Signalisation Michelin sur le pont de Champigny. Nous sommes à quelques centaines de mètres du tracé de la R.N.4 historique (photo: MV, sept. 2013).
Ancienne signalisation à Rozay-en-Brie (Photo: MV, nov. 2006).
Sources et documents: Atlas des grandes routes de France (Michelin, 1959); Atlas routier et touristique Michelin France 2011; carte Michelin n°61 Paris-Chaumont (1941); carte Michelin n°95 Environs de Paris (1955); carte Michelin n°100 Sorties de Paris (1965); «A Champigny, la mémoire retrouvée de la guerre de 1870», par Francis Gouge (Le Monde, 28 juin 2013); Bry et Champigny dans les méandres de la Marne, textes d’Isabelle Duhau (Inventaire général du patrimoine culturel, 2007); Champigny, hier, aujourd’hui, Jean Morlet, Temps actuels (1981); Champigny-sur-Marne, Chloé Letoulat-Chotard et Patricia Masson, éd. A Sutton (2010); Charenton-le-Pont, une histoire en trois temps, Marie-Françoise Laborde, Maury (2008); Histoire général illustrée des départements: Seine-et-Marne, Maurice Pignard-Péguet, A. Gout (1911); Histoire des routes de France, du Moyen Age à la Révolution, Georges Reverdy, Presses de l’ENPC (1997); «Il y a 68 ans, un déluge de bombes s'abattait sur la ville», par Le Parisien (22 juin 2012); Le Val-de-Marne, art et histoire, Georges Poisson, Les Editions de Minuit (1968); Recherches historiques, archéologiques et statistiques sur Esternay, par M. l’abbé Boitel, Boniez-Lamber (1850); champigny94.fr; fere-champenoise.fr; mairie-lesigny.fr; pontault-combault.fr; ville-joinville-le-pont.fr; Wikipédia, Wikisara. Remerciements: la BPI du centre Georges-Pompidou, Gallica.

La route de Paris à Sézanne n'a pas toujours porté les n°4 ou 304. Ce fut aussi la D8. Cette plaque, située à la sortie de Rozay-en-Brie le montre (photo: MV, oct. 2006).

Localités et lieux traversés par la N4 (1959):
Paris, porte de Bercy (boulevard périphérique)
Joinville-le-Pont
Champigny-s-Marne
Chennevières-s-Marme
La Queue-en-Brie
Pontault-Combault
Ozoir-la-Ferrière
Gretz-Armainvilliers
Tournan-en-Brie
Fontenay-Trésigny (N36)
Rozay-en-Brie
Vaudoy-en-Brie
Beton-Bazoches
Courtacon
Sancy-lès-Provins
Montceaux-lès-Provins
Courgivaux
Esternay (N34)
Beauvais
Moeurs
Sézanne (N51)
Linthe
Connantre
Fère-Champenoise
Connantray-Vaurefroy
Sommesous (N77)
Soudé
Coole
Vitry-le-François (N44)

Indication Michelin du cimetière militaire de Fère-Champenoise (photo: MV, oct. 2006).
Le relais de Strasbourg-Paris à Soudé (photo: MV, nov. 2006).

D'autres ressources autour de la nationale 4 historique: La page Wikisara consacrée à cette nationale française (lire).
La page Wikipédia de la RN4 historique (lire).



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Belles routes de France...
RN4: VOUS AUREZ L'ALSACE ET LA LORRAINE (I)
En 1959, la route nationale 4 relie Paris à Strasbourg en passant par Sézanne, Vitry-le-François, Saint-Dizier, Toul, Nancy, Sarrebourg, Saverne… La N4, c'est d'abord une longue ligne droite qui coupe les plaines de l'Est et qui trouve son passage vers la plaine du Rhin par le «trou de serrure» du col de Saverne... L’histoire de cette route n°4, qui débutait jadis à Châlons-sur-Marne est un peu compliquée. Longtemps, les voyageurs ont utilisé la route de Metz pour se rendre en Alsace. Puis on est passé par Lagny et Coulommiers (la R.N.34 historique) pour rejoindre Esternay. Il a fallu aux ingénieurs et ouvriers de l’époque un difficile labeur pour ouvrir la voie actuelle, d’ailleurs petit à petit réaménagée au XXe et XXIe siècles en voie rapide sur une grande partie de son tracé. Il faut quand même savoir que cet axe –et cela quel que soit sa dénomination- a existé dès les années trente comme un «grand itinéraire routier», la première réponse française au développement des autoroutes en Europe. Notre première étape nous emmène de Paris à Vitry-le-François, la cité au plan géométrique, créée par François Ier, soit 176 kilomètres.

A Sommesous. Le contournement des lieux est achevé depuis 1953. En cliquant sur l'image vous poursuivez en direction de Strasbourg (Photo: Marc Verney, nov. 2006).


En introduction. L'histoire de la route de Paris à Strasbourg est un peu embrouillée. Si la moderne N4 de 1959 fait le trajet de la capitale française à l'Alsace d'un seul coup, cela n'a pas toujours été le cas. Sur de vieilles cartes routières Michelin datant des années 40, la N4 prend son essor à Châlons-sur-Marne (aujourd'hui en-Champagne) et rejoint le trajet actuel à Vitry-le-François (plus tard, cette même route a porté le numéro N44). Jusqu’en 1949, de Paris à Vitry-le-François, la route prend successivement l'appellation N304 (Paris-Esternay) et N34 (Esternay-Vitry). Plus en arrière dans le temps encore, de très anciennes plaques de cocher attribuent le numéro 8 au trajet départemental allant de Paris à Esternay avant que la route ne devienne nationale en 1933 seulement…

Notons toutefois que Georges Reverdy, dans son Histoire des routes de France, du Moyen Age à la Révolution, indique qu’en 1552, la Guide des chemins de France de Charles Estienne mentionnait une route de poste vers la Champagne par Vitry et Saint-Dizier. Enfin, en 1788, et toujours d’après Reverdy, une carte des itinéraires du gouvernement d’Île-de-France dessine un chemin entre la capitale et Sézanne, mais par Coulommiers. Il n’y a pas de R.N.4 ni son équivalent royal.

Pour emprunter la route historique de Paris à Strasbourg, on sort de Paris par la porte de Bercy, puis l’on suit le quai de Bercy et le quai des Carrières. Peu après, la chaussée, nous raconte l’ouvrage Charenton-le-Pont, une histoire en trois temps, «fut ouverte en février 1954 sur l’ancien tracé du canal de Saint-Maurice». Une sorte de voie rapide avant la lettre qui profite du déclassement du canal en 1936 et de son assèchement au début des années cinquante. L’autoroute A4 ne fait que réutiliser cet ouvrage. Ici, en 2013, la multitude automobile nous submerge sur les quasi douze voies d’une balafre de ciment routier. Les vieilles pierres ne semblent plus de ce monde, grisé au sans-plomb 95…

PERIPHERIQUE PARISIEN: L'ANNEAU MAJEUR
Avant de sortir de Paris, un petit tour sur le boulevard périphérique de la capitale? On y rencontre du béton, du métal et du plastique. Des gens, aussi... (lire)

Sur le pont de Joinville, au niveau de l'île Fanac (Photo: Marc Verney, mai 2007).

On réussit à se faufiler jusqu’à Joinville-le-Pont, où l’itinéraire historique enjambe la Marne sur un ouvrage de 1937-43, nous dit le site de la ville. Mais ce n’était pas le premier pont jeté sur la rivière: une construction dénommé Pons Olini existe dès le XIIIe siècle; parallèlement se constitue à la même époque la bourgade de Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. En 1590, les lieux sont ravagés par l’armée d’Henri IV qui voulait entrer dans Paris. Un ouvrage en pierre est bâti au début du XVIIIe siècle, remplacé par un autre en 1835. L’appellation Joinville-le-Pont apparaît en 1831. Depuis 1859, le chemin de fer (une voie de 17 km entre Paris et Saint-Maur-la-Varenne) apporte chaque dimanche sur les bords de Marne une foule de Parisiens avides de fête et de grand air. «Guinguettes, passeurs, loueurs et constructeurs de canots s’installent un peu partout», nous raconte le site de la ville. «Le séjour de Joinville est aussi salubre qu’agréable, lit-on encore dans Paris et ses environs: description historique, statistique et monumentale (1838), les rues sont pavées et en bon état. Ce village communique facilement avec Paris, tant par les omnibus et leurs correspondances, qui vont jusqu’à Saint-Maur, que par les autres voitures publiques»… On a trouvé là, sur la Marne de nombreuses et anciennes sociétés d’aviron; des nageurs intrépides font des plongeons spectaculaires… A Joinville, le début du XXe siècle est marqué par la présence importante des industries photographique et cinématographique (Charles Pathé notamment).

Le pont routier actuel de 450 m de long et de 24 m de large enjambe de haut (neuf mètres) l’île Fanac pour rejoindre ensuite la rive droite de la Marne. C’est sur cette petite île que s’établit au milieu du XIXe siècle la première guinguette de la région, Chez Julien. Voilà maintenant, au bout de l’avenue Gallieni, le lieu-dit La Fourchette, à Champigny. A gauche, la R.N.303 historique (auj. D3) part en direction de Villiers-sur-Marne en longeant l’ancien hippodrome du Tremblay, créé en 1906 (c’est un vaste parc de nos jours). A droite, la R.N.4 historique (auj. D4) file vers le centre de Champigny. De là, nous dit le livre Champigny-sur-Marne, est partie la course automobile Paris-Vienne en juin 1901. Au XVIIe siècle, peut-on voir sur des plans publiés par le site de la mairie, le carrefour routier correspondant à La Fourchette est proche du pont de Joinville. Au XVIIIe, sans doute en raison des crues de la Marne, il se trouve repoussé à son emplacement actuel. En 1859, les rares bâtiments de Champigny restent encore groupés autour de l’église et le long de la route Paris-Strasbourg.

A l'entrée de Champigny, lieu-dit La Fourchette (Photo: Marc Verney, décembre 2005).

Le village est totalement détruit en 1420 durant la Guerre de Cent ans. Beaucoup plus tard, à la fin novembre 1870, une terrible bataille se déroule à Champigny; les Français échouant dans leur tentative de briser l’encerclement de Paris, entouré par les troupes prussiennes. Un mausolée, ou reposent les corps de 1007 Français et de 377 Allemands, se trouve à quelques mètres de la route Paris-Strasbourg (rue du Monument, l’ancienne montée de Chennevières). Longtemps couverts de vignes, les coteaux de Champigny produisaient un cru local à la tonalité un peu acidulée, le «piccolo». Le vin étant taxé aux portes de Paris, ce sont les Parisiens qui venaient le boire dans les guinguettes de bord de Marne… Mais la principale activité de la cité, c’est la fabrication de la chaux, un travail qui s’interrompt à la fin du XIXe siècle devant l’urbanisation des lieux. Plusieurs opérations d’alignement sont menées dans la Grand-Rue de Champigny dans la première partie du XXe siècle afin de remédier à l’étroitesse de la chaussée.

Au sommet de la côte, voilà Chennevières-sur-Marne. Le premier acte mentionnant Caneveria date de 1170. Puis la route passe devant l’Auberge du petit caporal (surnom de Napoléon Ier) à la Queue-en-Brie, un nom qui viendrait du latin cauda, qui indiquerait la situation du village aux confins de la Brie… En 1740, nous dit Le Val-de-Marne, art et histoire, La Queue-en-Brie se situe à l’écart de la route principale. Là encore, la banlieue égrène aujourd’hui ses litanies de maisons grises, de grandes surfaces aux néons criards, d’espaces perdus, où le regard s’égare... On passe du Val-de-Marne à la Seine-et-Marne. Au XXIe siècle, une portion à quatre voies emmène l'automobiliste de Pontault-Combault à Vaudoy-en-Brie. Pontault et Combault sont deux communes fusionnées à partir du 4 mars 1839. Là, de grands travaux s’y déroulent au Second Empire: empierrement des rues, construction des ponts sur le Morbras, bornage des chemins, rénovation des bâtiments.

A gauche, ancienne signalisation directionnelle (sans doute fabriquée par René Gaillard au début des années trente) à l'entrée de Rozay-en-Brie, côté faubourg de Paris. A droite, signalisation de la nationale à Beton-Bazoches. Noter l'original cartouche N4 (Photos: Marc Verney, oct. 2006).

Plus loin, les bourgs d’Ozoir-la-Ferrière et de Gretz-Armainvilliers sont contournés en 1970 par la route principale. A Lésigny, au sud d’Ozoir, se tenait au XIIe siècle, une vaste foire aux bestiaux, qui s’est peu à peu transformée en une célèbre fête foraine –la Monthéty- située sur les bords de la route Paris-Strasbourg au début du XXe siècle. Là, au XIXe siècle, il ne faut pas encore parler de «route nationale»: le rapport de 1884 du préfet au Conseil général de Seine-et-Marne mentionne à Ozoir des travaux de réfection du pavage de la chaussée de la RD8 pour 17 000 francs sur 154 m. Sur une carte Michelin datée de 1955, une déviation contourne Tournan-en-Brie (chaussée en projet sur une autre carte de 1941). La ville a été durement touchée par un raid américain le 22 juin 1944. Le bombardement fait 55 victimes et la moitié des bâtiments du centre-ville est détruite par les 1000 tonnes de bombes larguées…

R.N.36: TRANCHE DE BRIE
De Villers-Cotterêts à Melun, voilà une promenade tranquille dans un coin de Brie peu fréquenté sur une chaussée royale au tracé unique (lire)

Nous avançons d’une dizaine de kilomètres vers l’Est. «Au milieu du XIXe siècle, nous raconte l’encyclopédie en ligne Wikipédia, Fontenay-Trésigny ne regroupe que quelques habitations situées dans la vieille ville ainsi que le long de la route de Paris à Rozay-en-Brie». La petite cité «profite néanmoins de sa position à la croisée des routes de Paris à Rozay et de Melun à Meaux», et se densifie au début du XXe siècle. La déviation de la nationale date du début des années soixante. De la même manière, la R.N.36 est largement déviée à l’ouest depuis 1989. On rejoint maintenant le bourg de Rozay-en-Brie. Au XVIIIe siècle, nous précise l’ouvrage Champigy, hier, aujourd’hui, un service régulier reliait Rozay-en-Brie et Saint-Maur via La Queue-en-Brie et Champigny… Là encore, une déviation du centre-ville a été mise en service en 1955. Fortifiée dès 986 par les chanoines de la ville de Paris, qui la gouvernent jusqu’à la Révolution, Rozay-en-Brie comptait une enceinte flanquée de quinze tourelles et de trois portes. Le tout est démoli au XVIIIe siècle.

Dans le centre-ville de Sézanne (Photo: Marc Verney, oct. 2006).

Les paysages s'accordent sur un point: l’espace –plat- s’enfuit presque vers l’infini. La traversée de la Brie ennuie le voyageur. De longues rangées d'arbres prolongent les perspectives… Finalement, rien à dire au passage des petits bourgs de Beton-Bazoche, Courtacon, Montceaux-les-Provins, Courgivaux. Voilà la Marne. Peu avant Esternay, la R.N.4 rencontre la nationale 34 (déclassée en D934) au lieu-dit l’Arbre-Haut (ainsi appelé en raison d’un vieil arbre -abattu à la moitié du XIXe- situé à l’intersection des deux routes de Paris). Jusqu’en 1949, c’est la R.N.34 qui rejoint Vitry-le-François. Au XIXe siècle, existent à Esternay des fabriques de porcelaine dans le hameau de Retourneloup. Dans son livre écrit au milieu du XIXe siècle sur Esternay, l’abbé Boitel évoque un singulier personnage local, Calu, qui, «coureur sur les routes, devance toutes les diligences et toutes les malles-postes. Il se rend à Paris tout d’une traite»…

Treize kilomètre restent à parcourir jusqu'à Sézanne, la première petite cité d'importance croisée sur ce long trajet. L'étape, à une petite centaine de kilomètres de Paris, devait avoir un certain charme dans les années 50, 60… Aujourd'hui, l'automobiliste pressé contourne la cité par une déviation quasi autoroutière -projetée dès 1941 réalisée en 1953 en 2x1 voies- qui surplombe la petit cuvette dans laquelle Sézanne est blottie. La cité actuelle date du Xe siècle, son développement est assuré, nous raconte le site de la ville «grâce aux moines de Saint-Julien qui, par une dérivation du Grand-Morin, permirent à une douzaine de moulins de tourner, et assurèrent enfin une alimentation en eau suffisante pour les habitants». A la même époque, le comte Thibaud Ier de Champagne fait construire un château, des fortifications et fonde deux grandes foires annuelles, celle de Pâques et celle de la Saint-Nicolas qui prospèrent jusqu'au XIIIe siècle. Puis les guerres contre le royaume de France d'abord, puis contre l'Anglais, après le rattachement à la couronne de France du comté ravagent Sézanne. En 1632, la ville est détruite par un incendie...

A VOIR, A FAIRE

On peut faire une visite de l’imposante église Saint-Denis, qui domine, du haut de sa tour de 42 m, les ruelles de la cité. Amusant: des commerçants ont eu le droit de s’installer entre chaque contrefort! Il existe un circuit à faire dans le Sézanne médiéval (maisons à colombage vers la rue Cogne-Fort).

La R.N.4 à Connantre (Photo: Marc Verney, nov. 2006).

Encore 19 km et voici Fère-Champenoise. Le bourg s'étale au cœur de la plaine. Rien à l'horizon, sinon les hauts silos de l'agriculture extensive… Ici, la route de Paris à la Lorraine traverse la ville à partir de 1835 ainsi que le chemin de fer en 1869. En 1902, «l’éclairage public électrique remplace les becs de gaz» découvre-t-on sur le site de la mairie. Mais les habitants se souviennent aussi du terrible incendie qui a ravagé la ville en 1756. Puis de la bataille perdue, en mars 1814, par Napoléon Ier contre les troupes coalisée prusso-russes. En septembre 1914, la cité se trouve au beau milieu de la première bataille de la Marne. Un cimetière militaire, situé en bordure de nationale –déviée dès 1939 en 2x1 voies- rappelle ce choc entre les armées alliées et allemande. Enfin, le 6 juin 1940, la ville subit un lourd bombardement suivi d'un violent incendie qui détruit 80 maisons du centre… Il n’est pas bon de vivre sur un «couloir» d’invasion…

Plus loin, à Sommesous, la route croise la N77 (aujourd'hui D977) qui relie Châlons à Troyes. L'automobiliste doit lutter pour ne pas s'assoupir sur ces longues lignes droites qui donnent au paysage des airs de Far-West. Au bord de la voie, à Soudé, le voyageur croise le relais routier Strasbourg-Paris, surplombé par un château d'eau à la cuvette sommitale marquée d'un imposant SOUDE. Encore quelques kilomètres au compteur et nous voici à Coole (du nom de la rivière), la route passe d'une bosse à l'autre: altitudes moyennes virevoltant entre 170 et 210 m… on n'est pas au pays des montagnes!

R.N.77: AUBE SUR LOIRE...
La route nationale Sedan-Nevers traverse une grande partie de l'est de la France. Ardennes, Champagne, Bourgogne... Un trio de régions pour une superbe promenade! (lire)

Quatorze kilomètres à l'est de Coole, Vitry-le-François se blottit en bord de Marne et propose le quadrilatère bien organisé de ses rues au visiteur curieux. Jusqu’aux abords de la Deuxième Guerre mondiale on arrive dans la ville en traversant une porte monumentale, appelée porte du Pont. Voilà ce que l’on en disait en 1926 lors d’une délibération au Conseil général de la Marne: «La R.N.34 de Paris à Vitry-le-François, qui est la grande voie de communication» doit passer sous cette porte dont la largeur est «exactement de 3,42 m»… «C’est un passage très dangereux et de très graves accidents sont à appréhender en cet endroit». La porte, qui date du XVIIIe siècle ne sera pas détruite, fort heureusement… Démontée en 1938, on la remonte en 1982, place du Maréchal-Leclerc, plus au nord.

Marc Verney, Sur ma route, septembre 2013

L'arrivée à Vitry-le-François en venant de Paris (Photo: Marc Verney, nov. 2006). En cliquant sur l'image vous continuez la promenade sur la R.N.4 historique!