Ambiance nocturne à la porte de Choisy... (photo: MV, janvier 2011).
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Documentation écrite utilisée: Paris pratique, éd. L'Indispensable, 2010; L'automobile à la conquête de Paris, Mathieu Flonneau, Presses de l'ENPC, 2003; Des fortifs au périf, Jean-Louis Cohen, André Lortie, éd. Picard, 1991; Le Périf, Jérôme de Baecque, Christian Blavy, éd. BTP images, 1993; Ponts de Paris, Jocelyne Van Deputte, éd. Sauret, 1994; Sur les traces des enceintes de Paris, Renaud Gagneux, Denis Prouvost, Parigramme, 2004; Paris, la ville du périphérique, Tomato architectes, éd. Le Moniteur, 2003; Voyages sur les routes de France, sous la direction d'Eve Sivadjian (éditions Solar, 2008); Mairie de Paris; Wikipédia; le site paris1900.lartnouveau.com.
Entre la porte de la Villette et la porte de Pantin, le périphérique longe le boulevard des Maréchaux (photo: Marc Verney, janvier 2011).
Le boulevard périphérique parisien (BP) est annoncé très tôt dans la cité: ici, vers le cimetière du Père-Lachaise (photo: MV, janvier 2011).
C'est en tranchée que le BP traverse l'extrémité ouest du bois de Vincennes (photo: MV, janvier 2011).
C'est au niveau du quai d'Ivry que s'ouvre la RN19 historique de Paris à Bâle (photo: MV, janvier 2011).
Les chevaux de métal assoiffés peuvent aussi assouvir leurs impérieux besoins sur le périphérique. Ici, à la porte de la Chapelle (photo: MV, janvier 2011).
Nous voici à la porte de Charenton (photo: MV, janvier 2011).


Paris roule-t-il?
PERIPHERIQUE EST: TOURNEZ MANEGE?
Dans quelques paires d'années sans doute, les historiens se demanderont pourquoi les Occidentaux aimaient tant tourner en rond sur les pistes de bitume qui encerclaient leur cités d'un rideau de métal et de béton quasi inexpugnable... Bon, nous n'en sommes pas encore à décrypter le mode de vie du Parisien moyen qui cherchait avant tout à aller le plus vite d'un point A (son domicile) à un point B (son boulot) en utilisant pour ce faire un transport individuel gourmand en espace et en énergie: sa voiture... Notre deuxième promenade aux alentours du boulevard périphérique parisien nous emmène de la porte de la Chapelle à la porte d'Italie.

Le "rodéo roulant" vu du pont de la porte de Charenton. Ca chauffe!! (photo: Marc Verney, janvier 2011). En cliquant sur l'image vous revenez en direction de la partie ouest du périph'! Pour sortir, cliquez en haut et à gauche de la page!! As usual...


Avant d'arriver directement à la porte de la Chapelle
, le piéton qui marche vers l'est sur le boulevard Ney remarque une "porte des Poissonniers". Plus loin, lorsque l'on scrute une carte de Paris, on remarque, dans le prolongement de cette porte, donnant sur le quartier des Halles, une "rue des Poissonniers", une "rue du Faubourg-Poissonnière" puis une "rue Poissonnière"... C'est par cet accès qu'arrivait droit dans Paris le fameux chasse-marée. Dès le XVIIe siècle en effet, une véritable organisation industrielle apportait de nuit le poisson fraîchement pêché à Calais, Boulogne ou Dieppe. Les attelages, formés de robustes chevaux de race boulonnaise, traînent des remorques spécialement conçues pour cet usage.

Sur les 240 km du parcours du chasse-marée, on trouve des relais, dits "relais de marée" tous les 25 kilomètres. A plus de 16 km/h, de nuit, sur des chemins boueux, cette course incroyable -il fallait débarquer à paris avant 8h- durera jusqu'à l'arrivée du chemin de fer... Un peu plus loin, voici la porte de la Chapelle. Ici, le boulevard périphérique est achevé en octobre 1966 entre la porte de Saint-Ouen et la porte de la Chapelle et en mars 1967 de la porte de la Chapelle à la porte de la Villette.

Dans cette portion, qui évolue au milieu des paysages industrieux du nord de la capitale, pas de tunnels ni de tranchées. Les voies sont juchées sur un large talus d'où descendent les voies de dessertes des différentes portes, qui, elles, sont traversées par d'imposants ponts. Le chantier du vaste échangeur de la Chapelle sera visité par le général de Gaulle en mai 1966. Un bel exemple du volontarisme routier de cet époque que cet échangeur... Les voies se croisent, s'entrecroisent... déluge de béton et de bitume. Au milieu de tout cela, la vie humaine se fait minuscule: le piéton est un ovni, frôlé par les chevaux de métal qui jaillissent en tous sens!

Le gigantesque échangeur de la porte de la Chapelle... Un hymne au béton et au bitume (photo: Marc Verney, janvier 2011).

RN1: à nous les petites anglaises!
En 1959, la nationale n°1 allait de Paris à Calais. C'était, par excellence, la voie qui emmenait les Français vers Londres Mais on passe aussi par Boulogne, l'un des plus grands ports de pêche français... (lire)

C'est de là que part l'autoroute du Nord mais aussi la RN1 historique vers Boulogne et Calais. Après la porte d'Aubervilliers, voilà la porte de la Villette. En ces lieux, il est impossible de suivre de près le tracé du périphérique, qui s'allonge au loin, asphalte grondant, sillonné de vie artificielle, ourlé de gaz d'échappement aux fragrances fauves. Il faut donc arpenter l'antique boulevard Macdonald, creusé en 2011 par les travaux du tramway. C'est peu de dire que les vues sont massacrées et en perpétuel devenir.

Ici, les polars TV à la française ont fait leur beurre: PJ, Central nuit, Boulevard du palais ont utilisé ces décors-nés pour instiller dans leurs histoires cette dose de "presque" banlieue pourrie et canaille nécessaire pour faire progresser les audimats... Voilà maintenant le canal Saint-Denis, au chemin de halage pavé, luisant sous la bruine d'hiver. La nuit, on croirait voir l'ombre de Tardi se profiler sous le pont du boulevard. Une promenade nocturne que je déconseillerai aux âmes sensibles... On longe des entrepôts éventrés, des immeubles brinquebalants et lézardés, partout, ces antennes satellites qui pointent vers le sud lumineux... Il faut vite profiter de ces émotions urbaines, car pointe déjà ici en 2011 l'armada des promoteurs immobiliers en quête de terrains à valoriser...

A la porte de la Villette, le boulevard Macdonald bute contre les voies ferrées du train Paris-Strasbourg. Là aussi, l'histoire industrielle de la capitale a frappé: inaugurés en 1867 sur 39 ha, les gigantesques abattoirs de la Villette ont ravitaillé Paris en viande jusqu'en 1974. Entre 1949 et 1970, différents projets d'agrandissement de ces abattoirs ont été vivement critiqués pour le dépassement considérable des coûts. Aujourd'hui, c'est le parc de la Villette -réalisé en 1986- et la Cité des sciences et de l'industrie que l'on trouve sur cet emplacement.

On croise ici l'avenue de Flandre et la N2, la route de Laon, de Maubeuge et de la Belgique. Plus loin, le boulevard des Maréchaux enjambe le canal de l'Ourcq. Le périphérique vrombissant n'est qu'à quelques mètres de nous. Initié par Bonaparte, Premier consul, en 1802, ce canal, qui relie la rivière Ourcq depuis Mareuil-sur-Ourcq dans l'Oise au bassin de la Villette devait sécuriser l'alimentation de Paris en eau tout en autorisant la circulation des péniches de fret. Il a failli disparaître dans les années soixante; certains ingénieurs projetant d'y réaliser une voie de pénétration nord-sud...

RN2: la Belgique en droite ligne
La route nationale 2 relie Paris à Maubeuge et conduit, chez nos voisins belges, à Mons puis à Bruxelles. En passant aussi par Laon, la belle cité juchée sur sa butte imposante. (lire)

Bon... Il y a des projets à ne plus jamais exhumer, non? L'oeil est attiré, au loin, par la masse des Grands Moulins de Pantin, une minoterie créée sur les bords du canal en 1884. Cette formidable infrastructure industrielle était destinée à alimenter la capitale en farine à partir des plaines agricoles de la Brie et de la Beauce... Les moulins tourneront jusqu'en 2003. Le boulevard Sérurier descend lentement vers la porte de Pantin, dans le XIXe arrondissement.

RN3: rejouer les taxis sur la Marne
La route nationale 3 relie Paris à l'Allemagne en passant par Verdun et Metz. Que des terres de batailles et de conquêtes! (lire)

Là, arrivait l'avenue d'Allemagne (aujourd'hui avenue Jean-Jaurès) du centre de la capitale. C'est d'ailleurs de cette porte que part la RN3 historique, la route de Metz de Forbach et de Sarrebruck. Les immenses piliers de béton laissent, à droite, la Cité de la musique. La chaussée périphérique se lance, dès lors, à l'assaut des pentes menant à la porte des Lilas. A noter d'ailleurs que le secteur a été couvert par le jardin Serge-Gainsbourg à partir de 2005-2006 pour le plus grand bonheur des tours d'habitation voisines. Alentours on trouve plusieurs équipements notables: les archives de la ville de Paris, la piscine Georges-Vallerey (dite "des Tourelles") construite pour les Jeux olympiques de 1924 et le siège des services secrets français.

Plus au sud, la porte de Ménilmontant n'offre pas d'accès au boulevard périphérique. Là, l'anneau est même recouvert d'une dalle supportant la rue Léon-Frapié. Dans notre champ de vision, voici maintenant la porte de Bagnolet et son échangeur en forme de goutte d'eau entourant un vaste centre commercial surplombé par les twin towers parisiennes: l'ensemble des Mercuriales (1975). Ici, la "poésie" du béton est à son comble... Cet ensemble faisait partie d'un projet de quartier d'affaires à établir dans l'est parisien. Arrêté pour cause de choc pétrolier à la fin des années 70, le projet laisse finalement deux tours isolées de plus de 140 m (Levant et Ponant) sur l'échangeur de l'autoroute A3.

Nous voici à la hauteur de la porte de Vincennes. On voit se dessiner, au loin, dans la brume mécanique, les tours jumelles de la porte de Bagnolet (photo: Marc Verney, janvier 2011).

Côté Paris, voilà quand même un peu de verdure: le square Séverine fait partie (avec le square de la Butte-du-Chapeau-Rouge et le parc Kellermann) des rares projets aboutis de la ceinture verte parisienne... Quelques hectomètres plus loin, voici le vaste rond-point de la place de la porte de Montreuil. Ici, le boulevard a été achevé -entre la porte de Montreuil et la porte d'Ivry- en mars 1970. Tout au long des rues adjacentes: petits vendeurs à la sauvette, brocantes brinquebalantes... une grande animation colorée mais souvent un peu misérable. Nous sommes proches du point de jonction, un lieu situé au carrefour de trois départements, la Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. Par là, un marché à la vieille ferraille appelé "les puces" rassemblait près de 700 marchands en 1887.

A la porte de Vincennes, le périphérique croise la nationale 34 historique, une chaussée qui mène à Lagny-sur-Marne et Coulommiers. Puis le boulevard longe fidèlement les limites de l'agglomération de Saint-Mandé avant de déboucher en tranchée dans le bois de Vincennes à la hauteur de la porte Dorée. De vastes ouvrages bétonnés isolent la chaussée périphérique des allées du bois et l'on redécouvre les voies bitumées à la porte de Charenton, point de départ de la route blanche Paris-Genève, parcourue assidument par le site Sur ma route...

RN5: la Suisse par monts et par vaux
Suivre la N5 historique Paris-Genève , c'est faire l'une des plus belles balades routières de France. Et quels étapes gastronomiques... fromages de Brie, vins de Bourgogne et du Jura... (lire)

Ancienne signalisation vers la porte de Charenton (photo: Marc Verney, janvier 2011).

Ici, le promeneur doit laisser partir le BP en direction de la porte de Bercy. Pour continuer ce trek urbain pas banal, il faut aller vers les Maréchaux, marcher le long du boulevard Poniatowski au-dessus des voies de chemin de fer du Paris-Lyon. C'est là, dans ce décor industrieux, que l'oeil exercé peut encore déceler les bribes fortifiées de l'enceinte de Thiers. Début 2011, cet endroit est en pleine recomposition urbaine en raison des travaux du tramway sur le boulevard des Maréchaux. Le passage de l'engin de métal va notamment condamner le passage souterrain de la porte de Charenton qui avait été mis en service en octobre 1964.

Nous voilà sur le pont National (188 m de long), jeté sur la Seine entre 1852 et 1853. Celui-ci, routier et ferroviaire, a été bâti avec les crédits utilisés pour construire le chemin de fer de petite ceinture. Au loin, le pont amont du périph', construit, lui, de 1968 à 1969. On devine, sur la gauche, dans la poisse grisâtre de cette soirée d'hiver, les spaghettis bétonnés de l'échangeur de la porte de Bercy (N4 historique). Le journal l'Aurore, du 5 février 1969, nous indique que les bretelles souterraines de l'échangeur furent équipées d'un système sophistiqué de pompage accélérant la remise en service des chaussées après une crue de la Seine.

RN4: aller rejoindre les cigognes
La nationale 4 file plein est vers Strasbourg et le Rhin... Terres de Champagne, de Lorraine et d'Alsace, nous voilà! (lire)

Le pont amont du boulevard périphérique sur la Seine vu depuis le boulevard des Maréchaux (photo: Marc Verney, janvier 2011).

RN19: par ici, l'Helvétie!
En 1959, il faut parcourir 490 kilomètre pour joindre Paris à Bâle, en Suisse, en passant par Troyes, Chaumont, Langres, Belfort et Saint-Louis, non loin de Mulhouse... (lire)

Après avoir franchi les voies de la gare d'Austerlitz au niveau du quai d'Ivry (N19 historique), l'anneau périphérique monte à l'assaut de la porte d'Ivry. La mise en service de la portion du boulevard allant de la porte d'Ivry à la porte d'Italie s'est réalisée de janvier à juin 1968. C'est à la porte d'Italie (point de départ de la N7 Paris-Côte-d'Azur), qu'en août 1944 sont entrés dans Paris les premiers éléments de la 2e DB du général Leclerc. Encore un peu plus loin, un peu avant la porte de Gentilly, la poterne des Peupliers laisse entrer dans Paris la rivière Bièvre (hélas désormais enfouie!). A la porte de Gentilly, on voit sur la droite du boulevard périphérique (ici réalisé depuis avril 1960), le stade Charletty où se trouvent les bureaux du comité olympique français. Enfin, concluant notre promenade circulaire, voici, jouxtant le boulevard, la Cité internationale universitaire de Paris et ses magnifiques bâtiments, construits de 1922 à 1969 sur 35 ha grâce à l'action initiale d'Emile Deutsch de la Meurthe, un industriel -éclairé- passionné de savoir. La boucle est bouclée...

RN7: la route des mille bornes
La N7 est sans doute la plus connue de nos nationales historiques. Voilà la plus sympathique des balades vers la Côte... (lire)

Le périphérique parisien, entre la porte de Gentilly et la porte d'Orléans (photo: Marc Verney, janvier 2011).
Vu depuis la passerelle de la Cité universitaire, le raccordement de l'autoroute A6 au boulevard périphérique parisien (photo: Marc Verney, janvier 2011).

Aller vers la partie partie ouest (on fait les intérieurs): de la porte d'Orléans à la porte de la Chapelle. (ici sur le site Sur ma route).

Marc Verney, Sur ma route, mars 2011
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