VILLES ET VILLAGES traversés par la R.N.51 (1959): Orléans (N20, N60) Saint-Jean-de-Braye Lory Chilleurs-aux-Bois Pithiviers Manchecourt Villiers-Martin Coudray Malesherbes Mainbervilliers Butteaux La-Chapelle-la-Reine Ury Carrefour de l'Obélisque (N5, N7) (quelques km sur R.N.5) Montereau-Ft-Yonne (N5bis) Marolles-sur-Seine La Tombe Bazoches-lès-Bray Bray-sur-Seine Jaulnes Toussacq Noyen-sur-Seine Villiers-sur-Seine La Motte-Tilly Nogent-sur-Seine (N19) Port-Saint-Nicolas La Saulsotte Villenauxe-la-Grande Bethon Barbonne-Fayel Saudoy Sézanne (N4)
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Belles
routes de France...
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Pour retrouver le tracé de la R.N.51 historique, il nous faut quitter Orléans par la rue du Faubourg-de-Bourgogne. Celle-ci se situe dans le prolongement de la «rue de Bourgogne», ainsi nommée au milieu du XIXe siècle (on peut s’en douter!) «en raison du fait qu'elle était la principale voie vers la Bourgogne pendant le Moyen Age», écrit le site orleans-pratique.fr. Détail supplémentaire, elle emprunte, nous signale le site orleansha.free.fr, «le tracé de l’ancienne route gallo-romaine qui partait vers Autun. Jeanne d’Arc fit son entrée dans Orléans par cette rue». Mais ce n’est pas notre direction… Plus à l’est encore, on voit très bien, sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN, le croisement de Saint-Loup d’où part une chaussée qui pointe sur Saint-Jean-de-Braye, aujourd’hui D2152. Mais c’est bien notre R.N.51 historique, car la voie a été re-numérotée R.N.152 en 1978 jusqu’au déclassement des années 2000. Le carrefour lui-même n’est plus identique: deux rond-points «escamotent» l’avenue du Capitaine-Jean, le chemin initial désormais en impasse. Au-delà du passage à niveau, voici Saint-Jean-de-Braye. Au confluent de voies romaines menant à de Sens et à Nevers, «c'est en ce lieu que naît Saint Loup en 573. Les reliques du futur évêque de Sens, rapatriées après sa canonisation, contribuent à fonder ici, en 1249, un couvent et une abbaye d’apanage royal qui perdureront jusqu’à la Révolution. C’est aussi là que, le 4 mai 1429, Jeanne d’Arc emporte d’assaut la bastille Saint-Loup, établie dans l’enceinte de l’abbaye et tenue par les Anglais, ouvrant ainsi la voie à la libération complète d’Orléans», raconte le site municipal saintjeandebraye.fr.
Les avenues du Général-Leclerc et de Verdun nous transportent en direction de la forêt d’Orléans, plus vaste ensemble domanial de France métropolitaine. On longe d’abord les bois de Charbonnière et des Trois-Arches, puis voilà les lieux-dits Maison-Rouge et Maison-Blanche, des appellations que l’on retrouve tant au bord de nos voiries nationales. Et voici Loury, à 17 kilomètres d’Orléans. En regardant la carte d’état-major du XIXe siècle sur le site de l’IGN, on s’aperçoit que le village est divisé en quartiers le long de la route et que ceux-ci portent quasiment tous le nom d’une auberge, le «Lion d’Or», le «Dauphin», le «Cheval Blanc», le «Chapeau Rouge»… Nous sommes très certainement en présence d’un village étape où se trouvait un relais de poste. La route de Fontainebleau devait d’ailleurs avoir suffisamment d’importance pour que sa chaussée soit «pavée» au «commencement du XVIIe siècle» écrit Paul Domet dans l’Histoire de la forêt d’Orléans. La forêt commence après le lieu-dit de la Rue-Creuse et le croisement avec la route forestière de Nibelle. Mais nous ne passerons qu’une fraction du massif. Voici presque immédiatement le village de Chilleurs-aux-Bois, d’origine gallo-romaine, tout comme son voisin de Loury. Il reste à parcourir quinze kilomètres en parfaite ligne droite jusqu’à Pithiviers. Le nom de cette petite ville «vient du gaulois "quatre"», signale pithiviers.fr, comme les quatre chemins, car la voie d’Orléans à Reims y croisait celle de Sens à Rennes. «Au cours du temps, la ville s’étoffe: Pithiviers est un important centre marchand. Ses marchés et ses foires attirent les foules. La foire de la saint Georges, fin avril, anime le centre ville depuis mille ans. Le chemin de fer de Malesherbes à Orléans apporte une nouvelle activité après 1870», voit-on encore sur le site municipal.
L’avenue du Huit-Mai-1945 nous emmène en direction de Malesherbes. C’est l’amorce d’une immense ligne droite déjà dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe) qui coupe les plaines de la Beauce. L’œil s’ennuie un peu à force d’essayer d’agripper une ligne d’horizon fuyante… Seules balises visibles, les châteaux d’eau et les silos à grain. Sur cette portion de route, dit Wikisara, il y aurait eu des «réparations» en 1835. A Malesherbes (autrefois nommée Soisy), dernier bourg du Loiret, on retrouve la rivière Essonne, qui fait frontière départementale avec la Seine-et-Marne. Malesherbes, qui a grandi entre ses châteaux, l'ouvrage de Michel Gand en dit un peu sur notre ancienne route royale à la fin du XVIIIe siècle: «La route d'Orléans à Fontainebleau ne nécessitait pas de grands frais aux abords de Malesherbes: 73 toises en terrain naturel ne demandaient aucun entretien, 722 toises traversant la ville étaient aux frais de la commune et du seigneur, 694 toises étaient aux frais du roi. Le pont sur l'Essonne en bois suscitait les souci de la municipalité. Une arche même s'effondra en 1790, on se contenta alors de diminuer la largeur du pont et de remblayer la troisième arche...». S’y trouve aujourd’hui un ouvrage en pierre, nettement plus robuste! De là, on prend la direction de La-Chapelle-la-Reine sur la D152. La chaussée, toujours dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe), file encore en ligne droite dans la plaine du Gâtinais après avoir remonté la petite vallée Poirette. A partir du XVIIe siècle, annonce Wikipédia, La-Chapelle-la-Reine est traversée par la route royale venant d’Orléans et «abrite pendant plus de deux cents ans un relais de la poste aux chevaux. Les façades des maisons du centre ont été modifiées au XIXe siècle, car beaucoup n'étaient pas à l'alignement, or l'élargissement de la route royale a nécessité leurs destruction et reconstruction», précise encore l'encyclopédie collaborative en ligne.
Après avoir franchi l’autoroute A6, la route n°51 historique atteint le village d’Ury, situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau. Là encore, la chaussée y file tout droit en direction du carrefour de l’Obélisque où elle va se «fondre» dans la R.N.5 historique jusqu’au niveau de Montereau-Fault-Yonne. La traversée de la forêt, d’Ury au carrefour, ne fut «entièrement pavée qu’en 1751», écrit Paul Domet, que l’on retrouve dans son Histoire de la forêt de Fontainebleau (1873). A l’Obélisque, voilà devant nous très certainement un des plus importants (et des plus élégants!) carrefours routiers de l’histoire des routes de France, écrivais-je en avril 2013 dans l’article «Tournez manège, ou la véritable histoire du giratoire» publié sur le site Sur ma route. L'obélisque, qui trône au milieu du giratoire est la réplique en plus petit de celui de la place Saint-Pierre de Rome. La légende veut qu'il ait été offert à Marie-Antoinette par les habitants de Fontainebleau. Son origine provient en réalité des crédits de travaux du château et de la forêt alentours. Il date de 1785 et a été édifié sous la responsabilité de M. de Cheyssac, alors grand maître des Eaux et Forêts, qui a pour l’occasion, créé autour du monument une vaste rotonde de 54 toises de diamètre ornée d’une double plantation d’ormes. L’endroit se trouve précisément à l’emplacement de la 31e borne milliaire de la route royale Paris-Lyon; les ingénieurs y ont donc installé quatre grandes colonnes indicatrices. Celles-ci portent toujours, depuis les restaurations de 1817, de 1870 et des années vingt, les mentions, à l’angle de la route d’Orléans, «ROUTE D’ORLEANS», de la route de Nemours (ancienne R.N.7), «ROUTE DE LYON PAR LE BOURBONNAIS», à l’angle de la route de Moret (ancienne R.N.5 puis R.N.6), «ROUTE DE LYON PAR LA BOURGOGNE». Dès 1958, la radio France Inter, en partenariat avec la gendarmerie, y diffusait les premiers «points routes», précurseurs du sympathique «Bison Futé».
Il faut maintenant suivre la D606 (la R.N.5 historique de 1959) jusqu’au carrefour du Petit-Fossard et obliquer à gauche vers le centre-ville de Montereau-Fault-Yonne. La route n°51 y reprend, au niveau du faubourg Saint-Maurice, entre les ponts de l’Yonne et de la Seine. Devant tant d’eau, l’endroit ne manque pas de majesté… D’autant que l’histoire s’en mêle: c’est là, le 10 septembre 1419, que Jean sans Peur, duc de Bourgogne, est assassiné lors d'une entrevue sous tension avec le dauphin, le futur Charles VII. Un acte qui poussera encore plus le duché de Bourgogne à faire alliance avec les Anglais (traité de Troyes, ratifié le 21 mai 1420). Napoléon Ier y a aussi remporté l’une de ses dernières victoires en février 1814 (d’où la statue équestre). C’est beaucoup plus pacifiquement que la R.N.51 de 1959 s’enfonce dans la rue Grande-Saint-Maurice. On laisse à notre droite les quelques restes du donjon construit vers 1020 par le comte Raynard pour surveiller et certainement «rançonner» les marchands qui descendent la Seine et l’Yonne vers Paris. Le déclassement de 1973 re-numérotera curieusement la route nationale en départementale 411 dans l’ensemble de la Seine-et-Marne. Aussi, nous voici, roulant, en direction de Nogent-sur-Seine sur une chaussée départementale, la «route de Bray», ayant perdu tout souvenir de l’historique R.N.51… Dommage! Ici, jusque vers Bray-sur-Seine, il n’y a plus de mention de l’itinéraire sur la carte de Cassini, le dessin n’est visible que sur la carte d’état-major du XIXe (1820-1866) publiée par le site de l’IGN. Nous surplombons légèrement la vallée de la Seine, invisible malgré tout derrière son rideau d’arbres… Marolles-sur-Seine est contournée depuis mai 1992 (Wikisara), nous frôlons La Tombe, puis Balloy et Bazoches-lès-Bray (contournée en 1985)… Au niveau du lieu-dit la Croix de Saint-Marc, on oblique sur la D2411, la «route de Montereau», pour accéder au centre de Bray-sur-Seine, aujourd’hui également contourné. Au centre-ville, il faut suivre un temps la «route de Sens» puis tourner à droite sur les rues des Fossés-de-la-Tour puis des Taupins et enfin sortir de la zone habitée avec l’avenue de la Libération. Victor Hugo, notre cher grand voyageur, aurait séjourné à l’auberge de l’Ecu de Bray-sur-Seine, le 28 juillet 1835, sur laquelle il a écrit ces vers avec sa verve habituelle: «Au diable, auberge immonde, hôtel de la punaise, où la cuisine pue, où l’on dort mal à l’aise, où la peau le matin se couvre de rougeurs, où l’on entend chanter les commis voyageurs...». Diable! Quelques mots sur l’histoire des lieux: Bray-sur-Seine est citée pour la première fois «en 958 dans une charte de Lothaire qui confirme l’appartenance du domaine à Bouchard 1er de Montmorency, qui y fait dresser une grosse tour féodale», écrit le site bray-sur-seine.fr. Qui indique aussi que les comtes de Champagne possèdent cette seigneurie jusqu’en 1234, date à laquelle le roi de France s'en empare. A noter que c'est «dans l'ancienne mairie de ce bourg qu'a été élaboré le plan de bataille victorieux de la Marne le 4 septembre 1914 par le général Franchet d’Esperey», raconte aussi le site municipal.
Sitôt quitté Bray-sur-Seine, voilà que l’on passe non loin du village de Jaulnes, habité et fortifié dès l’Antiquité. Y passait la voie romaine dite aujourd’hui «du Perré» en provenance de Sens et à destination de La Ferté-sous-Jouarre. A l'époque de Charlemagne, Bray était donc «sous la dépendance de Jaulnes», écrit Wikipédia. En 841, raconte encore l’encyclopédie en ligne, «les petits-fils de Charlemagne, Lothaire d'un côté, et ses frères Louis le Germanique et Charles le Chauve de l'autre, se sont affrontés au sujet de la succession. Les combats ont eu lieu à Jaulnes, qui a subi d'importants dégâts». La route, de nouveau dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN, prend la direction de Nogent-sur-Seine. En 1836, l'Histoire topographique, politique, physique et statistique du département de Seine-et-Marne de Félix Pascal signale ici le passage de «la route royale d'Orléans à Mézières, qui longe la rive gauche de la Seine». Des travaux sur la route n°51 «sont en cours d'exécution entre la limite de l'Aube et Bray-sur-Seine» indique de son côté la Situation des travaux au 31 décembre 1842. De fait, le trait sur la carte de Cassini est nettement plus sinueux que l’actuelle ligne droite visible vers le lieu-dit des Hauts-Fossés peu avant le château de Toussacq. Juste après Villiers-sur-Seine, où l’on s’approche d’une boucle de la Seine, la R.N.51 historique passe dans l’Aube en franchissant l’Orvin. On passe au numéro D951. Tout de suite, nous arrivons au niveau du flamboyant château de la Motte-Tilly (construit à partir de 1754), bien visible à gauche de la chaussée. Nogent-sur-Seine n’est plus qu’à six kilomètres. Connue depuis l'époque gallo-romaine, la petite cité où l’on croise aujourd’hui la R.N.19 historique est rattachée en tant que commune au comté de Champagne au XIIe siècle. De ce fait, la cité profite de l’essor des foires de Champagne. Souvent ravagée par les incendies au fil des âges (1442, 1550, 1814…), la cité était le point de départ de la Seine navigable; un coche d’eau la reliait à Paris. En 1842, le Guide pittoresque, portatif et complet, du voyageur en France, écrivait ainsi sur la ville de Nogent-sur-Seine: «Jolie petite ville. Nogent est une petite ville propre, bien bâtie et généralement bien percée; la partie principale occupe la rive gauche de la Seine. Du côté de Paris, cette ville se présente agréablement avec ses maisons gracieuses, ses jardins et ses belles plantations qui bordent la rivière».
Arrivée au faubourg Bechereau, la R.N.51 de 1959 s’oriente vers les ponts sur la Seine par la rue François-Bachimont. Après la traversée du fleuve, on quitte la R.N.19 historique pour se rendre, à droite, en direction du Port-Saint-Nicolas par l’avenue Beauregard puis par la D951A, dite la «route des vingt-et-un ponts» qui achève la traversée du val de Seine. Celle-ci a fait partie «jusqu’en 1743» de la chaussée de Nogent à Provins, dit l’Inventaire-sommaire des archives départementales de l'Aube antérieures à 1790. Conservée pour la liaison avec une douzaine de village, elle fait maintenant partie de la route impériale n°51, écrit encore cet ouvrage. Puis, en 1874, Wikisara évoque «l’élargissement des ponts» sur la section entre «la Saulsotte et Nogent». Reste que, avec tous ces ouvrages de pierre «perdus» au milieu des bois, cette portion de la route n°51 est l’une des plus intéressante du voyage… Au sortir de Port-Saint-Nicolas, une chaussée plus large nous emmène vers la Saulsotte à sept kilomètres au nord. La carte de Cassini (XVIIIe) montre une voie en direction de Villenauxe-la-Grande; celle-ci semble passer sur la gauche de Montpothier (Montlepotiers) alors que la route du XIXe trace au plus court au travers du bois de la Saulsotte. On entre dans Villenauxe-la-Grande par la rue du Pont-du-Roi. Les hommes s’installent très tôt sur le bords de la Noxe, en lisière de forêt; l’habitat premier, c’est Dival, découvre-t-on dans l’ouvrage Villenauxe-la-Grande et ses environs. Mais, au XIIe siècle, des moines augustins défrichent plus au sud un terrain marécageux donné par le comte de Champagne. Villenauxe se développe si bien qu’au XVIe siècle, «François Ier autorise la cité (désormais réunie à Dival) à construire des fortifications», note encore l’ouvrage réalisé par l’association Archéonoxe. Fossés et fortifications disparaissent aux XIXe et XXe siècles. A l’emplacement des murs, dit Villenauxe-la-Grande et ses environs, «on crée des promenades ombragées de tilleuls dont le charme est toujours apprécié de nos jours». Vers 1850, raconte le site villenauxelagrande.fr, «se développe une nouvelle activité qui allait prendre le relais de l’activité viticole déclinante: celle de la fabrication de céramique». Et, en même temps que s’ouvrait cette activité nouvelle, on découvrait à Villenauxe, des filons d’argile propre à la fabrication de la faïence. Ils furent d'abord exploités artisanalement, mais, l’ouverture de la ligne de chemin de fer de Dijon à Amiens en 1883 et la construction de la gare de Villenauxe, ouvrirent de nouveaux débouchés pour cette matière première et incitèrent à l’exploiter industriellement. «Les emplois de mineurs extrayant l’argile dans les galeries souterraines allaient ainsi se multiplier, pour atteindre l’effectif de 150 environ dans les années 1950», précise le site municipal. Le drame, cependant, est intervenu le 13 juin 1940: l’aviation allemande chassant les troupes françaises, a fait disparaître ce jour-là en un instant sous ses bombes l'ensemble du centre historique de la ville. Et si les maisons sont reconstruites en «bandes rectilignes le long de rues larges et claires», Villenauxe-la-Grande a perdu beaucoup de son âme... Après la Deuxième Guerre mondiale, le classement du terroir en appellation champagne amorça cependant la renaissance de Villenauxe. Dans les années 1970, on vit les coteaux se couvrir à nouveau de la vigne qui avait disparu depuis tant d'années...
On quitte Villenauxe-la-Grande par l’avenue de la Gare (qui n’est plus) et la «route de Sézanne». Il reste vingt-deux kilomètres à parcourir jusqu’au terme de notre première étape sur la route nationale 51 historique. Autour de Villenauxe, l’Annuaire administratif du département de l'Aube (1833) précise que la voie de Mézières à Orléans est «une assez bonne route»… Mais les chaussées ne se sont pas faites comme cela sous l'Ancien régime! On lit dans l’Inventaire-sommaire des archives départementales de l'Aube antérieures à 1790, pour la période 1771-1789, que des avertissements ont été «signifiés à des habitants de Villenauxe qui font partie de l'atelier de La Saulsotte et qui sont réfractaires aux corvées»... Après une rude montée, on entre dans le département de la Marne. Ici, la chaussée n’est pas dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe). Le site de la ville de Sézanne (ville-sezanne.fr) expose une carte de 1770 levée par le sieur Morla «pour servir au projet de la route de Sézanne à Nogent-sur-Seine». On peut imaginer que les travaux se sont prolongés jusqu’au XIXe siècle puisque la carte d’état-major de cette époque (1820-1866) publiée par l’IGN montre une lacune au niveau de la forte descente du bois de la Cense. Le tracé ne reprend qu’après Barbonne-Fayel jusqu’au carrefour de la ferme de Retortat où l’on retrouve une chaussée venant de Troyes. Pour poursuivre vers Epernay, il n’est d’ailleurs plus nécessaire en 1959 de pénétrer dans Sézanne. Un contournement réalisé depuis le début des années cinquante permet d’éviter les petites ruelles médiévales… Dommage, car on y trouve quelques Michelin!! Voilà une histoire à suivre… (deuxième partie) Marc Verney, Sur ma route, août 2024
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