Localités et lieux traversés par la N813 (1959): Honfleur (N179, N180) Pennedepie Cricqueboeuf Villerville-sur-Mer Trouville Deauville (N834) Bénerville-sur-Mer Blonville-sur-Mer Villers-sur-Mer Carr. Marie-Antoinette Houlgate Dives-sur-Mer Cabourg Varaville Beneauville Arbre-Martin Le Mariquet Sainte-Honorine Caen (N13, N158, N162, N175)
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Les jolies
routes de France...
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La route nationale 813 historique, créée en 1933, relie Honfleur à Caen. C’est l’un des buts de promenade favoris des Parisiens lorsque les premiers beaux jours du printemps s’annoncent… L’étroite chaussée serpente au milieu d’une végétation verdoyante et laisse apercevoir de belles échappées visuelles sur l’estuaire de la Seine… Voici ce qu’écrivait, en 1957, le Guide Vert Normandie sur ce tronçon routier: «La N813, entre Honfleur et Pennedepie, est étroite, sinueuse et bombée. Elle présente des passages étroits et des virages masqués jusqu’à Villerville. La circulation, intense en saison, requiert une grande prudence de la part du conducteur»... Profitant du spectaculaire pont de Normandie, nous avons donc quitté notre périple sur la route nationale 13bis pour nous rendre de l’autre côté de l’estuaire de la Seine à la découverte du petit port de Honfleur, un lieu pittoresque et à la longue histoire, mais, c’est vrai, très couru dès les beaux jours (trois millions de visiteurs annuels)… Sur le vieux port et alentours, la concentration de véhicules immatriculés «75» peut être conséquente!
Mais il faudrait vraiment être de très mauvaise foi pour ne pas convenir que le port de Honfleur, avec son Vieux Bassin créé par Duquesne, n’est pas absolument charmant… Et son emplacement est éminemment favorable: «Sa situation géographique privilégiée, de port d’estuaire et de port de mer, nous dit le site de l'office du tourisme de la ville, va déterminer sa double vocation pour les siècles à venir: la défense du fleuve royal (la Seine, NDLR) et le départ des grandes aventures sur la mer océane»... La toute première mention écrite qui atteste de l'existence de Honfleur émane de Richard III, duc de Normandie, en 1027. Après la fin de la guerre de Cent Ans, durant laquelle le port tombe plusieurs fois aux mains des Anglais, et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, Honfleur continue de se développer notamment grâce à la construction navale, au commerce maritime et aux expéditions lointaines. Ainsi, l'expédition de Samuel de Champlain, partie de Honfleur en 1608, est à l'origine de la fondation de la ville de Québec. Mais, indique Wikipédia, la perte des colonies françaises d'Amérique, la concurrence accrue avec le port du Havre, les conflits liés à la Révolution française et au Premier Empire, avec notamment le blocus continental, causent la ruine du port de Honfleur, toujours difficile d'accès en raison de l'ensablement fréquent de ses approches. Les grandes voies d’accès (routes de Lisieux et de Pont-Audemer) sont réalisées à partir de 1783-84, lit-on dans l’Histoire de Honfleur (par un enfant de Honfleur) en 1867.
Un plan des ponts et chaussées réalisé en 1868 et visible sur le site Gallica de la BNF montre un chemin vicinal «de Trouville à Honfleur» s’échappant du petit port après la montée de la rue des Capucins. La route nationale 813 historique reprendra ce tracé pentu et très étroit aboutissant à la route Adolphe-Marais. On rejoint le bord de mer au niveau du phare de la Falaise des Fonds, mis en service en 1908. Cette tour en granit de Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine) et en grès de Cherbourg, précise le journal Ouest-France, «est aujourd'hui, le seul phare avec celui de la Hève à baliser l'entrée de l'estuaire». Dès lors, la route de Trouville (D513), environnée de verdure, mène à Vasouy. De là, un accès à la grève permet d’avoir une impressionnante vue sur l’estuaire de la Seine. Très vite, voilà le village de Pennedepie. Durant leur frénétique construction du Mur de l'Atlantique, les Allemands ont construit par ici un important réseau de blockhaus accueillant des pièces d'artillerie visant à défendre les abords du Havre (trois canons pouvant tirer à plus de 18 km, indique Ouest-France). De nombreux bunkers sont aujourd'hui tombés dans la mer en raison de l’érosion des falaises. A Pennedepie, 250 allemands habitaient ces abris bétonnés. On aborde maintenant Cricqueboeuf, où l’on pourra contempler l'église Saint-Martin (XIIe siècle), surnommée la «chapelle aux lierres». A un jet de pierre se trouve la modeste station balnéaire de Villerville. L’endroit est connu pour avoir abrité, en 1962, le tournage du film Un singe en hiver avec Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo et Suzanne Flon. A cause d’une plage peu accessible à marée haute, le village n’a pas eu le succès de ses voisins mais une visite des lieux est absolument indispensable… Comment ne pas succomber au charme désuet de ses rues, de ses petites demeures de vacances fouettées par les embruns, de son Cabaret Normand, où résonnent encore les savoureux dialogues signés Audiard…
Après le Grand-Bec, on passe au pied du sémaphore de Villerville. Bâti en 1910 et opérationnel deux ans plus tard, il surveille au XXIe siècle de 8000 à 10°000 navires par an sur la zone qui va de Ouistreham au pont de Normandie (netmarine.net). Un peu plus loin, Hennequeville est un quartier de Trouville depuis 1847… Trouville, située sur les bords de la Touques est un ancien village de pêcheurs qui s’est spectaculairement développé depuis le Second Empire et la nouvelle mode des «bains de mer»… C’est aussi là que s’achève notre courte balade sur la Côte Fleurie (un peu venteuse en ce pluvieux hiver 2017-18)… Mais la R.N.813 de 1959 ne s’arrêtait pas là: passant la Touques, elle traversait Deauville, la très huppée, Bénerville-sur-Mer, Blonville-sur-Mer, Villers-sur-Mer, Houlgate, Dives-sur-Mer et Cabourg pour rallier Caen et retrouver la R.N.13 au carrefour de la Demi-Lune...
Marc Verney, Sur ma route, janvier 2018
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