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Panneau Michelin à Munster (photo: MV, juillet 2024). |
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Vers Dammartin-sur-Meuse (photo: MV, juillet 2024). |
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Indication de la source de la Meuse, à Pouilly-en-Bassigny (photo: Marc Verney, avril 2024). |
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Ancien panneau en métal à Villars-Saint-Marcellin (Photo: Marc Verney, avril 2024). |
LOCALITES
traversées par la R.N.417 (1959):
Chaumont
(N19, N65, N67)
Laville-aux-bois
Biesles
Mandres-la-Côte
Montigny-le-Roi (N74)
Meuse
Dammartin-sur-Meuse
Bourbonne-les-Bains (N460)
Fresnes-sur-Apance
Châtillon-sur-Saône
Jonvelle
Montcourt
Corre
Demangevelle
Vauvillers
Mailleroncourt-Saint-Pancras
Cuve
Bouligney
St-Loup-s-Semouse (N64)
(jusqu'à Remiremont)
Remiremont (N57, N66)
Saint-Etienne
Celles
Saint-Amé
Julienrupt
La Forge
Le Tholy
Le Rain
Le Costet-Beillard
Gérardmer (N486)
Xonrupt-Longemer
Col de la Schlucht
Soultzeren
Stosswihr
Munster
Griesbach-au-Val
La Forge
Wintzenheim
Colmar (N83)
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Borne de limites départementales entre la Haute-Marne et les Vosges. La curiosité de cette indication est qu'elle fait pointer la R.N.417 sur Luxeuil (photo: MV, juillet 2024). |
D'AUTRES RESSOURCES autour de la nationale 417 historique:
-la page Wikipédia consacrée à cette route (lire).
-la page Wikisara (lire).
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Indication touristique à l'entrée de Châtillon-sur-Saône (photo: MV, oct. 2010). |
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Panneau de limites départementales exposé au musée archéologique de Jonvelle (photo: MV, juillet 2024). |
AMI
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A VOIR, A FAIRE
Chaumont: le donjon, dominant la vallée de la Suize est le dernier témoignage du château des comtes de Champagne, il est considéré comme le «berceau de la ville»; la basilique Saint-Jean-Baptiste (XIIIe-XIVe siècles); la chapelle des Jésuites (XVIIe siècle), remarquable par ses dimensions; juste à côté, une fontaine rend hommage au sculpteur Edme Bouchardon; le viaduc du chemin de fer Paris-Bâle, construit d'août 1855 à novembre 1856 (c'est tout bonnement le plus important ouvrage d'art de ce genre construit en France à cette époque!!); le faubourg des Tanneries et le lavoir de Buez (quatre bassins pouvant accueillir plus de 200 lavandières...).
Montigny-le-Roi: un circuit de découverte permet d’admirer les charmes de la petite cité, dont les nombreuses fontaines du XIXe siècle. On y apprend aussi l’histoire des frères Flammarion, originaires de Montigny.
Pouilly-en-Bassigny: non loin de la route, la source de la Meuse…
Bourbonne-les-Bains: outre l’activité thermale, on peut visiter le musée municipal, créé en 1874 et transféré en 1910 dans les dépendances de l’ancien château médiéval. Le circuit Histoires d’eaux permet de découvrir l’évolution du thermalisme à Bourbonne.
Fresnes-sur-Apance: ce village dont l’existence est attestée dès le XIIe siècle a longtemps appartenu à la famille de Livron de Bourbonne. Baigné par l’Apance, il est entouré de belles forêts, écrit le site bienvenue-hautemarne.fr.
Châtillon-sur-Saône: Situé sur un promontoire rocheux, le vieux village révèle son riche patrimoine architectural comme les vestiges de l'ancienne fortification, avec remparts, tours, portes, escalier de l'assaut, mais aussi des demeures bourgeoises et des hôtels particuliers, certains de style encore médiéval, d'autres du XVIe, nombreuses maisons à tourelle, enseignes et détails sculptés, maison du tanneur, du boucher, du chapelier, l'église. Le musée de Châtillon, situé dans les maisons du cordonnier et du berger, propose un retour dans le temps à la découverte des anciens métiers du village, des saynète de vie rurale, ainsi qu'une maquette de la cité avant sa destruction en 1635.
Jonvelle: Site archéologique fouillé dès 1968 où l'on peut admirer les vestiges d'une villa gallo-romaine avec thermes du IIe siècle. Système de chauffage par hypocauste en bon état de conservation. Magnifique mosaïque décorant le sol des bains. Sur le site, il y a deux musées: un musée archéologique qui présente différents objets trouvés sur le site ou à proximité (périodes néolithique, gallo-romaine et mérovingienne) et un musée de la Vie d'autrefois avec présentation d'outils et d'objets du XIXe et de la première partie du XXe relatifs à la vie quotidienne, l'agriculture et l'artisanat.
Corre: tourisme fluvial au port de plaisance sur le canal de l'Est.
Vauvillers: le château du XVIIIe (aujourd'hui, la mairie), les halles en bois du XVIe, l’église du XVIIIe, la grande fontaine...
Saint-Loup-sur-Semouse: le château des Bouly (ou château de Malliard) est classé monument historique. Il a été construit en 1775 par Jean-Baptiste Bouly. Saint-Loup est connue pour son savoir-faire dans le domaine des meubles depuis 1859 grâce à de grands noms comme les Usines Réunies et Parisot. Une histoire qui a donné naissance au conservatoire de la Cité du meuble, héritage du savoir-faire lupéen.
Remiremont: l'ancienne Grand-Rue (rue Charles-de-Gaulle) possède de pittoresques arcades du XVIIIe siècle. L'église et le palais abbatiaux rappellent la magnificence du chapitre féminin de Remiremont; alentours on peut voir aussi les hôtels des chanoinesses, qui, décidément menaient ici une vraie vie de patachon! Spécialité culinaire: la nonnette, un succulent gâteau au pain d'épice. Nombreuses promenades pédestres dans les monts alentours.
Gérardmer: station hiver-été. Randonnées dans les massifs, pratique des sports d’hiver à la Mauselaine. Les lacs: Longemer, Retournemer et Gérardmer.
Col de la Schlucht: randonnée sur le sentier des Roches, créé vers 1910. Circuit touristique de la «route des Crêtes».
Munster: la maison du parc naturel des Ballons des Vosges, la place du marché, l'ancien palais abbatial, la Grand-Rue... Randonnées estivales et activités de sports d'hiver dans les vallées de la Grande et de la Petite-Fecht. Un célèbre fromage est également affiné dans la région. La maison d'Albert Schweitzer est juste à côté, à Gunsbach.
Colmar: ayant survécu aux nombreux conflits qui se sont déroulés à ses portes, la cité est aujourd’hui considérée par beaucoup comme l’une des plus charmantes villes de France, Colmar s’ennoblit de plus du titre de «capitale des vins d’Alsace». Le musée d’Unterlinden, situé dans un ancien couvent, expose le fameux Retable d’Issenheim. Dans la vieille ville, on découvre la maison des Têtes, et, autour de la collégiale Saint-Martin, la rue des Marchands et ses anciennes demeures à colombage, l’ancienne douane (Koïfhus), la place du Marché-aux-Fruits… Le visiteur doit se rendre à la Petite Venise et au quartier des Tanneurs. Ne pas manquer le musée Bartholdi (il est originaire de Colmar!), le musée d’Histoire naturelle et d’Etnographie. |
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Panneau touristique à Vauvillers (photo: MV, juillet 2024). |
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Borne de limites départementales au col de la Schlucht (photo: MV, juillet 2024). |
SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°61 Paris-Chaumont, Michelin (1970); carte n°62 Chaumont-Strasbourg, Michelin (1969); carte n°66 Dijon-Mulhouse, Michelin (1961); Annuaire statistique de la Haute-Saône, imprimerie de la Préfecture (1829); Bulletin des lois du royaume de France, imprimerie Royale (1846); Dictionnaire historique, topographique et statistique de la Haute-Saône (T.1) L. Suchaux, imprimerie et lithographie de A. Suchaux (1866); Documents statistiques sur les routes et ponts, ministère des Travaux publics, imprimerie Nationale (1873); Essai statistique sur les frontières nord-est de la France, J. Audenelle, Truchy, libraire (1827); Géographie départementale classique et administrative de la France, sous la direction de MM. Badin et Quantin, J.J. Dubouchet, Le Chevalier et Cie (1847); Guide Vert Vosges-Lorraine-Alsace, Michelin (1967); La vallée de Cleurie, statistique, topographie, histoire, moeurs et idiomes, Xavier Thiriat, Humbert, imprimeur-libraire-éditeur (1869); Les Vosges sous le Consulat et l’Empire, Jean-Paul Claudel, Gérard Louis éditeur (1992); Libération des Vosges, Jean Laurain, Gérard Louis éditeur (1994); Lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'Etat (T.28), J.B. Duvergier, imprimerie de A. Guyot (1829); Manuel de l'habitant du département de la Haute-Saône, Ed. Thirria, imprimerie de A. Suchaux (1869); «Notice historique et descriptive de Gérardmer», Henri Lepage, Annales de la société d'émulation du département des Vosges, chez M.V. Collot, imprimeur de la société (1877); Si Gérardmer était conté aux Géromois, Suzanne Rattaire, Gérad Louis éditions (1987); Un ticket pour le tacot, Bernard Cunin, éditions Gérard Louis (1983); Vosges-Lorraine-Alsace, guides Michelin régionaux (1932-33); bourbonne.com; chatillon-sur-saone.com; decouverte-nogent-en-champagne.com; inventaire.grandest.fr; massif-des-vosges.fr; mairie-val-de-meuse.fr; montagnesdarchives.fr; munster.alsace; patrimoine.bourgognefranchecomte.fr; pop.culture.gouv.fr; saint-loup.eu; vauvillers.fr; Wikisara; Wikipédia; le Géoportail de l’IGN.
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Ces belles routes de France...
R.N.417: L’ALSACE AU DETOUR DU COL
Cap à l’est pour une promenade sur la R.N.417 historique, un assemblage de chemins de grande communication et de routes départementales créé dans les années trente pour relier Chaumont, dans la Haute-Marne, à Colmar, dans le Haut-Rhin. On passe le massif des Vosges par le col de la Schlucht, l’un des plus élevés de la région avec 1139 mètres. La route n°417 a existé jusqu’en 1973 en deux tronçons distincts: de Chaumont à Saint-Loup-sur-Semouse et de Remiremont à Colmar. Les paysages, agrestes et bucoliques en Haute-Marne, deviennent spectaculaires dans la traversée vosgienne: le vert sombre des sapins répond au grès rose tailladé entre 1842 et 1869 pour le passage de la chaussée… L’itinéraire se fait plus tranquille entre Münster et Colmar, une des plus jolies villes d’Alsace, avec ses rues pavées et ses maisons à colombage.
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La R.N.417 vers Bourbonne-les-Bains (photo: Marc Verney, juillet 2024). En cliquant sur l'image, vous continuez sur la R.N.83 historique. |
On quitte Chaumont par la «route de Neufchâteau» qui franchit la Marne et le canal de la Marne à la Saône après la côte de la Maladière; puis l’on traverse le faubourg du même nom. Nous sommes ici en 1959 sur la R.N.65 (R.D.674). La trajet sur la chaussée de Bonny-sur-Loire à Neufchâteau est bref puisque s’approche, dès la fin de la montée, le carrefour qui permet à la R.N.417 historique (D417) de s’élancer vers Montigny-le-Roi. Avant 1933 nous sommes ici sur le chemin de grande communication n°1bis (Wikisara). Environ un siècle plus tôt, en 1847 exactement, nous aurions roulé sur la départementale n°1 allant de Chaumont à Fresnes-sur-Apance, dit la Géographie départementale classique et administrative de la France. Pour la construction et l'entretien de ses départementales, La Haute-Marne a bénéficié de la loi du 7 juin 1828, «qui autorise» ce département «à s'imposer extraordinairement» pour les travaux à mener sur ses voiries départementales (Lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'Etat). Le tracé rectiligne de notre R.N.417 de 1959 est, en tous cas, bien visible sur la carte d’état-major (1820-1866) mais aussi sur la carte de Cassini (XVIIIe) –cependant moins droite- publiées par l’IGN. La route frôle Laville-aux-Bois, un endroit fondé vers 1212 par l'évêque de Langres, Guillaume de Joinville, à l'entrée du vallon de Verbiesles afin de protéger son château de Luzy (Wikipédia). Puis l’on arrive à Biesles, village adossé au bois du Ban, traversé par les rues de Chaumont et de Verdun. Le bourg est connu et reconnu pour son industrie de la coutellerie du bassin nogentais, «dont l’existence est attestée dès le XVIIe siècle», dit le site decouverte-nogent-en-champagne.com. Un peu plus loin, à Mandres-la-Côte, où l’on fabriquait des ciseaux et des gants, la route descend d’un coup d’une trentaine de mètres en deux larges courbes, c’est la rue de Provence alors que l’ancien chemin, qui file tout droit, porte le nom de rue de Normandie. La rectification de la côte de Mandres, est ordonnée le 23 juillet 1845, «au moyen de l’ouverture d’une nouvelle direction se développant sur la droite puis sur la gauche de la direction actuelle» lit-on ainsi dans le Bulletin des lois du royaume de France (1846).
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R.N.19: PAR ICI L'HELVETIE!
En 1959, il faut parcourir 490 kilomètre pour joindre
Paris à Bâle, en Suisse, en passant par Troyes, Chaumont, Langres,
Belfort et Saint-Louis, non loin de Mulhouse... (lire) |
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R.N.65:
TONNERRE SUR LOIRE
Entre Bonny-sur-Loire et Neufchâteau, la route n°65 de 1959 relie Auxerre, Chablis, Tonnerre, Châtillon et Chaumont... une voie de caractère! (lire) |
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R.N.67:
L'ABSINTHE NOUS FAIT CHOCOLAT!
C'est une route qui a le goût de l'histoire... Entre les foires de Champagne et les monts jurassiens,
quelques centaines de kilomètres charmants et à avaler
avec joie et passion... (lire) |
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Borne en pierre à Montigny-le-Roi (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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R.N.74:
DE L'EAU DANS LE VIN...
En
1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial
(Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy,
Langres, Dijon, Beaune... (lire) |
Il y a deux kilomètres jusqu’au lieu-dit la Croisée où nous rencontrons une «ancienne voie romaine» en provenance de Nogent-en-Bassigny. Celle-ci, indiquée sur les cartes de Cassini (XVIIIe) et d’état-major (1820-1866) publiées par le Géoportail de l’IGN, est l’actuelle D1. Après avoir frôlé Is-en-Bassigny, la D417 met le cap sur Montigny-le-Roi en se fondant dans la R.N.74 historique sur une paire de kilomètres. «L’absence de vestiges et de documents ne permet pas d’affirmer que Montigny existait dès l’époque de la conquête des Gaules par les Romains, raconte le site mairie-val-de-meuse.fr, toutefois, la position géographique et les caractéristiques du site, à proximité de la grande voie romaine de Langres à Toul, Metz et Trèves sont telles qu’il serait surprenant qu’il n’ait pas retenu l’attention très tôt pour y placer un point de défense. Il était d’usage à l’époque d’utiliser des lieux surélevés stratégiques pour y établir des stations de signaux : des sentinelles placées-là étaient chargées d’allumer des feux signalant l’approche de l’ennemi». D'où le nom de Mons ignis, Mons igneus (Mont du feu, Mont enflammé) qui avait alors été donné à la hauteur concernée. Plus tard, aux Xe et XIe siècle, la localité n’est qu’une station où s’arrêtent voyageurs et pèlerins. Au XIIIe siècle, le comte de Champagne Thibaut IV y fait construire une forteresse, finalement rattachée à la France en 1285. Plus tard, pendant la guerre de Cent ans, Montigny est occupé dix ans durant par les troupes anglaises qui renforcent les défenses du château. Jean de Vergy chasse définitivement les Anglais en 1436, améliorant encore les défenses de la forteresse. Convoité par les ennemis du royaume lors de la guerre de Trente ans, le château de Montigny est démantelé sur les ordres d'Henri IV, puis complètement rasé en 1636. Il faut suivre ici l’avenue de l’Arcombelle qui fait le tour de la butte pour continuer sur la R.N.417 de 1959. Puis voici l’actuelle avenue de l’Europe dont le «sillon» quasi rectiligne est parfaitement dessiné jusqu’à Dammartin-sur-Meuse sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN. Peu après le lieu-dit Monaco, la route «saute» à Meuse (le village) la voie ferrée de Culmont-Chalindrey à Toul par un ouvrage de 1938 (Wikisara). A Dammartin-sur-Meuse, on se trouve à proximité de la source de la Meuse, ce long fleuve de 950 km dont les premières gouttes roulent vers la mer du Nord depuis le petit village de Pouilly-en-Bassigny. Il faut encore parcourir treize kilomètres jusqu’à Bourbonne-les-Bains.
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Un ouvrage de 1938 pour passer la voie ferrée à Meuse (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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Ultime descente avant Bourbonne-les-Bains (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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R.N.460: VOSGES SUR SAONE
En 1959, la R.N.460 relie Dijon à Epinal en passant par Champlitte, Bourbonne-les-Bains et Darney, soit 170 kilomètres d’une belle chaussée ondulante (lire) |
La ville de Bourbonne-les-Bains, écrit le Guide rouge Michelin Vosges-Lorraine-Alsace (1932), «occupe les deux rives de la Borne, le versant nord porte la vieille ville; sur la rive opposée est bâtie la ville thermale». Ici, explique, le site bourbonne.com, «les constructions balnéaires romaines étaient importantes et luxueuses. (...) En 1977-1978, lors des travaux de construction de l’actuel établissement, au sud de la place du puisard romain, on a découvert une grande piscine carrée de 11 mètres de côté entourée d’un portique. (...) L’ensemble des constructions gallo-romaines couvrait à peu près la surface occupée aujourd’hui par les thermes, la place des Bains et la place Jerphanion». C’est pendant les guerres de Germanie, entre 12 et 9 avant Jésus Christ, qu’Auguste ayant eu connaissance des bienfaits des eaux thermales de Bourbonne pour les soins des blessures et fractures fit construire l’établissement thermal, raconte encore le site web municipal. Détruit lors des «invasions barbares», l’établissement thermal vivotera jusqu’au XVIIIe siècle. A cette époque, les gens aisés se faisaient apporter leur bain dans leur lieu de résidence. En 1735, un hôpital militaire royal s’installe dans le bourg, il accueillera les soldats des armées de Louis XV mais servira également durant les guerres napoléoniennes puisque Napoléon Ier décidera de l’achat du domaine pour le compte de la France. Sous Napoléon III, on procédera à de nouveaux forages; «l’établissement ancien est démoli et remplacé par une imposante construction exécutée de 1880 à 1883» raconte bourbonne.com. Aujourd’hui, Bourbonne compte parmi les plus importants lieux de cure en France. De la rue Athanase-Renaud, on rejoint la place de la Libération et l’avenue du Lieutenant-Gouby. Puis notre chaussée délaisse la R.N.460 historique qui prend à gauche la direction de Darney par la rue du Souvenir-Français pour suivre l’avenue de la Gare et la «route de Franche-Comté». Nous voilà dans le val d’Apance jusqu’à Fresnes.
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Panneaux indicateurs en métal à Villars-Saint-Marcellin (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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Plaque de cocher à Fresnes-sur-Apance (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
Sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par l’IGN, le bourg de Fresnes-sur-Apance n’est pas directement relié à Bourbonne, on y trouve, par contre, un chemin menant à Châtillon-sur-Saône, la localité limitrophe. Entre le XVe et le XVIIIe siecle, la région de Fresnes-sur-Apance est une terre très disputée entre la Franche-Comté, la Champagne et la Lorraine à tel point qu’elle est qualifiée en «surséance», c’est-à-dire qu’elle n’appartient qu’à son seigneur local… On s’approche maintenant rapidement de Châtillon-sur-Saône qui n’est qu’à 4,5 km de Fresnes. «La première mention officielle du village date de 1234, dans le comté de Bar», indique le site chatillon-sur-saone.com. qui raconte également que les XIVe et XVe siècles sont marqués par les troubles: «Guerre de Cent Ans et guerre entre les duchés de Lorraine et de Bourgogne. En 1484 le village est détruit et devient lorrain. De 1500 à 1600, le village se reconstruit, des nobles s'établissent et font construire des hôtels particuliers. Châtillon devient un carrefour stratégique à l'entrée de la Bourgogne, de la Champagne et de la Franche Comté à la fin du Moyen Age et durant toute la Renaissance». Le bourg finit par être rattaché à la France en 1766 et est aujourd’hui une «Petite cité de caractère». Après l’avoir traversée à la sortie du bourg, c’est la Saône que l’on va suivre jusqu’à Jonvelle (Haute-Saône). La chaussée contourne le village depuis 1981 (Wikisara), mais le détour par cette localité riche en histoire ancienne est fortement conseillé… Avant Corre, voilà Montcourt, village désormais contourné lui-aussi. L’ancienne route empruntait les rues des Tilleuls et du Château. A Corre, on franchit le canal de l’Est et le Côney. Ce village, écrit le site patrimoine.bourgognefranchecomte.fr, doit à «sa position géographique à la confluence de la Saône et du Côney, un rôle important dans le flottage depuis l'antiquité. Plusieurs routes romaines s'y croisent. C'est le point à partir duquel le flottage en train sur la Saône devient possible». Comme de nombreux villages francs-comtois, la terrible guerre de Trente ans -dite ici guerre de dix ans (1634-1644)- et la peste font de Corre une localité en ruine et dépeuplée. Le passage de milliers de Suédois en 1635 et 1636 ne laisse que quatre maisons non brûlées d'après plusieurs témoignages. Pour traverser le Côney, il n’y a longtemps qu’un gué (où un bac), ce qui énerve les habitants, qui ne peuvent commercer avec la Lorraine et la Champagne limitrophes «à cause des droits exorbitants d'entrée et de sortie et des marchandises prohibées», écrivent-ils dans des cahiers de doléances en 1704… Et la situation restera en l’état jusqu’au XIXe siècle… où les choses s’arrangent, semble-t-il: «On remarque à Corre l'élégant pont en fil de fer qui a été construit sur le Côney en 1838», découvre-t-on dans le Dictionnaire historique, topographique et statistique de la Haute-Saône (1866). L’information semble confirmée dans Wikipédia: «Le 26 septembre 1837, une ordonnance du roi Louis-Philippe autorise l'établissement d'un pont suspendu sur la rivière de Côney, dans la commune de Corre (Haute-Saône). Ce pont devait être financé par un péage au tarif établi pour humains et animaux». Mais bien difficile de savoir ce qu’il advint de ce premier ouvrage et de ceux qui suivirent…
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Plaque de cocher à Châtillon-sur-Saône (photo: Marc Verney, octobre 2010). |
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A Montcourt. L'ancienne borne kilométrique est située sur la rue principale du village (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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Bellle plaque de cocher à Demangevelle (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
Notre route, dite de «second ordre», qui reliait Luxeuil à Bourbonne par Saint-Loup précise en 1869 le Manuel de l'habitant du département de la Haute-Saône, n’est pas tracée entre Corre et Vauvillers sur la carte d’état-major (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN. Il n’y a sans doute là qu’un chemin de terre… d’autant qu’en 1829, l’Annuaire statistique de la Haute-Saône ne mentionne que la voie de Saint-Loup à Vauvillers, qui, elle, est bien présente sur la carte du XIXe… Avant d’en arriver-là, notre D417 du XXIe siècle atteint le village de Demangevelle, traversé par la Grand-Rue. La configuration de l’un des quartiers de cette localité est étonnante: des rues qui se croisent à angle droit, quasiment comme dans les bastides du Sud, signale le site patrimoine.bourgognefranchecomte.fr. Cela est dû au seigneur local, Guillaume de Cicon, en 1471, qui affranchit les habitants de la main morte «à condition qu'ils rebâtissent leurs maisons auprès du château» et leur «accorda un terrain protégé par les tours qui s'étendait jusqu'au Côney». Peu après, sous les «Hauts de Vauvillers», le tracé de notre R.N.417 historique est légèrement modifié au cours du XXe siècle… La nouvelle voie prenant visiblement l’emprise du tout vieux chemin de terre! Voilà Vauvillers, qui fut, là encore, au Moyen Age, «une terre de surséance disputée entre le comté de Bourgogne et le duché de Lorraine» écrit Wikipédia. Après la conquête de la Comté en 1678 par Louis XIV, la seigneurie de Vauvillers avec la famille Clermont-Tonnerre devient française. Et, «par lettre patente de 1775, Louis XV érige les terres et marquisat de Vauvillers en "duché-pairie" de France en faveur de Gaspard de Clermont-Tonnerre», écrit le site vauvillers.fr. La carte de Cassini (XVIIIe) publiée sur le Géoportail de l’IGN ne mentionne aucune chaussée Ouest-Est et il faut attendre la carte d’état-major (1820-1866) éditée sur le même site pour voir se matérialiser une voie vers Saint-Loup. C’est aujourd’hui la rue du Général-Marcot qui s’étend vers Mailleroncourt-Saint-Pancras où elle empruntait jadis la rue des Bretons qui cisaillait le lieu-dit de la Vau. A douze kilomètres se trouve Saint-Loup-sur-Semouse, une localité qui marque la fin du premier tronçon de la R.N417 historique. A Bouligney, pour circuler sur l’itinéraire des temps passés, il faut emprunter la rue du Tilleul. Et voilà l’avenue Jules-Ferry puis la rue Aristide-Briand qui nous mènent au cœur de Saint-Loup. Au Moyen Age, la terre de Saint-Loup est tiraillée entre Bourgogne et Lorraine. Mais en 1477, le bourg et sa région deviennent «terres de surséance», ni bourguignonne, ni lorraine, comme on l'a déjà vu précédemment vers Fresnes ou Vauvillers. Si la ville souffre durant la guerre de Trente Ans, elle reste intacte lors des attaques de la France contre les Francs-Comtois (1668 et 1674) pendant lesquelles la région est dévastée, voit-on dans La Haute-Saône: dictionnaire historique, topographique et statistique des communes du département. En 1704, Saint-Loup, terre lorraine, est rattachée à la France. La région est industrieuse et les activités nombreuses: «Moulins à huile ou à farine, tanneries et usines à chaussures, activités textiles, fabrication de chapeaux de paille (jusqu’à trente fabriques!), clouteries et pointeries, fours à gypse ou à chaux, fabrication de cierges et chandelles»... énonce le site saint-loup.eu. La petite ville reçoit l'appellation «cité du meuble» «depuis la création -en 1859- dans un vieux moulin, d'une fabrique de chaises par Simon Lebrun, négociant», écrit encore saint-loup.eu. «Parallèlement, en 1862, poursuit le site municipal, Hippolyte Théodule Bardoz, contremaître à la forge de la Chaudeau, fait l’acquisition d’un moulin sur le territoire de Magnoncourt qu'il transforme aussi en fabrique de chaises. Puis, une troisième fabrique s'ajoutera au berceau de l’industrie du siège. En 1896, l’agglomération Saint-Loup Magnoncourt compte environ un millier de ménages, un chef de famille sur deux travaille dans l’ameublement, sans compter les canneuses et vernisseuses». Pour continuer notre chemin sur la R.N.417 historique, il nous faut rejoindre Remiremont par Plombières-les-Bains.
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R.N.57:
"T'AS VOULU VOIR VESOUL"!
La route nationale 57 historique de 1959 relie Metz à Besançon en passant par Nancy, Epinal, Vesoul... Un coin de France cher aux chanteurs! (lire) |
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R.N.64: DES ARDENNES AUX VOSGES
La
route nationale 64 de 1959 traverse les plus grands champs de
bataille français et nous emmène au pied des Vosges
par la jolie forêt de Darney (lire) |
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Encore une plaque de cocher à Cuve, juste avant Saint-Loup-sur-Semouse, fin du premier tronçon de la R.N.417 historique (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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Au passage à niveau de Remiremont, on indique le tracé de la D417 (ancienne nationale 417) jusqu'à Saint-Amé. Ces plans succincts, installés dans la cabine téléphonique proche des rails servait à guider les convois exceptionnels, incapables de passer sous la caténaire (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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R.N.66:
DE BAR A BALE
La route nationale 66 historique de 1959 relie simplement Bar-le-Duc en Lorraine à Bâle, aux portes du Jura suisse. Une belle promenade à faire en toutes saisons (lire) |
Nous voici dans le département des Vosges. Dans cette région, montagneuse et reculée, «l’état des routes restais mauvais» au début du XIXe siècle, écrit Jean-Paul Claudel dans l’ouvrage Les Vosges sous le Consulat et l’Empire: «La main-d’œuvre spécialisée était nettement insuffisante et les travaux des ponts et chaussées s’avéraient souvent inférieurs à la demande. On affectait même les prisonniers de guerre à l’entretien des routes de la montagne». Depuis le centre-ville de Remiremont, il faut rejoindre la rue des Grands-Moulins et le pont sur la Moselle. En 1827, on passe ici la Moselle «sur un pont de bois», écrit l'Essai statistique sur les frontières nord-est de la France. Plus tard, en 1875, le pont du Prieur (où Le Prieur), a été bâti «en pierre» indique l'inventaire.grandest.fr. «Le 23 septembre 1944», devant l’avance des troupes américaines, les Allemands font sauter l’ouvrage, signale Jean Laurain dans le livre Libération des Vosges. Un pont plus récent a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale. Nous voici à présent à Saint-Etienne-lès-Remiremont où la route s’oriente vers Saint-Amé en passant aux pieds du Saint-Mont. Nous ne sommes bien sûr pas sur la «moderne» déviation (1983 selon Wikisara) qui colle à la Moselotte mais sur la «route de Celles» qui débouche à Saint-Amé par Autrives. Le bourg doit son nom au moine colombaniste Amé, né d'une famille noble en 570 à Grenoble, qui fonde en 620 sa retraite spirituelle au Saint-Mont, sur les ruines d'un oppidum gallo-romain (Wikipédia). Pour aller à Gérardmer, il n'y avait à la fin de l’Ancien Régime «que la seule route (...) par Vagney et le Phény, écrit Henri Lepage dans les Annales de la société d'émulation du département des Vosges. Le service vicinal a, plus tard, créé dans la vallée, entre Saint-Amé et le Tholy, et par le bas de ce village, jusqu'à Gérardmer, des chemins qui ont permis d'organiser des services de diligences». Et en 1837, une diligence «relie Remiremont à Gérardmer tous les deux jours, en effectuant le trajet inverse le lendemain», raconte Bernard Cunin dans l'ouvrage Un ticket pour le tacot... Car très vite, on va imaginer l'installation d'une ligne de tramway (le fameux tacot) sur la chaussée. Ce qui sera finalement réalisé en 1900. Cependant, la ligne, peu rentable, ne sera exploitée que jusqu'en 1935. Quant à la réalisation progressive de ce chemin, on en retrouve des traces dans l’ouvrage La vallée de Cleurie, statistique, topographie, histoire, moeurs et idiomes, qui évoque «l'acquisition de terrains nécessaires à l'ouverture du chemin de grande communication de Remiremont au Tholy (1830-1850), chemin qui coûte environ 50.000 francs à la caisse communale du Syndicat».
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Plaque de cocher à Celles (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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En route vers Gérardmer (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
On sort de Saint-Amé par le Pont-de-Cleurie où l’on s’oriente à gauche vers Julienrupt. Il y a une vingtaine de kilomètres à parcourir jusqu’à Gérardmer. Après Julienrupt, voici le Tholy, où la carte d’état-major du XIXe (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN montre un chemin vers Gérardmer, mais différent de la R.N.417 historique… Depuis le Tholy, racontent les Annales de la société d’émulation des Vosges, la nouvelle route, ouverte à neuf «sur un développement assez considérable» sera achevée en 1841. Même si la montée n’est pas rude, les paysages ont changé: «La situation de ce pays, au milieu d'un amas de montagnes qui l'entourent et le couronnent, ses lacs, ses cascades, ses forêts de sapins, ses rochers escarpés, font de Gérardmer une Suisse en miniature, et incontestablement la partie la plus pittoresque des Vosges», écrit Suzanne Rattaire, dans l'ouvrage Si Gérardmer était conté aux Géromois. En 1959, on pénètre dans la petite cité par l’avenue du 19-Novembre même si l’on peut d’ores et déjà contourner le centre par le boulevard des Xettes, achevé en 1956. Préalablement, notre route aura longé le lac de Gérardmer, d’origine glaciaire, qui est l’une des plus vastes surfaces liquides des Vosges (plus de 115 ha). «L'histoire ancienne de Gérardmer est liée au duché de Lorraine et à l'abbaye de Remiremont, dont les chanoines gouvernèrent longtemps les lieux», lit-on sur la page Wikipédia de la cité. Les premiers habitants vivaient chichement des produits de la chasse et de la pêche. Ils étaient installés sur la rive orientale du lac. En 1871, l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne a des conséquences radicales pour la région: des industriels alsaciens, chassés par l'occupant, s'y installent et participent à l'essor de l'industrie textile. Survivant au second conflit mondial, cette industrie se spécialise dans le linge de maison. De spectaculaires «blanchiments sur pré» sont encore effectués au début du XXe siècle pour des tissus rincés à l'eau des torrents alentours. En 1878, avec l’arrivée du chemin de fer, Paris est reliée à Gérardmer et le «Comité des promenades de la ville de Gérardmer», créé trois ans plus tôt (devenu office de tourisme) aide à rendre populaire la station, bientôt baptisée «Perle des Vosges». La Deuxième Guerre mondiale sera catastrophique pour le bourg: du 2 au 19 novembre 1944, les troupes allemandes dévastent, brûlent et pillent toute la localité. Les habitants qui n’ont pas été déportés assistent, impuissants, à la destruction de leurs maisons. «C’est entre des ruines fumantes que les troupes du général de Montsabert pénétrèrent, le dimanche 19 novembre 1944», écrit le Guide Vert Vosges-Lorraine-Alsace. Le plan de reconstruction est confié en 1945 à l'architecte André Gutton (approuvé par le conseil municipal en 1946) et achevé dans les années soixante.
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R.N.486:
BALLONS ET VALLONS
La
route nationale 486 de 1959 virevolte autour des ballons vosgiens et s'insinue en Franche-Comté par le beau pays des "Mille-Etangs"... Etonnant! (lire) |
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Petit tunnel peu avant le col de la Schlucht (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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Au col de la Schlucht. Les conditions météo sont mauvaises, hélas, ce jour-là (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
On emprunte maintenant le boulevard de Colmar qui nous emmène en direction de Xonrupt-Longemer. Le col de la Schlucht n’est plus qu’à une quinzaine de kilomètres… Ce sont là les moments les plus émouvants de notre voyage! Un peu d’histoire cependant: si ce col n’est aménagé qu’au XIXe siècle, non loin de là, «un chemin de marchands unit la Bresse, par le pied nord du Rothenbachkopf à la vallée de Munster et Colmar au Moyen Age, raconte Jean Braun dans son Histoire des routes en Alsace. Ce passage difficile, 1210 m d’altitude, était craint par les routiers (accidents fréquents) et surnommé "route d’angoisse". Chaque semaine, en saison, une trentaine de chevaux transportaient du beurre, du fromage et de la boissellerie de la Bresse par le lac de Machais (Machey) au col de la Crête entre le Rainkopf et la "Rotabec" (Rothenbach), pour descendre sur Mittlach (fondé au XVIIe siècle seulement) et Munster, d’où partaient du vin et des vêtements». C’est le commerce qui est aussi à la base de la réflexion sur la route du col de la Schlucht. «La décision d'ouvrir une route reliant la vallée de Munster à la Lorraine via le col de la Schlucht, lit-on sur la Plateforme ouverte du patrimoine (pop.culture.gouv.fr), envisagée dès 1836, revient aux industriels Frédéric Hartmann-Metzger (1772-1861) et son frère Henry Hartmann (1782-1856)». C’est tout d’abord un projet privé, entièrement financés par les deux frères. Les travaux sont difficiles: un premier tronçon reliant le col de la Schlucht à l'Altenberg, comprenant le percement d'un tunnel, sont menés entre juin 1840 et 1845 sous la direction de l'ingénieur Bochet. Le deuxième tronçon, qui prolonge la chaussée jusqu'à Soultzeren est achevé en 1847. «Frédéric Hartmann-Metzger fit même poursuivre la route du côté vosgien jusqu'au lieu-dit le Collet à partir de septembre 1858, voit-on sur le site pop.culture.gouv.fr, stimulant les travaux de prolongation jusqu'à Gérardmer qui prirent fin vers 1860-61 sous la direction de l'agent-voyer départemental en chef Charles-Henri Hogard». Après la guerre de 1870-71, le col de la Schlucht devient frontière et les Français sont nombreux à venir voir «la ligne bleue des Vosges»… «Considéré pour certains comme un mirador pour évaluer l’étendue de la province perdue, pour d’autres comme un paradis naturel ou comme un terrain d’expérimentations sportives, la Schlucht fut à cette époque l’objet de curiosité principal des touristes dans les Vosges», écrit Simon Rémy dans l'article «La Schlucht: la route et la frontière» (montagnesdarchives.fr). Le développement touristique qui s'ensuit est important: «Des hôtels, des guinguettes, deux lignes de tramway, une brasserie, un bazar», dit vosgesmag.fr... Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux bâtiments ne seront pas reconstruits, à l’image du chalet des industriels Hartmann, pourtant à l'origine du succès de la Schlucht, et qui sera démoli au début des années 1960. Il aura pourtant accueilli Napoléon III en 1865 et 1867 mais aussi Guillaume II en 1908!
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Premier regard sur la vallée de Munster (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
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On arrive peu à peu au pied du col. L'Alsace se précise (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
Plusieurs beaux lacets vont désormais nous faire descendre de 1139 mètres d’altitude à 583 mètres. Du département des Vosges nous passons dans le Haut-Rhin. Les vues sur la vallée de Munster et de la Fecht sont magnifiques. Au pied de la montagne, nous sommes à Soultzeren, à six kilomètres de Munster. «La première mention du village de Saltzeren apparaît vers 900», écrit Wikipédia. L’origine du nom serait liée à la présence de sources d’eau salée. Plus tard, la localité souffre des exactions des soldats lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648) et la population doit trouver refuge dans la forêt. Des combats très durs aux alentours (massif du Linge notamment) en 1914-18 détruisent totalement le village, décoré de la croix de guerre. Après Stosswihr, voilà Munster, dans laquelle nous entrons par la rue du Neuvième-Zouaves, hommage au régiment qui a libéré la cité en février 1945. La localité «s’est progressivement constituée autour du monastère fondé à la confluence des deux Fecht sous Childéric II vers 660», écrit le site munster.alsace. En 962, raconte encore ce site, le roi de Germanie, Otton Ier le Grand restaure l’empire de Charlemagne et fonde le Saint-Empire romain germanique dont Munster fera partie jusqu’au XVIIe siècle. A la fin du XIIIe siècle, remparts, tours et portes fortifiées protègent les maisons. Puis, le 28 août 1354, est créée la Décapole, une ligue de dix villes libres d’Alsace, dont Munster. Ces cités s'engagent à se porter assistance en cas de conflit. Convertie au luthéranisme au XVIe siècle, Munster voir arriver la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans la vallée en 1628: «Brutalités guerrières, famine, maladies et l’insécurité permanente sont les lots quotidiens de la population», dit munster.alsace. En 1648, la vallée est alors totalement dévastée et l’abbaye en ruines; la ville est progressivement rattachée à la France avec le traité de Westphalie puis définitivement avec celui de Nimègue. Le XIXe siècle, raconte encore le site municipal, «est celui de l’industrialisation, de la modernisation et de l’ouverture de la vallée vers l’extérieur», sous l’initiative, notamment, de la famille Hartmann, industriels, mécènes et hommes politiques, qui, on l’a vu, se sont occupés de la construction de la route de la Schlucht. Leur puissance est telle qu’ils emploient 90% de la main d’œuvre textile de la vallée et occupent 3144 employés en 1841. l’entreprise est le plus gros chiffre d’affaires du département. Après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, l'Alsace est annexée et passe sous le contrôle du nouvel Empire allemand. L'année 1907 voit l’inauguration du tramway électrique Munster-Schlucht, fonctionnant à crémaillère entre la Saegmatt et l’hôtel de l’Altenberg. «C’était le plus haut chemin de fer de l’Empire allemand. Il cesse de fonctionner le 3 septembre 1914», précise le site municipal. Les difficiles combats des Vosges 14-18 touchent particulièrement Munster, placée au cœur des bombardements (la ville est détruite à 85%). Encore occupée lors de la Seconde Guerre mondiale, il faudra de durs combats pour libérer la localité de l’oppression nazie le 5 février 1945, lors de l’âpre bataille de la «poche» de Colmar. On quitte Munster par la rue de la République qui traverse la Fecht (en 1833, pont en maçonnerie avec travées en charpente, Documents statistiques sur les routes et ponts).
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Gros plan sur le panneau Michelin de Munster, daté 1964 (photo: Marc Verney, juillet 2024). |
Ce sont maintenant les derniers vingt kilomètres de la R.N.417 historique de 1959. La carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN montre bien un chemin se déroulant jusqu’aux abords de Colmar; c’est globalement le tracé de la R.N.417, qui suit la vallée de la Fecht en passant au large de Soultzbach-les-Bains et en traversant Wintzenheim. Juste après Munster, la carte du XIXe pointe l’emplacement de filatures (site du Hammer appartenant à la dynastie industrielle Hartmann) mais aussi une «auberge» à la hauteur du village de Wihr-au-Val. Auparavant, la route est passée non loin de Gunsbach, village «mondialement connu grâce au docteur Albert Schweitzer, pasteur, théologien, organiste, musicologue et prix Nobel de la Paix en 1952», dit le site massif-des-vosges.fr. Peu avant Wintzenheim, la chaussée de 1959 longeait l’actuel lycée de Colmar-Wintzenheim au plus près de la forêt peu avant d’arriver dans le bourg, au milieu des vignes, avec la rue Clémenceau, en oubliant le contournement routier de 2009. Il reste six kilomètres à faire jusqu’à Colmar. Nous voici d’ailleurs sur la «route de Colmar», désormais bien urbanisée. Au croisement de la Croix-Blanche (rond-point), la D417 devient «route de Wintzenheim», entourée de cité-jardins construites dans les années vingt. Voilà l’avenue du Général-de-Gaulle; la R.N.417 s’achève donc à Colmar non loin de la caserne Rapp, construite entre 1887 et 1889 sous la domination allemande, et qui est, aujourd’hui, un pôle européen d'activités tertiaires. Nous aurons parcouru environ 174 kilomètres sur cette route qui relie Chaumont à Colmar.
Marc Verney, Sur ma route, janvier 2025
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R.N.83: LA VOIE DES LYONNAIS
Entre Lyon et Strasbourg, la route nationale 83 longe le Jura et le beau Revermont... En Alsace, il est aussi question de vins le long de cette belle chaussée (lire) |
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