Notre point de départ se situe au lieu-dit le Crochat, un peu au sud de Limoges. C’est là où, en 1959, la R.N.704 se sépare de la R.N.20. Autrefois en pleine nature, ces lieux sont désormais cernés par le béton des rocades et la tôle des zones de chalandise… Autrement dit, on pousse –légèrement- sur l’accélérateur pour retrouver un peu de campagne! Mais avant tout on va se faire un petit retour en arrière… car ici, entre hier et aujourd’hui, les chemins sont différents, comme souvent! La route de Saint-Yrieix visible sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée sur le Géoportail de l’IGN montre une voie qui sort de Limoges par le pont Saint-Martial sur la Vienne, traverse la Briance au Pont-Rompu pour rejoindre l’itinéraire actuel plus ou moins vers Saint-Maurice-les-Brousses. A l’origine, écrit Alfred Leroux, dans l’article «Le passage de la Vienne et l'origine de Limoges», le vieux pont Saint-Martial (XIIIe siècle) en dos d'âne et pavé était précédé par un ouvrage romain «dont les substructions se constatent encore» et qui portait la voie antique Bourges-Périgueux-Agen. «En 1182, indique le site haute-vienne.meconnu.fr, le pont gallo-romain a été détruit par Henri II Plantagenêt (roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine) et ne fut reconstruit que vingt-trois ans plus tard sur les bases de l'édifice antique». Cet ouvrage a, pendant plus de 1200 ans, été le seul pont sur la Vienne (bien avant son «petit frère», le pont Saint-Etienne), de ce fait il a été «régulièrement entretenu et souvent consolidé», conclut le site haute-vienne.meconnu.fr. Quant à la voie qui mène au Pont-Rompu, «quasiment tracée "au cordeau" du Pont Saint-Martial jusqu'à Nexon, puis de Nexon à La Rochette (vers Saint-Yrieix), écrit Christian Bélingard dans l'article "Les derniers vestiges d'une route médiévale de Limoges à Saint-Yrieix", (elle) figure sur l'inventaire des routes du Limousin établi peu de temps avant la Révolution. Mais déjà, en 1769, ce vieil itinéraire "de Limoges à Saint-Yrieix par le Pont-Rompu" est décrit comme "ne servant plus"». «L’usage de cet itinéraire de création romaine est attesté tout au long de la période médiévale», écrivent de leur côté, Bernadette Barrière et Jean-Michel Desbordes dans leur article «Vieux itinéraires entre Limousin et Périgord».
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R.N.20:
LIMOUSINES EN PYRENEES...
La N20 de 1959 relie Paris à l'Espagne en passant par...
Orléans, Limoges, Toulouse... une route qui coupe la France
en deux du nord au sud. Une sacrée chevauchée...
(lire) |
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Le pont sur la Briance au Vigen (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Ancien ouvrage d'art après le Vigen (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Au Pont-Rompu, à 1,8 km en aval de Solignac, se trouve… un pont de pierre qui «a remplacé un pont romain en bois qui permettait à la voie antique de Limoges à Périgueux de traverser la Briance», écrit le site haute-vienne.meconnu.fr, qui poursuit: «L'ouvrage, construit entre les XIIIe et XVe siècles, est composé de quatre arches, dont deux en arc brisé côté rive droite, et deux en arc plein cintre côté rive gauche. Cette disparité serait peut-être due à une réfection après une rupture qui lui aurait donné son nom». Enfin, depuis la Croix-Janiquet (où a pu jadis se trouver un hospice), la carte de Cassini montre un chemin qui rejoint la Rochette, puis Saint-Yrieix. Mais revenons à notre itinéraire contemporain: il est reporté sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée sur le Géoportail de l’IGN par Le Vigen, près de Solignac. On lit dans le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin (volume 40) que les «premiers travaux de construction de la route de Limoges à Cahors par Saint-Yriex» ont eu lieu en 1785 sous l'intendance de Meulan d'Ablois. «Les travaux, interrompus par la Révolution, ne furent repris que longtemps après. En 1817, un membre du Conseil général de la Haute-Vienne déclarait que cette route n'était qu'ébauchée». Et la première grosse difficulté sur ce chemin, c’est le passage de la Briance au Vigen. Ainsi que le dit l'Annuaire statistique des départements de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze en 1835, «le pont du Vigen sur la Briance, composé de trois arches en pierre et deux travées en bois (...) est en mauvais état et offre, par sa fausse position, du danger pour le roulage. Un nouveau pont va se commencer dès cette année». Et c’est un ouvrage de type «fil de fer», construit de 1838 à 1839 et bien mieux positionné qui va remplacer l’ancien… En 1895, la Société archéologique et historique du Limousin écrit: le Vigen, village «entouré de charmantes maisons de campagne, possédait autrefois un petit pont suspendu qui jouissait, ayant été longtemps le seul de ce genre que possédât la région, d'une véritable célébrité. Aujourd'hui, le pont suspendu est devenu un simple pont de pierre». Ce dernier a remplacé le pont suspendu à partir de 1878, lit-on dans l’article «Les ponts routiers du Vigen» paru dans Le Vigen information en 2013.
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Vers Saint-Maurice-des-Brousses (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Une petite montée (rectifiée au XXe siècle) nous emmène en direction de Saint-Maurice-des-Brousses. La D704 contourne le domaine du Puy-Mathieu, dont le propriétaire fut Adrien Delor, maire du Vigen au début du XXe siècle. Un article du Populaire du Centre revient sur son combat au moment de la construction du dernier pont de pierre sur la Briance: Delor obtint l’élargissement à 7 mètres du nouvel ouvrage, persuadé «qu'un jour, des voitures automobiles s'y croiseraient». Il n’avait pas tort… L’avenue de Limoges traverse Saint-Maurice-des-Brousses. Au Moyen Age, signale saintmauricelesbrousses.fr, le village était plutôt placé au lieu-dit le Vieux-Saint-Maurice. «C’est en 1876 que le conseil municipal va faire construire la première école à l’emplacement actuel. Cette décision fixe le positionnement du bourg. L’habitat va se développer le long du chemin de grande communication n°53 (GC n°53) qui relie Limoges à Sarlat» précise encore le site internet municipal. On ne traversera plus de village important jusqu’à Saint-Yrieix. La chaussée est le plus souvent en ligne droite, traversant des paysages agricoles parfaitement maîtrisés. Une petite précision sur l’origine du mot «la Pouge», du nom d’un lieu-dit situé non loin du bourg de la Roche-l’Abeille. Selon l’article «Quelques noms du vocabulaire de géographie agraire du Limousin» d’Antoine Perrier, ce terme s’applique en Limousin «à un chemin traversant le sommet d'une petite hauteur et par suite au village placé auprès de ce chemin». Peu avant d’entrer dans Saint-Yriex, au passage de la Loue et du moulin Chevrier, la route est rectifiée au cours de la deuxième moitié du XXe siècle autour des étangs et la traversée de la rivière. La voie de Limoges à Cahors, malgré son état embryonnaire sous l’Empire, donne lieu, «entre le département de la Haute-Vienne et ceux de la Garonne et du Lot, à des échanges continuels de grains et de vins et à un commerce très étendu en fer et en kaolins», écrit la Statistique générale de la France, département de la Haute-Vienne en 1808. Car c’est sur la commune de Saint-Yrieix en 1768 que les premiers filons de kaolin furent découverts en France par Jean-Baptiste Darnet, chirurgien du roi. Et l'année suivante, explique le site communaute-saint-yrieix.fr, cette argile blanche extraite des carrières à 5 km de la localité va alimenter la manufacture royale de Sèvres (à côté de Paris) puis permettre, en 1771, à l’initiative de l’intendant Turgot, l’installation d’une manufacture de porcelaine à Limoges. Les propriétés du kaolin sont intéressantes: elles permettent une cuisson de la porcelaine à plus de 1200° afin d'obtenir une dureté optimale sans altérer sa blancheur. La «porcelaine de Limoges» est née!!
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En route vers Saint-Yrieix (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Ancien tracé avant d'entrer dans Saint-Yrieix (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Saint-Yrieix «tire son origine d'un monastère fondé sur le sommet d'une colline au VIe siècle (vers l'an 560) par un notable local chrétien nommé Aredius», lit-on sur la page Wikipédia du bourg. Mais ses origines sont plus anciennes; dès le Ve siècle av. JC, les Gaulois Lémovices y exploitent des dizaines de mines d'or. Au XIe siècle, un chapitre de chanoines remplace les moines et se place sous la dépendance spirituelle et temporelle de saint Martin de Tours. La cité devient alors un centre de pèlerinage et, dès le XIIe siècle, un centre d'échange important avec plusieurs foires. Plus tard, s’ajoute l’activité des feuillardiers, des ouvriers oeuvrant dans les forêts à la fabrication de cercles en lattes de châtaigniers afin d'entourer les tonneaux. En 1959, on traverse la cité par le boulevard de l’Hôtel-de-Ville, la place de la Nation (où se tenaient les foires) et l’avenue de Périgueux. Mais un contournement par un «boulevard urbain» sera rapidement mis en place, signale Wikisara. Plus loin vers le sud, c’est au niveau du Pont-Labance que notre R.N.704 historique pénètre dans le département de la Dordogne. Le bourg de Lanouaille se trouve à quinze kilomètres au sud de Saint-Yrieix. On longe d’abord le petit village d’Angoisse (un sacré nom tout de même)… mais rien avoir avec un virage dangereux ou un repaire de bandits: d’après Wikipédia, «ce nom provient de l'occitan angoissa signifiant "défilé, gorge"». Quant au village lui-même, c’est une ancienne possession des hospitaliers de Jérusalem. Au XVIe siècle, l’endroit s’appelle «Hospital d'Angouisse». D'où très certainement le lieu-dit l'Hépital, situé sur notre passage... Et voilà Lanouaille, traversé par les rues du Limousin (au nord) et du Périgord (au sud). Le maréchal Bugeaud, dit le «soldat-laboureur», devenu gouverneur du Maroc en 1840 (ses sanglantes interventions au Maghreb sont très critiquées), y a passé son adolescence. Peu après, on passe la vallée de la Haute-Loue. Quelques rectifications sont visibles au fil des kilomètres, mais, un peu plus au sud, vers la Merlie, c’est à un changement radical d’itinéraire auquel on assiste entre cartes du XVIIIe et du XIXe. L’ancienne chaussée (une voie antique selon certaines sources) file ici droit sur Paulhiac, vire sèchement vers la Borgne, longe Anlhiac et retrouve la D704 à Puy-de-Bord. L’itinéraire du XIXe (celui de la D704) s’approche, lui, de Preyssac-d’Excideuil, longe le Chalard, le Soulier, la Bessonie avant d’enjamber l’Auvézère peu avant Cubas.
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Lanouaille. On aime les pommes dans cette partie du Périgord Vert (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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A Cubas (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Cette petite localité avait été très anciennement habitée, dit Jean-Louis Galet dans l’ouvrage L'Auvézère et ses châteaux, car, située sur la voie antique (et médiévale) venant de Limoges, elle «commandait le passage de l'Auvézère par un pont de bois. On trouve traces du "cami ferra" de la robuste chaussée de pierre. Cette route était assez fréquentée notamment par les pèlerins». Le pont de pierre actuel sur la chaussée de Limoges à Cahors, bâti au cœur du XIXe siècle, utilise des pierres provenant d’une église effondrée (Wikipédia). De Cherveix-Cubas, la route prend la direction de Saint-Agnan, directement par le Lac et les Brugeaux pour l’ancienne chaussée, en faisant un large virage par Las Gravas pour la R.N.704 historique. Au sud de Saint-Agnan, la route du XIXe siècle (D62E4) zigzague joliment dans le paysage (vue sur Hautefort) après la Genèbre alors que la D704 actuelle reprend le tracé beaucoup plus direct du cheminement ancien… Plus au sud, la voie ancienne de Limoges à Cahors «serpentait» jusqu'à La Bachellerie via Granges-d'Ans et Saint-Rabier, lit-on sur alainramos.canalblog.com. «Des vestiges de celles-ci sont encore très visibles le long de l'actuelle D704 entre la Razoire et la Génèbre et à l'entrée de Cherveix-Cubas au lieu-dit de la Castinière», précise encore le blog d'Alain Ramos. La chaussée du XIXe finit par arriver par la Mule-Blanche dans la vallée du Cern, un petit ruisseau, affluent de la Vézère. On y croise encore aujourd’hui la longue route de Lyon à Bordeaux (actuelle D6089). En 1959, il faut emprunter cette R.N.89 historique jusqu’au Lardin-Saint-Lazare et tourner à droite en direction de Montignac par un chaussée qui longe la Vézère. Ce qui n’était pas le cas au XVIIIe siècle et avant… A voir la carte de Cassini publiée par le Géoportail, la voie de Montignac empruntait peu ou prou l’itinéraire actuel de la D65 et coupait jusqu’à Vialot par la Jarthe. Nous sommes ici sur un tronçon de deux itinéraires convergents très anciens, expliquent des sites régionaux, l’un en provenance de Limoges, l’autre de La Rochelle. Et ils se dirigeaient notamment via Montignac et Sarlat vers la Méditerranée. Ce chemin a été d’abord une route du bronze, puis une voie romaine, puis une route du sel et enfin une chaussée de l'Ancien Régime. Sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par l’IGN, on note une sinueuse «route de Limoges» qui quitte la route n°89 au lieu-dit Rispe pour rejoindre Montignac par les Farges. Une voie encore employée en 1893, constate-t-on sur la carte au 1:200.000 publiée par CartoMundi.
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R.N.89: LA GRANDE CENTRALE (II)
De Lyon à Bordeaux, la nationale 89 coupe tout le centre de la France, une vraie épopée routière entre Rhône et Atlantique... (lire) |
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Vers la Maison-Neuve (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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L'unique plaque de cocher vue sur ce parcours. Elle est belle, mais incomplète (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Les plans de contournement des passages à niveau montrent très souvent le tracé des anciennes routes nationales. Ici, la R.N.704 et la R.N.89 à la Bachellerie (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Nous entrons à Montignac par la rue de Juillet. Les lieux furent occupés «dès le paléolithique», nous dit le site lascaux-dordogne.com. C'est en effet ici que l'on a découvert, en septembre 1940, la fameuse grotte de Lascaux, dont on peut aujourd'hui visiter une reconstitution. Une forteresse y est attestée du début du Moyen Age jusqu'au Xe siècle. Au siècle suivant, c'est le comte du Périgord qui s'en empare. Celle-ci devient au fil du temps une place forte importante. Ici, «avant 1242, voit-on sur le site inventaire.nouvelle-aquitaine.fr, un pont en pierre muni de tours de défense, semblable au pont Valentré de Cahors, permet le franchissement de la Vézère et relie le bourg au riche faubourg marchand situé sur la rive gauche, le barri du "Chap del Pon" (le chef du Pont). Surtout, ce pont établit une voie de communication marchande avec Sarlat et, au-delà, avec Cahors et Toulouse». Mais, indique vezere-info24.fr, «tout semble s’être arrêté en 1580, son pont détruit, Montignac s’est endormie». Un peu moins de deux siècles plus tard, au XVIIIe siècle, c’est le réveil, «la grande affaire des intendants de Guyenne, après la réorganisation du corps des ponts et chaussées par Trudaine en 1747, est l’établissement de routes royales, plus larges et carrossables, qui permettront notamment à des chariots plus lourds de porter les marchandises. Ces routes, qui reprennent pour partie le tracé des anciens grands chemins, sont plus rectilignes et évitent soigneusement les zones de débordements de la Vézère. La route royale de Sarlat à Limoges, passant par Montignac, est aussi le préalable à l’édification du pont sur la Vézère, qui est réalisée par les ponts et chaussées entre 1766 et 1777. La nouvelle route et le pont, évitant aux marchands de passer par Terrasson et Brive-la-Gaillarde, rendent plus direct l’axe de circulation de Toulouse à Limoges. La ville de Montignac et son arrière-pays en sont les principaux bénéficiaires», conclut inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
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Avant Montignac (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Le pont sur la Vézère au centre de Montignac (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
L’ancienne voie urbaine principale de Montignac est la rue de la Pégerie. «Elle reliait aussi La Rochelle, Périgueux et Limoges à Cahors, Toulouse et Montpellier. Le quartier rassemblait les marchands et les notables», écrit ville-montignac.com. De fait, l’ancienne route de Sarlat visible sur la carte de Cassini publiée par le Géoportail (une partie de la rue du Barry) s’embranchait sur cette vieille voie; elle montait hors du centre de Montignac par la Béchade, longeait ou traversait les Combes, la combe du Jarrit, la Selve, Saint-Dramont, le Pont-de-Beune, Marcillac-Saint-Quentin… Cette chaussée médiévale fut réhabilité au XVIIIe siècle; En 1778, elle sera qualifiée de «grande et belle route royale» entre Montignac et Sarlat par un inspecteur des manufactures, découvre-t-on dans l'article «Contribution à la connaissance des grands itinéraires médiévaux périgourdins» de Bernard Fournioux. Mais l’itinéraire aura changé et est également visible sur la carte de Cassini précédemment citée. Depuis Montignac, on emprunte l’avenue Jean-Jaurès et la «route de Sarlat» en longeant le Doiran. Cette chaussée, améliorée depuis l’Ancien Régime jusqu’aux années cinquante, sera fortement rectifiée et recalibrée au fil des années quatre-vingt-dix (Wikisara). En arrivant au-dessus de Sarlat, l’ancienne chaussée file directement vers la petite cité par la «route du Pont-de-Campagnac». La R.N.704 des années cinquante zigzague plus tranquillement par la «route d’Alsace». Sarlat s'est développée «autour d'un monastère médiéval fondé dans la vallée de la Cuze, à l'écart des voies de circulation traditionnelle, en particulier de la vallée de la Dordogne», lit-on dans un article de François Bart écrit en 1974. La guerre de Cent Ans bouleverse la région: en 1337, au début du conflit, les Sarladais s’arment, organisent une milice et fortifient la ville, raconte le site sarlat-tourisme.com. Puis, en 1360, avec le traité de Brétigny, la cité passe sous domination anglaise pour 10 ans. En 1370, après avoir reçu confirmation de ses privilèges, Sarlat redevient française et envoie sa milice à la reconquête de la région. «A la fin du conflit, en 1453, le Périgord est dévasté mais Sarlat a la chance de ne pas avoir été prise et redevient vite prospère», conclut sarlat-tourisme.com. Puis ce sont les guerres de Religion et les troubles de la Fronde qui touchent Sarlat. Après la Révolution française, l'économie sarladaise se tourne vers l’exportation du bois, du fer, du vin et de l’huile de noix explique sarlat-tourisme.com. Dans le même temps, la municipalité entreprend une politique d’urbanisation. Ainsi, en 1837, pour assainir la cité et la préserver des inondations de la Cuze, le chantier de la Traverse (l'actuelle rue de la République où passe la R.N.704 en 1959) est lancé.
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Entre Montignac et Sarlat (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Entrée dans Sarlat (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
La petite ville possède un important patrimoine ancien. C’est l’un des «spots» touristiques parmi les plus fréquentés de France. Sarlat-la-Canéda et ses nombreuses richesses architecturales ont été sauvées grâce à la loi Malraux sur la restauration des secteurs sauvegardés, promulguée le 4 août 1962 et appliquée en Dordogne dès 1964. Soixante-cinq monuments et immeubles protégés ont donc servi d'opération pilote pour la mise au point des financements et des critères de restauration (Wikipédia). On quitte Sarlat par la «route du Lot». Jusque tard dans le XIXe siècle, la «route de Sarlat à Cahors» passe par Cénac (où l’on passe la Dordogne), Saint-Martial-de-Nabirat, Pont-Carral, Dégagnac, Catus, Mercuès. Si la «route de Gourdon» est bien visible sur la carte d’état-major du XIXe (1820-1866), il manque un pont pour traverser la Dordogne au niveau de Groléjac. Aujourd’hui, c’est un ouvrage suspendu –en béton- auto-ancré de 1932 d’une longueur de 174 mètres qui supporte le trafic de la D704. Conçu par Albert Caquot et construit par l'entreprise Vandewalle, il remplace un autre pont suspendu; celui-ci, d’une travée unique de 150 mètres, suspendue par chaîne pour une largeur de tablier de 4,4 mètres, avait été construit en 1842 (art-et-histoire.com). De l’autre côté de la rivière, il y a Groléjac, un village qui s’étale longuement le long de l’ancienne R.N.704. Au XVIIIe siècle, un ancien chemin visible sur la carte de Cassini publiée sur le Géoportail de l’IGN mène de Groléjac au château du Repaire par Liaubou-Bas et le Pech. Ce qui n’exclut pas l’existence d’une voie antique allant plus au sud… Vers Gourdon, la route départementale n°1 du Lot («de Mende à Sarlat») n’a été réalisée que lentement, «la ville de Sarlat mettant peu d'intérêt à cette route, et préférant communiquer avec l'Auvergne par Souillac, il est douteux qu'elle s'empresse de faire exécuter la partie qui concerne le département de la Dordogne», écrit ainsi en 1831, la Statistique du département du Lot. Notre voie entre dans ce département peu avant Saint-Cirq-Madelon. Une poignée de kilomètres plus loin, la D704 d’aujourd’hui entre dans Gourdon par l’avenue Gustave-Larroumet. La localité, lit-on sur le site internet municipal, est la principale ville de la Bouriane, à l’ouest du département du Lot. Elle fut d’abord un castrum édifié sur un éperon rocheux dominant les vallons environnants. «La vieille ville, poursuit gourdon.fr, a maintenu sa forme urbaine concentrique autour du château et conserve de nombreux accents du Moyen Age: porte fortifiée, maisons en pierre et maison en pan de bois. Les boulevards circulaires, en créant une limite forte entre le coeur historique et les extensions urbaines, conservent au site sa structure initiale».
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Groléjac: le pont des années trente sur la Dordogne (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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De Groléjac, on peut facilement rejoindre la charmante bastide de Domme (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Durant la guerre de Cent Ans, dit encore le site municipal, le château de Gourdon est brûlé et démantelé: Jean III d’Armagnac livre en 1389 la forteresse et la ville au routier anglais Ramonet del Sort, à la condition qu’il ne fasse pas de mal aux habitants. Par la suite, Gourdon est libéré en 1392 par les troupes françaises et placé sous la protection du roi. Malgré ces péripéties, aux XIIIe et XIVe siècles, la ville de Gourdon est une place importante qui commerce avec Montpellier, Bordeaux et l’Angleterre pour le cuir, la laine, le drap et le vin. Les artisans et commerçants y étaient nombreux, répartis de façon ordonnée suivant les quartiers. Après les guerres de Religion, le château est détruit vers 1619 et les fossés de la cité deviennent, en 1769, une promenade circulaire de tour de ville encore embellie au début du XIXe siècle. Au milieu du XXe siècle, ce qui reste du château est éliminé afin de créer, au sommet de la butte, un réservoir d’eau qui alimente toute la communauté urbaine. On quitte Gourdon par l’avenue Gambetta (D673). Jadis, le chemin suivait l’avenue Henri-Mazet au cœur du quartier de la Madeleine. Au carrefour suivant, on prend, à droite, la «route de Saint-Chamarand». La carte de Cassini (fin XVIIIe siècle) publiée sur le site gourdon.fr montre que le chemin vers Pont-de-Rhodes est «une route empierrée bordée d’arbres». Entre Gourdon et l’embranchement avec la R.N.20 historique (D820), il ne reste plus que 12 kilomètres à parcourir sur la R.N.704 historique. Le macadam tranquille virevolte entre collines et petites plaines agricoles. Après Saint-Chamarand, voici l’intersection avec la grande route de Paris à Toulouse et à l’Espagne désormais déclassée en D820.
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La "Skyline" de Gourdon à la nuit tombante (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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Sortie de Saint-Chamarand (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
Marc Verney, Sur ma route, octobre 2021
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On arrive au carrefour avec la D820, l'ancienne R.N.20 (photo: Marc Verney, décembre 2020). |
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R.N.20:
LIMOUSINES EN PYRENEES...
La N20 de 1959 relie Paris à l'Espagne en passant par...
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en deux du nord au sud. Une sacrée chevauchée...
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PERIGORD: SUIVEZ L'ANCIEN...
Autour de Sarlat, Domme ou Gourdon, les petites routes gardent quelques traces d'un passé routier d'un autre siècle... Petite et mignonne visite motorisée...
(lire) |
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