Borne Michelin au sud de Mouchard. Citation d'un documentaire de la télévision française collecté par l'INA autour des vins du Jura. Ce site respecte le droit d'auteur. En cas de souci sur cette image, merci de le faire savoir à l'auteur.
Ancienne route royale entre Poligny et Pupillin... une superbe promenade à flanc de Revermont (photo: Marc Verney, juillet 2016).
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Ancienne plaque émaillée de la route n°83 à Arbois (photo: Marc Verney, août 2006).
Panneau Michelin à Grange-de-Vaivre. La mention R.N.83 a été, hélas, martelée pour une raison inconnue (photo: Marc Verney, novembre 2009).
Borne de limites départementales entre Jura et Doubs (photo: Marc Verney, avril 2012).
Sortie de Rennes-sur-Loue (photo: MV, août 2017).

Villes et villages traversés ou desservis par la R.N.83 (1959):
Buvilly
Arbois (N469)
Mouchard (N72)
Grange-de-Vaivre
Rennes-sur-Loue (N467)
Paroy
Samson
Pessans
Quingey
Beure (N473)
Besançon (N57, N67, N73, N486)
(N73 jusqu'à Clerval)
Clerval (N73)
Rang
L'Isle-sur-le-Doubs
Médière (N463)
Arcey
Désandans
Aibre
Tavey
Héricourt (N438)
Argiésans
Bavilliers
Belfort (N19)
Roppe
Lachapelle-s-Rougemont
Soppe-le-Bas
Pont-d'Aspach (N466)
Aspach-le-Bas
La Croisière (N66)
Cernay
Issenheim
Rouffach
Pfaffenheim
Hattsatt
Colmar (N415, N417, N422)
Ostheim (N416)
Guémar
Sélestat (N59, N422, N424)
Ebersheim
Kogenheim
Benfeld
Sand
Matzenheim
Erstein-Gare (N426)
Fegersheim
Illkirch-Graffenstaden (N68)
(N68 jusqu'à Strasbourg)
Strasbourg (N4, N63, N68)

Anciens panneaux en béton à Arcey. Ce type de signalisation n'a été vu jusqu'à présent que dans le Doubs (photo: MV, novembre 2007).
Sources et documents: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°62 Chaumont-Strasbourg (1969); carte n°66 Dijon-Mulhouse, Michelin (1967, 1977); carte n°70 Beaune-Evian, Michelin (1949, 1955); carte n°87 Wissembourg-Belfort, Michelin (1962); Annales historiques et chronologiques de la ville d'Arbois, Emm. Bousson de Mairet, Pointurier père (1856); Annuaire du département du Jura pour l'année 1841, Désiré Monnier, Frédéric Gauthier éditeur (1841); Annuaire départemental du Doubs, Paul Laurens, imprimerie et lithographie de Ste-Agathe (1841); Annuaire statistique et historique du département du Doubs pour l'année 1837, A. Laurens, Sainte-Agathe l'aîné (1837); «Brève chronique de Illkirch et Graffenstaden», Henry Eckly, (1968) sur le site protestant.illkirch.free.fr; «Contournement de Soppe-le-Bas: le "Yes we can" soppois», Journal de Soppe-le-Bas (été 2013); Dictionnaire géographique, historique et statistiques des communes de la Franche-Comté, Alphonse Rousset, Bintot imprimeur-libraire (1854); Documents statistiques sur les routes et ponts, Imprimerie nationale (1873); Guide Bleu Franche-Comté Monts-Jura, Hachette (1961); Guide Michelin Vosges-Lorraine-Alsace (1932-33); Guide de Paris à la Suisse n°303, Michelin (1954-55); Guide Vert Jura, Michelin (1957); Guide Vert Vosges-Alsace, Michelin (1950-51); Histoire d’Arbois, commandant G. Grand, imprimerie de l'Est (1959); Histoire de Baume-les-Dames, Alexandre Borrot, CETRE (1978); Histoire de L'Isle-sur-le-Doubs, Jules Perrot, J. Perrot (1979); Itinéraire complet de l'empire français (volume 3), Eustache Hyacinthe Langlois, B. Langlois (1812); «Le magistrat au village, l'installation de la justice royale sur la périphérie française: Héricourt (1676-1790)», Jean-Pierre Dormois, Histoire, économie et société (1985); «Les voies consulaires, premier réseau routier d’Alsace», Atlas des paysages d'Alsace, sur le site paysages.alsace.developpement-durable.gouv.fr (26 avril 2013); Route de Belfort à Strasbourg par Colmar, dressée et dessinée sur les lieux en 1778 par Louis Denis (1779); «Vosges: la route des Crêtes de la guerre au tourisme», Claire Brugier, Vosges Matin (29 août 2014);  arbois.fr; baume-les-dames.org; belfort.fr; besancon.fr; burnhaupt-le-haut.com; cernay.fr; chaprais.info; clerval.pagesperso-orange.fr; cluster006.ovh.net (site de la mairie de Roche-lez-Beaupré); communautedupaysdest-ludan.com; commune-de-soye.com; doubsgenealogie.fr; hattstatt.fr; islesurledoubs.fr; lesamisdevaulgrenant.com; mouchard.fr; racinescomtoises.net; roulans.fr; strasbourg.eu; tourisme-colmar.com; ville-rouffach.fr;. Merci encore au Géoportail de l’IGN, à la BNF (Gallica), à la BPI du centre Pompidou, à Wikipédia, Wikisara, au portail Persée…
A VOIR, A FAIRE
Il s’agit ici bien sûr d’une sélection non exhaustive de visites… Notre R.N.83 historique traverse de magnifiques régions, marquées par l’histoire. Beautés naturelles aussi: Jura, Vosges, Sundgau offrent au promeneur et au randonneur de somptueuses balades…
Arbois: l'église romane Saint-Just, édifiée aux XIIe et XIIIe siècles, son beau clocher (1530) en pierres rousses d'une soixantaine de mètres domine les toits de la ville; la maison de Pasteur, rue de Courcelles; le musée Sarret-de-Grozon, Grande-Rue; on peut voir dans ce bel hôtel particulier du XVIIe siècle des collections de porcelaines et d'argenteries exceptionnelles ainsi que des pastels exécutés par Louis Pasteur; la place de la Liberté, bordée de maison à arcades du XVIIIe siècle et véritable coeur d'Arbois avec de nombreuses échoppes de vignerons; la tour Gloriette (XVIe siècle) et le pont Saint-Just (jolie vue sur la Cuisance), le site du château Bontemps (XVIe siècle), ancien logis des ducs de Bourgogne... A ne pas manquer: le château Pécauld et le musée de la Vigne et du Vin, vers la rue des Fossés. Belle maison forte d'origine médiévale, on y trouve toutes les explications sur les vins du Jura.
Mouchard: dans les environs, la célèbre saline royale d’Arc-et-Senans, bâtie entre 1775 et 1779. Le touriste gastronome s’intéressera aux petits villages vignerons de Champagne-sur-Loue et de Port-Lesney. A l’est, par la R.N.72 historique, la cité de Salins-les-Bains et ses anciennes salines. Il existait un «saumoduc» entre Salins-les-Bains et Arc-et-Senans. Cette canalisation, réalisée en bois, a transporté sur à peu près une vingtaine de km les eaux saumâtres en direction de la saline créée par Ledoux. Il n'en reste hélas aucune trace de nos jours si ce n'est un bel itinéraire de promenade pédestre. Non loin, la masse imposante du mont Poupet (belvédère et promenades).
Besançon: on conseille au voyageur une halte de deux jours au minimum pour correctement appréhender l'essentiel de Besançon. Dans l'axe du pont de Battant (aux origines romaines), voilà la Grande-Rue, l'ancienne voie romaine qui traversait Vesontio et ses hôtels particuliers (XVIe, XVIIe siècles); le palais Granvelle, imposante façade Renaissance (XVIe siècle), il abrite aussi le musée du Temps; la cathédrale Saint-Jean et le quartier alentours; la Porte Noire, un arc de triomphe datant du IIe siècle, un des derniers vestiges visibles de l'époque gallo-romaine; le musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, une des plus anciennes collections publiques de tableaux en France; la Citadelle et le musée Comtois.
Baume-les-Dames: à proximité du pont sur le Doubs (huit arches), on peut voir un monument érigé en 1884 à la mémoire du marquis de Jouffroy d'Abbans. L'homme a été rendu célèbre par les essais de navigation à vapeur qu'il a mené sur le Doubs en 1776. L'abbaye et de belles demeures dans le centre, dont la maison à tourelle et la maison-musée des sires de Neufchâtel-Urtière.
Belfort: l’office du tourisme propose de nombreux circuits de découverte de la ville. Les monuments et édifices notables sont nombreux: la porte de Brisach, la place d’Armes, la Grande-Rue, la place des Bourgeois et la halle aux grains… Lieux dédiés aux conflits vécus par la cité et ses habitants: le monument des Trois-Sièges, la statue Quand-Même, la Citadelle de Vauban et le Lion de Belfort (Bartholdi). Dans les environs: la tour de la Miotte.
Aspach-le-Pont: la vallée de la Doller par Masevaux et la montée au ballon d’Alsace (1247 m).
Cernay: de cette ville, on peut rejoindre la «route des Crêtes», ancienne route militaire construite durant la Première Guerre mondiale et qui offre 80 km de balade motorisée au milieu des plus beaux paysages vosgiens. On peut également y suivre la «route des Vins» qui serpente au pied des Vosges jusqu’à Marlenheim.
Rouffach: cœur de la cité, la place de la République et de nombreux bâtiments de la Renaissance rhénane. L’ancien hôtel de ville et la promenade des remparts. L’église Notre-Dame.
Colmar: ayant survécu aux nombreux conflits qui se sont déroulés à ses portes, la cité est aujourd’hui considérée par beaucoup comme l’une des plus charmantes villes de France, Colmar s’ennoblit de plus du titre de «capitale des vins d’Alsace». Le musée d’Unterlinden, situé dans un ancien couvent, expose le fameux Retable d’Issenheim. Dans la vieille ville, on découvre la maison des Têtes, et, autour de la collégiale Saint-Martin, la rue des Marchands et ses anciennes demeures à colombage, l’ancienne douane (Koïfhus), la place du Marché-aux-Fruits… Le visiteur doit se rendre à la Petite Venise et au quartier des Tanneurs. Ne pas manquer le musée Bartholdi (il est originaire de Colmar!), le musée d’Histoire naturelle et d’Etnographie.
Ostheim: accès aux villages vignerons de Riquewihr, Hunawihr, Kaysersberg…
Sélestat: l’office du tourisme propose des circuits de promenade dans le centre ancien. A voir: la commanderie Saint-Jean, la bibliothèque humaniste, les églises Saint-Georges et Sainte-Foy. Musées: la Maison du Pain d’Alsace, le Fonds régional d’art contemporain. A quelques kilomètres de là, le Haut-Koenigsbourg, château reconstruit par l’empereur Guillaume II au tournant du XXe siècle (vaste panorama).
Strasbourg: la ville, capitale européenne depuis 1949 (Conseil européen) et siège du Parlement européen depuis 1992, est une cité qui se déguste à pied (deux journées minimum), lentement, au fil des petites ruelles qui sillonnent le centre, encerclé par l'Ill et le fossé du Faux-Rempart. A visiter: la cathédrale Notre-Dame et les rues alentours, la place du Marché-Gayot, la place Saint-Etienne, la rue des Juifs, la place Gutenberg, l'ancienne douane et le pont du Corbeau, la Petite-France et les Ponts-Couverts... A côté du centre: le quai Saint-Nicolas et le quartier de la Krutenau, la ville allemande près de la place de la République, le quartier des institutions européennes et le parc de l'Orangerie... Temps fort de la ville: le marché de Noël, du dernier weekend de novembre jusqu'à la fin décembre. Musées: le musée de l'Oeuvre Notre-Dame (véritable mémoire vivante de la cathédrale), le Musée historique de la ville de Strasbourg (magnifique plan-relief de la cité), le Musée alsacien, le palais Rohan (arts décoratifs, Beaux-Arts, archéologie), le musée d'Art moderne et contemporain, le musée Tomi-Ungerer.
Carte de la R.N.83 en Alsace (source: Carte des voies à grande circulation, éditée en 1933 par le Laboratoire de médecine expérimentale).
Panneau touristique Michelin vers Eguisheim (Photo: MV, oct. 2007).
Borne kilométrique vers Colmar (Photo: MV, oct. 2007).
La R.N.83 historique se rapproche de l'Ill entre Sélestat et Illkirch-Graffenstaden (photo: MV, septembre 2009).
Ultime joie du voyage: la visite du vieux centre de Strasbourg et de sa fantastique cathédrale (Photo: MV, septembre 2015).

Page de l'encyclopédie des routes Wikisara consacrée à la nationale 83 (lire)
La page de présentation de l'historique et de l'itinéraire de la nationale 83 dans l'encyclopédie en ligne Wikipédia (lire)

 


Les belles routes de France...
R.N.83: LA DIAGONALE DU DOUBS (II)
La deuxième partie de notre périple sur la R.N.83 historique nous emmène de Poligny à Strasbourg. Encore une bien jolie promenade qui nous fait longer les monts du Jura puis le Doubs jusqu’à Belfort et parcourir toute la plaine d’Alsace au milieu des vignobles accrochés aux premiers contreforts des Vosges. Les villes traversées ont du caractère et offrent au voyageur de belles émotions esthétiques… Voilà Arbois, capitale des vins jurassiens, Besançon l’historique, Belfort l’héroïque… En Alsace, les cité s’égrènent comme un chapelet de curiosités: Cernay, Rouffach, Colmar, Sélestat… Et voilà, tout au bout de la plaine, au carrefour des chaussées de Germanie et de France, la cité de Strasbourg, dominée par sa belle cathédrale de grès rouge.

Entrée de l'Isle-sur-leDoubs (photo: Marc Verney, novembre 2007). En cliquant sur la photo, vous accédez à la ville de Strasbourg.

Sous l’Ancien Régime ainsi qu’au début du XIXe siècle, la route de Lyon à Strasbourg quittait Poligny par la rue d’Arbois qui s’ouvrait elle-même sur une voie longeant le Revermont au milieu des vignes jusqu’à Pupillin. Il ne restait alors plus qu’à descendre en ligne droite vers Arbois. C’était un tracé peu pratique pour le roulage, avec de fortes rampes qu’il était nécessaire de rectifier. Dans son Histoire des routes de France, du Moyen Age à la Révolution, Georges Reverdy signale donc qu’à la sortie d’Arbois, il fallait «franchir le mont Pupillin, ce qui était déjà difficile, mais surtout dans les temps des glaces à cause des venues d’eau». Les populations locales et leurs représentants s’émeuvent de la situation. Le maire de Poligny de 1795 à 1812, Antoine Goy, se fait notamment «remarquer par le constance de ses efforts pour la rectification des routes royales qui traversent» la ville… «et c’est même de lui que sont partis les premiers projets de rectification de la route royale de Lyon à Strasbourg par Buvilly», indique l’Annuaire du département du Jura pour l'année 1841. Les travaux furent activement poussés dès 1837, écrit l’Histoire d’Arbois et la nouvelle route, projetée depuis 1795, a pu être mise en service à partir de 1839 (Wikisara). La chaussée, encore utilisée par la R.N.83 d’aujourd’hui, serpente entre les parcelles viticoles et s’avance joliment vers Arbois par la route de Lyon (D469E1). La petite cité vigneronne est assurément un des plus beaux sites du Jura. Arbois, cerclée de vignobles, se blottit à l'orée de la reculée des Planches, dont les roches, au loin, cernent les collines environnantes. Cette magnifique capitale du vignoble jurassien (première appellation d'origine contrôlée en 1936) se laisse découvrir à pied, le long des chemins qui suivent la rafraîchissante Cuisance. «Oscillant longtemps entre le Saint Empire romain germanique et le royaume de France, la seigneurie d'Arbois est, aux XVIe et XVIIe siècles une terre des princes de Habsbourg et rois d’Espagne. La cité devient française en 1674 après le siège de Louis XIV», écrit le site officiel arbois.fr.

R.N.469, ARBOIS, VINS ET GROTTES!!
Un petit détour par Arbois et ses grands crus ne peut pas faire de mal... En plus, voilà la belle reculée des Planches!! A savourer à vitesse lente... (lire)

En direction de Buvilly sur la chaussée du XXe siècle (photo: Marc Verney, août 2017).

A Arbois, le vin est roi… Les producteurs ont pignon sur rue et le font savoir! Ils peuvent être fiers, car l’histoire de leur vignoble remonte à loin. «Avant François 1er ou Henri IV c’est Philippe le Bel qui introduit les vins d’Arbois à la cour de France, découvre-t-on sur le site arbois.fr. En 1774, une liste de 14 bons plants pour le vin est publiée. Dès lors, cette sélection garantit la qualité et accroît la notoriété des vins d’Arbois. A partir de 1863, Louis Pasteur, père de l’œnologie moderne, effectue ses travaux sur les maladies des vins dans la cité». La traverse de la ville se fait par la rue de l’Hôtel-de-Ville, la place de la Liberté (ancienne place Royale, ou Napoléon), la Grande-Rue et la rue de Courcelles. Les travaux de la nouvelle chaussée en provenance de Poligny par Buvilly vont entraîner, précise l’Histoire d’Arbois, «en 1840 la reconstruction du pont de Saint-Just (sur la Cuisance) et l’alignement de la rue de l’Hôtel-de-Ville». Plus tard, sous le Second Empire on procédera également à l’élargissement de la Grande-Rue et de la rue de Courcelles. Au bout de cette voie, on passe à nouveau la Cuisance (la maison de Pasteur est juste à côté) puis la route de Lyon à Strasbourg se sépare de la route de Dijon pour suivre, à droite, la «route de Besançon» Là, en 1742, écrivent les Annales historiques et chronologiques de la ville d'Arbois, «c'est l'ouverture de la route du mont Poussot. Jusqu'à cette époque, la route d'Arbois à Besançon passait près de la grange Fontaine, d'où elle se dirigeait sur Mouchard en côtoyant la forêt». Des changements interviennent encore en 1842, afin «d'éviter l'escarpement». A noter que le voyageur pressé contourne Arbois depuis 1986 (Wikisara). Vers le sommet de la côte, la R.N.83 longe la «vigne Pasteur», utilisée par le scientifique pour ses études en microbiologie. A droite de notre route, se trouvent de bien beaux villages vignerons, comme Montigny-lès-Arsures.

Très belle plaqe émaillée de la R.I.83 préservée à Mouchard (photo: Marc Verney, novembre 2009).

R.N.72, DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique qui prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard, Salins-les-Bains, Levier... (lire)

L’ancienne chaussée entre dans Mouchard par la rue de Strasbourg (D483). Puis, modifié par la construction de la gare en 1856, le tracé de la route emprunte la rue de la République pour se diriger vers le quartier de Bel-Air, une ancienne «cité SNCF» du temps de la grande époque des chemins de fer. En effet, Mouchard, nœud ferroviaire d’importance, voit passer aux XIXe et XXe siècles, les lignes vers Pontarlier et la Suisse (Vallorbe) et celle du Revermont, de Lyon vers Besançon (mouchard.fr). Le bourg, raconte le site racinescomtoises.net, ne fut «pendant longtemps qu'un simple rendez-vous de chasse pour les souverains de Bourgogne. Les chaumières qui se bâtirent alentours donnèrent naissance à un village que Rodolphe, roi de Bourgogne, céda, en 1040, avec Pretin pour la subsistance des religieux qui habitaient l'abbaye de Château-sur-Salins». Peu après le carrefour d’où s’embranche la voie partant vers Pagnoz, se situe, sur la droite, le château médiéval de Vaulgrenant, bien campé sur une arête rocheuse formant l'un des contreforts du premier plateau du Jura. «Sa situation particulière, nous précise le site internet lesamisdevaulgrenant.com, permettait de surveiller la route "du bois et du sel" venant de Salins-les-Bains» et allant vers Dole. Pour sa part, l’automobiliste de la fin du XXe siècle ne voit même plus les maisons de Mouchard, puisqu’un contournement par le bois de la Pérouse a été réalisé dans les années 70. La «route de Lyon» passe maintenant Grange-de-Vaivre, dernière localité jurassienne traversée par la R.N.83. Cette petite bourgade, «traversée par un chemin antique se dirigeant de Besançon à Salins», dit le Dictionnaire géographique, historique et statistiques des communes de la Franche-Comté, relevait «du château de Montmahoux» et dépendait «de la seigneurie de Rennes». Son «origine est toute moderne», précise encore Rousset en 1854. A quelques pas voilà Rennes-sur-Loue, village où passait, depuis le dernier quart du XVIIIe siècle, un conduit alimentant en eau salée la saline d’Arc-et-Senans depuis Salins-les-Bains. Le «passage sous la route de Lyon» de cette conduite (un saumoduc), réalisée en bois de sapin, puis en fonte, présente ici une partie d'origine à voûte plate et une partie dont la voûte a été refaite plus bombée (Wikipédia).

A By, petit village des environs de Salins (photo: Marc Verney, août 2010).
Entrée de Pessans (photo: Marc Verney, août 2017).

Jusqu’à Quingey, on remarque sur le Géoportail de l’IGN que les routes du XVIIIe, XIXe et début du XXe suivent quasiment le même tracé. La vallée de la Loue s’élargit, la chaussée «saute» de butte en butte au milieu des champs constellés de vaches montbéliardes. Une déviation de 1999 supprime tout le trafic de transit à Quingey et sur son pont traversant la Loue. Le cours d’eau est cependant «à l’origine du développement de la ville. Le pont enjambant la rivière, datant de 1590, a été reconstruit légèrement en amont en 1844», signale le site quingey.fr. La petite cité, possession des Habsbourg jusqu’en 1678, existe depuis l’Antiquité. Quingey aurait obtenu son titre de «ville» en 1610, raconte encore quingey.fr, car elle «est constituée d’un assemblage de maisons organisées par rues et entourée d’enceintes, de remparts et de fossés». Ce fut aussi la cité natale du pape Calixte II (1119-1124). A partir de là, et jusqu’à Besançon, notre itinéraire a singulièrement évolué au fil des ans. Tout d’abord jusqu’en 1839, la chaussée de Besançon sort de Quingey par la rue de Busy et la «route du Mont-Gardot». Cette voie ancienne, suivant peu ou prou la ligne de crête, s’oriente ensuite vers le hameau de Courbey pour atteindre Besançon par Busy, la Maltournée et Beure. Faisant suite aux vœux pressants des commerçants et des agriculteurs, explique l’Annuaire statistique et historique du département du Doubs, un nouvel itinéraire moins raide sera projeté par les ingénieurs des ponts et chaussées en 1835. Sortant de Quingey par la Grande-Rue d’aujourd’hui, il passera par Chouzelot, montera lentement le long de la Loue en direction de la Grange-Rouge et descendra vers le Doubs en surplombant la commune d’Aveney avant d’atteindre Beure par l’actuelle «route de Lyon». «Les frais totaux de cette belle rectification si vivement désirée, continue l’Annuaire, s’élèvent à 396°000 francs; ils seront couverts par une subvention de 60°000 francs accordée par le gouvernement et par le produit de deux péages qui seront établis, l’un près de Beure, et le second près de Quingey». «Tout fait espérer que la route sera praticable dans le cours de 1839», annonce encore l’Annuaire du Doubs; alors que «la route ancienne restera ouverte pendant la durée de la perception, fixée à 29 ans et 9 mois».

Le pont de Quingey et, à droite, la culée d'un ancien ouvrage (photo: Marc Verney, août 2017).
Quingey, vue générale depuis le pont (photo: Marc Verney, octobre 2006).

R.N.473, LE «SAPIN EXPRESS»
Cette chaussée, baptisée route nationale 473 en 1933, a relié Besançon à Champagnole en passant par Cléron, Levier et Boujailles. Vous êtes plutôt sapin ou épicéa? (lire)

Après Beure, voilà presque immédiatement Besançon, l’une des grandes étapes de notre parcours sur la R.N.83 historique. Dans les années cinquante, la route Lyon-Strasbourg (auj. D683) traverse la capitale franc-comtoise par la rue Charles-Nodier, l’avenue de Canot et rejoint la R.N.73 après le pont du même nom (1877, reconstruit en 1951). C’est en effet à partir de là que la R.N.83 va s’effacer provisoirement jusqu’à Clerval devant le numéro de la voie de Moulins à Bâle. Une situation qui perdurera jusqu’en 1978. De l’antique Vesontio à Besançon, cité impériale, l’histoire de la ville, idéalement calée dans une boucle du Doubs, est richissime! Evangélisée à partir de 180 par deux apôtres d’origine grecque, la cité romaine devient la métropole ecclésiastique de la province après l’empereur Constantin. C’est à Vesontio que passe l’importante voie antique partie de Chalon-sur-Saône et qui se dirige vers Mandeure puis le Rhin. Les années suivantes seront nettement moins fastes: en 355, indique le Guide Vert du Jura, «les Alamans pillent et brûlent entièrement la magnifique cité gallo-romaine. (…) En 926, nouvelle catastrophe: les Hongrois s’emparent de la ville»… En 1032, écrit le site besancon.fr, «la ville est rattachée au Saint Empire romain germanique. Pendant le Moyen Âge, elle connaît une période de prospérité économique. C'est en 1290 qu'elle conquiert ses libertés communales et devient alors une ville libre, sous la protection du Saint Empire». Sous le règne de Charles Quint (1519-1556), Besançon connaît une autre période faste. Le mécénat de la famille Granvelle venue d'Ornans (Nicolas Perrenot de Granvelle est le plus proche conseiller de Charles Quint) favorise l'essor économique et la renaissance artistique de la cité. Envahie par les Français une première fois en 1668, Besançon devient –avec la Comté- définitivement possession royale en 1678 avec le traité de Nimègue. Au détriment de Dole, Louis XIV fait de Besançon la capitale régionale en y installant Parlement, Chambre des comptes, université… et l’inévitable Vauban y bâtit une citadelle puissante, faisant de la ville un verrou militaire difficile à briser. Aux XIXe et XXe siècles, l’industrie de la montre s’impose, tout comme celle de la soierie artificielle. Le 1er janvier 2016, suite à la fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté, Besançon perd son statut de capitale régionale au profit de Dijon (mais le cœur reste franc-comtois!!).

La descente vers Besançon par la chaussée refaite au XIXe siècle (photo: Marc Verney, octobre 2006).
Dans Besançon (photo: Marc Verney, octobre 2006).

R.N.57: "T'AS VOULU VOIR VESOUL"!
La route nationale 57 historique de 1959 relie Metz à Besançon en passant par Nancy, Epinal, Vesoul... Un coin de France cher aux chanteurs! (lire)

R.N.67: L'ABSINTHE NOUS FAIT CHOCOLAT!
C'est une route qui a le goût de l'histoire... et des bonnes choses!! Entre les foires de Champagne et les monts jurassiens, quelques centaines de kilomètres charmants et à avaler avec joie et passion... (lire)

R.N.73: DU MOULINS DANS LE MOTEUR!
La route nationale 73 de 1959 relie Bâle en Suisse à Moulins dans l'Allier. Une des plus singulières transversales qui soient. Mais pas des moins bucoliques... (lire)

R.N.486: BALLONS ET VALLONS
La route nationale 486 de 1959 virevolte autour des ballons vosgiens et s'insinue en Franche-Comté par le beau pays des "Mille-Etangs"... Etonnant! (lire)

On quitte Besançon par la rue de Belfort (D683) qui irrigue le quartier des Chaprais où, jadis, «l’animation était due aux auberges» (chaprais.info).... En 1959, c’est bien la route nationale 73 qui emprunte cet axe jusqu’à Clerval. Notre route, décrit le Guide Bleu Franche-Comté Monts-Jura de 1961, «descend pour venir côtoyer la rive droite du Doubs: belles vues sur la vallée riante et fraîche; bordée de prairies, la rivière, soutenue par des barrages, offre un cours large et tranquille. (…) On laisse à gauche l’aérodrome de Thise». Au XXIe siècle, il y a peut-être moins de verdure… mais voilà déjà le village de Roche-lez-Beaupré, situé à une dizaine de kilomètres du centre de Besançon. Le nom de ce village vient de la barre rocheuse qui, ici, domine le cours du Doubs, indique le site de la mairie. L'histoire du village, écrit encore la page web municipale, «commence en 1298 lors de l'achat de la seigneurie de Roche par l'archevêque de Besançon». Puis, toujours selon la mairie du village, c’est au milieu du XVIIIe siècle que la «seule pépinière royale de Franche-Comté s'établit à Roche, à l'emplacement de l'actuelle zone industrielle». Mais l'histoire remonte très certainement à plus loin puisque l'on trouve ici, lit-on encore, «des restes d'une villa gallo-romaine», non loin de la voie antique de Vesontio à Epomanduodurum. De grandes incertitudes pèsent encore sur le tracé réel de cette voie… Ce que l’on sait c’est que l’A36 utilise en partie son cheminement et qu’un relais existait à Luxiol, au nord de Baume-les-Dames… Comme quoi les ingénieurs romains avaient une certaine logique! Notre D683 continue, elle, en direction de Roulans en contournant par le nord la montagne Notre-Dame d’Aigremont. Sur cette colline, indique roulans.fr, se trouvait un château, «signalé dés 1105» et qui servait au contrôle de l'itinéraire de la vallée du Doubs et de la route de Besançon. Environ 5 km plus loin, voilà le village de Séchin.

Après Besançon. En direction de Belfort, même si la route est numérotée D683 aujourd'hui on se trouvait bien ici sur la R.N.73 jusqu'à Clerval en 1959 (photo: Marc Verney, octobre 2006).

Après le passage du belvédère du Saut de Gamache, notre chemin atteint Baume-les-Dames, petite cité paisible, «agréablement située dans un épanouissement de la vallée», signale le Guide Bleu Franche-Comté Monts-Jura de 1961. «Dans l’Antiquité», explique l’Histoire de Baume-les-Dames, la cité ne devait être «qu’une modeste bourgade, tête d’un gué mettant en communication les plateaux supérieurs de la montagne avec les plaines de l’Ognon». Soutenue par l’empereur Frédéric Barberousse, la ville s’enferme dans des murailles au XIIe siècle. Il y avait alors deux portes principales: celle de Sombevelle côté Besançon et celle d’Anroz, côté Clerval. Au fil des siècles, souligne le site baume-les-dames.org, le bourg «prospère au rythme de l'abbaye». Au XVe siècle, c'est une des premières papeteries de Franche-Comté qui s'installe dans la région. Puis, au XVIIIe siècle, écrit Alexandre Borrot dans l’Histoire de Baume-les-Dames, «de belles routes s’ouvrent, notamment la route actuelle entre Baume et Clerval, en éventrant les rochers de Lonot». Enfin, sous la Restauration, les vieilles portes de la ville (Anroz et Sombevelle) «qui tombaient en ruine et entravaient la circulation» sont détruites. La route, désormais, longe le Doubs. A Hyèvre-Paroisse et Branne, des contournements sont mis en place respectivement en 1966 et 1963. En atteignant Clerval, ancienne ville fortifiée des comtes de Bourgogne, la route traverse le Doubs sur un ouvrage récent datant de 2004. Ce nouveau pont, explique une page web (clerval.pagesperso-orange.fr) réalisée par des habitants, est le dernier d’une longue série de franchissements: il y eu certainement plusieurs ponts en bois depuis la période gallo-romaine jusqu’au XVIIe siècle, puis un pont en pierre depuis le début du XVIIIe siècle. Celui-ci est remplacé par un ouvrage métallique entre 1932 et 1944. Après la guerre, un pont en béton voit le jour au début des années cinquante. Mais, fissuré, il doit être abandonné en 1999. Un ouvrage provisoire tiendra le coup jusqu’en 2004, année de l’inauguration du pont actuel. Désormais sur l’autre rive, notre route de Strasbourg laisse partir à droite l’ancienne R.N.73 (D73) en direction de Pont-de-Roide et s’oriente vers Rang et l’Isle-sur-le-Doubs. Peu avant Rang, il faut noter la rectification de la rampe du Bois-Rondot, signalée par l’ Annuaire départemental du Doubs de 1841.

C’est dans la région que l’on retrouve la voie antique menant de Besançon à Mandeure et au Rhin (on voit une «route de la Chaussée-Romaine» à Pompierre…). Passant le Doubs vers le Gué-de-Ponton (plus tard, au Moyen Age, le passage se fera sur le pont de Clerval), cette ancienne voie s’orientait ensuite, à croire la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par l’IGN (on y voit la mention «route romaine»), dans la direction de Blussans et de Colombier-Fontaine. De son côté, notre R.N.83 historique file vers l’Isle-sur-le-Doubs. Entre ce village et Rang, l’Annuaire départemental du Doubs de 1841 mentionne l’achèvement d’une entreprise de rectification d’une rampe «assimilée aux lacunes» d’une longueur de 2637 mètres. Dans l’Isle-sur-le-Doubs, le même annuaire note une autre rectification aux abords de la fontaine du Magny; celle-ci a été entreprise aussitôt après l’expropriation du terrain à occuper… De fait, l’ancienne chaussée du XIXe siècle entrait dans le bourg par la rue du Magny (D31 aujourd’hui) puis obliquait en direction du pont sur le Doubs. Sur la carte d’état-major de 1954 publiée par l’IGN on remarque que la R.N.83 évite déjà le Magny, «saute» par dessus le canal du Rhône au Rhin et rejoint l’ancien tracé peu avant le passage du Doubs. La rue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny emmène vers le pont. Quelques mots d'histoire: le bourg tire son nom de sa situation au milieu de la rivière du Doubs, jadis «divisée en deux bras qui l’entourent et forment une île d’environ 800 m de long sur 100 m de large», indique le site islesurledoubs.fr. Entre le XIIe au XVIe siècle, explique le site municipal, toute l’histoire de L’Isle a été liée à la puissante Famille de Neufchâtel (qui résidait vers Pont-de-Roide) jusqu’à la mort de Guillaume de Neufchâtel en 1505, dernier descendant mâle de la branche aînée. Pour former le bourg, trois villages se réunissent sous l'égide de Thiébaut I de Neufchâtel. Ce seigneur (1210-1268) entame la construction du château fort, réalise les deux ponts et une première chapelle bâtie sur l'emplacement de l’église actuelle. Au fil des ans, de puissantes murailles s'élèvent. Elles comportaient, nous raconte encore le site islesurledoubs.fr, «trois portes d’accès: la première du côté de Médière s’appelait porte d’Alsace qui se trouvait vers le chemin qui monte au Gélot, la seconde se trouvait du côté d’Appenans, s’appelait porte de Moulins et la troisième occupait la tête du pont du Magny à l’entrée du bourg de la Velle s’appelait porte du Grand Pont».

La R.N.83 entre Quingey et Belfort (source: Carte des voies à grande circulation, éditée en 1933 par le Laboratoire de médecine expérimentale).

Les guerres ravagent la contrée. En 1475, bourg et château sont détruits durant les guerres bourguignonnes contre la ligue héréditaire (Alsace, Suisse et Autriche). En 1686, voit-on dans l'Histoire de L'Isle-sur-le-Doubs, le grand pont qui enjambe un des bras du Doubs est signalé «dans un état de délabrement complet». Cela s’améliore heureusement par la suite! Les vallées de cette partie de la Franche-Comté sont historiquement très industrieuses. L'Isle-sur-le-Doubs, raconte en 1812 l'Itinéraire complet de l'empire français (volume 3), a, dans ses environs, plusieurs papeteries, des forges (des frères Japy) et des verreries. Une visserie restera même active jusqu’en 2009. Au bout de la rue des Ponts, il faut tourner à angle droit dans la Grande-Rue. Puis notre chemin prend la direction de Médière. Peu avant, on se sépare de la route de Monbéliard (R.N.463 historique). Cette dernière n’est pas tracée sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée sur le Géoportail de l’IGN à l’inverse de notre route de Strasbourg, bien visible jusqu’à Arcey et au-delà. En 1954, on peut constater, sur la carte d’état-major publiée par l’IGN sur son site, que le carrefour avec la R.N.463 se situe dans le village de Médière. Le nom de ce village apparaît pour la première fois en 1137. On peut expliquer l’origine de son nom par le fait qu’il «faisait mi-partie de la seigneurie de Granges placée sous l'autorité des princes de Montbéliard, et mi-partie de la châtellenie de l'Isle, sous les ordres des Neufchâtel», écrit le site doubsgenealogie.fr. Puis la chaussée remonte vers le nord en remontant un étroit vallon. Voilà le lieu-dit de la Guinguette. Au nord de Faimbe, la carte d’état-major du XIXe siècle publiée par l’IGN nous réserve une surprise: la vision d’une «ancienne route de Lyon à Strasbourg» débutant à Baume-les-Dames et passant par Voillans, Fontaine, Soye, Geney et Onans. Un lieu-dit «la Corvée», une rue Romaine à Fontaine-lès-Clerval, un tracé en pointillés après Soye, l’appellation «voie romaine» après Onans… peuvent suggérer de très anciennes fondations à cette voie mais aussi une utilisation plus récente; le site commune-de-soye.com évoquant, de son côté, la dénomination «vieux Grand Chemin» pour cette route.

Jolies couleurs d'automne sur la R.N.83 historique après Médière (photo: Marc Verney, nov. 2007).
Lieu-dit la Guinguette (photo: Marc Verney, nov. 2007).

Nous voici à Arcey. Juste avant ce village, un monument commémore l’offensive difficile et meurtrière menée ici, à partir du 15 novembre 1944, par les chars et fantassins de la 1ère armée française en route pour libérer Belfort. Après Désandans et Semondans, Aibre est le dernier village du Doubs que la R.N.83 historique (D683) va traverser. Tout le territoire «subit les ravages des troupes des Guise en 1587, la guerre de Trente Ans, ainsi que la peste et la famine en 1688», indique Wikipédia. Jusqu'en 1793, année du rattachement à la France de la principauté voisine de Montbéliard, une partie du village fait partie du Saint-Empire romain germanique. Tavey (Haute-Saône) est à un peu plus de douze kilomètres de Belfort. Cette zone, la «trouée de Belfort», est un lieu hautement stratégique. Entouré par les massifs montagneux du Jura et des Vosges, il y a là un passage d'une vingtaine de kilomètres de largeur qui sert de communication entre les bassins du Rhône et du Rhin. Grands chemins, canaux, routes, autoroutes et ligne de TGV y passent obligatoirement… C’est, hélas aussi, depuis la nuit des temps un vaste champ de bataille où s’affrontèrent Romains et Barbares, Français et Prussiens, Français et Allemands… Voilà Héricourt. Ancien territoire séquane, la région fait partie de la Lotharingie après le traité de Verdun en 843. En 860, la Lotharingie est partagée entre Francs et Germains. Une division qui propulse Héricourt dans le monde germanique pour plus de neuf siècles. Au fil des siècles, la cité souffre des luttes d’influence que se livrent ici les courants politiques et religieux de l’histoire européenne: ambitions territoriales bourguignonnes avec l'incursion de Charles le Téméraire en 1474-1477, les guerres de religion au XVIe siècle, la guerre de Trente Ans, puis, au XVIIIe siècle, la conquête française et la période révolutionnaire... Plus tard, ce seront les combats de la guerre de 1870-71 et ceux de la libération de novembre 1944... Aujourd’hui, notre R.N.83 historique traverse pacifiquement Héricourt par la rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, la rue du Général-de-Gaulle et l’avenue Léon-Jouhaux. Le pont sur la Lizaine est rebâti par Kléber en 1780-81 alors que la route royale de Lyon à Strasbourg est «rénovée» à partir de 1772, lit-on dans un article de Jean-Pierre Dormois, «Le magistrat au village, l'installation de la justice royale sur la périphérie française: Héricourt (1676-1790)». La D683 sort de la petite cité par le Faubourg de Belfort. Peu après, notre chemin entre dans le Territoire-de-Belfort au niveau de la côte de Froy et devient la D83.

Belfort: vue générale (photo: EF, oct. 2017).

R.N.19: PAR ICI L'HELVETIE!
En 1959, il faut parcourir 490 kilomètre pour joindre Paris à Bâle, en Suisse, en passant par Troyes, Chaumont, Langres, Belfort et Saint-Louis, non loin de Mulhouse... (lire)

Deux rond-points récents dus à la création de la voie rapide N1019 nous séparent du village d’Argésians. En 1347, signale Wikipédia, ce village «devient terre autrichienne jusqu'à la fin de la guerre de Trente Ans, en 1648, date de son rattachement au royaume de France». Après Bavilliers, où l’on franchit le canal de Montbéliard à la Haute-Saône (inachevé), il ne reste plus qu'une poignée de kilomètres très urbanisés jusqu’à Belfort, autre grande étape de ce voyage. Et donc, peu de temps après, nous voici à la hauteur du Faubourg de Lyon où nous devons suivre la D483 qui va nous mener jusqu’au cœur de Belfort. Nous sommes tout d’abord dans les environs de la gare ferroviaire. Ce chantier, mené à partir de 1856, va peu à peu modifier fortement la topographie des lieux. Ainsi, avant l’arrivée du chemin de fer, c’était au bout des rues du Président-François-Roosevelt et Louis-Parisot que se rencontraient les chaussées de Paris et de Lyon. Les passages à niveau qui y étaient installés à la suite de l’arrivée du train devaient fréquemment être fermés en raison des mouvements en gare… générant des perturbations considérables. Au XXe siècle, la construction du pont Jules-Michelet permet aux trafics venant de Paris et Lyon d’accéder plus facilement au centre-ville (Faubourg de France). C’est d’ailleurs dans l’Entre-deux-guerres (années vingt et trente) que ces plans d’embellissement urbains vont voir le jour dans le cadre de la loi Cornudet de 1919 (belfort.fr). En 1957, la traversée de Belfort avec la R.N.83 se fait par le pont Carnot (sur la Savoureuse), puis par le quai Vauban et l’avenue du Capitaine-de-la-Laurencie qui contournent la ville ancienne (le boulevard de ceinture Anatole-France ne voit le jour qu’en 1965). Enfin, la «route de Belfort à Colmar» (D83 aujourd’hui) va s’échapper définitivement de la cité par le Faubourg de Brisach. Un tracé également visible sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN. Le site Gallica (BNF) publie également une très belle carte routière -dressée en 1778- de la chaussée entre Belfort et Strasbourg par Colmar. Le tracé global n’est pas très différent de celui de la R.N.83 du XXe siècle… Quelques mots d’histoire sur Belfort: la première mention de la cité intervient en 1307, indique le site belfort.fr , une date à laquelle Renaud de Bourgogne accorde une charte de franchises qui permet aux  Belfortains de s'administrer et d'organiser leur vie politique, sociale et économique. Mais l’histoire est certainement plus ancienne: n’oublions pas que l’importante voie romaine du Rhin passe dans les parages et que l’on a trouvé les restes d’une vaste exploitation agricole gallo-romaine à Bavilliers. Au XVIIe siècle, la guerre de Trente ans dévaste la région; famine et peste déciment les habitants. «Officiellement réintégrée au royaume de France par le traité de Westphalie en 1648», poursuit le site municipal belfort.fr, la cité est fortifiée par Vauban qui y réalise de gigantesques travaux, rendant le site à peu près imprenable... De fait, en 1814, 1815 et 1870, les Autrichiens, Prussiens et Allemands vont s’y casser les dents, sauvant l’honneur des armées françaises. Restée sous la bannière tricolore, la région accueille, après la déroute du Second Empire, de nombreux industriels alsaciens qui vont y développer l’activité économique pour de nombreuses années. La fin du XXe siècle est plus difficile pour une région ouvrière marquée par le climat général de désindustrialisation qui touche l’Hexagone…

Ancienne chaussée de la R.N.83 à Soppe-le-Bas (photo: Marc Verney, octobre 2007).

La sortie de Belfort est marquée par le passage au pied des considérables fortifications du camp retranché: forts de la Miotte et de la Justice notamment… Peu avant Roppe, les anciens virages de l’avenue d’Alsace sont désormais taillés par la route moderne. Le village, cité en tant que «marche» (un territoire frontière) aux portes de la Bourgogne dans une charte datée de 792, est durement touché durant la guerre de Trente ans, au XVIIe siècle. Installés dans le château de Roppe, lit-on dans Wikipédia, des «mercenaires croates» ravagent les environs. Des mines de fer y fonctionnent jusqu’au XVIIIe siècle. En continuant vers Lachapelle sous Rougemont, on remarque que le hameau des Errues est désormais évité par la route contemporaine. Puis, sur la droite de la chaussée, voilà le bois des Dames; après avoir longé plusieurs étangs, la R.N.83 historique entre dans Lachapelle-sous-Rougemont, le dernier village franc-comtois traversé par la voie Lyon-Strasbourg. «Vers 1098, écrit le site lachapelle-sous-rougemont.fr, une chapelle aurait été créée en ce lieu par des paysans, au milieu d'une forêt qu'ils défrichaient et peu à peu des habitants se seraient groupés autour, formant un village qui dépendait de la seigneurie de Rougemont-le-Château». «De par sa situation à 15 km de Belfort, Lachapelle a constitué un relais de poste et un gîte d'étape fréquenté», dit de son côté le site racinescomtoises.net. Une brasserie réputée y était en activité jusqu’en 1962.  Dès lors, c’est l’entrée en Alsace. A Soppe-le-Bas, le village, longtemps meurtri par le passage des camions sur la R.N.83, est dévié en août 1993 sur une longueur de 3,6 km (Journal de Soppe-le-Bas). Un peu plus de cinq kilomètre plus loin, à Pont-d’Aspach, notre chaussée laisse partir sur la droite la R.N.466A (D166) vers Mulhouse. Le carrefour ne ressemble aujourd’hui en rien à ce qu’il était dans les années cinquante: on oublie les ronds-points et la présence de la voie rapide D83 filant vers l’A36… Le passage de la Doller se faisait sur le pont situé sur l’actuelle «route de Schweighouse». Une configuration des lieux qui était la même aux XVIIIe et XIXe siècles. La carte de Cassini publiée par l’IGN mentionnant en plus un relais de poste et un péage sur le pont. La région est traversée par la ligne du front de la guerre 1914-18; le village voisin de Burnhaupt est totalement détruit par les combats, indique le site municipal burnhaupt-le-haut.com. Deux kilomètres au nord, voilà le village d’Aspach-le-Bas, traversé par la route nationale en 1959 (rue de Belfort numérotée D483 aujourd’hui).

R.N.66: DE BAR A BALE
La route nationale 66 historique de 1959 relie simplement Bar-le-Duc en Lorraine à Bâle, aux portes du Jura suisse. Une belle promenade à faire en toutes saisons (lire)

Encore plus vers le nord, la R.N.83 historique (D483) croise, dans les années cinquante, la R.N.66 an lieu-dit La Croisière. A l’est, on trouve le contournement récent de Cernay (D83) puis le tracé d’une voie antique se dirigeant au travers de l’Ochsenfeld vers Brisach. Notre chemin traverse la rivière Thur sur le pont Lieutenant-colonel-Pierre-Basset. Les Documents statistiques sur les routes et ponts donnent l’année 1750 pour la réalisation d’un ouvrage en pierre à cet emplacement. C’est la rue Raymond-Poincaré qui nous emmène vers le centre de Cernay, une cité «qui resta pendant les années de la Grande Guerre à proximité immédiate du front» et qui, de ce fait a été gravement éprouvée par les bombardements, écrit le guide régional Michelin Vosges-Lorraine-Alsace (1932-33). Plus tard, les combats pour la libération de Colmar, début 1945, vont encore y endommager de nombreux bâtiments. Dénommé Sennenheim en 1144, Cernay a été fortifiée à partir de 1268. Détenue par le comté de Ferrette, elle passe aux Habsbourg en 1324. Enfin, elle devint française, comme une grande partie de l'Alsace, par les traités de Westphalie du 24 octobre 1648 (cernay.fr). La petite cité est dans l’orbite de Mulhouse: des industriels du textile viennent y trouver, dès le XVIIIe siècle, une main d’œuvre abondante et bon marché ainsi qu’une eau de qualité. Après Cernay, notre route prend la direction de Colmar en passant au pied des sommets vosgiens (Vieil-Armand) ayant connus d’âpres combats durant le premier conflit mondial. C’est d’ailleurs des environs de Cernay (Uffholz) que démarre la célèbre «route des Crêtes», une voie militaire de ravitaillement créée par l’armée française entre 1914 et 1915, indique l’article de Claire Brugier, «Vosges: la route des Crêtes de la guerre au tourisme» paru dans Vosges Matin. C’est là aussi, vers Bollwiller, que notre voie de Lyon à Strasbourg longe les mines de potasse d’Alsace (engrais à destination de l’agriculture) dont l’exploitation débute en 1910 à la mine Amélie de Wittelsheim. Trois kilomètres au nord, voilà Issenheim, petit bourg situé aux portes de Guebwiller où l’on passe la rivière Lauch (un large pont de pierre remplaçant un ouvrage plus étroit y aurait été érigé au milieu du XVIIIe siècle). La route historique de 1959 suit la rue de Cernay puis la rue de Rouffach. De là, il reste 22 km à faire jusqu’à Colmar en suivant le cours de la Lauch. C’est autour de Rouffach que notre R.N.83 historique s’approche pour la première fois du vignoble alsacien (on y croise aussi la très touristique route des vins)… On trouvait à Rouffach une vaste exploitation agricole gallo-romaine (ville-rouffach.fr). Puis, du IVe au VIe siècle, indique encore le très documenté site municipal, ce sont les rois d’Austrasie qui «viennent s’installer dans la cité et y font construire une résidence palatiale surplombant l’ensemble des habitations: le château d’Isenbourg». Puis, cédée aux évêques de Strasbourg, la ville reste en possession des religieux jusqu’en 1789 (malgré une inclusion au royaume de France en 1683). Fortifiée dès le XIIe siècle, les fossés de la cité seront comblés au cours du XIXe siècle, permettant la réalisation de chaussées circulaires autour des maisons du vieux centre. Un vaste contournement routier est réalisé dans les années 70. Au sortir de Rouffach, on emprunte la rue Général-de-Gaulle (D18B3) mais attention, on tombe vite sur la voie rapide D83 qui a Pfaffenheim en ligne de mire.

L'ancienne borne de la R.N.83 aux portes de Colmar (photo: Marc Verney, octobre 2007).

Nous voici maintenant au niveau de Hattstatt, où l’ancienne route nationale porte le numéro D121 (rue du Maréchal-Leclerc). Le site, «probablement construit sur un ancien emplacement gallo-romain», indique le site hattstatt.fr, passe ensuite jusqu’au XVIe siècle sous le contrôle d'une famille noble, les Hatstatt, qui y font bâtir un château. Dès lors, la R.N.83 historique se retrouve au beau milieu d’un «océan» de vignes… Mais, en contemplant la carte d’état-major du XIXe siècle publiée par l’IGN, on note que le tracé de la route de Lyon à Strasbourg d’alors se différencie notablement de la quatre-voies d’aujourd’hui: il faut suivre la «route du Vignoble» par le Weissenberg et retrouver la D83 au niveau du pont sur le Langgraben. Puis, c’est rapidement l’entrée dans Colmar par la route de Rouffach (D30). «C´est en 823 que Colmar, du romain Columbarium, signale le site tourisme-colmar.com, est citée pour la première fois dans un acte de donation de l´empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne. Plusieurs siècles plus tard, en 1354, Colmar prend part à la création de la Décapole, une fédération de dix villes impériales en Alsace». La cité, située sur un «chemin des Flandres à l’Italie», va prospérer grâce à l’échange «d’étoffes, d’armes et de métaux précieux».lit-on dans le guide régional Michelin Vosges-Lorraine-Alsace. Vers 1469, le représentant de l’empereur en Alsace, le duc Sigismond, qui a besoin d’argent, fait appel à Charles le Téméraire… Celui-ci demande en gage une partie de la région et y délègue son représentant, Pierre de Hagenbach. D’une grande cruauté, l’homme est vite haï par les Alsaciens qui se dépêchent de rembourser les sommes prêtées. Mais Pierre de Hagenbach s’accroche au pouvoir… Finalement «battu et fait prisonnier, écrit le Guide Vert Vosges-Alsace, il est condamné à avoir la tête tranchée». Et c’est le bourreau de Colmar qui s’acquittera de cette tâche. La ville passe sous la domination française lors du traité de Nimègue (1679). Mais… retour de bâton quasiment deux siècles plus tard: en 1871, Colmar et toute l’Alsace sont occupés par l’Allemagne pour 47 ans. Tout comme entre 1940 et 1945 par les troupes hitlériennes... En janvier-février 1945, des combats meurtriers s’engagent entre l’armée française et la Wehrmacht pour la libération de la «poche de Colmar». Notre R.N.83 historique quitte Colmar par les rues Stanislas et de la Première-armée-française. Puis c’est la route de Strasbourg qui longe l’aérodrome de Colmar-Nord, un ancien terrain militaire créé par les troupes alliées à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Vers Ebersheim (photo: Marc Verney, octobre 2007).

Le village suivant est Ostheim, où l’ancienne R.N.83 porte désormais le numéro D416. Quelques kilomètres à l’ouest, se trouve Riquewihr, un bourg réputé pour son patrimoine architectural. Peu après Guémar, notre voie entre dans le département du Bas-Rhin. Il faut suivre la D1083 (route de Colmar) qui nous emmène à Sélestat. L'existence de la cité, pour le site selestat.fr, «est attestée dès le VIIIe siècle avec la présence d'une chapelle carolingienne et d'un domaine royal. C'est à Sélestat que Charlemagne, alors en route vers la Lombardie, vient passer Noël en l'an 775». En 1217, Frédéric II de Hohenstaufen fait de Sélestat une ville impériale. La ville, qui prend une certaine importance,  s'entoure d'un premier mur d'enceinte qui sera reconstruit, à la fin du XIIIe siècle, pour englober de nouvelles communautés religieuses. Les nombreuses corporations -on en compte jusqu'à quatorze au XIVe siècle- multiplient foires et marchés dans la cité, devenue membre de la Décapole. Ville au rayonnement culturel remarqué, Sélestat va être dotée, après la guerre de Trente ans, d’une nouvelle enceinte défensive planifiée par Vauban. Là encore, la ville va être marquée par les différentes occupations allemandes: les combats de la Seconde Guerre mondial seront, là, notables, si une grande partie de la cité est aux mains des Alliés à la fin 1944, la ligne de front se stabilise au cœur des quartiers Nord-Est et il faudra attendre la fin du mois de janvier 1945 pour voir la ville complètement libérée. Notre chemin quitte Sélestat par la route de Strasbourg. La plaine d’Alsace s’étend devant notre capot… Voilà Ebersheim, puis Kogenheim (où l’on a récupéré le trafic de la déplaisante quatre-voies). On suit l’Ill de loin dans une région où seuls les clochers des églises dépassent l’horizon… Le bourg de Benfeld, six kilomètres au nord de Kogenheim, subit l’inconfortable occupation des troupes suédoises, présentes ici pendant la terrible guerre de Trente ans. C’est ici que l’on remarque sur la carte d’état-major de 1953 publiée par l’IGN le tracé de l’ancienne route nationale (D829), par Sand et Matzenheim.

A Matzenheim. Ce Michelin a été hélas décroché (photo: Marc Verney, octobre 2006).
L'Alsace a été longtemps une région très riche en anciennes signalisations Michelin. Des campagnes d'éradication soutenues font peu à peu disparaître ce patrimoine trop méconnu malgré certaines initiatives locales (photo: Marc Verney, septembre 2009).

De la gare d’Erstein, il reste 21 km à faire jusqu’à Strasbourg. Sur la chaussée, l’approche de la capitale alsacienne se fait sentir: la circulation se densifie nettement sur une chaussée à quatre voies peu propice aux hautes vitesses… Jusqu’à Fegersheim, notre R.N.83 historique coupe droit et évite tous les villages. Dans ce dernier village, la route nationale de 1956 (rue de Lyon) faisait deux virages à angle droit qui ne devaient pas améliorer la fluidité du trafic… La route nationale 83 (version années cinquante) vit ici ses ultimes kilomètres. Traversant l’Ill, la «route de Lyon» pénètre dans Illkirch-Graffenstaden. Pendant longtemps il n’y avait ici qu’un bac… Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que l’on y constate l’existence d’un pont, écrit Henry Eckly dans une Brève chronique de Illkirch et Graffenstaden (1968). Et c’est au lieu-dit la Colonne, après avoir franchi le canal Rhin-Rhône que la R.N.83 de 1959 se «jette» dans la R.N.68 d’alors (rue de l’Industrie) qui poursuit son chemin vers le centre-ville de la capitale alsacienne par la bien nommée «avenue de Strasbourg»… Voici donc ensuite les quartiers de la Meinau et du Neudorf. «Dès l'antiquité, écrit le site strasbourg.eu, la Meinau est traversée par la route reliant Strasbourg à Lyon et à Bâle (aujourd'hui l'avenue de Colmar); elle restera la seule voie d'accès de la ville à partir du sud, jusqu'à la création de l'autoroute A35 en 1971. C'est également le lieu où Charles le Chauve et Louis le Germanique se retrouvent en 842 pour signer le fameux "Serment de Strasbourg", premier texte en langues romane et francique, ancêtres du français et de l'allemand». Des activités artisanales se développent également à partir du XVIe siècle le long de la route de Colmar. Il y a une manufacture de toile à voile, une fabrique de colle forte ou encore le moulin du Schachenmuhle. Plus tard au XVIIIe siècle, apparaissent des domaines agricoles et des propriétés d'agréments. Les limites actuelles du quartier se mettent en place à partir de 1833 avec la construction du canal du Rhône au Rhin qui sépare la Plaine des Bouchers de la Montagne Verte. En 1905, la nouvelle voie ferrée vers Kehl, conçue comme une enceinte militaire, exclut la Meinau de la ville intra-muros. Dans la première moitié du siècle, la vie du quartier s'organise toujours le long de la route de Colmar qui concentre les services et les commerces, et qui est desservie par le tramway dès 1886. Cette ligne sera d’ailleurs la dernière à rester en service jusqu'en 1962. Plus en amont encore, on traverse le quartier Neudorf qui a vu l'édification, dès le Moyen-âge, de fermes et d'auberges le long des routes qui traversent son territoire (route de Lyon, route de Vienne), indique encore strasbourg.eu. La route de 1959 aborde enfin  la place de l’Etoile… d’où l’on peut enfin admirer la belle cathédrale de grès rose, marqueur emblématique de la «skyline» strasbourgeoise! On aura parcouru 434 km environ depuis Lyon…

R.N.68: AU FIL DU RHIN...
Du nord au sud de l’Alsace, la route n°68 déroule son macadam au milieu des champs de la prospère plaine du Rhin. Charmants villages, riche histoire, que demander de plus? (lire)

Strasbourg à l'époque du marché de Noël (photo: EF, décembre 2015).
Très belle maquette de la ville de Strasbourg à l'orée de la rue d'Austerlitz (photo: Marc Verney, décembre 2018). En cliquant sur la photo, vous accédez à la cité.

Marc Verney, Sur ma route, décembre 2018

R.N.4: LA ROUTE DES CIGOGNES
La N4 file plein est vers Strasbourg... Terres de Champagne, de Lorraine et d'Alsace, nous voilà! D'ailleurs, voilà encore un bout de macadam qui va nous rappeler des pans entiers d'histoire de France... (lire)

PROMENADE EN OUTRE-FORET
Au nord de l’Alsace, deux anciennes routes nationales sillonnent un coin de France plutôt méconnu... Vieilles bâtisses, châteaux, forteresses, forêts à perte de vue... (lire)

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