Ce n’est pas un hasard si la route du Comté historique débute à Montbéliard. La cité et sa région, patrie des princes de Wurtemberg, sont en effet l’endroit où s’installent, au XVIIIe siècle, des éleveurs mennonites de l’Oberland Bernois (Suisse) qui s’y installent en amenant avec eux leur cheptel. Ce groupe bovin helvétique est peu à peu croisé avec des races locales, ce qui donne la vache «comtoise améliorée». Ces animaux, indique le site montbeliarde.org, obtiennent rapidement «une certaine renommée. La reconnaissance officielle de la race montbéliarde a lieu en 1889 lors de l’exposition universelle de Paris». De nos jours, la montbéliarde constitue 95% des effectifs laitiers de Franche-Comté. La ville de Montbéliard, écrit le Guide Bleu Franche-Comté, Monts-Jura, «fit partie, après le traité de Verdun (843) du royaume de Lorraine» avant de relever directement de l’empire d’Allemagne. Le 10 octobre 1793, la ville passe des Wurtemberg à la France sans aucune résistance. Après Montbéliard, la route du Comté prend la direction de Pont-de-Roide avec la départementale 437 par Audincourt, Beaulieu et Mandeure. Nous voilà au cœur du patrimoine industriel français: au cours du XIXe siècle, la famille Peugeot possède plusieurs usines dans la région, qui produisent, écrit le journal Les Echos, «ressorts, tournebroches, lames de scie, outillages mais aussi de la quincaillerie, des outils industriels et agricoles, des pince-nez, des brins de parapluie, des baleines de corset, sans parler des célèbres moulins à café...». On est encore loin de l’automobile! A Beaulieu, en 1855, Peugeot édifie une nouvelle usine pour la fabrication des crinolines. Plus tard, c'est là qu'est montée en 1890 la première automobile quadricycle à pétrole, équipée d'un moteur Daimler. Un peu plus loin, à Mandeure, l’existence des restes d’un vaste théâtre gallo-romain (IIe siècle) démontre l’importance de la présence humaine dans la région. Après avoir passé le Doubs sur un pont réalisé en 1835 (mathay.fr), la route suit cette rivière sur sa rive gauche jusqu’à Pont-de-Roide.
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La vache montbéliarde, "reine" du fromage comté (photo: EF, octobre 2016). |
C’est ici que beaucoup d’observateurs voient le «vrai» départ de la route du Comté. L’histoire de la ville est assez récente. La construction, en 1388, d’un nouveau pont sur le Doubs, raconte le site officiel ville.pdr.free.fr, permettant de raccorder la Franche-Comté et la Suisse va lancer l’érection d’une petite cité prospère qui va vivre longtemps au rythme du transport du sel venant de Salins. «Le sel, denrée fondamentale à l'époque, est source de revenu très important grâce à l’impôt», souligne encore le site de la ville. Une centaine de chargements par semaine transitera jusqu’aux environs de 1630 par ce pont, soit entre 70 et 80 charrettes. En revenant à notre route du Comté, il faut savoir que le sel joue un rôle prépondérant dans la fabrication du fromage… En effet, pendant son affinage, le comté doit être frotté avec du sel. Des attentions indispensables à sa qualité: ils assurent notamment la formation d'une belle croûte. On sort de Pont-de-Roide par la D437 en direction de Saint-Hippolyte. Notre chemin suit une voie carrossable tracée au milieu du XVIIIe siècle longeant le Doubs et surplombée par d’épaisses forêts jaillissant des montagnes du Lomont. Le petit bourg de Saint-Hippolyte est joliment calé contre la montagne au confluent du Doubs et du Dessoubre. «La commune est mentionnée pour la première fois dans une charte d'Hugues Ier, archevêque de Besançon en 1040», dit le site racinescomtoises.net. C'était la capitale du comté de La Roche et de la Franche-Montagne. Entre 1418 et 1452 on y trouve le suaire de Turin, avant son transfert dans la capitale du Piémont. Du coup, les fêtes religieuses, les foires et marchés s'y déroulaient régulièrement; venant de Soulce-Cernay, le sel apportait la richesse. Terre de passage, Saint-Hippolyte eut à souffrir de différentes expéditions militaires, dont la terrible guerre de Dix ans au XVIIe siècle. Le pont sur le Doubs, voit-on dans la Monographie de Saint-Hippolyte sur le Doubs, «emporté par les grandes eaux en 1572, ne fut reconstruit en bois sur deux piles de pierre qu'en 1584». La réalisation en pierre de ce pont, nous dit cette même source, date de la réalisation de la route carrossable vers Montbéliard, soit 1757.
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Anciens panneaux Girod au cirque de Consolation (photo: MV, juillet 2015). |
Notre itinéraire s’écarte ici de la R.N.437 historique pour remonter la vallée du Dessoubre en suivant la D39 (ancien G.C.39) jusqu’au cirque de Consolation et au belvédère de la Roche-du-Prêtre. Cet intermède frais et ravissant est particulièrement bienvenu lors des fortes chaleurs estivales (randonnées et pique-nique). «Le cirque naturel où prennent naissance le Dessoubre et son affluent, le Lançot, est en forme de double hémicycle», raconte le Guide Vert Jura de 1964. Ici, explique le guide Michelin, «les escarpements, élevés de plus de 300 m, font un effet grandiose». Le parc, situé autour d’un ancien couvent de Minimes, «offre des sites très attrayants». Au-dessus, sur le rebord de la falaise se trouve le belvédère de la Roche-du-Prêtre, superbe ouverture sur le cirque boisé. De Fuans, on emprunte désormais la départementale 461 (ancienne R.N.461) pour se rendre aux Fins, village dominant la vallée de Morteau. «Le XVIIIe siècle donne aux Fins un rôle de communication entre Pontarlier et Montbéliard, rôle accentué au XIXe siècle grâce au relais de diligence des Lavottes», placé un peu en amont du village actuel, signale Wikipédia. De là, notre route du Comté va descendre lentement jusqu’au niveau des premières maisons de Morteau, la capitale française du pays horloger. Au XIVe siècle, des moines bénédictins de l'ordre de Cluny sont chargés du déboisement de la région. Sans doute un peu dépassés par l’immensité de la tâche, ils font venir «des familles entières», évoque le site racinescomtoises.net. qui s’installent à Morteau, aux Fins, à Villers-le-Lac, Montlebon et à La Grand'Combe-Châteleu. Si l’apparence de la cité nous semble relativement «moderne», c’est parce que pas moins de dix-sept incendies en huit siècles ont ravagé les maisons. Le dernier, en 1865, détruit les deux tiers du bourg (racinescomtoises.net). La guerre de Dix ans frappe ici en janvier 1639: les mercenaires suédois au service du roi de France saccagent et pillent la contrée. Des années de grande disette s’ensuivent. Après avoir été soumise à l’Autriche et à l’Espagne, la région (comme l’ensemble de la Franche-Comté d’ailleurs) passe définitivement sous contrôle français en 1678. Lors de son apparition, au début du XIXe siècle, l'industrie horlogère n'était ici, nous raconte le site pays-horloger.fr, qu'une «activité d'appoint dans une contrée où les hivers sont longs»... De manière totalement artisanale, les paysans fabriquaient chez eux des pièces pour la Suisse. Plus tard, ce sont de véritables fermes-ateliers qui oeuvrent en tant que sous-traitants pour des assembleurs installés à la Chaux-de-Fonds ou au Locle. En 1836, une école d'horlogerie est créée à Morteau, illustrant bien le caractère transfrontalier de cette industrie. A la fin du XIXe siècle, précise encore le site pays-horloger.fr, «22 horlogers emploient à Morteau plus de 300 ouvriers». Quant à la saucisse de morteau… le fumage des pièces de viande est une technique qui remonte aux Séquanes. Cette tribu gauloise, ancêtre des Comtois, possédait un savoir-faire dont la réputation allait jusqu'à Rome où l'on consommait avec gourmandise salaisons et viandes fumées de la région (saucissedemorteau.com). Plus tard, au XVIe siècle, le paysan construit sa ferme autour du tuyé, une vaste hotte pyramidale où se pratique encore aujourd'hui le fumage des viandes et donc.. de la morteau, cette succulente saucisse fumée faite à partir de porc.
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La route n°437 dans le défilé d'Entre-Roches (photo: MV, juillet 2012). |
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Plus à l'ouest, se trouve le musée fromager de Trépot (photo: juillet 2009). |
La route du Comté continue en direction de Pontarlier par le CD437 (ancienne R.N.437) qui va suivre le défilé d’Entre-Roches. Là, le Doubs emprunte, sur une vingtaine de kilomètres, une gorge aux murailles calcaires surplombées de sapins. La route s’y faufile avec grâce, souvent surplombée par d’imposants escarpements, qui, parfois, cachent le soleil. On peut y visiter la grotte-chapelle de Remonot (pèlerinage), et la grotte du Trésor. Après de nombreux virages, l’automobiliste atteint Montbenoît, capitale de poche du val du Saugeais. Au XIIe siècle, le sire de Joux, qui possède les lieux, et « qui veut s’attirer la clémence divine », écrit le Guide Vert du Jura, offre cette partie du val du Doubs à l’archevêque de Besançon. Celui-ci y fait venir des moines valaisans, puis, devant l’énorme travail à mener, des Saugets, compatriotes suisses qui vont finir par donner leur nom à l’endroit. Une abbaye y trouve sa place, puis le village se développe, centre de douze localités ayant conservé de fortes traditions. Aujourd’hui, signale le site montbenoit.fr, nous voilà dans la «République du Saugeais», un Etat imaginaire, «né en 1947, sur le ton d’une plaisanterie entre le préfet du Doubs et Georges Pourchet, patron de l’auberge de l’Abbaye». A 4 km de là, voilà Maisons-du-Bois, un village à l’histoire quasi identique à celle de Montbenoît. Plus loin, la route du Comté traverse le Doubs à Arçon. Le pont, indique art-et-histoire.com, «fut construit en 1612, aux frais du village». Réparé en 1761 et 1780, il est cependant considéré en mauvais état en 1789, toujours selon la même source. L’Annuaire statistique et historique du département du Doubs (1837) signale la reconstruction du pont en 1836. Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de Pontarlier, l’une des étapes majeures de ce parcours comtois. Le passé de la ville est «mouvementé», dit le site ville-pontarlier.fr: «La plaine aux portes de la ville, la Chaux d'Arlier, était occupée dès 5000 av. JC. A l'emplacement géographique de Pontarlier, il y avait une occupation gallo-romaine». Le développement du commerce et des communications joue ici un rôle fondamental dans l’émergence d’une cité: toujours selon la même source, Pontarlier, «située au débouché d’une cluse, devient très tôt le passage obligé des échanges entre le nord et le sud de l'Europe via le col de Jougne» et son célèbre péage. Au Moyen Age, Pontarlier est une étape entre les abbayes de Saint-Maurice d'Agaune en Suisse et Saint-bénigne de Dijon, écrit le site racinescomtoises.net. La ville s'entoure de remparts défensifs au XVe siècle. La région subit de sanglants conflits jusqu'en 1678, date de son rattachement définitif à la France. Après un nouvel incendie de la cité en août 1736, signalent les Mémoires pour servir à l'histoire de la ville de Pontarlier, «on profita de la circonstance pour aligner entièrement la Grand-Rue, former la place devant Saint-Bénigne, percer la rue de Vanoles».
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SUR LE CHEMIN DES LACS
Les montagnes du Jura sont réputées pour leurs nombreux lacs, torrents et cascades. Notre balade motorisée est créée spécialement pour ce site... (lire) |
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Paysage typique du Haut-Jura (photo: EF, juillet 2014) |
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R.N.67:
L'ABSINTHE NOUS FAIT CHOCOLAT!
C'est une route qui a le goût de l'histoire...
et des bonnes choses!! Entre les foires de Champagne et les
monts jurassiens, quelques centaines de kilomètres
charmants et à avaler avec joie et passion... (lire) |
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R.N.72:
DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique
qui prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard,
Salins-les-Bains, Levier, Pontarlier... (lire) |
Pontarlier fut, au début du XXe siècle, la capitale française de l'absinthe, un alcool puissant surnommé «la fée verte». C'est en 1805 qu'un Suisse, Henri-Louis Pernod introduit le breuvage dans la région. Très vite, au cours du XIXe siècle, on passe de 5 à 25 distilleries. Un gros tiers de la population du bourg vit de l'absinthe, popularisée par les artistes, Toulouse-Lautrec, Rimbaud, Verlaine... Sous la pression des ligues de vertu («l'absinthe rend fou et criminel»), la boisson est interdite en 1915. Libérée de ses ingrédients les plus dangereux, l'absinthe a été notamment réintroduite par la distillerie Guy en décembre 2001 (à consommer de manière modérée cependant)... Au sortir de la ville, la route du Comté va traverser le Doubs au niveau du faubourg Saint-Etienne sur le pont Saint-Eloi (qui existait déjà en 1736) pour prendre la direction de la cluse de Joux. Mais on ne contemplera le célèbre fort de Joux (perché sur son rocher au milieu du passage) que de loin, car notre itinéraire s’oriente maintenant en direction d’Oye-et-Pallet et du lac de Saint-Point (D437) en suivant la vallée du Doubs. On laisse partir sur la droite la départementale 129 et on profite d’un très beau coup d’œil sur une vaste étendue d’eau, joliment blottie entre deux plissements. En effet, c’est ici que, peu après sa source, le Doubs s'interrompt pour traverser le lac de Saint-Point (ou de Malbuisson). Ce lac, long de près de 7 kilomètres a été créé, nous précise le site lejurassique.com, «lors du retrait du dernier glacier jurassien, il y a un peu moins de 20.000 ans». Il ne formait alors qu'un seul ensemble avec son plus petit voisin, le lac de Remoray. Du fait du dépôt des sédiments, le Doubs n'alimente pas le Remoray, mais se faufile par une zone de marais entre les deux étendues d'eau jusqu'au lac de Saint-Point. Le coin est résolument touristique avec de nombreux campings, auberges et hôtels mais il reste de belles promenades à faire aux alentours. Après avoir traversé Chaon et Chaudron, notre route du Comté arrive à Malbuisson, principale halte pour les voyageurs dans la région. Le village trouve son origine dans les entreprises de défrichement, menées par des moines venus de Suisse au cours du XIIe siècle. Plus tard, indique le site racinescomtoises.net, les hameaux des bords du lac «faisaient partie du "baroichage" de Pontarlier, ville libre, à laquelle étaient liées une vingtaine de villages, véritable petite république de montagne, dont les habitants jouissaient des mêmes droits et étaient associés aux mêmes charges. En temps de guerre, les ruraux pouvaient se réfugier avec leurs troupeaux et biens à l'abri des remparts de la ville». Au XIXe siècle, les premiers touristes apparaissent et le besoin d’un transport collectif se fait alors sentir: Emile Schlumberger, banquier bisontin, qui possède une résidence secondaire au bord du lac, peut-on lire dans un article d'Elie Mandrillon, auteur et historien des chemins ferrés, se voit allouer la concession d'une ligne de tramway entre Pontarlier et Mouthe. La Compagnie du tramway de Pontarlier à Mouthe voit le jour en 1897; les travaux débutent en janvier 1898 et la ligne est ouverte au trafic en mai 1900. La plupart du temps, le train ne faisait que suivre la route; un prolongement vers Foncine-le-Haut (Jura) sera exploité à partir de 1927. Tout fermera en novembre 1950 devant la concurrence des autocars. On ne va oublier que nous sommes sur la route du Comté: surplombant le lac, le fort Saint-Antoine, un ouvrage Séré de Rivières bâti en 1879, sert à l’affinage du fameux fromage depuis 1966 (visites guidées sur demande).
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Au premier plan, le lac de Remoray; au second, le lac de Saint-Point (photo: EF, novembre 2017). |
Nous voici désormais aux Granges-Sainte-Marie puis à Labergement-Sainte-Marie. Ce village, note le site racinescomtoises.net, apparaît après la fondation de l'abbaye cistercienne de Mont-Sainte-Marie située tout à côté, sur la route de Vaux-et-Chantegrue (D49). Là, les moines souhaitant développer leurs terres font appel, comme souvent dans le haut Jura, à des «abergeurs», des colons, qui s’installent dans toute la région. Aux heures fastes de l'abbaye, on dit que «les religieux de Sainte-Marie pouvaient marcher pendant sept heures de temps, soit depuis la frontière du comté de Bourgogne jusqu'à Salins, soit depuis le val de Sirod jusqu'à Nods, sans cesser d'être sur leurs propriétés» (Recherches historiques sur l'abbaye de Mont-Saint-Marie et ses possessions). Le déclin arrive en 1790, le monastère sert de carrière pour les habitants des alentours. En 1915, le village de Labergement-Sainte-Marie est desservi par la ligne ferroviaire reliant Paris à Milan par le Simplon. Le célèbre train Simplon-Orient-Express passait par là! Zigzaguant au pied de la forêt des Buclées, la route n°437 s’approche de Mouthe par les villages de Brey, Gellin et Sarrageois. A notre gauche, dans le val bordé de noirs sapins, le Doubs n’est plus qu’un gentil torrent aux eaux léchées par les nombreuses vaches montbéliardes qui pastillent les champs. Mouthe, «village le plus froid de France», trouve ses origines au XIe siècle dans un ermitage bâti par Simon de Crépy, comte de Valois, retiré dans le haut Jura à l’abbaye de Saint-Claude. Un siècle plus tard, écrit le site mouthe.fr, «la présence des moines attire les premiers colons malgré les conditions naturelles contraignantes: climat très rude, blé ne venant pas à maturité chaque année. Des villages se fondent dans les clairières: Crouzet et Gellin (1266), Sarrageois (1296), Boujeons, Les Pontets, Reculfoz cités comme hameaux déjà anciens (1331)». De 1635 à 1645, c'est la guerre de Dix ans, qui est l’épisode comtois de la guerre de Trente ans. C’est une première tentative, pour le pouvoir royal français de conquérir la Franche-Comté et d’établir les frontières du royaume sur les sommets jurassiens. Les troupes commandées par Saxe-Weimar , lui-même sous les ordres de Richelieu, remontent la vallée du Doubs, alors terre d’Empire, terrorisent, pillent et tuent la grande majorité des populations. Mouthe est «réduite en cendres», raconte le site municipal. Après la Révolution française, l’activité du village se tourne majoritairement vers l’élevage. On y comptait, à la fin du XIXe siècle, «près de 5000 vaches et une centaine de fermes ou de sociétés donnant par an 850.000 kilos de gruyère et 70.000 kilos de beurre de première qualité», découvre-t-on dans le livre L'industrie fromagère dans le Haut-Jura (1902)... Et puis, à Mouthe, on trouve la source du Doubs, cette belle et capricieuse rivière qui monte au nord avant de revenir au sud et qui finit par se jeter –à l’ouest- dans la Saône à Verdun… sur-le-Doubs!
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Magnifique publicité peinte pour le comté à Censeau, sur la route de Champagnole à Pontarlier. Le soleil et les intempéries ont, hélas, peu à peu raison du beau dessin de cette jeune et gourmande fromagère (photo: MV, juillet 2006. |
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R.N.471:
UNE ROUTE JURASSIENNE
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier
en passant par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un
joli tour de Jura où l'on frôle des reculées
et des lacs... (lire) |
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VISITER LA ROUTE DES SAPINS...
Le site Sur ma route va se mettre au vert dans l’une des plus jolies forêts du Jura, non loin de Champagnole, juste à côté de la route blanche Paris-Genève... (lire) |
Dès lors, la route du Comté s’infléchit vers l’ouest et suit la direction des Pontets par la D45, puis de Cerniébaud pour rejoindre Mignovillard par la D340 et enfin atteindre Censeau par la D107. Nous voici dans le département du Jura. Il faut, dès lors couper l’ancienne R.N.471 au lieu-dit le Magasin pour aller vers Andelot-en-Montagne. Pourquoi un tel nom? Le Magasin? En fait, il s'agit ici d'un ancien site de stockage de sel comtois, situé sur l'une des routes médiévales du sel allant vers la Suisse. Notre chemin s’approche maintenant de la très belle forêt de la Joux, traversée par une autre voie comtoise de renom: la «route des Sapins». Etalées sur 10.000 ha, les trois forêts (Levier, la Joux, la Fresse), ont successivement été possession des seigneurs de Chalon, de la couronne d’Espagne, puis enfin de la couronne de France après 1678. Tout d’abord établies en feuillus jusqu’à la fin du XVIIIe siècle pour assurer la forte production de combustible nécessaire à l’extraction du sel à Salins, ces forêts sont aujourd’hui plantées à 70% de sapins.
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Sur la route du Comté (bretelle de Poligny) au Fied (photo: Marc Verney, juillet 2006). |
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LA ROUTE DES RECULEES...
Du nord au sud du Jura... la magnifique route des Corniches et des Reculées montre une région façonnée par le temps et les éléments. Epoustouflant! (lire). |
L’arrivée à Andelot se fait par la rue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Le bourg possède une gare avec un embranchement vers la célèbre «ligne des Hirondelles» qui dessert notamment Champagnole, Morbier, Morez et ses multiples viaducs... La route du Comté emprunte désormais la voie qui nous emmène en direction du Pont-de-Gratteroche. Jean Lamy, cité dans un article paru sur archeojurasites.org, indique que la chaussée entre Andelot et Champagnole (ancienne R.N.467) a été construite dans «les années 1850». Au Pont-de-Gratteroche (croisement avec la «route blanche», raison d’être de ce site), notre itinéraire est rejoint par la «bretelle d’accès de Poligny» de la route du Comté… Poligny, ville capitale du comté, possède en effet la Maison du Comté (musée et informations) où le visiteurs pourra s’introduire dans les mystères de la production de ce produit-star: c'est quand même le premier fromage français d'appellation d'origine avec une production annuelle de près de 60.000 tonnes!! Depuis Poligny, la route du Comté (bretelle) retrouve sa grande sœur après avoir traversé les villages de Plasne, du Fied, de Picarreau, de Besain et de Montrond. Par la route nationale 5, c’est désormais une autre étape majeure de notre promenade qui s’annonce: la petite ville de Champagnole. Confortablement installée sur les rives de l’Ain, surplombée par les 805 m du mont Rivel, voici une cité encore très active et plutôt prospère grâce aux nombreux touristes européens qui viennent visiter en été la célèbre région des lacs toute proche ou bien suivre la route des Sapins à partir d’Equevillon. Des bribes de voies antiques, retrouvées un peu partout autour d’elle montrent le côté stratégique de l’emplacement de la ville. De fait, les voies passant par là (en direction de Pont-du-Navoy ou de Poligny) étaient défendues par un retranchement fortifié installé sur les pentes du mont Rivel, indiquait le site Sur ma route en février 2014.
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LA BELLE ROUTE DES VINS
Du nord au sud du Jura, la route des vins suit les collines du Revermont. Voilà un itinéraire gourmand dans le sympathique «bon pays»... (lire) |
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R.N.5:
LA TRAVERSEE DU JURA
Dans
tout le Jura... la vieille route impériale virevolte entre les
monts... Entre Dole et Gex en passant par le col de la Faucille,
c'est beau à chaque tournant!!! (lire). |
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La très belle fruitière du Fied, au-dessus de Poligny (photo: MV, juillet 2009). |
La ville actuelle est apparue au XVIe siècle. De nombreux incendies (le dernier en 1798) ont ravagé la cité qui ne conserve que peu de traces de son passé. Champagnole doit son développement récent à la construction de routes qui placent la cité à un carrefour privilégié: nord-sud pour l'axe Lons-le-Saunier-Pontarlier, est-ouest avec la route Paris-Genève. La ville est située au coeur de la région touristique des lacs jurassiens: l'été, c'est un déferlement de touristes nordiques qui transforment la région en un gigantesque camping... Pour continuer sur la route du Comté, il faut maintenant aller en direction de Pont-du-Navoy par la D471. Sitôt franchit le pont Neuf (1841) sur l’Ain, la route file en ligne droite vers Ney et va joliment virevolter entre les bois et la rivière jusqu’à Pont-du-Navoy, où l’on peut admirer un fort charmant pont du XVIIIe siècle (archeojurasites.org) qui a remplacé un ouvrage en bois déjà mentionné en 1452. La route du Comté s’oriente ici vers Montigny-sur-Ain et Doucier. Nous voilà aux portes de la région des lacs, face à l’un de ses plus beaux sites, le lac de Chalain, joyau bleu lové au fond d’une reculée. Puis, après Doucier, la départementale 27 traverse le Hérisson (pittoresques cascades et randonnées pédestres) pour rallier Collondon et Charcier. En arrivant sur l’ancienne R.N.78 (D678), on s’oriente vers la droite, vers Pont-de-Poitte. Là, à Patornay, juste avant de franchir l’Ain, l’amateur des routes anciennes aura le plaisir de contempler l’un des tout dernier panneau Michelin du Jura gratifié de la mention supplémentaire «route du Comté»… Pont-de-Poitte, «village propre et coquet, nous signale en 1938 le guide Jura édité par Tourisme et vacances pour tous, aligné sur la route nationale 78 et coupé par l’Ain». Du pont, on voit «les immenses entablements de pierres blanches et polies, disposées en gradins, sillonnées de crevasses»… Curieux phénomène géologique que ces «marmites», où tourbillonne puissamment l’eau à l’heure des crues… L’ouvrage qui nous permet de franchir l’Ain date «d’avant le XIXe siècle, signalent les archives jurassiennes. Il est en maçonnerie et installé sur du rocher. Il est composé de trois arches en arc de cercle». Dans le village, il faut prendre sur la gauche la départementale 49 en direction d’Orgelet.
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R.N.78:
LE JURA PAR LE MORVAN
La
RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en
passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons.
Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire) |
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Ce panneau Michelin de la R.N.78 survit à quelques pas du pont sur l'Ain à Pont-de-Poitte. La mention "route du Comté" a été rajoutée dans les années 70-80 (photo: Marc Verney, juillet 2006). |
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La route du Comté suit la départementale 49, mais ce Michelin a disparu (photo: Marc Verney, juillet 2006). |
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Un coup d'oeil au vaste lac de Vouglans (photo: EF, avril 2014). |
Dès lors, la route du Comté nous emmène, toujours au milieu de paysages bucoliques, vers le lac de Vouglans; on approche de la région dite de la Petite-Montagne. Ici, ce n'est qu'au XVIIe siècle que la production de comté s'installe, descendant du Haut-Jura. Vers l'année 1635, le seigneur de Marigna établit une «grange à fruitière» bientôt suivi par les seigneurs de Thoissia et d'Arinthod. A la fin du XIXe siècle, on compte déjà une quarantaine d'établissements entre Orgelet et Thoirette. Laissant Orgelet sur notre droite, l’itinéraire emprunte la départementale 470 (R.N.470 historique) le temps de traverser le lac au Pont-de-la-Pyle, spectaculaire et très touristique (baignade, restaurants, souvenirs…) passage au-dessus de l’ancienne vallée de l’Ain désormais submergée par le barrage de Vouglans, inauguré en 1968. Et, pour mieux apprécier les bords de cette vaste étendue d’eau qui serpente entre les collines boisées du Jura-Sud, la route du Comté emprunte la D301 vers Maisod puis s’oriente en direction de Moirans-en-Montagne par Charchilla (D331 puis D470). On situe l'origine de Moirans-en-Montagne autour du XIIe siècle, indique le site moiransenmontagne.fr. Le puissant abbé de Saint-Claude, qui possédait quasiment toutes les terres entre l’Ain et la Suisse, y fait construire un château comme lieu de résidence. Dès le XIVe siècle, les paysans de la région se lancent dans la tournerie de sifflets, toupies, crécelles, etc… «Ce sont les premières années du jouet en bois», souligne encore le site municipal. Après le terrible XVIIe siècle et la guerre de Dix ans, Moirans panse peu à peu ses blessures. Devenue française, la région conserve sa spécialité de jouets en bois. Au milieu du XXe siècle, le plastique fait son apparition. «En 1995, les industriels de l’arc jurassien produisaient 40% des jouets français», raconte enfin moiransenmontagne.fr. A la sortie sud de Moirans (rond-point), il faut suivre la D299 vers Lect et Menouille. En direction de Thoirette, les ultimes kilomètres de la route du Comté se feront le long de l’Ain par Condes et Coisia (D60). D’ailleurs, le Géoportail de l’IGN nous apprend qu’aujourd’hui encore, cette portion de la départementale porte le nom de «route du Comté»… Thoirette marque la fin officielle de notre itinéraire mais il faut savoir que de nombreuses régions de l’Ain fabriquent, elles-aussi, le fameux comté! Mais c’est une autre histoire… «Les Thoires furent de grands souverains dominant la région, écrit le site bresse-revermont.fr. Ils construisirent leur château au dessous de Thoirette, lieu de passage et de péage antique. Ils sont à l'origine de la famille de Thoire-Villars rayonnant sur une grande partie de la vallée de l'Ain et de la Dombes». Pendant de nombreux siècles, «on traversa ici l'Ain à l'aide d'un bac, dit le bac de Christouphe, découvre-t-on encore avec bresse-revermont.fr. Ce n'est qu'en 1829 que fut construit un pont en (fil de) fer qui s'écroula en 1843. Un nouveau pont le remplacera légèrement décalé du premier». On peut remonter en direction de Lons-le-Saunier par la D109, qui traverse Arinthod et la mignonne région de la Petite-Montagne (villages de caractère, promenades, fromageries…).
Marc Verney, Sur ma route, mai 2018
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R.N.436: LACETS JURASSIENS
De la Bresse au Jura! Ou comment passer de la ligne droite aux charmants virages du Haut-Jura. Une balade qui tourneboule les sens (lire) |
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Vers Largilllay (photo: MV, juillet 2009). |
Un tour sur la route des Corniches et des Reculées (lire)
Balade sur la route des vins (lire)
Une promenade au milieu des lacs jurassiens (lire)
Un tour sur la route des Sapins (lire)
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