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Borne de limites départementales entre le Doubs et le Jura peu après la station de Boujailles (photo: Marc Verney, mars 2022). |
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Après Pugey, notre voie met le cap sur le Bonnet-Rond. Ici, l'actuelle D141 laisse partir sur la gauche, le «chemin des Prés-Bassand» qui fut, au début du XIXe siècle, la route n°67 (photo: MV, mars 2022). |
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Panneau forestier et touristique Girod peu après Amancey (photo: MV, avril 2018). |
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Rue de Besançon à Levier (photo: MV, mars 2022).
A VOIR, A FAIRE
Beure: la cascade du Bout-du-Monde est une chute d'eau du ruisseau des Mercureaux qui dévale un à-pic de 50 mètres de hauteur en créant une cascade en forme de queue de cheval. A proximité, on peut aussi découvrir une autre cascade sur le ruisseau de la Pisseure. Une voie antique -classée aux monuments historiques- située à l'emplacement du chemin du Sert, montait vraisemblablement à la chapelle des Buis. Etonnant: une station-service située à Beure est inscrite, depuis 2013, à l'inventaire des monuments historiques. Dans les années 1970, Jean Prouvé réalise pour Total une centaine de stations de ce type. Le principe de ce bâti est d'être modulable et déplaçable. L’architecte et designer d’origine nancéenne utilise ici son matériau fétiche: l’aluminium. Quasiment toutes les stations de ce type ont été détruites ou démontées. Il n'en resterait que deux en activité et dans leur élément en France, celle de Beure (Eni maintenant) et la seconde, à Marseille (Wikipédia).
Pugey: Succédant, sur la partie haute du village, à un premier édifice du XVIIe siècle très endommagé par le passage des «Suédois» vers 1638, l’église de l’Assomption et Saint-André est construite entre 1777 et 1783 à l’exception du clocher érigé en 1841 et doté de son dôme à l’impériale. Le fort de Pugey est construit entre 1890 et 1892 sur la crête (494m) séparant Pugey de Larnod. Ses particularités sont d’être creusé en caverne et d’avoir des casemates de défense des fossés réalisées en béton de forteresse. Une association fait visiter les parties extérieures et intérieures du fort lors de manifestations comme les journées du Patrimoine.
Cléron: le château. Cette maison-forte fut bâtie en 1320 par Humbert de Cléron, vassal du comte de Bourgogne, pour protéger le passage à gué de la Loue sur la principale route du sel de Franche-Comté. On visite les jardins en été. Le musée du Tacot (ouvert juillet et août) fait revivre l’épopée des petits trains des Chemins de fer du Doubs au début du XXe siècle. Maquettes et images d'archives permettent de retracer cette période. Autour du village, des infrastructures conséquentes (viaduc et pont sur la Loue) sont réalisées pour permettre la passage du train Besançon-Amathay-Vésigneux. Juste à côté, la réserve naturelle nationale du ravin de Valbois (d'une superficie de 235 ha) correspond à une reculée jurassienne en bordure de la haute-vallée de la Loue. Ce site est connu nationalement pour ses papillons (plus de 700 espèces). A l’écart du village également, le «hameau du fromage» (restaurant, boutique, musée) fait la promotion des fromages de Franche-Comté.
Amancey: peu après le bourg, en suivant, vers la droite, la route n°492, on rencontre Eternoz et sa cascade, Nans-sous-Sainte-Anne et le site spectaculaire de la source du Lison (nombreuses randonnées). Une ancienne taillanderie du XIXe siècle, une forge fabricant des outils de coupe tels des faux, s’y trouve et peut être visitée (recommandé).
Déservillers: La géographie karstique du sous-sol de la région est bien connue des spéléologues. Les cinq gouffres connus sont des ouvertures sur le onzième réseau souterrain de France, le Verneau souterrain, dont la résurgence se trouve à Nans-sous-Sainte-Anne, à huit kilomètres de là. Ces cavités ne sont accessibles qu'aux spécialistes.
Labergement-du-Navois: La «route des Sapins» aboutit sur le territoire de la commune. Des kilomètres de promenade au cœur de l’une des plus grandes sapinières de France.
Levier: le musée-relais du Cheval comtois et de la forêt. Jadis, dans les montagnes du Jura, explique le site du musée, les forêts de résineux fournissaient des matériaux de construction pour les fermes comtoises et permettaient au lait d'être transformé en fromage. Le bois servait ainsi au chauffage et à la fabrication d'outils de travail et le cheval comtois transportait le bois et le fromage pour sa commercialisation.
Boujailles: l'église Saint-Maurice, construite entre 1844 et 1849, est classée aux monuments historiques depuis 1995. Non loin, dans la forêt, le passage de Chalamont est un ancien lieu de péage situé sur la route antique menant de l'Italie du Nord vers les Flandres. On peut y observer les empreintes de roues et marches laissées au sol, sculptées dans la roche. Elles témoignent d'un passage important de véhicules et chariots tractés.
Cuvier: sur la route n°471 en direction de Pontarlier, la tourbière de Frasne, un espace naturel aménagé et une magnifique promenade en forêt sur des platelages zigzagant entre les sapins. Au sud-ouest, le bourg médiéval de Nozeroy, fief des ducs de Chalon, et les très belles randonnées à faire autour de la source de l’Ain. |
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La route évolue au milieu des plus belles sapinières de France (photo: MV, mars 2022). |
VILLES ET VILLAGES traversés par la R.N.473 historique (1959), en italique, les anciennes RN principales croisées:
Beure (N83)
Arguel
Pugey
Bonnet-Rond
Epeugney
Cléron
Fertans
Amancey
Deservillers
Labergement-du-Navois
Levier (N72)
Boujailles
Boujailles-gare
Cuvier (N471)
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Ancien panneau à la Chapelle-d'Huin (photo: MV, mars 2022). |
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Plaque de cocher du chemin de grande communication n°49 à Boujailles (photo: MV, mars 2022).
SOURCES ET DOCUMENTS:
Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°66 Dijon-Mulhouse, Michelin (1947, 1967, 1977), carte n°70 Beaune-Evian, Michelin (1946, 1955); Deux époques militaires à Besançon et en Franche-Comté, Léon Ordinaire, Tubergue, libraire-éditeur (1856); Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, Alphonse Rousset (1854) par cegfc.net; Etude sur Alaise, par M. le président Clerc, Tubergue, libraire-éditeur (1860); beure.fr; fontain.fr; levier.fr; pugey.fr; racinescomtoises.net; routedescommunes.com; villagefm.com; Wikipédia, Wikisara. Remerciements: le Géoportail de l’IGN, CartoMundi. |
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Belles
routes jurassiennes
R.N.473: LE «SAPIN EXPRESS»
Cette chaussée, baptisée route nationale 473 en 1933, a relié Besançon à Champagnole en passant par Cléron, Levier et Boujailles. Ce n’est, ici, pas la distance qui compte… Cette courte chaussée, de moins de soixante kilomètres, traverse, tant dans le Jura que dans le Doubs, de bien beaux massifs forestiers où le randonneur que je suis aime à se perdre (un peu…). Il y a aussi de charmants villages, comme Cléron et une ribambelle d’histoires à raconter… comme à Déservillers et Levier, où nous croisons les plus anciennes fromageries (fruitières) de Franche-Comté! De nuit, sur cette voie un peu oubliée, il n’est pas rare de croiser chevreuils et chevrettes qui viennent pâturer les bas-côtés, donnant quelques sueurs froides à l’automobiliste… Avant les années trente, cette route n’existait pas et n’était qu’une suite disparate de chemins de grande communication dans le Doubs et dans le Jura. «Il est à noter, dit Wikisara, que sur les cartes Michelin des années 1930, la R.N.473 n'avait que le statut "d'autre route régulièrement empierrée", donc ni axe principal ni même secondaire»... Et cela est encore le cas sur la carte Michelin n°70 Beaune-Evian de 1946.
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La route n°473 historique -après Labergement-du-Navois- croise la magnifique route touristique des Sapins (photo: Marc Verney, mars 2022). En cliquant sur cette image vous retournez sur la page principale de ce site. |
Au commencement de la R.N.473 d’antan, à Beure, aux portes de Besançon, il est quand même question d’une, voire deux routes royales… La route de Lyon à Strasbourg (R.N.83) et celle de Saint-Dizier à Lausanne (R.N.67) passaient en effet, par le centre de Beure, avant d’amples rectifications intervenant au cœur du XIXe siècle. On voit, sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par l’IGN cette ancienne chaussée (chemin de la Maltournée) qui monte jusqu’aux environs de Larnod. Mais à l’époque pas encore de côte d’Arguel, pas de voie montant directement vers Pugey. Pour ce faire, il fallait aller sur l’ancienne route de Lyon jusqu’au lieu-dit de la Maltournée et obliquer à gauche sur ce qui est aujourd’hui la D142. Qui était à l’époque la route n°67 vers Pontarlier et Lausanne, rejoignant Ornans par Merey-sous-Montrond (un tronçon complètement oublié aujourd’hui). Quand à notre montée directe vers Arguel, elle sera réalisée en 1849, dit la page Wikipédia de Beure. «Du XIIIe au XIXe siècle, la culture de la vigne est la principale activité économique du village, dit le site beure.fr; à l’origine, les vignerons travaillaient pour le compte de l’archevêché et de quelques bourgeois de Besançon. Le gypse y sera exploité du XIIIe au XIXe siècle. Au cours du XXe siècle, les vignerons reconvertis dans le maraîchage approvisionnent Besançon en produits frais». Une voie antique, dont une partie est encore visible sur quelques dizaines de mètres, a jadis traversé le village en direction du Haut-Jura.
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STRASBOURG PAR LA R.N.83
Voilà
une route qui sillonne l'Est de la France à flanc
de collines: Jura, Doubs, Vosges... On n'oubliera pas non plus
les vignobles qui s'étalent de part et d'autre du bitume...
Une route de gourmet? (lire) |
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Un des derniers panneaux Michelin présents sur le tracé de la R.N.473. Il est positionné à l'entrée de Beure, quelques mètres après l'intersection avec la R.N.83 (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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Autre indication Michelin à Arguel, quelques kilomètres après Beure (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
Contournant la montagne, la chassée arrive à Arguel. «La seigneurie d'Arguel apparaît au XIe siècle, une imposante forteresse fut édifiée au sommet d'un éperon rocheux sous laquelle se développe le village», dit le site racinescomtoises.net. Mais, mécontents des seigneurs d’Arguel, les Bisontins attaquent le château et le mettent à sac en 1336. Désormais, indique le site fontain.fr, «la seigneurie d’Arguel passe à la puissante famille des Chalon. Louis de Chalon, prince d’Orange fait restaurer magnifiquement le château entre 1430 et 1450». Un édifice qui sera rasé sur ordre de Louis XIV durant les conquêtes comtoises de la France. En 1702, Guillaume d'Orange, roi d'Angleterre et héritier des Châlon-Arlay devient le suzerain d'Arguel. Les cartes de cette époque, signale le site fontain.fr, indiquent alors brièvement pour Arguel: «Terres de Sa Majesté le roi d’Angleterre»… A quelques encablures, voilà le village de Pugey. La commune, mentionne le site pugey.fr, «est ravagée par les "Suédois" de Bernard de Saxe-Weimar au début de la Guerre de Dix Ans (1636-1646). En 1639, un chroniqueur décrit un bourg en ruines et déserté: "Le village était si chétif que jamais il n’y eut deux pignons entiers de pierre, ni toit couvert de tuiles ou de lave. Il s’écoule quatre ans avant que les villageois commencent à reconstruire leurs demeures"». Lors de la guerre de 1870 face à la Prusse, continue le site internet municipal, «des combats se déroulent, en janvier 1871, sur les communes voisines de Vorges et Busy. Du 26 janvier au 7 mars 1871, le chalet d’Arguel sert d’hôpital à des malades et blessés de l’armée de l’Est. Une cinquantaine d’entre eux décèdent sur place, essentiellement de maladie, et sont inhumés dans le cimetière communal». La R.N.473 historique (aujourd’hui D141) continue vers le hameau du Bonnet-Rond, où elle laisse partir sur la gauche, le «chemin des Prés-Bassand» qui fut, au début du XIXe siècle, la route n°67 de Saint-Dizier à Lausanne. Ici, venant des Clairons, une toute nouvelle départementale n°9 s’impose à notre route. Elle n’existait tout simplement pas en 1959.
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Dans les bois avant Epeugney (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
Jusqu’à Epeugney, la route traverse bois et forêts sans rencontrer «âme qui vive»… Dès les dernières maisons de ce village, la «rue du Vide-Gousset» contourne le Grand-Mont et descend rejoindre la vallée de la Loue. L’ancienne R.N.473 s’avance maintenant en direction de Cléron. Là, au XVIe siècle, on passe la rivière sur un ouvrage de pierre, remplaçant un pont de bois, «construit aux frais et dépens de Thomas et François Perrenot, sieurs de Granvelle, par permission de S. M. d'Espagne, fut estimé 4000 francs, suivant le procès-verbal de réception du 10 août 1577», voit-on dans l’ouvrage Deux époques militaires à Besançon et en Franche-Comté, de Léon Ordinaire. On constate également la présence, sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) de l’IGN, d’une «route d’Amancey» en provenance de Montrond-le-Château et qui ne va guère plus loin que le pont sur la Loue… Dès l'époque gallo-romaine, dit Wikipédia, il y aurait eu ici un castrum qui aurait occupé cet emplacement, avec pour mission de contrôler le passage. On sait également, qu'au XIIe siècle une famille de Cléron «seconde les Scey pour le contrôle du gué, sur le tracé de la route reliant Besançon à Salins-les-Bains; cette route servant à acheminer le sel comtois vers Pontarlier et la Suisse». Le château de Cléron aurait quant à lui, été construit par Humbert de Cléron en 1320. Ce château de forme rectangulaire et encadré par quatre tours avait la même utilité que le castrum gallo-romain. Fortement remanié au fil du temps, ce château (qui ne se visite pas), fait figure de carte postale idéale au visiteur du pittoresque val de Loue… Etude sur Alaise, un ouvrage de 1860, évoque la route ordinaire de Besançon à Cléron. Plus récemment, la ligne de chemin de fer à voie étroite Besançon-Amathay dessert Cléron de 1910 à 1951 par le biais de la Compagnie de chemins de fer du Doubs (C.F.D.). Plusieurs ouvrages d’art ferroviaire parsèment encore les environs de Cléron, dont un pont sur la Loue et un viaduc en direction de Fertans.
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Le château de Cléron et le pont sur la Loue (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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Vue du plateau avant Déservillers, au niveau du croisement avec la route n°492 (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
Ce village n’est distant que de quelques kilomètres de Cléron. Le château de la localité puise son origine au XIIIe siècle, mais fut en partie détruit en 1638, lors de la guerre de Trente Ans. L'ensemble fut reconstruit au XVIIIe siècle par l’architecte Jean-Charles Colombot pour le comte de Fleury-Villayer. Puis, à un jet de pierre, voilà Amancey, localité traversée par la Grande-Rue. «De très nombreux tumuli (tombes) datant de l’âge du Fer ont été identifiés et fouillés sur le territoire de la commune au cours du XIXe siècle, entre 1838 et 1864 notamment, par un habitant du pays, Joseph Constantin, par l’abbé Cuinet, curé d’Amancey, et par la commission des fouilles d’Alaise, à l’époque où la recherche du site d’Alésia soulevait les passions», raconte le site internet amancey.fr. Car les débats sur l’emplacement de la célèbre bataille se sont aussi développés dans le Doubs… en raison notamment, du village d’Alaise dont le nom, à l’époque, avait pu troubler chercheurs et archéologues. L’actuelle D9 s’évade d’Amancey en s’orientant vers Déservillers. Au lieu-dit les Champs-Rioz, notre voie rencontre l’ancienne R.N.492 de Villersexel à Salins-les-Bains dont un tracé (en construction apparemment) est visible sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle publiée sur le site de l’IGN. Cette voie est, tout comme notre R.N.473, composée de plusieurs chemins de grande communication rassemblés autour d’un axe unique à partir de 1933. Mais, sur ces mêmes plans, on ne voit rien concernant notre route de Besançon à Levier. Face à nous, voilà Déservillers, bâtie sur la colline faisant face au plateau d’Amancey, est traversée par la route qui y fait de larges courbes, passant non loin du clocher comtois du XVe siècle, bien conservé et paré de tuiles vernissées. Jadis tenue par la famille de Scey, Déservillers passe au XIIIe siècle sous la domination de la grande famille des Chalon, propriétaire des mines de sel de Salins, qui s'implante sur les plateaux du Jura et parvient à s'emparer de la presque totalité de la paroisse, très bien située entre leur forteresse de Montmahoux et la ville de Salins. La page Wikipédia du village, très complète, mentionne qu'en 1523, «Marguerite d'Autriche, souveraine du comté de Bourgogne, accorde aux habitants de Déservillers le partage et la propriété de leurs communaux». L'ère des Chalon s'achève. Episode étonnant au XVIIIe siècle: en 1766, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, souhaitant repeupler ses Etats dévastés par les guerres lance un appel aux fermiers «sachant travailler la terre». Un appel entendu par des dizaines de familles de la région qui quittent le village et les bourgs voisins du bailliage d'Ornans vers l'an 1770 pour s'installer, après bien des déboires, en Moravie méridionale (République tchèque) l'année suivante. Au XIXe siècle, la localité (Wikipédia) possède «deux tailleurs d'habits, six couturières, trois blanchisseuses, trois cordonniers, un sabotier, un meunier (à Rochanon), deux auberges, deux épiceries et trois sages-femmes. En 1852, la fruitière produit 70 tonnes de fromage. 50 ans plus tard, on compte trois ateliers qui transforment le lait de 400 vaches». Il y avait là une très ancienne fromagerie: «Sa création est attestée par des chartes de commerce possédées par la famille des Chalon; 1273 est la date officielle de fondation de cette fruitière. Aux XIIe et XIIIe siècles, les Chalon distribuaient le sel comtois (qu'ils commercialisaient très loin jusqu'en Suisse) aux paysans du plateau pour qu'ils leur fabriquent des "vachelins", terme ancien désignant ces grosses meules de fromage. Ils vendaient ensuite une partie de ces fromages de garde dans leur réseau. Notamment dans les régions où l'on avait besoin de produits non périssables pour les voyages au long cours, en particulier chez les navigateurs rochelais, espagnols et portugais dès la fin du XIVe siècle. Mais le commerce est aussi attesté avec l'Italie au Moyen Âge», découvre-t-on encore sur la page Wikipédia de Déservillers. La route d’Amancey à ce village apparaît sur la carte de 1891 au 1:200.000 publiée par le site CartoMundi. A la sortie de Déservillers, on remarque la rectification d’une petite courbe, réalisée sans doute aucun dans la deuxième partie du XXe siècle.
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Déservillers et son église au clocher comtois (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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Rectification de la chaussée vers Labergement-du-Navois (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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VISITER LA ROUTE DES SAPINS...
Le site Sur ma route va se mettre au vert dans l’une des plus jolies forêts du Jura, non loin de Champagnole, juste à côté de la route blanche Paris-Genève... (lire) |
La «route de Levier» nous emmène maintenant vers Labergement-du-Navois. Le village est situé «à l'orée de la grande forêt du Jura. Une partie du village, dont l'église, est bâtie sur une barre rocheuse tandis que l'autre partie s'allonge au flanc d'une côte. Un ancien étang existait en contrebas qui a aujourd'hui disparu. C'est sans doute là l'origine du "navois"», indique Wikipédia. En passant dans la forêt, notre chemin croise l’extrémité nord de la pittoresque «route des Sapins» qui serpente au cœur d’un vaste massif, entre Champagnole et Levier. Voilà d’ailleurs le gros bourg qui apparaît au milieu d’un large plateau. La plus ancienne date attestant l’existence de Levier est inscrite dans le cartulaire des Chalons. C'est l'année 1261. «L’habitat, apprend-on sur le site levier.fr, est regroupé autour d’une fontaine attestée en 1277, de deux fours banals et d’une chapelle sans vicaire à demeure. Il existe certainement une maison forte». Une fruitière y a également vu le jour au XIIIe siècle. Ce serait la plus ancienne de Franche-Comté encore en activité… Notre R.N.473 y croise un très ancien itinéraire, la «route de Salins à Pontarlier» (ancienne R.N.72 dans les années cinquante). En 1446, lit-on encore sur le site municipal dans un texte écrit par Jean-Pierre Gurtner, «les bosses (pains, NDLR) de sel en direction de Pontarlier et de la Suisse passent par Levier et les bois conduits par des cultivateurs-voituriers à la saulnerie de Salins croisent balles de toile, draps, fer, laine, poivre qui circulent entre l’Italie et les foires de Champagne». Après le règne des quatre ducs d’occident, la Comté, un temps française, passe vite aux mains de Maximilien d’Autriche et devient terre d'Empire. A la suite d'une relative période de paix et de prospérité au XVIe siècle, la première tentative de conquête de la Franche Comté par la France en 1636 et qui s’inscrit dans l’épisode de la Guerre de Trente ans va apporter son lot de misères et de ravages. «En 1636, lit-on sur levier.fr, Condé assiège Dole tandis que les bandes de Suédois conduites par Saxe-Weimar pillent, volent, tuent et détruisent de beaux villages de la montagne du Jura, comme Levier»... Au cours du XVIIIe siècle, l’activité économique redémarre (levier.fr): «Les cultivateurs-voituriers de Levier acheminent de grands bois vers les ports de Chamblay, Saint-Jean-de-Losne où ils naviguent sur la Saône d’abord puis sur le Rhône ensuite pour servir aux grandes constructions et bateaux dans les ports du midi de la France». Notre route traverse Levier par la rue de Besançon et celle de Champagnole. Face à nous, de vastes sapinières dans lesquelles la route s’engouffre après le lieu-dit le Mont. On y remarque aussi un endroit nommé «vie de Boujailles» juste à côté («vie» signifiant «voie» dans le Jura).
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R.N.72,
DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique qui
prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard, Salins-les-Bains,
Levier... (lire) |
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Dans les bois après Levier (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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En direction de Boujailles (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
Voilà maintenant Boujailles. Jadis, raconte le site boujailles.fr, le petit bourg «relevait de la seigneurie de Chalamont et ses origines remontent au IXe siècle. Dès cette époque, ce village a bénéficié de sa position sur la voie reliant les monastères de Saint-Bénigne à Dijon à Saint Maurice d'Agaune en Valais». Au XIIIe siècle, un axe médiéval , qui reliait Salins à la Suisse, «permettait d'acheminer vers l'Italie les produits provenant des foires de Champagne (épices, soie, coton, articles de luxe) ainsi que le sel de Salins», explique encore le site municipal. cette voie antique -soumise à péage- est une vraie curiosité. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut arpenter et voir une des grandes chaussées commerciales du Moyen Age (l'A6 de l'époque...). Du coup, le passage de Chalamont, tout proche de Boujailles (par la D49), a favorisé le développement du village, notamment par la création d'hospices-relais. On prend la direction de la «gare de Boujailles» par la D473. Là, jusqu’en 1949, arrivait de Sirod (correspondance pour Champagnole) un petit tram qui desservait Nozeroy, Longcochon, Mignovillard, Cuvier… Ce fut aussi une station sur la ligne PLM (puis SNCF) allant de Dijon à Vallorbe par Frasne en Suisse. Fermée en 1997, cette halte a ponctuellement repris du service de 1999 à 2002. Il s’agissait de transporter les masses de bois abattues par la violente tempête Lothar ayant ravagé la forêt de la Joux le 26 décembre de cette année-là. Situé à deux pas de la gare, le promeneur remarque un ancien hôtel-restaurant, le Jura-Vert… Comment un tel établissement a-t-il pu survivre dans un lieu aussi isolé? Selon un court descriptif de la localité écrit en 2014 par Sophie Garnier et publié sur le site villagefm.com, «l'hôtel a hébergé les employés des scieries d’autrefois ainsi que les voyageurs de passage», puis, «c’est la neige et l’air frais du Jura qui ont attiré les touristes dans cet hôtel qui a finalement fermé en 1992».
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Devant l'église de Boujailles. Ici, la D9 devient D473 et rappelle l'ancienne route nationale (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
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Vers la gare de Boujailles (en pleine forêt) et l'ancien hôtel Jura-Vert (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
On arrive dans le Jura. La carte Michelin Beaune-Evian de 1955 montre ici une curiosité de cette petite route nationale. Entre la borne de limites départementales et le hameau de la Gaudine, la chaussée –très étroite- est décrite comme simplement «empierrée» alors que, de part et d’autre, on a affaire à une route «revêtue» et plutôt large. A la Gaudine, on laisse, sur notre gauche, la petite halte de l’ancien tram pour filer en ligne droite vers Cuvier. «Ce village fait partie du val de Mièges, il est situé dans un bas-fond», dit A. Rousset dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté en 1854. A l'époque, on parle ici du chemin de grande communication n°20, de Nozeroy à Levier pour évoquer notre R.N.473 historique. Le village est traversé de part en part par la Grande-Rue, qui aboutit, quelques centaines de mètres après Cuvier, au carrefour avec la route n°471, terme de notre promenade entre Beure et le val de Mièges. En direction de Champagnole, on trouve le Magasin de Censeau. C’était l’un des lieux importants du commerce du sel dans la région: «Venant de Montmorot, les bosses de sel (très prisées en Suisse pour la fabrication du gruyère) transportées par les bœufs, étaient déchargées aux entrepôts réservés à cet effet», écrit le site routedescommunes.com. «D’autre part, dit encore ce site, Censeau, traversé par deux axes importants de communication a toujours vu passer la cohorte de ceux qui empruntaient ces routes. Pendant des générations, c’est au "Magasin" que l’on changea les chevaux qui tiraient les lourdes diligences assurant le trafic entre Champagnole et Pontarlier, et entre Salins-les-Bains et la Suisse».
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L'arrivée à Cuvier (photo:
Marc Verney, mars 2022). |
Marc Verney, Sur ma route, avril 2022
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R.N.471:
DU JURA AU DOUBS
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant
par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura
où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire) |
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