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surma-route.net
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Ce
sont les Romains qui ont laissé sur notre sol les plus anciennes traces
de signalisation routière. Ce sont les bornes milliaires, qui donnaient
au voyageur plusieurs indications essentielles sur les distances à parcourir
vers les cités alentours. Un exemple de borne
milliaire a été rebâti sur le site d'Alésia, non loin de Venarey-les-Laumes.
Au Moyen-Age, peu d'évolutions: le pèlerinage religieux de Saint-Jacques-de-Compostelle
fait exception; le fameux coquillage balisait la route des pèlerins jusqu'au
bout de la péninsule ibérique.
Dans une contribution très intéressante, Brigitte Cambon de Lavalette (La signalétique dans le réseau des déplacements routiers, histoire et fonction, actes INRETS n°73) indique que sous Sully et Richelieu, période de croissance économique, on commence à poser des indicateurs destinés aux conducteurs de malle poste. Ces mâts, de 2,20 m de haut donnaient la distance kilométrique entre les villes et les durées des parcours. Mais l'officialisation de la signalisation directionnelle arrive un peu plus tard: une ordonnance des Eaux et Forêts datant d'août 1669 prescrit de disposer des croix, des poteaux et des pyramides dans les sous-bois. Par ailleurs, bornage et classification des voies datent de 1769: un système de bornes a été alors mis en place sur tout le territoire par l'administration royale. Où est-on? Où va-t-on? Sous l'Empire en 1811, un décret va donner un numéro aux routes. Les itinéraires partent alors de Paris et sont numérotés dans le sens des aiguilles d'une montre. Un décret impérial de janvier 1813 va plus loin et demande la pose de bornes aux limites de chaque département. Une circulaire ministérielle d'avril 1835 demande de placer au bord des routes, aux intersections et aux entrées et sorties de villages des poteaux indicateurs portant, en blanc sur fond bleu, le nom du département, l'indication des villes et leur distance. En 1853, un nouveau décret impose le jalonnement des routes nationales par des bornes kilométriques en "pierre très dure du pays". Mais aucun de ces systèmes ne répondent concrètement à la révolution de l'automobile qui arrive au tournant du XXe siècle. Car, en plus de subir les inconvénients d'une chaussée peu adaptée à son véhicule, l'automobiliste est confronté, au cours de son voyage, au risque de se perdre... Des chiffres montrent qu'en 1899, seuls 480 panneaux indicateurs ont été installés sur les routes nationales... Une première réflexion est menée en 1911: l'Office national du tourisme recommande de faire pivoter les bornes et d'y inscrire le nom et la distance de la ville vers laquelle le voyageur se dirige tout en installant des plaques signalant les directions desservies par la route là où le besoin s'en faisait sentir. Des essais sont ainsi menés dès 1912 sur la route Paris-Trouville. Michelin s'impose Un deuxième système est proposé par André Michelin, qui lance, à l'occasion du Salon aéronautique de 1912 une pétition en faveur de la numérotation générale des routes. Pour lui, les voiries doivent avoir un nom, et que celui-ci soit reporté sur des cartes (Michelin, si possible..!) et tout le long de l'itinéraire. A la fin de la Première Guerre mondiale, durant laquelle la circulation automobile aura considérablement augmenté, une circulaire ministérielle (9 août 1919) fait obligation d'indiquer le nom de chaque localité française et qu'à chaque carrefour l'on trouve des indications signalant la première ville rencontrée sur le parcours ainsi que des mentions de distance et de désignation administrative de la voie. Quarante-cinq mille panneaux seront posés à partir de 1919 sur le réseau routier national avec l'assistance financière des industries de l'automobile (Dunlop, Peugeot, Citroën, Michelin...). A partir des années vingt à trente, c'est l'industriel Michelin qui va donc être en pointe sur le dossier de la signalisation routière. C'est à ce moment qu'il va réaliser ses premiers panneaux de localisation en lave émaillée sur béton armé. Ceux-ci peuvent porter de la publicité en faveur de l'organisme contributeur. En 1946, une instruction générale sur la signalisation routière annule toutes les instructions antérieures: homogénéité et cohérence sont désormais la priorité absolue des autorités. L’administration nationale refuse tout don pour la signalisation des routes. Michelin continue cependant sa production de panneaux en lave émaillée sur béton armé, mais sans aucune indication publicitaire. Produits en série, ces panneaux et ces bornes -très reconnaissables- vont équiper une grande partie des routes françaises. Aujourd'hui, des entreprises, comme les signaux Girod, situés le long de la route blanche, à Morez, proposent les panneaux routiers du XXIe siècle: plus efficaces... certes, mais beaucoup moins beaux... A vous de voir! Marc Verney (Note: je ne prétend pas à l'exhaustivité en ce domaine... si le lecteur trouve dans ce papier des inexactitudes ou des imprécisions, qu'il n'hésite pas à me le dire: marc.verney@laposte.net. Merci!) Sources: Brigitte Cambon de Lavalette (La signalétique dans le réseau des déplacements routiers, histoire et fonction, actes INRETS n°73); Marc Desportes (Paysages en mouvement, Gallimard, 2005); Route Nostalgie n°1 ("Les premiers panneaux de signalisation routière: Naissance", Marina Duhamel-Herz); Route Nostalgie n°11 ("Les panneaux Michelin par l'image, 5e partie", Philippe de Priester); Route Nostalgie n°12 ("Les plaques de signalisations directionnelles en fonte", Marina Duhamel-Herz). (Retour home) (commencer la balade N5) (voir d'autres vieux panneaux) (c'est quoi une nationale?) Un site de référence sur la signalisation Michelin. Le site de Philippe de Priester recense les derniers exemplaires des panneaux Michelin encore valides sur nos routes françaises. C'est du boulot!! Mais le résultat en vaut la peine... (lire) Rétro Tourisme Cette revue veut valoriser «l'art de vivre et de rouler à la française»... (lire) |