Colonne de signalisation située place de l'Etoile à Strasbourg (photo: MV, juin 2006).
Strasbourg, carrefour: la ville se trouve au confluent de plusieurs routes importantes... lorsque je reprend mon Atlas Michelin des grandes routes de France 1959, je vois que la capitale alsacienne, outre la N4, est le point de convergence de la N83 (Colmar, Belfort, Besançon, Lyon), de la N392 (Molsheim, Saint-Dié), de la N63 (Haguenau, Wissembourg), de la N68 (Bâle-Lauterbourg) sans oublier la B28 allemande qui, après le passage du Rhin à Kehl, continue la nationale 4 vers Freudenstadt, Tübingen.
Strasbourg, à voir: Strasbourg, capitale européenne depuis 1949 (Conseil européen) et siège du Parlement européen depuis 1992, est une cité qui se déguste à pied, lentement, au fil des petites ruelles qui sillonnent le centre, encerclé par l'Ill et le fossé du Faux-Rempart. A visiter: la cathédrale Notre-Dame et les rues alentours, la place du Marché-Gayot, la place Saint-Etienne, la rue des Juifs, la place Gutenberg, le palais Rohan, l'ancienne douane et le pont du Corbeau, la Petite-France et les Ponts-Couverts... A côté du centre: le quai St-Nicolas et le quartier de la Krutenau, la ville allemande près de la place de la République, le quartier des institutions européennes et le parc de l'Orangerie... Temps fort de la ville: le marché de Noël, du dernier weekend de novembre jusqu'à la fin décembre.

Site internet
de l'office du tourisme de la ville de Strasbourg (lire)

Belles routes de France...
STRASBOURG, LES CIGOGNES... EMOI!
J'ai un lien particulier avec la capitale alsacienne: je la considère comme l'une des plus belles villes de France... Moi, l'athée convaincu, j'éprouve une singulière émotion à la vue de la haute flèche de la cathédrale de grès rose et je ne rechigne pas à reprendre deux fois de la tarte flambée dans les winstubs de la vieille cité...

La vieille ville vue des hauteurs de la cathédrale (photo: Marc Verney, août 1986). En cliquant sur l'image vous allez au pont du Rhin.

Strasbourg, quelques mots d’histoire: La cité naît du labeur des Romains. C’est, tout d’abord, l’un des nombreux fortins implantés quelques années avant le premier millénaire le long du Rhin par l’empereur Auguste et Nero Claudius Drusus afin de surveiller les frontières de l’Empire. Plus tard, de 70 à 260 après J.C., Rome s’empare des Champs Décumates à l’est du Rhin. Argentoratum (Strasbourg) est alors un essentiel centre logistique au carrefour de plusieurs voies stratégiques, dont celle empruntant la vallée de la Kinzig (B33), menant au Danube et celle de Pforzheim vers Stuttgart. Vers la Gaule, une s’oriente en direction du Sud (Besançon puis Lyon) et l’autre vers Metz. Les terrains, marécageux, sont drainés. Les Romains, peuple industrieux, mènent également d’importants travaux de remblais. «Koenigshoffen, nous dit le site internet de Strasbourg, est le plus ancien quartier de la ville, il date de l'époque romaine. Entre le Ier et le IVe siècle, c'était le faubourg civil qui accompagnait le camp de la légion, situé à l'emplacement de l'actuel centre-ville. Il s'étendait le long de la voie dite Decumanus entre le camp et un important tumulus funéraire, le Hohberg. Ce quartier était constitué de tavernes et d'ateliers de charrons et de forgerons». La mention Strasbourg (Strate Burgum, ville des routes) fait son apparition au VIIe siècle. Une borne romaine de la chaussée de Saverne, nous dit l’Histoire des routes en Alsace, a été retrouvée dans le quartier de Koenigshoffen en 1986.

Les VIIIe et IXe siècles sont des moments prospères. La ville double sa population. En 842, la ville reçoit Charles le Chauve et Louis le Germanique; ceux-ci s’allient contre leur frère Lothaire pour le partage de l’Empire légué par Charlemagne. Ils prononcent le serment de Strasbourg, rédigé en langue romane (l’ancêtre du français) et en langue tudesque (l’ancêtre de l’allemand). Ce serment est le plus ancien document existant dans ces deux langues. Si, en 843, le traité de Verdun attribue Strasbourg à Lothaire, à sa mort, la ville revient à la Germanie. C’est de cette position aux confluence des cultures que la cité va souvent tirer un profit considérable… Ainsi, au XVe siècle, un certain Gutenberg vient s’établir à Strasbourg et y imagine l’invention qui va bouleverser le monde: l’imprimerie. En 1524, la cité adopte la Réforme et attribue les églises aux Protestants. Au XVIe siècle, la ville compte plus de 16 000 habitants, frappe monnaie et s’arroge le statut de Ville libre d’Empire.

A gauche, la magnifique cathédrale de Strasbourg. A droite, ancienne maison, place de Broglie, en face de la mairie de la ville (Photos: Marc Verney, octobre 1994 et juin 2006).

En 1618, c’est la Guerre de Trente Ans. La région est ravagée par les combats mais Strasbourg reste neutre. Néanmoins, à l’issue du conflit en 1648, l’Alsace revient à la France par le traité de Westphalie; la cité conserve son statut de Ville libre impériale mais est isolée. En septembre 1681, assiégée par les troupes de Louis XIV, Strasbourg capitule et devient française tout en conservant la plupart de ses avantages. La ville devient alors la capitale régionale, renforce ses défenses et son université attire de grands noms… En 1770, un jeune étudiant sujet au vertige se force à l’escalade de la cathédrale… c’est Goethe, qui y écrira des poèmes d’amour fou pour une jeune Alsacienne, Frédérique Brion…

Sous la Révolution, on raconte que la flèche de la cathédrale échappa à la destruction grâce à l’idée d’un Strasbourgeois qui recouvrit la pointe de l’édifice d’un immense bonnet phrygien à la gloire de la naissante République... L’époque napoléonienne inaugure pour Strasbourg et sa région un retour à la prospérité et au faste qui durera peu ou prou jusqu’à la guerre de 1870. Suite à la cuisante défaite française, l’Allemagne annexe l’Alsace et une partie de la Lorraine. La ville est gravement endommagée par les combats. De son côté, l’Allemagne veut faire de Strasbourg un symbole de sa nouvelle puissance. La ville est la capitale du Reichsland d’Alsace et de Lorraine. Un quartier allemand y naît: la bibliothèque et le palais universitaire, la gare, la poste, le Parlement. La région revient à la France en 1918. Mais voilà déjà que la Deuxième Guerre mondiale s’annonce. L’occupation nazie est très dure. Les jeunes Alsaciens sont envoyés nombreux sur le front russe, ce sont les malgré-nous. La ville est libérée le 23 novembre 1944 par les chars de la 2e DB. En 2013, le Parlement européen est installé sur les bords de l’Ill à Strasbourg.

Routes et communications: en 1959, la R.N.4 entre dans Strasbourg au sud de la gare centrale par la rue de Wasselonne. Il s’agit de l’itinéraire historique (route des Romains puis voie impériale au début du XIXe siècle). C’est aujourd’hui la départementale 45. Le trafic s’en détourne désormais puisqu’il est plus aisé (depuis 1972) de parvenir au centre de la ville par l’A351. De son côté, en octobre 1744, Louis XV entre dans la ville par la rue du Faubourg-de-Saverne, une large artère rectiligne par où passait, à l’époque, la chaussée de Paris qui arrivait alors par Oberhausbergen (D41 auj.) et le Kochersberg. Il faut attendre, nous dit l’Histoire de Strasbourg, «l’arrêt du conseil du 22 août 1776 pour que la ville soit éclairée pendant l’hiver»…

Sources et documents: carte-guide Michelin n°302 Les belles routes de France de Paris à l’Alsace et à la Lorraine (1953-54); Guide Vert Vosges-Alsace, Michelin (1950-1951); Histoire des routes en Alsace, Jean Braun, Presses universitaires de Strasbourg (1987); Histoire de Strasbourg, Georges Livet, Francis Rapp, Privat- Dernières Nouvelles d'Alsace (1987); Strasbourg, panorama monumental, G. Foessel, J.P. Klein, J.D. Ludmann, J.L. Faure, Mémoire d’Alsace (2003); alsace-passion.com; strasbourg.eu; Wikipédia.


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