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La R.N.32 historique à la lisière de la forêt d'Halatte (photo: Marc Verney, janvier 2017). En cliquant sur l'image, vous revenez à la page principale. |
On quitte la ville de Senlis par l’avenue du Maréchal-Foch, pour atteindre le lieu-dit le Poteau, d'où se séparent R.N.17 et R.N.32 de 1959. La petite cité de Senlis, à l'histoire bien chargée, «station parisienne de villégiature, environnée de belles forêts, nous indique le Guide Bleu 1954, résidence royale depuis Clovis, vit, en 987, la proclamation comme roi, de Hugues Capet». Au XIIe siècle, lit-on sur le site municipal ville-senlis.fr, «la ville vit une de ses périodes les plus fastueuses sous le règne de Louis VI le Gros. La cathédrale Notre-Dame est construite, sur une période allant de 1153 à 1191». Le vignoble, le travail de la laine et du cuir, les foires, sont alors au coeur de l'activité économique de la cité. «Plus tard, poursuit le résumé historique publié par le site de Senlis, les débuts de la Guerre de Cent Ans s’accompagnent d’une épidémie de peste qui décime la région dès 1323». Après Henri IV, les rois ne séjournent plus dans la région et la ville connaît un lent déclin, hélas attisé par les guerres. Dans la ville, aux rues étroites, le tracé de la R.N.32 historique «traversant les remparts», signale le site histoire-compiegne.com, a été réalisé en 1750. Au sortir de Senlis, la chaussée est appelée «route de Lille par Compiègne» sur la carte d’état-major du XIXe siècle (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN, La carte (1785) de la généralité de Soissons sous l’Ancien régime publiée par le site histoire-compiegne.com montre -au moins jusqu'à Compiègne- une voie pavée de grès. Ces routes, raconte le site, offraient «les meilleures conditions de rigidité et de souplesse, périodiquement refaites, dont les plus larges permettaient le croisement de deux voitures, souvent bordées d'arbres. C'étaient les routes nobles par excellence, les plus chères à construire et à entretenir, disposant des meilleurs services». On passe maintenant entre le Plessis-Chamant (château détruit en 1960) et Chamant puis on laisse Ognon sur notre droite. Ici, la R.N.32 historique (D932A) effleure la profonde forêt d’Halatte (près de 4300 ha), un ancien domaine capétien qui a longtemps servi de réserve de chasse royale. Plus au sud de notre trajet, la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par l'IGN sur son site montre une «chaussée Brunehaut» qui pointe sur le village de Néry. La destination de cette voie antique n’était pas Compiègne mais Soissons, à l'est.
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R.N.17: LE TOUR DES BEFFROIS
La RN17 de 1959 relie Le Bourget à Lille en passant par Senlis, Péronne, Cambrai et Douai. Cap au nord pour une route qui file droit sur la métropole lilloise. (lire) |
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| Encore de beaux alignements d'arbres dignes des routes royales en bordure de la R.N.32 historique autour de Villeneuve-sur-Verberie (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Plus loin, après avoir franchi Villers-Saint-Frambourg et son écart la Roue-qui-Tourne, on note le lieu-dit la Vieille-Poste au niveau d’Yvillers. Juste à côté, dans le village-rue de Villeneuve-sur-Verberie, ce sont sans doute des «paysans-colons», installés là vers 1143 sous Louis VII, qui ont permis de renforcer la position royale aux limites de son domaine de l'époque face aux velléités de Philippe d'Alsace, comte de Flandre et de Vermandois (Wikipédia). En 1752, une voie de 7 m de large s’échappait de Villeneuve pour gagner Noël-Saint-Martin, la «voirie du Chemin aux Ânes», signale Jean-Marc Popineau dans la Revue archéologique de Picardie. Au Moyen Age déjà, dit, de son côté, M. Alix dans «l'Historique des routes du département de l'Oise», «la communication de Senlis à Compiègne passait par Villeneuve-sur-Verberie, le hameau de Noël-Saint-Martin, Rhuis, puis gagnait Verberie et la Croix-Saint-Ouen». Sous l'Ancien Régime, note le même ouvrage, le tracé de cette voie est sensiblement le même que celui indiqué par Charles Estienne dans La guide des chemins de France (1552). Cependant, la descente actuelle de Verberie «a été établie en 1753». Des rectifications de cette côte interviendront au XIXe et XXe siècles. On entre dans Verberie par la rue de Paris. Le site de a été occupé dès la plus haute antiquité grâce à son gué sur l'Oise, indique la Société historique de Compiègne (histoire-compiegne.com). «De village gaulois et gallo-romain, Verberie devient, racontent encore les historiens compiégnois, une résidence campagnarde pour les rois francs et carolingiens. Charles Martel, après sa victoire contre les Sarrasins en 732, vint s’y reposer». Charlemagne s'y fait construire un vaste palais sur une longueur de 420 mètres dont il ne reste malheureusement plus rien, mentionne aussi Wikipédia. Le nom du bourg proviendrait de Vermbria ou Vermbriva, briva signifiant pont; un ouvrage sur l’Oise est effectivement signalé dans un texte de 918. Verberie a été ceinturé de murs sous le règne de François Ier. On y comptait encore cinq portes au début du XIXe.
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| Ancien panneau Michelin de la R.N.32 historique à Verberie. Une bonne âme a commencé à gratter le cartouche afin de faire apparaître la couleur rouge originale (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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| Les beaux poteaux indicateurs de la forêt de Compiègne ont -évidemment- été réactualisés (photo: Marc Verney, mars 2025). |
On part de la petite cité par l’avenue René-Firmin. En 1959, on franchissait tout droit par un passage à niveau la ligne d’Ormoy-Villers à Boves (rue des Peupliers et route de Compiègne). Aujourd'hui, un long contournement (1965, dit Wikisara) nous emmène à un rond-point où nous retrouvons l'ancien cheminement. On entre rapidement dans la forêt de Compiègne (14.357 hectares). C'est en 1669 que l'on commence à y installer des poteaux indicateurs à chaque carrefour et le long des routes forestières. Bien droite et large, la D932A file vers la Croix-Saint-Ouen. C'est ici que «la section Verberie-Compiègne connut une rectification en 1769», raconte «l'Historique des routes du département de l'Oise», Il reste à faire environ 7 km jusqu’à Compiègne. Le quartier de Royallieu, où aimait se trouver Philippe le Bel en son manoir, abritait un prieuré en l’honneur de saint Louis. Une vingtaine de moines y vivent au XIVe siècle. Incendiée en 1430, la résidence royale n'est pas rebâtie mais l’abbaye revient en 1634 aux Bénédictines de Saint-Jean-aux-Bois qui y resteront jusqu'en 1793, date à laquelle il sera transformé en hôpital militaire (histoire-compiegne.com). Entre 1942 à 1944, le camp de Royallieu (Frontstalag 122), un ancienne caserne française, est le lieu de transit des déportés pour les camps de la mort en Allemagne nazie. Plus de 54.000 résistants, militants syndicaux et politiques, Tziganes, civils raflés, Juifs, y sont internés au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Bien peu rentreront. Nous voici maintenant dans le centre de Compiègne (rue de Paris). Rattachée sous l’Empire romain à la province de Belgique seconde, la région demeure, dans l'Antiquité, essentiellement agricole. Il n'y pas d'agglomération, «juste un habitat rural proche de la voie conduisant d’Augustomagus (Senlis) à Augusta Suessionum (Soissons), dite plus tard chaussée Brunehaut», écrit la Société historique de Compiègne sur le site -très documenté- histoire-compiegne.com. Au IXe siècle, l'empereur Charles le Chauve, qui veut créer une cité rivale d’Aix-la-Chapelle, voit en Compiègne un lieu idéal pour ses ambitions. Du coup, associée à la couronne de France dès l'avènement des Mérovingiens, tous les souverains, amoureux de la chasse, pratiquement jusqu’à Napoléon III, y séjourneront dans ses murs. Carrefour commercial important au confluent de l'Oise et de l'Aisne, la ville, place importante de négoce du vin vers les pays du Nord, voit converger les marchands de toute l’Europe, entre le XIIe et le XVe siècle. Très tôt, on y constate des épisodes forts de la vie politique du royaume: Jean le Bon y signe en 1360 l’ordonnance créant le franc, puis Louis XV, traitant avec la République de Gênes, y décide le rattachement de la Corse à la France en 1756 et 1764, écrivent les historiens compiégnois. Mais l'épisode qui demeure dans les mémoires, c’est celui de Jeanne d’Arc, venue repousser les Anglo-Bourguignons assiégeant la cité fidèle à Charles VII, et qui, capturée devant ses murailles le 23 mai 1430, finira brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431.
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| Plaque de cocher à Royal-Lieu, juste au sud de Compiègne (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Si Louis XIV est venu au moins 75 fois à Compiègne, notamment pour y organiser d’exceptionnels exercices militaires, comme celui du camp de Coudun en 1698, c'est Louis XV qui est à l’origine de la modernisation de l’agglomération. Il a effectivement provoqué des transformations qui marquent encore le tissu urbain actuel. Ainsi, c'est sous son règne (1733) qu'est édifié le Pont-Neuf à trois arches sur l'Oise, qui remplace un vieil ouvrage datant de Philippe-Auguste; élargi au tournant des XIXe et XXe siècles, il subsistera jusqu'à la fin du mois d'août 1914, date à laquelle il sera détruit par le génie militaire français devant l'avancée des troupes allemandes. Le pont Séjourné le remplace en 1926... A nouveau détruit durant le second conflit mondial, l'ouvrage est remplacé par des ponts provisoires réalisés par les Français, les Allemands, les Américains... ces derniers se serviront largement du passage sur l'Oise pour faire «monter» vers la Belgique un ravitaillement indispensable à la victoire difficile de la bataille des Ardennes. Enfin, en 1949, l’architecte compiégnois Jean Philippot établit l’ouvrage actuel sur le modèle du pont Louis XV mais à deux arches seulement.
DEJA LES GRANDS TRAVAUX… «L'hiver de 1407, qui fut très rude, causa de grands dommages aux arches du pont, par suite de l'accumulation et de la débâcle des glaces charriées par l'Oise. Le pont de pierre était, au mois d'août 1408, l'objet de travaux qu'on poussait avec une activité telle, que les ouvriers passaient la nuit, éclairés par des chandelles, des torches de cire et des tourteaux qu'on mettait dans les falots»... Le Vieux pont de Compiègne, Arthur Bazin, imprimerie Henry Lefebvre (1894). |
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| Compiègne et son pont sur l'Oise (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Après Compiègne, découvre-t-on sur le site histoire-compiegne.com, la section vers Clairoix fut établie aussitôt après l'achèvement du Pont-Neuf de la ville, c'est-à-dire de 1733 à 1745. Aujourd’hui, c'est l'avenue Raymond-Poincarré puis la rue de la République qui nous emmènent en direction de Ribécourt. A la hauteur de Clairoix, notre chaussée (D932) se faufile entre l’Oise et le mont Ganelon (149 m), «une "butte résiduelle", une portion du plateau du Noyonnais qui a été isolée du fait de l’érosion de ses alentours par l’Oise, l’Aronde, et le Matz», écrit le site clairoix.fr. A Clairoix, on trouvait, dit encore le site du village, la fontaine du Roy, maçonnée en 1730, sous le règne de Louis XV. La source fournissait l’eau de table du monarque et de la Cour quand ils venaient au palais de Compiègne. Voici maintenant Janville, à six kilomètres de Compiègne. Sur son site internet, la Société historique de Compiègne est encore très prolixe: Le village-rue de Janville est «un lieu de passage qu’empruntent la voie ferrée, le canal latéral à l’Oise et l’ancienne nationale 32». Cette fonction a, jadis, joué un rôle important, écrivent les historiens compiégnois, dont Jean-Pierre Duterne, en citant Louis Graves. Dans son Précis statistique de l’Oise daté de 1850, celui-ci nous indique qu'il y avait «un droit de péage, de rouage (droit que payent à vide les véhicules à roues) et travers (sorte de péage), dont le produit était considérable parce qu’il s’étendait sur toutes sortes de marchandises par terre et par eau depuis le pont de Clairoix jusqu’aux haies de Longueil-sous-Thourotte». Après Longueil-Annel, la route s’interrompt brutalement à Thourotte, Un tronçon de 600 mètres de l’ancienne R.N.32 a été coupé dès 2014 pour être par la suite transformé en jardin public, la «Promenade de la 32». «Notre ville n’est plus scindée en deux. Le quartier Mendès-France n’est plus isolé: ses habitants peuvent aujourd’hui rejoindre le centre de Thourotte en toute sécurité», écrit le maire, Patrice Carvalho, dans le Bulletin municipal de 2019.
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| La R.N.32 historique au Pont-du-Matz, juste après sa coupure à Thourotte (photo: Marc Verney, mars 2025). |
On retrouve le tracé historique de la route n°32 au rond-point qui donne sur la «route Nationale». La chaussée traverse le Matz avant Bethancourt. Dans le canton de Ribécourt, la route «fut construite entre 1740 et 1750 pour remplacer l'ancienne communication de Compiègne à Noyon par le bac à l'Aumône, vis-à-vis de Choisy», lit-on dans «l'Historique des routes du département de l'Oise» publiée sur le site histoire-compiegne.com. Après le lieu-dit la Poste, on entre dans Ribécourt par la rue de Paris. Le bourg a un important passé industriel, écrit le site ribecourt-dreslincourt.fr. Les grandes voies de communication (route, canal) développent le commerce local au milieu du XIXe siècle. Des usines s'implantent: sucreries à partir de la betterave à sucre, briqueteries-tuileries à partir de la glaise, usines de produits chimiques à partir de la craie et du calcaire extraits des carrières... La Première Guerre mondiale va tout bouleverser. Entre octobre 1914 et mars 1917, le front se stabilise dans la région sur une ligne passant par Lassigny (nord-ouest), Ribécourt-Dreslincourt et Tracy-le-Mont, au nord-est de la forêt de Laigue. Souvent bombardé, Ribécourt (détruit à 70%) est «évacué au printemps 1915. De l’autre côté du front, Dreslincourt, côté allemand est entièrement rasé par l’artillerie française et une partie de sa population déplacée ou déportée», signale le site municipal. La R.N.32 de 1959 prend maintenant la direction de Chiry-Ourscamp. Nous voilà sur la «route de Noyon» puis sur la rue Royale. Le site chiry-ourscamp.fr donne quelques dates concernant la création et l'histoire de la localité: au IIe siècle, on suppose l'existence d’une villa gallo-romaine à Ourscamp; un oratoire y est créé en 641 par Eloi, évêque de Noyon; au IXe siècle, un habitat est avéré sur la terrasse surplombant l’Oise au Point-du-Jour; en 1129, c'est la fondation de l'abbaye d'Ourscamp par Simon de Vermandois, évêque de Noyon... Puis, au XIIe siècle, on construit l'église de Chiry. Pour ce qui est de la route entre Compiègne et Noyon, le site municipal évoque le «pavage de la route Royale» vers 1750. L'ère industrielle voit, en 1823, l'installation d'une fonderie puis d'une filature dans l'abbaye d'Ourscamp, ce qui confirme le fort passé industriel de la région. Plus au nord, après Passel, des combats intenses se tiennent entre mars et avril 1918 autour du petit mont Renaud (85 m) lors de l'offensive allemande du printemps, ce qui permet aux «poilus» français d'interdire définitivement la route de Paris aux troupes du Kaiser. Au Guidon, la D932 traverse le canal du Nord, tardivement mis en service en 1966.
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| A Chiry-Ourscamp, ces deux Michelin de la R.N.32 historique ont eu une fin de vie bien triste puisqu'ils ont d'abord perdu la numérotation de leur cartouche. Ils ont même totalement disparu maintenant (photo: Marc Verney, janvier 2008). |
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| Rond-point à Noyon (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Notre route entre dans Noyon par l’avenue Jean-Jaurès. La première mention de Noviomagus remonte au Ier siècle après JC, raconte le site vpah-hauts-de-france.fr. La ville, de fondation romaine, est un carrefour commercial le long de la via Agrippa et en bordure de l’Oise. A la fin du IIIe siècle, Noyon, ceinturée de remparts, devient une ville fermée de 2,4 hectares. Plus tard, au VIe siècle, l’évêché quitte Tournai, dans l'actuelle Belgique, et s’installe dans cet espace fortifié. A la fin du XIIe siècle, entourée de nouvelles fortifications qui englobent les faubourgs, la cité est surnommée la «bien sonnée» en raison de la forte présence religieuse. Et d'ailleurs, poursuit le site des pays et villes d'art et d'histoire, «la cathédrale, construite de 1145 à 1231, est la première construite en style gothique dans le Nord de la France». La nouvelle enceinte médiévale comporte plusieurs portes, «dont la porte Saint-Jacques, au sud-ouest, ouvrant sur la route de Compiègne et la porte Coquerelle, au nord, vers Ham», précise Bruno Desachy dans la Revue archéologique de Picardie. Il n'y a pas de développement important jusqu'à la Révolution, tant son importance demeure liée à son statut de ville épiscopale, poursuit Bruno Desachy. En décembre 1834, un accident survenu à la porte de Paris décide le maire de Noyon de lancer le chantier du démantèlement des anciennes fortifications de la ville, écrit l’historien Jean-Yves Bonnard. Et, le 19 mai 1838, dit le vice-président de la Société historique de Noyon, «une ordonnance royale autorise la commune à démolir les anciennes fortifications et d'établir sur leur emplacement un boulevard de 30 m de largeur à usage de promenade. Les travaux durèrent jusqu'en 1850». La vie des Noyonnais allait s’en trouver métamorphosée… Prise par les forces allemandes du 23 au 25 mars 1918, Noyon est lourdement bombardée par les forces françaises qui tentent alors de freiner l'offensive de printemps du Kaiser en direction de Paris. On quitte la ville par le boulevard Cambronne. «L'histoire nous apprend que la route actuelle fut construite en 1749. Auparavant, le grand chemin était fait de terre et de cailloux donnant libre cours aux désagréments de la boue ou de la poussière», écrit Jean Goumard en 1995 dans un document actuellement publié sur le site de la Société historique, archéologique et scientifique de Noyon (societe-historique-noyon.fr). L’ensemble de la section Noyon-Guiscard, longue d’une dizaine de kilomètres, a été établie en 1760, rapporte pour sa part M. Alix, dans «l'Historique des routes du département de l'Oise».
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| Le passage dans la Somme vers Golancourt. La borne porte la mention «route n°37, de Paris à Saint-Quentin». C'était son numéro sous le Premier Empire. (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Voilà Guiscard, traversé par la rue Marcel-Poulin. On y trouvait un relais de poste. Louis Graves, dans son Précis statistique sur le canton de Guiscard daté de 1850, indique que le village est «formé de deux rues principales se croisant à angle droit, traversées par la grande route de Paris à Saint-Quentin, et par l'ancienne route de Nesle à Chauny. Ces deux rues et quelques autres sont pavées. Le bourg est assez bien bâti». Un pont dans la traversée de la localité y aurait été «reconstruit» en 1838, pointe Wikisara. La route, dans le canton de Noyon, et jusqu’à sa limite avec la Somme, précise encore Louis Graves, «est uniformément large de vingt mètres, fossés compris. La chaussée, en pavé de grès, a cinq mètres de profil transversal. Les crêtes extérieures sont bordées de pommiers et de peupliers pyramidaux sur le territoire de Passel, et de cerisiers au-delà de Noyon». Golancourt est l’ultime village de l’Oise traversé par la R.N.32 historique. Nous voici, aux abords de Ham, pour quelques kilomètres, dans la Somme. L'ancienne route de Saint-Quentin évitait Ham, signale Louis Graves dans son Précis statistique de la moitié du XIXe siècle: elle ciblait «l'église de Berlancourt et, de là, en ligne droite à Villeselve pour rejoindre la ville de Saint-Quentin par Flavy-le-Martel (Aisne)». La première localité de la Somme traversée par la D932 est Muille-Villette, à 3 km au sud de Ham. L’entrée dans cette ville, qui marque la fin du premier tronçon de la R.N.32 historique, se fait par la rue de Paris et l’avenue André-Delorme. «Attesté durant l’Antiquité comme point de franchissement de la Somme, Ham devient capitale du pays hamois, rattaché au diocèse de Noyon (IXe siècle), puis au comté de Vermandois. Sa situation stratégique en bord de Somme protégée par une zone marécageuse, comme Péronne, en fait le carrefour de nombreuses routes reliant Saint-Quentin, Noyon, Chauny et La Fère, Péronne ou encore Nesle et Roye», raconte inventaire.hautsdefrance.fr. Au XIVe siècle, la foire annuelle, qui durait alors neuf jours, atteste du développement de l’activité commerciale. Au XIXe siècle, sa prospérité, écrit encore le site des Hauts-de-France, repose sur l’importance du commerce et de l’industrie, due en partie à la présence du canal de la Somme prolongeant le canal de Picardie et reliant la Somme à l’Oise à l’Escaut (inauguré en 1810) et de la voie ferrée (1867), qui offrent de nombreux débouchés aux productions locales (sucre cristallisé)». La ville de Ham a été reconstruite en quasi-totalité après la Grande Guerre (Wikipédia). Il faut maintenant rejoindre avec les D930 et D1044 la toute petite localité de Riqueval, au nord de Saint-Quentin pour entamer la seconde partie du voyage sur la R.N.32 historique, soit plus de trente kilomètres…
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R.N.30:
LA CONQUETE DE L’EST
Entre Rouen et La Capelle, la R.N.30 historique traverse la France des champs, vaste et sans limites apparentes. Amoureux des cîmes s'abstenir... (lire) |
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| La R.N.32 historique, dite «chaussée Brunehaut», vers Estrée, au tout début de son deuxième tronçon (photo: Marc Verney, mars 2025). |
A Riqueval, à l’intersection de la D1044 et de la D932, il n’y a qu’une seule maison. Tout paraît bien endormi et pourtant c’est de là que s’amorce l’une des plus longues lignes droites de notre pays, une chaussée de plus de 50 km qui file direct vers Bavay. Cette «chaussée Brunehaut» (*) est un axe antique qui reliait Bavay à Amiens. C'est d'ailleurs la mention qui apparaît sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle publiée par le Géoportail de l'IGN. Cela étant, la voie ne semble plus être un axe majeur au XIXe siècle. Il faudra patienter jusqu'en 1933 pour voir la R.N.32 se prolonger jusqu'à Bavay et au-delà. Elle est alors redéfinie comme «la route de Paris à Saint-Quentin et à Mons», écrit Wikisara. Nauroy est le premier village «frôlé» par la route. Il apparaît au XIIe siècle sous le nom de Nogaridum, dit Wikipédia. L'appellation évoluera mais il semble que l'on soit bien axé sur la signification toponymique «ensemble de noyers». En août 1914, l’armée allemande investit la place. Pendant toute la guerre, «le village se trouve en arrière du front, qui est stabilisé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest, vers Péronne», raconte Wikipédia. Les populations souffrent des arrêtés de la Kommandantur qui obligent les gens à travailler pour la puissance occupante et à la ravitailler en «blé, œufs, lait, viande, légumes, destinés à nourrir les soldats du front», précise encore l'encyclopédie en ligne. La libération n'interviendra qu'en octobre 1918. Plus loin, voilà Estrées. Le toponyme Estrées, que le site Sur ma route a souvent rencontré dans l'Hexagone représente un terme d'ancien français «estrée», issu du latin strata, qui désigne une «voie couverte de pierres plates» (Wikipédia). Quatre kilomètres plus loin, notre «chaussée Brunehaut» passe non loin de Beaurevoir au lieu-dit Genève. On y croisait jusqu’en 1951, le chemin de fer à voie métrique de Guise au Catelet. Au XVe siècle, Beaurevoir était entourée d’une forêt et dominée par la forteresse de Jean de Luxembourg. Se trouvant sur la frontière de l'Escaut, elle eut à subir et à repousser de nombreux sièges (pop.culture.gouv.fr). C'est dans le donjon de ce château que fut captive, un temps, Jeanne d'Arc, faite prisonnière à Compiègne en mai 1430. A quelques kilomètres, on traverse le «canal des Torrents», creusé au XVIIIe siècle «pour servir de déversoir aux eaux pluviales sans écoulement du territoire de Bohain», écrit Adolphe Joanne dans son Itinéraire général de la France, le Nord, en 1869.
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| Plaque Michelin à Beaurevoir (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Plus loin encore, notre voie longe Serain, dernier village de l’Aisne, au niveau de la ferme de la Chaussée. En septembre 1918, l'offensive des Alliés sur la ligne Hindenburg réussit et la région de Serain est libérée le 8 octobre par la 66e division britannique après de durs combats. La R.N.32 historique entre maintenant dans le département du Nord. Le bourg de Maretz, traversé par la «chaussée Brunehaut», vit des instants terribles au début du XVIIIe siècle: investi en juillet 1712 par les troupes anglaises du duc d'Ormont, les habitants du village sont enfermés dans leur église qui est enflammée par les assaillants. Près de 350 personnes périssent, pris au piège dans l'édifice embrasé. Les 150 maisons de la paroisse sont ensuite réduites en cendres. Au XIXe siècle, la commune accueille de nombreuses filatures textiles qui ferment les unes après les autres dans les années 70. Une célébrité y tient même son atelier: Gabrielle Chasnel dite «Coco Chanel». Toujours en ligne droite, voici Maurois, petit village où s'est également développé –au cours du XIXe siècle- l'industrie textile avec l'implantation, dit Wikipédia, «d'une succursale de l'importante usine Seydoux du Cateau-Cambrésis, spécialisée dans le tissage à la main pour la fabrication des tissus fantaisie, qui emploie jusqu'à 800 tisseurs». Par ailleurs, signale encore l’encyclopédie en ligne, la localité «a la particularité d'avoir donné son nom de plume à l'écrivain André Maurois qui, séjournant pendant la Première Guerre mondiale dans la région, prend ce pseudonyme». A portée d’arbalète, voilà Reumont, dernier village avant l’intersection du Cateau. C'est «l'une des plus petites communes de France en superficie», écrit tourisme-cambresis.fr. En 1366, un château avec donjon de pierre et double enceinte de fossés, le château de Folle-Emprise, ou Folemprise, y est édifié. La bâtisse est détruite en 1633, sans doute au cours des guerres franco-espagnoles. Reumont est très éprouvé pendant la Première Guerre mondiale lors de la bataille du Cateau, le 26 août 1914; de nombreuses destructions affectent le village. Au croisement suivant, désormais «rond-point Matisse», notre R.N.32 historique (D932) croise la R.N.39 historique (D643), la route de Montreuil-sur-Mer à Mézières. Cette «chaussée de Cambrai» a été décrétée en 1755, indique l’Etude historique sur le Cateau-Cambrésis, avant et pendant la Révolution. Nous sommes à quelques encablures du Cateau-Cambrésis, seule agglomération d’une relative importance implantée aux abords directs de la «chaussée Brunehaut». «Bâtie dans la profonde dépression de la vallée de la Selle, la ville (du Cateau, ndlr) se forme autour de l'an mille, sous l'autorité des évêques de Cambrai, à partir de la réunion de deux villages», dit le site tourisme-cambresis.fr. C'est un diplôme d'Otton III, daté du 21 avril 1001, qui autorise l'évêque à fortifier le «château Sainte-Marie», à tenir un marché, à percevoir des taxes, à battre monnaie et à exercer la justice en ces lieux. C'est ici que sont menées les négociations devant aboutir à la signature des traités du Cateau-Cambrésis, les 2 et 3 avril 1559, entre la France et l'Angleterre, d'une part, et entre la France et l'Espagne, d'autre part, où, pour la première fois les Etats européens visent à instaurer un équilibre entre les grandes puissance de l'époque, rapporte encore tourisme-cambresis.fr. Le rattachement à la France intervient en 1678. Après la défaite napoléonienne de Waterloo, Louis XVIII, apprend-on dans l'article «Contribution à l'histoire du Cateau-Cambrésis de 1814 à 1830», a regagné la France en empruntant «l'ancienne voie romaine -"la chaussée Brunehaut"- qui le conduisit à Bavay, puis le soir même, au Cateau, quartier général de Wellington. Cette route était non seulement plus directe, mais plus sûre. Le roi n'avait pas «à passer sous le canon d'une seul de nos places fortes de première ligne. Il devait rester au Cateau les 24, 25 et 26 juin 1815». Au XIXe siècle, l'entreprise de filature et de tissage de la laine de Charles Seydoux, qui a fermé en 1981, participe à la notoriété de la commune. Le Cateau est également connu pour le musée (créé en 1952) consacré au peintre Henri Matisse, natif de la ville.
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| Plaque de cocher à Maretz. Au XIXe siècle, c'était ici le chemin d'Intérêt Commun n°111 (photo: Marc Verney, mars 2025). |
A deux kilomètres plus au nord, voilà Montay, petit village à cheval sur la R.N.32 historique qui porte ici au XIXe siècle le nom de chemin d’Intérêt Commun n°111. «Le nom du village pourrait bien provenir des montées rapides que l’on doit gravir pour en sortir en suivant la "chaussée Brunehaut", écrit la Monographie communale de Montay. L’une d’elles a 1500 m de longueur avec une pente de 8 cm par mètre». Dans cette localité, on signalait autrefois comme site pittoresque et remarquable, la Cavée à Eau, découvre-t-on encore dans la monographie du bourg. «C’était une source qui, sortant d’un talus de la "chaussée Brunehaut", emplissait une fontaine qui se déversait sur la route et traversait le village en s’écoulant dans un fossé. Les voitures qui suivaient la "chaussée Brunehaut" ou la route départementale n° 10, de Valenciennes à Bohain, devaient, pour traverser le village de Montay, passer dans l’eau qui recouvrait la route de 30 à 40 cm de hauteur. Durant le redressement de la "chaussée Brunehaut" en 1886, on a déplacé cette fontaine pour l’amener au centre du village», conclut la Monographie communale de Montay. Encore trois kilomètres, et nous sommes à Forest-en-Cambrésis.
LA CHAUSSEE LIBEREE «En cette fin du mois d’août 1944, je venais d’avoir onze ans. (...) Les convois de la Wehrmacht en retraite passaient, jour et nuit, en colonnes interminables. Les panzers faisaient un "boucan" assourdissant. Ils empruntaient principalement la Chaussée Brunehaut, mais aussi d’autres routes, se dirigeant, semble-t-il, vers Valenciennes ou Bavay. Ils utilisaient toutes sortes de véhicules en réquisitionnant au passage tout ce qui pouvait rouler. Entre les villages, les avions américains mitraillaient cette "forêt motorisée". Pour tenter d’échapper à l’œil vigilant des aviateurs, les camions étaient camouflés sous des branchages et les soldats souvent habillés d’une tenue qui les faisait ressembler à des caméléons humains. Cette retraite se transformait en véritable débâcle. Du reste, les jeunes allemandes appelées trivialement les "grisettes" ou "souris grises" qui travaillaient dans l’important centre d’écoute et de transmission voisin, bâti à l’écart du village de Croix-Caluyau, à proximité du "carrefour de l’abattoir" étaient parties. (...) Le dimanche 3 septembre, en début d’après midi, des habitants du village qui s’étaient hasardés jusqu’aux environs de Landrecies, revinrent tout excités en hurlant "les Américains sont arrivés". C’était le grand jour que nous attendions, ivres de joie, nous nous embrassions les uns les autres sans oublier les "G.I.". Les scènes de liesse se succédèrent et chaque famille cueillit des fleurs dans son jardin pour les offrir aux libérateurs». Source: «Souvenirs de la libération de Forest vécue par une jeune habitante», Georges Broxer (d’après les souvenirs de Christiane Samin-Preux), forest-cis.fr. |
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| Englefontaine, en lisière de la forêt de Mormal (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Après le village de Croix-Caluyau, il faut rouler cinq kilomètres pour atteindre Englefontaine, une localité qui se situe à l’angle sud-ouest de la forêt de Mormal. La paroisse, citée en 1186, raconte le site villesetvillagesdelavesnois.org, «riche en argile au grain fin et de couleurs variées, connut une notoriété importante pour ses poteries, carreaux et tuiles dont les productions sont attestées dès le Moyen-Age. Au XVIIIe siècle, période faste, le village comporte plus de 80 potiers». En 1740, une route royale (la R.N.45 de 1959) est construite entre le Quesnoy et Landrecies. Du coup, Englefontaine, situé à mi-distance de ces deux places fortes et à un carrefour, pâtit alors de sa situation (englefontaine.fr). «Ravagé en 1793, le village le fut encore en 1914 et en 1918», signale le site patrimoine-avesnois.fr. Peu après, la D932 se met à longer la forêt de Mormal (9163 ha). Notre «chaussée Brunehaut» en fixe d’ailleurs les limites à l’ouest après les défrichements effectués par les moines au VIIe siècle. Saccagée au cours des deux conflits mondiaux, la forêt n’était plus que l’ombre d’elle-même en 1945: 63% des arbres avaient moins de 30 ans et seulement 12% avaient plus de 90 ans, mentionne patrimoine-avesnois.fr. Juste à côté, voici le Jolimetz. «Rien en effet de plus joli, de plus varié, de plus attrayant que ce village, écrit au XIXe siècle, madame Clément Hémery dans l'ouvrage Promenades dans l'arrondissement d'Avesnes. Situé sur un canal de l'Escaillon, large de 5 à 6 mètres, le Jolimetz touche à la forêt de Mormal et tout le terroir semble un jardin cultivé par Flore et Pomone; on se croirait dans la patrie des cerisiers tant ils sont multipliés au Jolimetz. Les autres fruits y abondent aussi»... De fait, c'est un charmant paysage de bocage que nous avons là, ce qui change des vastes plaines céréalières! Après le lieu-dit Maison-Rouge, la «chaussée Brunehaut» se porte à la hauteur du village de Gommegnies. «A la suite de la séparation de l'Empire de Charlemagne en trois parties, le bourg se trouvait en Lotharingie et reconnaissait l'autorité germanique», signale le site municipal gommegnies.fr. Cette région, comprise entre le massif des Ardennes et l'Escaut, était autrefois recouverte par la vaste "forêt charbonnière", découvre-t-on également sur internet. Celle-ci tenait son nom du fait qu'on y produisait du charbon de bois. Au fil des siècles, des défrichements ont éclairci le tissu végétal et donné naissance à des clairières, à des essarts. C'est dans l’un deux, sans doute, qu'ont vécu les premiers habitants de Gommegnies. «Des tombeaux romains avec objets et monnaies des empereurs Gallien, Claude, Tétricus, sont trouvés en 1854, près de la "chaussée Brunehaut"», écrit Wikipédia. «La commune a vu naître Célestin Hennion (1862-1915), directeur, en 1907, de la Sûreté générale et fondateur des célèbres brigades du Tigre», unités policières d'élite utilisant les toutes premières voitures, rappelle le site pop.culture.gouv.fr.
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| Le monument de Bavay (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Buvignies est le dernier village traversé par la R.N.32 historique avant l’arrivée sur Bavay par la rue de la Chaussée. «En 27 avant JC, la peuplade des Nerviens fonde sa capitale, Bavay. Aujourd’hui encore, le Bavaisis est fortement caractérisé par un réseau routier étoilé formé de sept voies romaines, rectilignes, qui reliaient Bavay aux autres capitales de l’Empire romain (à l’ouest Boulogne, à l’est Cologne par Tongres, au sud-est Reims, Amiens, Trèves, Cambrai, Saint-Amand et Utrecht). Bavay formait alors un passage obligé entre la Germanie et Boulogne, tête de pont vers l’actuelle Grande-Bretagne. Implantée sur une butte sableuse, elle était à la fois une place militaire, politique et économique de première importance», lit-on dans «Le Bavaisis, diagnostic du patrimoine bâti», une brochure éditée par le parc naturel régional de l'Avesnois. «La ville se développe à l'époque julio-claudienne et surtout sous les Flaviens (fin du Ier siècle). De grands monuments sont construits: un forum (de 3 ha, ndlr), des thermes alimentés par un aqueduc amenant les eaux d'une fontaine (fontaine Saint-Éloi) située à Floursies à une vingtaine de kilomètres», dit Wikipédia. Aux XIIIe et XIVe siècles, la ville, qui fait partie du comté de Hainaut, est fortifiée. Elle est le siège d'une prévôté. En 1433, le comté devient partie intégrante des Pays-Bas bourguignons, puis rejoint, en 1519, l'empire de Charles Quint. Enfin, Bavay fait partie des Pays-Bas espagnols jusqu'en 1678, date du rattachement à la France. Ce sont les bombardements de la Seconde Guerre mondiale qui révèlent les splendides ruines romaines de la cité, rapporte le site terascia.com. Les fouilles de l'immense ensemble sont loin d’être terminées puisque l’on estime à 25% la surface mise à jour. On quitte la ville en suivant l’ancienne chaussée romaine de Binge en direction du hameau Sur-Hon (commune de Taisnières-sur-Hon). Puis, la R.N.32 historique oblique à gauche, peu avant le bois de la Lanière. On croise le hameau de Malplaquet, dans les environs duquel s’est tenue la célèbre bataille. Un monument commémoratif de l’événement se trouve d'ailleurs à peu de distance de la frontière belge, au hameau du Trieux. La sanglante bataille de Malplaquet se déroula le 11 septembre 1709 au cours de la guerre de Succession d'Espagne. Des forces essentiellement autrichiennes et néerlandaises, y affrontent les Français, commandés par le maréchal de Villars. A la mi-journée, les coalisés restent finalement maîtres du terrain, mais au prix de pertes deux fois plus importantes que celles de l'armée française, qui peut faire retraite en bon ordre, préservant ainsi le royaume d'une invasion. C’est donc une défaite tactique pour Louis XIV mais un succès stratégique pour la France. Notre R.N.32 historique s’achève au milieu des champs après un trajet –en deux parties- d’environ 138 kilomètres depuis Senlis.
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| La frontière franco-belge n'est plus délimitée que par ce trait blanc qui coupe le bitume (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Marc Verney, Sur ma route, octobre 2025
(*) Dès le Moyen Age, le nom de «chaussée Brunehaut» est attribué à plusieurs routes dont l’origine n'est pas clairement définie. D'après la légende, c'est Brunehaut, une princesse wisigothe devenue reine des Francs qui a ordonné la réfection d’anciennes voies romaines ou gauloises, principalement dans le nord de la France et en Belgique actuelle.
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