C'est au rond-point avant Mont-sous-Vaudrey qu'il faut emprunter
-un temps- la route de Pontarlier. Il faut ensuite rapidement prendre
la direction de Vaudrey et Arbois par la D469. La route, quasiment
toute droite, traverse Vaudrey, la forêt de Choiseul, Molamboz,
puis Mathenay Sur la gauche, discrète et se cachant derrière des
rideaux d'arbres, la rivière Cuisance qui prend sa source dans les
replis de la reculée des Planches, au-delà d'Arbois. Le paysage
agricole se transforme peu à peu. Voilà, au loin, le Revermont,
premier contrefort des monts jurassiens.
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R.N.5:
LA TRAVERSEE DU JURA
Dans
tout le Jura... la vieille route impériale virevolte entre les
monts... Entre Dole et Gex en passant par le col de la Faucille,
c'est beau à chaque tournant!!! (lire). |
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R.N.72,
DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique qui
prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard, Salins-les-Bains,
Levier... (lire) |
Après quelques kilomètres de notre courte N469
historique, voilà déjà Arbois, assurément un des plus jolis
sites du Jura. La petite cité, cerclée de vignobles, se blottit
à l'orée de la reculée des Planches, dont les roches, au loin, cernent
les collines environnantes. Cette belle capitale du vignoble jurassien
(première appellation d'origine contrôlée en 1936!) se laisse découvrir
à pied, le long des chemins qui suivent la rafraîchissante Cuisance.
Son appartenance au réseau des Petites cités comtoises de caractère
en fait définitivement une halte sincèrement et fortement recommandée!
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A
la sortie de Dole (on n'est pas encore sur la D469), cette publicité
peinte vante les mérites de la grotte des Planches. Photo:
Marc Verney, août 2010. |
Un
peu d'histoire... Les gens d'ici ont du caractère, tout comme
leur petite cité... Fortifiée dès le Moyen-Age, Arbois a dû soutenir
plusieurs sièges. La mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire
relance les luttes entre les Français et le Saint Empire germanique.
Louis XI conquiert le bourg en 1478. En 1595, c'est Henri IV, qui,
sous le prétexte de l'appui des Comtois aux ligueurs, fait envahir
Arbois par les troupes du maréchal Biron. Celui-ci reniant sa promesse
de laisser la vie sauve aux défenseurs de la ville fait pendre le
courageux défenseur arboisien, le capitaine Joseph Morel. Plus tard,
en 1674, Arbois est encore assiégée par les Français du vicomte
d'Aspremont. Mais cette fois, l'assaillant se casse les dents devant
la résistance opiniâtre des habitants.
Les coups de gueule des Arboisiens sont restés célèbres:
ainsi, le 13 avril 1834, l'arrivée d'une diligence en provenance
de Lyon sème l'émoi. Les voyageurs annoncent que les canuts viennent
de se révolter à Lyon. Aussitôt, l'insurrection est décidée et de
nombreux habitants se rendent à l'hôtel de ville pour s'emparer
des fusils qui y sont gardés. Dans le feu de l'action, la République
est même proclamée! Alerté par le représentant du gouvernement,
le sous-préfet de Poligny s'avance deux jours plus tard au-devant
des insurgés et demande: "Quels sont vos chefs?". C'est alors
que tous les mutins lui répondirent d'une seule voix en patois:
"Nos san tous tchiefs" (Nous sommes tous chefs). Quelques
jours plus tard, la tension redescend et les habitants rentrent
dans leurs foyers. Le journal local peut alors oser ce titre mémorable:
"Arbois, Paris et Lyon sont tranquilles!".
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Arbois,
vue générale depuis l'Ermitage, un joli point
de vue accessible à pied depuis le centre-ville en une
vingtaine de minutes. Photo: Marc Verney, octobre 2008. |
Pasteur,
une vie arboisienne! Natif de Dole,
Louis Pasteur a passé une grande partie de sa jeunesse à Arbois,
dans une ancienne tannerie achetée en 1827 par son père. Pasteur
fréquente alors l'école primaire de la cité, puis le collège jusqu'en
1839. Le grand homme reviendra par la suite et chaque année jusqu'à
son décès en 1895 dans sa ville d'Arbois. C'est là qu'il travailla
sur la fermentation du raisin et où il mit au point le procédé que
l'on appelle la "pasteurisation".
Vins
et merveilles
L'arbois était, dit-on le vin favori d'Henri IV... Aujourd'hui,
le vignoble d'Arbois couvre 850 ha de coteaux composés de graviers
calcaires et de terres d'argile de l'ère secondaire. Cinq cépages
y sont cultivés: le pinot noir, le chardonnay mais surtout trois
cépages typiquement jurassiens, le poulsard, le trousseau et
le savagnin. Tout ceci amène une production très variée: des
rouges, des rosés, des blancs, le vin jaune et vin de paille,
du crémant, du macvin... C'est à Arbois que se déroule chaque
année l'une des grandes fêtes des vins jurassiens: la fête du
"Biou", le premier dimanche de septembre. Réunis en procession,
les vignerons portent, en procession, jusqu'à l'église une gigantesque
grappe de raisin. Portée par quatre hommes précédés de musiciens,
l'ensemble, confectionné à l'aide de centaines de petites grappes
de vrai raisin, est suspendu dans la nef de l'église Saint-Just.
On peut aller dans le petit village voisin de Pupillin, "capitale"
du cépage poulsard (ou ploussard), car, "à Arbois le renom,
à Pupillin le bon"... A ne pas manquer: le château Pécauld et
le musée de la Vigne et du Vin, vers la rue des Fossés (tél.
03-84-66-40-45). Belle maison forte d'origine médiévale, on
y trouve toutes les explications sur les vins du Jura (ouvert
de 10hà 12h et de 14h à 18h entre mars et octobre; de 14h à
18h de novembre à février, fermé le mardi sauf en juillet et
août). Un sentier en boucle de 2,5 km permet de découvrir le
vignoble de manière ludique. |
A
VOIR, A FAIRE
L'église romane Saint-Just, édifiée aux XIIe et XIIIe siècles;
à voir, son beau clocher (1530) en pierres rousses d'une soixantaine
de mètres qui domine les toits de la ville; la maison de Pasteur,
83, rue de Courcelles (tél. 03-84-66-11-72, visites guidées de 45
minutes entre 9h45 et 18h15 de juin à septembre, de 14h15 à 17h15
en avril-mai et début octobre); le musée Sarret-de-Grozon,
Grande-Rue (tél. 03-84-66-55-55, ouvert tous les jours en juillet
et août de 15h à 18h30 sauf le mardi, ouvert en septembre jusqu'à
la mi-octobre les samedis et dimanches de 15h à 18h30), on peut
voir dans ce bel hôtel particulier du XVIIe siècle des collections
de porcelaines et d'argenteries exceptionnelles ainsi que des pastels
exécutés par Louis Pasteur; la place de la Liberté, bordée
de maison à arcades du XVIIIe siècle et véritable coeur d'Arbois
avec de nombreuses échoppes de vignerons; la tour Gloriette
(XVIe siècle) et le pont Saint-Just (jolie vue sur la Cuisance),
le site du château Bontemps (XVIe siècle), ancien logis des
ducs de Bourgogne...
Office du tourisme d'Arbois, rue de l'Hôtel-de-Ville (tél.
03-84-66-55-50, ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 12h et de 14h
à 18h et tous les jours du lundi de Pâques au 15 septembre). Une
promenade fléchée fait le tour d'Arbois (jolies vues sur les anciennes
maisons).
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STRASBOURG-LYON, PAR LA R.N.83
La N469 croise la N83 à Arbois. Voilà une route qui sillonne
l'Est de la France à flanc de collines: Jura, Doubs, Vosges...
Une route de vacances? (voir) |
A
voir, à faire, un peu plus loin...
A 4,5 km au sud-est d'Arbois se trouve le petit village des Planches,
dominé par sa vertigineuse reculée aux falaises hautes de 245 m.
Au pied des roches, se trouve une grotte d'un grand intérêt car
elle possède une rivière souterraine encore en activité. Composé
de deux galeries, le site a une longueur de 1670 m. Les phénomènes
d'érosion tels que les marmites de géant y sont particulièrement
visibles. Là, se trouve la grande source de la Cuisance. Un peu
plus au sud encore, la petite source de la Cuisance jaillit au pied
du cirque du Fer-à-Cheval. La rivière bondit en de multiples cascades
qui forment un ensemble d'une grande beauté.
La grotte des Planches, Les Planches-près-Arbois (tél. 03-84-66-13-74);
ouvert de 10hà 17h du 1er mars au 30 juin, du 1er octobre au 11
novembre, de 9h à 18h du 1er juillet au 30 septembre (restauration
agréable et produits locaux sur place).
On quitte Arbois par la route de Champagnole (D469). La montée
vers le premier plateau jurassien a longtemps opposé les villes
de Poligny, Arbois et Salins, qui voulaient chacune drainer l'important
trafic qui existait entre plaine et montagne. En mars 1835, le conseil
municipal d'Arbois, qui sent que Poligny lui dame le pion avec la
nationale 5, émit le voeu de classer en route nationale la chaussée
qui partait de Mont-sous-Vaudrey et qui, passant à Arbois, montait
à Andelot par Mesnay. Cette future route nationale devait, plus
haut, rejoindre la Suisse par Censeau, Bonneval et les Hôpitaux-Neufs.
Mais la démarche échoua et -très vite- les malles-postes, pourtant
établies en 1835, ne circulèrent plus entre Mont-sous-Vaudrey et
Jougne.
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Les
ultimes traces de la RN469 sont aussi sur ces panneaux forestiers.
Photo: Marc Verney, novembre 2010. |
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Au
début de la route forestière de Lachaussée,
vers Chilly-s-Salins. Photo: Marc Verney, novembre 2010. |
Au
milieu du XIXe siècle, ce sont les projets de chemin de fer
qui ralentirent tous les chantiers routiers dans cette partie du
Jura. On estimait alors -à tort- que les trains allaient annihiler
toute circulation sur les routes et chemins... C'est un ingénieur
du nom d'Auguste Napoléon Parandier qui fut cependant dès 1832 à
l'origine du projet de route le long de la côte des Ferrières reliant
Arbois à Champagnole. Les travaux débutent en 1843 et se terminent
cinq ans plus tard. Le résultat est surprenant: vers le sommet,
la route tutoie le bord de la reculée, s'infiltre entre de hautes
parois rocheuses dignes des plus vertigineuses corniches du Vercors...
Il y a même un court tunnel juste avant d'aborder le belvédère du
cirque du Fer-à-Cheval (vue remarquable). La départementale 469
file désormais sur le premier plateau. Après avoir traversé sans
histoire la forêt des Moidons, elle retrouvera le trajet de la route
blanche peu avant Montrond.
A VOIR, A FAIRE
Entre Arbois et Champagnole, se trouve la grotte des Moidons. Découverte
récemment (1966), cette cavité renferme de belles stalagmites et
stalactites bien mises en valeur par un spectacle son et lumière.
Durée de la visite: 45 minutes.
Grotte des Moidons, route d'Arbois, Molain (tél. 03-84-51-74-94);
visites guidées quotidiennes entre 9h30 et 17h30 en juillet et août;
en juin et début septembre: matin et après-midi uniquement; site
fermé du 30 septembre au 1er avril.
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Un
panneau de route forestière bien ancien. A noter: dans
le Jura, une vie est un chemin antique. Photo: Marc Verney,novembre
2010. |
Marc
Verney, Sur ma route, janvier 2011
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