Panneau Michelin situé à Recey-sur-Ource (photo: MV, juillet 2021).
Le nord de la Côte-d'Or nous révèle d'anciens circuits touristiques comme cet étrange «circuit des Crêtes» à Bure-les-Templiers (photo: Marc Verney, juillet 2021).
AUX LECTEURS: les textes, photos et dessins de ce site sont soumis au droit d'auteur. Pour toute autre utilisation, contacter l'auteur de Sur ma route. Merci de votre compréhension...
Indication touristique vers Grancey-le-Château (photo: MV, juillet 2021).
En direction d'Is-sur-Tille (photo: MV, juillet 2021).
SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°65 Auxerre-Dijon, Michelin (1949); carte n°66 Dijon-Mulhouse, Michelin (1947); Bulletin des lois de la république française, tome Xe, Imprimerie impériale (1853); Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, A. Rousset, A. Robert, imprimeur et lithographe (1857); Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, A. Rousset, en ligne sur le site cegfc.net (1854); Documents statistiques sur les routes et ponts, Ministère des travaux publics, Imprimerie Nationale (1873); Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 (Côte-d'Or), M. J. Garnier, imprimerie Darantière (1890); Itinéraire complet de la France (tome second), par M.L.D.M., chez Louette, libraire (1788); Itinéraire général de la France, Jura et Alpes françaises, Adolphe Joanne, librairie Hachette (1877); «Légionnaires romains chez les Lingons: la VIIIe Avgvsta à Mirebeau (Côte-d’Or)», René Goguey, Revue archéologique de l’Est (2008); «Mirebeau-sur-Bèze: ils racontent la Libération», Bricette Bollotte, Le Bien Public (11 septembre 2018); «Pontailler-sur-Saône–Lits mineur et majeur de la Saône», Annie Dumont, Philippe Moyat, Ronan Steinmann et Rémy Grebot, Archéologie de la France (Bourgogne-Franche-Comté), (en ligne le 26 décembre 2020); beze.fr; bourgognemedievale.com; cotedor.fr; is-sur-tille.fr; jura-nord.com; mairie-vitreux.fr; monumentum.fr; Wikisara; Wikipédia; Géoportail (IGN).
VILLES ET VILLAGES traversés par la R.N.459 historique (1959), en italique, les anciennes RN principales croisées:
Recey-s-Ource (N428, N454)
Bure-les-Templiers
Beneuvre
Neuvelle-lès-Grancey
Grancey-le-Château
Marey-sur-Tille
Villey-sur-Tille
Is-sur-Tille
Marcilly
Til-Châtel (N74)
Lux
Bèze (N460)
Mirebeau-sur-Bèze (N70)
Pont-Bernard
Pontailler-s-Saône (N461, N476)
Cléry
Dammartin (N475)
Montrambert
Thervay
Ougney
Vitreux
Pagney
Jallerange
Courchapon
Burgille
Cordiron
Recologne (N67)
A VOIR, A FAIRE
Recey-sur-Ource: promenades dans la grande forêt de Châtillon; non loin, l’abbaye cistercienne du Val-des-Choues.
Bure-les-Templiers: une des premières commanderies templières de France.
Grancey-le-Château: à voir, les remparts, la porte fortifiée, la collégiale du XIIIe et l’église du XVe. Au sud, le joli village de Salives (donjon).
Is-sur-Tille: promenade sur l’esplanade des Capucins.
Lux: promenades en forêt de Velours, sur les bords de la Tille et aux pertes de la Venelle.
Bèze: les grottes et la rivière souterraine (promenade en barque). Le village abritait une célèbre abbaye (reste de nombreux bâtiments anciens).
Mirebeau: le Mirabellum, centre d'interprétation du camp de la VIIIe Légion.
Pontailler-sur-Saône: son port de plaisance, les balades au bord de l’eau, pêche et activités nautiques.
Pesmes: ne se situe pas exactement sur la R.N.459 historique (3 km au nord-est). Cette ancienne place-forte franc-comtoise sur la route de Gray à Dole conserve un riche patrimoine: vestiges du château, église Saint-Hilaire des XIIIe et XVIe siècles, portes de la ville, rivière Ognon. Une halte de caractère.
Ougney: à 2,5 km au nord, l’abbaye d’Acey.
Burgille: au nord, la cité comtoise de Marnay.
On roule en direction de Pontailler-sur-Saône (photo: MV, juillet 2021).
AUTRES RESSOURCES sur la R.N.459 historique:
La page Wikisara
L'encyclopédie en ligne Wikipédia


Jolies routes de Bourgogne-Franche-Comté
R.N.459: LA VOIE NATURELLE
Pour ce mois de septembre 2022, le site Sur ma route s’en retourne en direction des montagnes du Jura en empruntant l’ancienne R.N.459 qui relie Recey-sur-Ource (Côte-d’Or) à Recologne (Doubs), village situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Besançon. On circule là sur un axe essentiellement champêtre, aux origines antiques, qui ne relie pas de bien grandes agglomérations et qui a été créé en 1933 par l’addition de nombreux chemins de grande communication… Ce qui multiplie notre plaisir à aller et venir sur un bitume tranquille, en laissant de côté l’animation souvent vaine des grands centres urbains. Réalisé à l’aube de l’été 2021, ce voyage nous fait rejoindre de petits bourgs au charme discret, Is-sur-Tille, Mirebeau-sur-Bèze, Pontailler-sur-Saône… où l’on laisse de côté le stress des voies rapides et l’ennui des multivoies à péage!

La R.N.459 historique vers Grancey-le-Château (photo: Marc Verney, juillet 2021). En cliquant sur l'image vous revenez à l'index général.

Notre chemin, aujourd’hui numéroté D959, débute à Recey-sur-Ource au croisement des routes de Langres (R.N.428 historique) et de Dijon (R.N.459 historique) qui remonte le val d’Arce en direction de Bure-les-Templiers. Le village de Recey-sur-Ource, écrit Adolphe Joanne dans l'Itinéraire général de la France, Jura et Alpes françaises, «était entouré de murs au XVe siècle dont il reste des vestiges, et possédait un château sur l'emplacement duquel on a établi une promenade publique appelée la Carrière». Sur la hauteur qui domine le confluent de l'Arce et de l'Ource, «se voit, dans les taillis, un oppidum gaulois long de 108 mètres sur 70 et entouré de remparts en pierres sèches» lit-on encore dans ce livre de 1877. L’Itinéraire complet de la France de 1788 évoque clairement le «passage» de l’Ource en direction de Bure-les-Templiers. Les cartes de Cassini (XVIIIe) et d’état-major (XIXe) publiées par l’IGN ne montrent cependant pas de route correctement tracée. On en conclut qu’il ne sera là question que d’un chemin même si l’on découvre qu’un pont sur l’Ource pourrait avoir été construit dès 1738 (Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 de la Côte-d'Or). D’autres archives mentionnent également la date de 1856 pour ce pont (une réparation?). Le village a vu le passage, entre 1882 et 1969 de la ligne de chemin de fer de Troyes à Gray (reste la gare). Particularité contemporaine du village de Recey: l’existence de vieux panneaux Michelin indiquant «Dijon» au cœur du bourg et d’une plaque –très abîmée- de la R.N.459. On se rappellera aussi que c’est à Recey que s’achève la R.N.454 historique, peut-être la seule route nationale de France restée à l’état de chemin forestier!!

R.N.454: L'ECHAPPEE BUCOLIQUE
La RN454 de 1959 relie Cussy-les-Forges à Recey-sur-Ource dans un inoubliable délice de balade champêtre. Et avec un incroyable terminal forestier...(lire)

Ancienne station-service dans le village de Recey-sur-Ource et plaque de la gare (photo: Marc Verney, juillet 2021).
Réparation virtuelle de la plaque Michelin de la R.N.459 (photo: Marc Verney, juillet 2021).

A 7 kilomètres, le village de Bure-les-Templiers abrite les ruines de la plus ancienne commanderie templière de Bourgogne, «sans doute fondée après 1120, mais documentée à partir de 1133», nous signale le site bourgognemedievale.com. De ce village vers Grancey-le-Château, la carte d’état-major du XIXe publiée par le Géoportail de l’IGN montre un double trait noir preuve de l’existence d’une chaussée. On passe le village de Beneuvre où la route vire en direction de Grancey-le-Château, passant au pied du Mont-Aigu (492 m) et non loin de la source de l’Ource. Ici, «le col que constitue la ligne de partage des eaux entre le Mont-Aigu et le mont de la Forêt-Brévenois était le point de croisement des voies romaines d'Andematunnum (Langres) à Alesia (Alise-Sainte-Reine) orientée est-ouest et Mirebellum (Mirebeau-sur-Bèze) à Vertillum (Vertault) ou Latiscum (près de Vix) nord-sud», voit-on dans l'encyclopédie en ligne Wikipédia à la page de Beneuvre. Un peu plus loin, on croise le site de l’ancienne ligne de chemin de fer de Troyes à Gray et son embranchement vers Langres. Grancey-le-Château, contourné par la «route de Dijon», a eu une histoire mouvementée en raison de sa situation, entre duché de Bourgogne et royaume de France… La place et son château, qui penchaient plutôt en faveur du roi, furent assiégés plusieurs fois. En mai 1434, «Grancey ouvre ses portes aux Bourguignons. Le duché de Bourgogne demande alors le démantèlement de la place forte: le donjon, les remparts du château et du village sont arasés et ne seront jamais reconstruits», écrit Wikipédia. Aujourd’hui, reste à Grancey un édifice du XVIIe siècle «situé sur la pointe sud d'un éperon barré séparé au nord du bourg castral par un puissant fossé» (Wikipédia).

Sortie de Recey-sur-Ource (photo: Marc Verney, juillet 2021).
Ancienne borne de pierre visible aux alentours de Bure-les-Templiers. De semblables indications parsèment (ou parsemaient) les paysages de Côte-d'Or. Ici, on peut décrypter la mention «route départementale »(photo: Marc Verney, juillet 2021).

Au sud de Grancey, on trouve le hameau du Pavillon où l’on se rendait jadis pour emprunter les trains de la ligne de Troyes à Gray. Cette ancienne ligne va d’ailleurs côtoyer la R.N.459 historique jusqu’à Mirebeau-sur-Bèze. La route se glisse maintenant dans la vallée de la Tille. A Marey, on a exploité le minerai de fer «depuis très longtemps» (forges). L'historien Courtépée écrivait d'ailleurs que c'était «le fer le plus pur de France», signale Wikipédia. L’actuel pont de trois arches en pierre qui franchit la Tille a été réalisé vers 1815, écrivent les Documents statistiques sur les routes et ponts de 1873. Plus loin, passé Villey-sur-Tille, la route s’oriente vers Is-sur-Tille. On note, après la ferme Valbertier, le nouveau tracé de la R.N.459, qui passe plus au large du bois. On entre dans Is-sur-Tille par la rue Pasteur. Peu avant d’accéder au centre-bourg, on franchit l’Ignon sur un pont bâti au XVe siècle (Documents statistiques sur les routes et ponts). La petite cité, ville frontière entre Bourgogne et Champagne, a connu, écrit is-sur-tille.fr, «au Moyen âge une succession de périodes de prospérité, d’invasions et de pillages avant de devenir un centre important de la foi protestante jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes». Le XXe siècle, poursuit le site municipal, «a été marqué par l’implantation d’une gare de triage qui apporta une forte communauté de cheminots, et d’un vaste camp logistique américain pendant la Première Guerre mondiale». Pour aller en direction de Marcilly, la route emprunte la rue Jean-Jaurès et l’avenue Carnot. A Marcilly, notre chemin croise la ligne de Dijon-Ville à Is-sur-Tille, électrifiée en 1964.
Le prochain bourg croisé est celui de Til-Châtel. Le bourg, à 25 km de Dijon, «dont le territoire est fertile en vins excellents, contient beaucoup de mines de fer. Il a deux forges et un martinet pour le fer demi-fin», écrivait en 1816 l'Itinéraire du Royaume de France. Dans l’Antiquité, l’endroit a très certainement été une station routière qui a donné naissance à une agglomération gallo-romaine établie aux abords de la voie Lyon-Trèves (Wikipédia). On traverse la petite bourgade par les rues de la Barrière et des Pieds-ferrés… puis, passé le moderne rond-point de la R.N.74 historique (D974), c’est la «route de Lux»

R.N.74: DE L'EAU DANS LE VIN...
En 1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy, Langres, Dijon, Beaune... (lire)

Dans le village de Romprey (photo: Marc Verney, juillet 2021).
Le pont de Marey-sur-Tille (photo: Marc Verney, juillet 2021).

Dans ce village, situé à 3,5 km de Til-Châtel, se trouve un château qui a accueilli Henri IV, en juin 1595, à la veille de la bataille de Fontaine-Française face aux Ligueurs. Après avoir traversé la forêt de Velours, voilà Bèze, où notre route croise la R.N.460 historique, la route de Dijon à Epinal. Ici, on remarque sur le site de l’IGN que la «route de Pontailler», dessinée sur la carte d’état-major du XIXe siècle, n’apparaît pas sur celle de Cassini (XVIIIe). Dans l’Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 (Côte-d'Or) on observe que le tracé de la chaussée entre Bèze et Pontailler a été «approuvé par les élus» entre 1777 et 1781. Le gros village de Bèze devait déjà exister sous l’Antiquité, dit son site municipal beze.fr: «Des pièces romaines des IIe et IIIe siècles, découvertes dans le bourg en 1850, attestent aussi de son existence à l'époque gallo-romaine». Il faut dire que Bèze s'est construit près de la résurgence de la rivière du même nom, l'une des plus importantes de France après la fontaine de Vaucluse (il y a même une rivière souterraine, accessible aux touristes depuis 1971). L’époque gallo-romaine étant friande d’eau… nul doute que cette source abondante a dû intéresser les citoyens de ce temps-là! Charmé par la beauté du site, le duc de Bourgogne Amalgaire, visitant en 630 les terres offertes par le roi Dagobert Ier, décide d'y fonder une abbaye, relate aussi le site beze.fr. Détruite de nombreuses fois, elle contribuera cependant à la richesse de la région jusqu'à la Révolution française. «Vendue comme bien national, son église sera incendiée et son cloître détruit par son premier acheteur», écrit encore le site municipal. Au XVIIIe siècle, vers 1730, poursuit beze.fr, «d'importants travaux de rénovation de l'abbaye conduisent les moines à ouvrir en carrière le banc de roche qui surplombe la source et la rivière. Les carriers s'installent et découpent le roc à pic au-dessus de l'eau. On entaille, on perfore et tous les débris roulent jusque dans la rivière». Heureusement, en 1846, la municipalité, consciente du caractère unique de la source, décide d'interrompre l'exploitation de la carrière. Une promenade ombragée est construite jusqu'aux premières maisons de Bèze.

R.N.460: VOSGES SUR SAONE
En 1959, la R.N.460 relie Dijon à Epinal en passant par Champlitte, Bourbonne-les-Bains et Darney, soit 170 kilomètres d’une belle chaussée ondulante (lire)

Le pont sur l'Ignon à Is-sur-Tille (photo: Marc Verney, juillet 2021).
Sortie de Lux (photo: Marc Verney, juillet 2021).

On quitte le village par la rue de la Porte-de-Bessey. Après avoir longé le bois de la Tour et l’étang de Noiron, on laisse –sur notre gauche- le site du village de Noiron-sur-Bèze. Là encore, on retrouve des traces du passé industriel de cette région: un haut fourneau y a fonctionné de 1829 à 1858, il a produit jusqu’à 1000 tonnes de fonte. Après de longues lignes droites épousant le relief des collines, voilà Mirebeau-sur-Bèze. On y pénètre par la Grande-Rue. L’origine antique de l’agglomération ne fait plus de doutes depuis une campagne de photo aérienne menée vers 1964 avec l’appui des Mirage IIIR de l’armée de l’air… On trouvait là le camp de la VIIIe légion, implantée en 70 avant son déplacement vers Strasbourg, une quinzaine d’années plus tard, raconte l’historien René Goguey. La petite cité fut, au Moyen Age, une importante place-forte, assiégée en 1015 par Robert II le Pieux lorsque ce roi essaya sans succès de conquérir le Dijonnais. La région se trouve au XIIe siècle sous l’influence du duché de Bourgogne; plus tard sous l’Ancien Régime, la ville est, en 1636, sous la pression des troupes impériales: malgré un succès initial, les soldats du Saint-Empire rasent les maisons de Mirebeau. La Bèze y est traversée sur un pont de 1783 (Documents statistiques sur les routes et ponts). On prend la direction de Pontailler-sur-Saône par la rue du 11-Septembre (date de la libération de la cité en 1944).

R.N.70: AU GRAY DE LA SAONE!
Entre Bourgogne et Franche-Comté, la route n°70 traverse Dijon, capitale des grands duc d'Occident. Un voyage dans l'histoire. (lire)

Entrée du village de Bèze (photo: Marc Verney, juillet 2021).
Le pont sur la Saône à Pontailler (photo: Marc Verney, juillet 2021).

On parcourt treize kilomètres avant d’arriver à Pontailler. La route nationale n°459 historique longe de vastes champs cultivés; l’œil se perd un peu dans ces étendues de blé… Mais voilà que se profile la traversée de la Saône, une des plus grosses rivières françaises… «Le développement de Pontailler à l’époque romaine est probablement dû à sa position stratégique», lit-on dans un article supervisé par Annie Dumont, «Pontailler-sur-Saône, lits mineur et majeur de la Saône» et publié en ligne par Archéologie de la France. On y découvre qu'il s'agit d'un lieu où «un point haut, le mont Ardoux (233 m), domine la Saône au croisement de l’axe fluvial avec une voie terrestre qui reliait Besançon à Langres en passant par le site de Mirebeau, importante agglomération civile et militaire». Les auteurs de cet article précisent qu'un pont romain est mentionné dès le XIXe siècle, et trois gués potentiels sont signalés, un sur la Vieille Saône, et deux autres sur le grand chenal. Par ailleurs, et toujours selon l'article «Pontailler-sur-Saône, lits mineur et majeur de la Saône», il existe de nombreuses mentions de ponts dans les archives d’époque moderne. Ainsi, un terrier de la châtellenie de Pontailler, daté de 1590, décrit six ponts à la fin du XVIe siècle, en précisant leur nom ainsi que le matériau employé pour leur construction. Près de 150 ans plus tard, l’Atlas des routes de la province de Bourgogne, daté de 1759, montre également six ponts établis d’ouest en est. Le bourg historique de Pontailler est construit sur une île formée par la Saône et la Vieille-Saône reliées l'une à l'autre au sud; au nord, le lit principal donne dans le canal Saint-Eloi. Mais, au début du XIXe siècle, l’état des ouvrages est tel qu’il faut mettre en service des bacs sur la rivière. Ce n’est qu’en 1815 qu’un ouvrage avec tablier en bois est jeté par dessus la Saône. Il y a peu d’informations disponibles en ligne sur la traversée de la Saône au XIXe siècle. On remarque juste ces cartes portales du début du XXe siècle montrant un pont métallique porté par des piles de pierre. Le pont actuel sur le bras principal de la Saône, nos dit le site cotedor.fr, a été «mis en service en juillet 1953. C’est un ouvrage composé de quatre poutres métalliques supportant une dalle en béton armé. Il a été reconstruit en remplacement d’un ouvrage métallique détruit en septembre 1944».

Entrée dans le département du Jura (photo: Marc Verney, juillet 2021).

La route nous emmène désormais en direction de Cléry, village positionné aux limites de la Côte-d’Or et du Jura. On remarque cette mention, sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par l’IGN, de «chemin projetté». A noter que cette voie arrive aux portes de Pesmes par Mutigney. «Une grande voie romaine traversait, écrit A. Rousset dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, le territoire de Mutigney, dans le lieu-dit sur le Chemin Ferré, mais elle se dirigeait de Besançon à Pontailler pour se continuer sur Dijon et Alise. Il n'a été trouvé jusqu'à présent aucune trace d'habitation sur ses bords. On a reconnu seulement la place qu'y occupait une borne milliaire, dans l'endroit appelé à la Pierre». La «route de Besançon» du XIXe (celle d’aujourd’hui aussi) allait, bien plus tard, croiser les chaussées d’Auxonne et de Dole un peu au nord de la commune de Dammartin. Plus loin, la D459 effleure l’Ognon à côté de Montrambert, où se trouve un château, dominant la rivière. Mentionnée dès 1260, signale le site monumentum.fr, cette bâtisse «fait partie d'une série de petites forteresses édifiées au Moyen Age dans la vallée de l'Ognon. Le corps de logis a été en partie construit au XVIe siècle». Voilà maintenant Thervay. La route de Besançon y est bien dessinée sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle. Non loin de ce village, se trouve le château de Balançon, «bâti au XIIIe siècle par les sire de Thervay pour contrôler le pont de la rivière et le carrefour des routes vers Salins et la Saône»; il était, au Moyen Age, «l’un des plus imposants du comté de Bourgogne», raconte le site jura-nord.com. La R.N.459 historique s’en va vers Ougney. Là encore se trouvait une autre fortification qui gardait une mince ligne de crêtes –incluant le massif granitique de la Serre- entre Dole et Besançon (ougney.fr). Au milieu du XIXe siècle, la région vit au rythme de l’exploitation du minerai de fer aux forges de Fraisans. D’abord acheminé par charroi routier, le minerai est ensuite transporté par voie ferrée sur la ligne d’Ougney à la Barre (vers Dampierre). Les mines ferment en 1922 et le trafic ferroviaire cessera dans les années cinquante sur cette ligne. Au nord de la localité, se trouve l’abbaye d’Acey, fondée en 1136.

En direction de Besançon (photo: Marc Verney, juillet 2021).

Dès lors, de nombreux villages vont se succéder jusqu’à Recologne, notre but. Voici tout d’abord Vitreux, née de la «voie romaine de Dijon à Besançon» (mairie-vitreux.fr). Là, «en coupant le terrain afin d'élargir et d'abaisser la grande route dans la traversée de ce village, les ouvriers ont ramené à la lumière un stratum en ciment romain», dit A. Rousset dans le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté de 1857. Pagney est la dernière localité jurassienne traversée… On atteint par la suite Jallerange, dans le Doubs Puis Courchapon. Ici, les travaux d’infrastructures liés au TV Rhin-Rhône ont profondément modifié l’organisation des voiries. Une nouvelle D459 «monte» au nord en direction de Marnay et du contournement de ce bourg par la D67. Alors que «notre» R.N.459 historique poursuit son chemin vers Burgille, Chazoy et Cordiron. Elle porte dorénavant le numéro D149. Dans le village de Chazoy, la route sera rectifiée (rue Principale) indique le Bulletin des lois de la république française d’avril 1853. Après Cordiron, la R.N.459 historique rejoint Recologne et la R.N.67 (D67) sur laquelle nous franchirons les dernières portions de goudron jusqu’à Besançon. Entre Recey-sur-Ource et son terminus, nous aurons parcouru un peu plus de 110 kilomètres.

Marc Verney, Sur ma route, août 2022

R.N.67: L'ABSINTHE NOUS FAIT CHOCOLAT!
C'est une route qui a le goût de l'histoire... et des bonnes choses!! Entre les foires de Champagne et les monts jurassiens, quelques centaines de kilomètres charmants et à avaler avec joie et passion... (lire)

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