vigneron. Particularité de la localité, les murs moyenâgeux dits «à pas de moineaux» dépassant du faîtage des maisons, qui sont recouverts de laves et munis d'une pierre dressée au sommet. A l'ouest, Toulouse-le-Château, village charmant qui domine toute la région du haut de sa butte. Non loin de là, Sellières, cité comtoise de caractère et les forges de Baudin.
Frontenay: le château et de charmants coins dans les quartiers de la Ville, du Viseney et de Vau. Dans le cimetière, la tombe de l’écrivain jurassien Bernard Clavel
Château-Chalon: un des villages parmi les plus séduisants du Jura, trônant depuis sa butte, sur une «mer» de vignes. La capitale du fameux vin jaune est particulièrement attrayante en été, ou plus encore en automne, lorsque la vigne se pare de couleurs flamboyantes. Ne pas rater le belvédère en bout de promontoire. A l’ouest, après Voiteur, voilà Arlay et son château-fort (ruines), dont les seigneurs de Chalon sont la famille la plus puissante du Jura médiéval. A l’est, on admire la spectaculaire reculée de Baume-les-Messieurs qui entaille profondément le premier plateau.
Lons-le-Saunier: la rue du Commerce et ses 146 arcades, la place de la Liberté, cœur de la ville, la maison de la Vache qui Rit, le puit salé, les thermes… l’office du tourisme propose aux visiteurs un circuit permettant de découvrir les points les plus intéressants de Lons.
Rotalier: village vigneron. A côté, la pittoresque localité de Saint-Laurent-la-Roche (belvédère) domine la plaine de la Bresse.
Beaufort: à Orbagna, voilà la Caborde, un bâtiment moderne à l'architecture particulière qui propose des dégustations de vins, des expositions et, depuis la terrasse extérieure, une vue panoramique sur la Bresse et les vignes de la région.
Gizia: sa reculée (belvédère).
Cuiseaux: un des écomusées de la Bresse bourguignonne s'y trouve, la Maison de la mémoire cuisellienne, située dans une ancienne demeure vigneronne, offre le témoignage émouvant d’une activité traditionnelle qui a disparu des coteaux de la commune au début du XXe siècle: la viticulture. Pressoirs, anciens tonneaux, bouteilles s’y endorment désormais paisiblement entre les murs de pierre.
Tout au long du parcours de la route des vins, de nombreux vignerons proposent de déguster et d'acheter leur production. Mais attention: boire ou conduire, il faut choisir (photo: MV, juillet 2014).

LES CINQ CEPAGES DU VIGNOBLE Chardonnay: on l'appelle aussi gamay blanc, melon, pinot blanc... C'est donc un cépage blanc d'origine bourguignonne qui a également trouvé ses marques sur le Revermont. Il a pour signe particulier de petites grappes cylindriques, compactes et ailées avec des grains sphériques de couleur jaune ambré. La pulpe est ferme et très sucrées. Son débourrement et son mûrissement sont précoces. Lui aussi craint les gelées d'hiver. Il a une résistance moyenne au mildiou et est sensible à l'oïdium et à la pourriture grise. Il aime croître sur des terrains légers, mêlés de débris calcaires ou encore siliceux. Le chardonnay est l'un des cépage parmi les plus répandus dans le monde. Exclu à tort de la liste des bons plants de Franche-Comté en 1732, il est réhabilité en 1774 et donne depuis (assorti notamment avec le savagnin) des vins fins, subtils et de bonne garde. A lui tout seul, il représente presque la moitié de l'encépagement jurassien.
Savagnin: il est aussi appelé naturé ou naturel vers Arbois, sauvagnin à Besançon, sauvoignin à Salins, fromenteau dans la Haute-Saône... Mais aussi appelé traminer dans les pays germaniques. Ce cépage blanc a une origine complexe. Il remonterait au XIIIe siècle. Ses grappes sont courtes, ailées; les grains, légèrement ovoïdes, ont une peau épaisse et ferme. Son mûrissement est tardif (premières gelées) et donne un vin de garde puissant et généreux. Ses terrains préférés sont les marnes bleues et les schistes du Lias avec les sols calcaires ou siliceux. Dans le nord de la Franche-Comté, où il a disparu, il servait de cépage d'assortiment. Soumis à une vinification spéciale dans le Jura depuis, semble-t-il, le XVIIIe siècle, il produit le fameux vin jaune et donne toute sa notoriété au vignoble de Château-Chalon.
Trousseau: c'est un cépage rouge à jus blanc. Il est originaire de Salins. Ses signes particuliers sont des petites grappes à grains serrés, ceux-ci sont moyens oblongs à couleur noire. La pulpe est ferme et très sucrée. Sa peau est dure et craquante. Il a un mûrissement tardif et craint les gelées d'hiver. Le trousseau est très sensible à l'oïdium et moyennement sensble au mildiou. Il adore pousser sur les marnes rouges et les marnes irisées du Keuper. Il a toujors été cultivé entre Arbois et Besançon. En 1826, il représente 8% du vignoble arboisien et 40% de celui de Salins. Vinifié seul, il donne des vins de bonne garde puissants et colorés.
Poulsard (ou ploussard): son nom est dérivé des p'losses ou fruits du prunelier. On l'appelle encore mussart, pulceau, plussard, plessard vers Salins, peloussard à Poligny, pulsart vers Lons-le-Saunier... C'est un cépage rouge à jus blanc qui puise ses origines du côté d'Arbois. Le ploussard a des grappes longues et pendantes, ses grains sont ovales à la chair charnue de couleur noir bleuté. Sa peau est mince, peu riche en matière colorante. Son débourrement est précoce alors qu'il craint les gelées printanières. Le poulsard est sensible à la pourriture grise, au mildiou et à l'oïdium. Il pousse de préférence sur les marnes du Lias recouvertes d'une mince couche de calcaire argileux et ferrugineux. En tête de la liste des bons plans dressée par le Parlement de Besançon en 1732, il représentait 1/18e du vignoble comtois avant la crise du phylloxéra. Vin fin et délicat, il participe, seul ou en assortiment aux meilleurs vins de qualité du Jura.
Pinot noir: classé en deuxième position sur la liste des bons plants du Parlement de Besançon, en 1732, le pinot noir, était aussi appelé petit noirin dans le nord du Revermont alors que dans le sud, c'était carrément le savagnin noir... Ce cépage noir à jus blanc donne de petites grappes cylindriques aux grains sphériques de couleur noire bleutée. Précoce et sensible aux gelées printanières, il s'adapte à peu près à tous les climats et s'exprime pleinement sur les sols calcaires. Il représente aujourd'hui environ 10% du vignoble. On l'utilise souvent assemblé avec les autres cépages jurassiens, poulsard et trousseau, ce qui produit des vins rouges colorés et charpentés.

Vignobles et vache montbéliarde, la carte postale des premiers plissements du Jura (photo: MV, juillet 2014).