Le
site Sur ma route fait aboutir à Lyon deux des nationales
historiques desservant les monts du Jura: l'axe N83, qui mène à
Strabourg et la nationale 84, une bien belle chaussée, qui desservait
Bellegarde et Genève. Mais Lyon, irriguée depuis la capitale française
par les célèbres N6 et N7 a constamment été un des carrefours majeurs
de cette partie de l'Europe...
Quelques mots d'histoire. Les premières traces de présence
humaine dans la région remontent à 40 000 ans. Mais c'est en 43
av. JC que le proconsul Munatius Plancus choisit d'installer sa
nouvelle colonie, Lugdunum, sur la colline de Fourvière.
Les colons, citoyens romains, sont originaires de Vienne. A cette
époque cohabitent deux cités: Lugdunum, sur la rive droite
de la Saône et Condate, installée sur la rive gauche, un
peu en amont du confluent Saône-Rhône. Vers 19 av. JC, Auguste procède
à d'importants travaux urbains qui améliorent l'accès des habitants
aux quatre grandes voies qui irriguent la Gaule: vers Boulogne (fameuse
voie Agrippa), vers Cologne, la "Narbonnaise" le long de
la vallée du Rhône, et vers Saintes par le Massif-Central. Il est
intéressant de savoir que c’est précisément à Lyon que l'on faisait
la transition entre milles romains et lieues gauloises. Ainsi, le
site internet Lyon historique nous indique que la ville est
mentionnée de cette manière: Lugdunum caput Galliarum usque hic
leugas ("Lyon, capitale des Gaules; jusque là (on mesure) en
lieues").
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A
gauche, vue générale du quartier de la Part-Dieu
depuis Fourvière. La tour est communément appelée
"crayon" par les Lyonnais. A droite, une curiosité
de la Croix-Rousse: le Gros-Caillou. Photos: Marc Verney, 1989. |
Après
bien des péripéties liées à la chute de l'Empire romain, Lyon
connaît un nouvel âge d'or à partir du XVIe siècle grâce à l'installation
de banquiers florentins et la tenue de quatre grandes foires annuelles.
La ville est ainsi une place bancaire de tout premier plan en Europe...
une position enviée qu'elle tiendra plus ou moins jusqu'au XIXe
siècle après l'intermède douloureux de la Révolution française qui
vit, en 1793, la cité perdre son nom pour cause de soutien à la
cause girondine. Entretemps, la ville se sera développée grâce à
l'impulsion donnée par Jean-Antoine Morand (assèchement des marais
environnants et construction d'un pont sur le Rhône) et Antoine-Michel
Perrache (extension de la presqu'île vers le sud, achevée en 1839).
Le Lyon moderne commence à se dessiner comme souvent dans
l'Hexagone au milieu du XIXe siècle, avec l'arrivée du chemin de
fer. La gare de Perrache, construite à partir de 1855 par l'architecte
Alexis Cendrier, va permettre de relier Lyon à Paris ou à Saint-Etienne...
La ville contemporaine s'affirme sous le mandat d'Edouard Herriot
avec de grands projets d'urbanisme menés notamment par Tony Garnier
(aménagement des Brotteaux, Grande-Halle, stade de Gerland...).
C'est sous l'égide du maire suivant, Louis Pradel, que Lyon, pour
le meilleur ou le pire, va s'ouvrir à l'automobile: tunnel de Fourvière,
aménagements autoroutiers divers, centre d'échanges de Perrache...
Voici maintenant ci-après de courtes évocations des principaux
ouvrages d'art de la ville.
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A
gauche, la basilique de Fourvière, vue depuis le bas
de la "colline qui prie". A droite, au parc de la
Tête-d'Or. Photos: Marc Verney, 1989. |
Le
premier périph' de France? Contournant Lyon par l'est, le boulevard
Laurent-Bonnevay (du nom de son initiateur, qui fut président socialiste
du conseil général du Rhône jusqu'en 1957) relie Gerland à Villeurbanne.
La première chaussée (une large plate-forme de 46 m) est construite
entre 1928 et 1934 sur l'implantation des anciennes fortifications
de la cité. Peu emprunté au début, il est amélioré peu à peu et
transformé en autoroute urbaine dans les années soixante et soixante-dix.
Le boulevard est désormais prolongé au nord par un tunnel payant
(inauguré en 1999) permettant aux automobilistes de rejoindre l'autoroute
A6.
Le tunnel de la Croix-Rousse et l'axe nord-sud. Inauguré
le 9 avril 1952 après plus de treize ans de travaux, le tunnel de
la Croix-Rousse (qui relie Vaise au quartier des Brotteaux) doit,
pour le maire de l'époque, Edouard Herriot, "maintenir la renommée
de plaque tournante des communications nationales et internationales,
de faciliter la circulation est-ouest de Lyon et de compléter l'axe
nord-sud". Long de 1752 m, le tunnel de la Croix-Rousse aurait
pu être un canal souterrain entre Saône et Rhône!! En effet, dès
1833, Annet Bigaud dépose sur le bureau du préfet du Rhône un projet
de liaison entre le fleuve et la rivière qui traversent Lyon...
Et dans les endroits les plus sûrs de cette galerie, il y aurait
eu des réservoirs d'eau potable, des glacières, et même des entrepôts
de vin! Afin de relier le tunnel aux grands itinéraires Paris-Côte-d'Azur,
un axe nord-sud est inauguré partiellement en 1958. Celui-ci, long
de huit km emprunte les quais du Rhône côté presqu'île pour rejoindre
le tracé de l'A7 au pont de la Mulatière. "Avec ses chaussées
séparées, nous dit le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais 1965,
ses promenades, ses passages à plusieurs niveaux ou trémies
(celle du pont De-Lattre est unique en Europe) l'axe nord-sud
est une remarquable réalisation destinée à assurer la traversée
rapide et aisée de la ville"...
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Entrée
du tunnel de la Croix-Rousse (côté Rhône).
Un gros chantier de réhabilitation a doté ce tunnel
d'une galerie pour les piétons et pour les transports
en commun. Photo: Marc Verney, avril 2008. |
Le
tunnel de Fourvière. Le tunnel autoroutier, en chantier depuis
août 1967, sera inauguré le 8 décembre 1971. Largement financé par
l'Etat, il sera également soutenu par le maire de Lyon, Louis Pradel,
qui, redoutant le sort des habitants de Montélimar, ayant perdu
de nombreux visiteurs en raison de l'autoroute de contournement
(ventes de nougat en chute libre de 90%!!!), voulait faire en sorte
que les touristes puissent profiter de leur passage à Lyon pour
"acheter du saucisson et boire un coup"... Il faut se rappeler
que l'époque était au "tout automobile" et que le président de l'époque,
un certain Georges Pompidou, voulait "adapter" la ville à
l'auto... Après l'abandon du contournement ouest de Lyon, Le projet
initial, proposé par les ingénieurs se voulait ambitieux avec trois
tubes de deux voies (le tube central pouvant indifféremment servir
dans un sens ou dans l'autre en fonction des besoins). Dans le prolongement
du tunnel, le centre d'échange de Perrache (voitures, bus, train
et métro), élaboré par l'architecte René Gagès, verra le jour en
1976. Réalisant la jonction définitive entre l'A6 et l'A7, le lieu
bouleversera totalement cette partie de la cité et suscitera de
nombreux commentaires, souvent négatifs. A commencer par ceux des
automobilistes de la fin du XXe siècle, qui, à chaque transhumance
estivale, trouvent le temps bien long "sous Fourvière"...
Marc Verney, Sur ma route, septembre 2010
Continuer le voyage. Voici les liens vers les routes qui
partent de Lyon...
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R.N.6:
LA ROUTE DES ALPES
Au sortir de Lyon, la route s'oriente plein est avec
pour horizon, la fantastique chaîne des Alpes. Il faut 112 km
de bitume pour rejoindre Chambéry... (lire) |
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R.N.7:
VERS LA GRANDE BLEUE
Troisième partie de notre balade vers l'azur: la vallée
du Rhône. Après Lyon, finie la grisaille du Nord. Balayé par
le capricieux mistral, le sillon rhodanien nous précipite au
pays des cigales (lire) |
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STRASBOURG PAR LA R.N.83
Voilà
une route qui sillonne l'Est de la France à flanc
de collines: Jura, Doubs, Vosges... On n'oubliera pas non plus
les vignobles qui s'étalent de part et d'autre du bitume...
Une route de gourmet? (lire) |
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R.N.84:
GENEVE ET LE JURA
Suivez la route nationale 84, la route Genève-Lyon par
Bellegarde, Nantua, Pont-d'Ain... Du Jura majeur au tonitruant
Rhône... faites le plein d'émotions sur bitume!! (lire) |
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LE SUD PAR LA R.N.86
Il n'y a pas que la R.N.7 pour nous emmener au pays des cigales! Sur la rive droite du Rhône, la route n°86 part à la découverte de belles cités ensoleillées... (lire) |
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R.N.433: SILLAGE DE SAONE
Sur à peu près 120 kilomètres, la route n°433 de 1959, relie Châlon-sur-Saône (plus précisément Ouroux-sur-Saône) à Lyon par la rive gauche de la Saône... (lire) |
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