Panneau Michelin de la R.N.785 historique à Penmarch (photo: MV, décembre 2021).
Vers la chapelle de N.D. de Tréminou (photo: MV, décembre 2021).
A Penmarc'h, ces panneaux Michelin touristiques défient les embruns (photo: MV, décembre 2021).
Les impressionnants rochers de Saint-Guénolé (photo: MV, décembre 2021).

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Détail du magnifique calvaire de Troenën (photo: MV, décembre 2021).
Entrée de Plovan (photo: MV, décembre 2021).


Les belles régions françaises...
DONEMAT E BREIZH!
S’il y avait effectivement –il y a quelques années- un paradis du panneau Michelin, c’était bien la Bretagne, ses landes, ses récifs pointus et ses silhouettes de béton qui se dressaient, fières mais trempées par les embruns, au bord des chemins, entre Rennes et Brest. Certes, me direz-vous, et le Nord? Et l’Alsace, la Vendée, l’Hérault, la Côte d’Or et ses bornes? Tous lieux amplement décrits par le site Sur ma route… Il faut cependant l’avouer, les productions du constructeur clermontois ont trouvé, sur ces routes étroites et luisantes, une terre d’élection où, surgissant de la brume, elles offrent au randonneur des chemins le plaisir électrisant de voyager «un peu» dans le temps… Lors du passage vers l’année 2022, me voilà, entre baie d’Audierne et pointe du Raz, en pays bigouden. Outre de nombreuses anciennes signalisations encore debout au bord du pavé, notre périple nous fera admirer la force des flots à Saint-Guénolé, mais aussi la lumière rasante parsemée de mouettes à la baie des Trépassés et une kyrielle de petites chapelles touchantes éparpillées dans la verte campagne...

Vers la pointe du Raz (Photo: Marc Verney, décembre 2021) . En cliquant sur l'image vous revenez à la page principale.

De Quimper, il faut s’élancer sur la multivoies D785 en direction de Pont-L’Abbé. Ce fut, dans les années cinquante, la route nationale 785, entre Pleyber-Christ (Morlaix) et la pointe de Penmarch. Le décrochage de cet océan de bitume contemporain se fait à Saint-Guénolé (Sant-Wenole) où l’on emprunte la «route de Plonéour» (D156). Très vite, après le hameau (dévié) de Stang-ar-Bacol, voici le premier petit plaisir de cette balade, la chapelle de Lanvern, dédiée à saint Philibert, construite au XIe siècle par des moines de l'abbaye de Landévennec (située sur la presqu'île de Crozon). «Lors de la révolte des Bonnets rouges en 1675, son clocher fut décapité», écrit destination-paysbigouden.com. Inutile d’être croyant pour avoir du plaisir à déambuler sous les arbres centenaires et à côtoyer les pierres moussues près de la petite fontaine… L'endroit a fait l'objet d'une remarquable restauration depuis 1985, retrouvant notamment un toit (2011) et des vitraux. Le nom Lanvern vient de Lan (ermitage) et Wern ou Guern (marais d’aulnes), signale le site lanvern.pagesperso-orange.fr. Retour sur la D156 où nous prenons la direction de Plonéour-Lanvern. La chapelle de Languivoa, notre deuxième étape, se situe à gauche de la départementale, à l’orée du bourg de Plonéour. Bâtie à la fin du XIIIe siècle, elle est représentative du style architectural dit de l'Ecole de Pont-Croix. Là encore, son clocher est étrangement décapité, trace indélébile de la féroce répression du duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, contre les Bonnets rouges sous le règne de Louis XIV. Fortement délabrée dans les années cinquante, «elle a été l'objet d'une importante campagne de rénovation de 1967 à 1983», écrit destination-paysbigouden.com.

Vers Pont-L'Abbé (photo: Marc Verney, décembre 2021).

De Plonéour-Lanvern, il faut maintenant suivre la D57 jusqu’au village de Saint-Jean-Trolimon. Là, tourner à gauche vers Pont-L’Abbé. A quelques kilomètres, se trouve la troisième chapelle de notre promenade, Notre-Dame de Tréminou (XIIIe siècle). Haut lieu de la révolte des Bonnets rouges, c’est, du haut de son calvaire-chaire extérieur que fut proclamé, le 2 juillet 1675, le Code paysan et que furent énoncées les revendications par les représentants de quatorze paroisses du Cap Caval, l’ancien nom du pays bigouden. Cette révolte s’est développée en Bretagne à la suite d'une hausse des taxes, dont celle sur le papier timbré, qui était requis à l’époque pour les actes authentiques (Wikipédia). En revenant vers Saint-Jean-Trolimon, on suit la route de Plomeur. Là, virage à droite sur la D785 (R.N.785 historique) jusqu’à Penmarc’h et la pointe du même nom. Sur cette langue rocheuse se trouve le puissant phare d’Eckmühl, inauguré en 1897. Haute de 65 mètres, cette imposante masse en pierre de Kersanton a été conçue pour remplacer l’ancien phare à huile d’une hauteur insuffisante suite au programme d’électrification des grands phares de l’Hexagone, raconte le site pharesdefrance.fr. Sécurisant une des côtes les plus dangereuses de France en raison de ses nombreux récifs, Eckmühl, signale encore le site des Phares de France, a été financé par le legs de la marquise de Blocqueville, fille du maréchal d’empire Louis-Nicolas Davout, prince d’Eckmühl. Dans son testament du 02 février 1885, elle écrivit ainsi: «ma première et ma plus chère volonté est qu’il soit élevé un phare sur un point dangereux des côtes de France non miné par la mer. J’aimerais que le phare d’Eckmühl fut élevé là ; mais sur quelque terrain solide, granitique, car je veux que ce noble nom reste longtemps béni. Les larmes versées par la fatalité des guerres seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête». Il y a 307 marches à gravir pour arriver au niveau des quatre optiques de Fresnel, mais c'est néanmoins aujourd'hui l'un des monuments les plus visités du Finistère!

Le village de Penmarc'h conserve précieusement ses panneaux Michelin (photo: Marc Verney, décembre 2021).

On emprunte maintenant la chaussée côtière en direction de Saint-Guénolé et de ses fameux rochers. «Ce site naturel classé a de tout temps attiré les promeneurs», découvre-t-on dans penmarch.fr. «En suivant le GR34, le sentier côtier, on découvre des rochers aux formes mystérieuses: les oreilles de lapin, le rhinocéros, le tire-bouchon, la tortue ou la roche des victimes. Ces rochers doivent leurs formes particulières à des phénomènes d’altération et d’érosion causés par la pluie, le vent et les embruns», raconte encore le site municipal. Mais attention… si la paysage y est magnifique lors des grandes tempêtes, il ne faut pas trop s’approcher des flots tumultueux, qui peuvent tout bonnement emporter le visiteur imprudent! «Il n'est pas rare en hiver, de voir la neige (ou écume de mer) recouvrir toute cette zone jusqu'aux façades des maisons», voit-on sur le site destination-paysbigouden.com. De là, on peut se rendre à pied avec le GR34 à la pointe de la Torche, haut lieu du surf, mais également très beau panorama sur les rochers et les plages alentours. Notre promenade nous emmène maintenant par les petites routes en direction de la chapelle de Tronoën et son calvaire, qui est, pour le Guide du Routard, c’est l’un des plus «anciens» et des plus «fascinants» de Bretagne… On nomme cette chapelle de plan rectangulaire (25 m de long pour 12 m de large) la «cathédrale des dunes», écrit le site destination-paysbigouden.com, parce qu'elle «a été édifiée sur des dunes. Construite au XVe siècle, elle a d'abord été dédiée à saint Maudez, puis à Notre-Dame de Tronoan invoquée par les familles des marins disparus en mer, afin de trouver leurs corps». Le calvaire qui la jouxte est tout aussi remarquable: il est le plus ancien des sept grands édifices de ce type en Bretagne. Sa date de construction se situe entre 1450 et 1470. La balade se poursuit –toujours par d’étroits chemins- en direction des ruines romantiques de la chapelle de Languidou (XIIIe siècle). Ces restes, «forts pittoresques», dit infobretagne.com, sont blottis «au fond d'un vallon qui va s'élargissant graduellement vers la mer». Puis voilà le village de Plovan et sa petite église de Saint-Gorgon.

Carrefour Michelin derrière la chapelle de Tronoën (photo: Marc Verney, décembre 2021).
Les très romantiques ruines de Languidou (photo: Marc Verney, décembre 2021).
Sortie de Plovan (photo: Marc Verney, décembre 2021).

On remonte par la départementale n°2 en direction d’Audierne. Peu après Plozévet, on tourne à gauche en direction de Pors-Poulhan. Une petite route, qui suit le rivage et passe par Menez-Dregan (centre d’interprétation du site préhistorique) nous amène vers Plouhinec et Audierne, au pays du cap Sizun. «La ville d’Audierne aurait été créée au Moyen Age», écrit Jo Evenat dans audierne.info. D’après lui, «le développement de la navigation maritime du XVe au XVIIe siècle fait d’Audierne une ville très prospère. Poissons secs et céréales sont exportés en échange de vins, de bois et de fer. Le port est alors le seul entre la pointe du Raz et la pointe de Penmarc’h». Au milieu du XIXe siècle, la cité est un port de refuge important, avec une moyenne de 200 bateaux marchands par an. «La construction» du môle du Raoulic de 1847 à 1852, raconte encore Jo Evenat, «fixe la position du chenal jusqu’alors incertaine». Puis, «le train Douarnenez-Audierne, lancé en 1894, favorise le tourisme, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La grande plage est appréciée par des artistes nombreux, de Renoir à Buffet». Séverin Le Duff de Mésonan (1781-1872), élu député du Finistère en mars 1852 et maire d'Audierne de 1857 à 1871, défendra avec ardeur les intérêts du département et du canton; les habitants du cap Sizun lui doivent de nombreuses routes, «dont la nouvelle chaussée Audierne- Pont-Croix, la R.N.165», écrit le site municipal audierne.fr. Jusqu’aux années 1960, Audierne sera (avec Camaret) l’un des deux plus grands ports langoustiers français. Aujourd’hui, aux beaux jours, la petite ville est une fort sympathique étape sur la route de la pointe du Raz. Celle-ci est d’ailleurs notre prochaine étape à une quinzaine de kilomètres de là. La R.N.784 historique (D784) passe dans les terres hormis au Loc’h-Primelin, où le goudron passait –jusqu’en 1979- au raz des flots causant de belles frayeurs aux automobilistes durant les tempêtes (lochprimelin.canalblog.com)… L’attrait des touristes pour le cap Sizun et la pointe du Raz n'est pas nouveau. «Dès la fin du XIXe siècle, l'émergence du transport ferroviaire et de l'automobile favorise le déplacement des premiers touristes fortunés», lit-on sur le site internet pointeduraz.com. De grands écrivains comme Victor Hugo ou Gustave Flaubert, ont décrit la beauté singulière du lieu. Mais l'attrait du public pour la pointe extrême de l’Europe a sa face sombre: en 1909, les deux premiers hôtels sont construits. Au total, outre de nombreuses boutiques de souvenirs, cinq hôtels proposent leurs services aux voyageurs de l'entre-deux guerre. Aujourd'hui, devenue grand site national, la zone de la pointe du Raz, vaste de 8700 ha sur cinq communes est totalement protégée de l'urbanisation sauvage. Quelle évolution alors que, dans les années 1970, les pouvoirs publics français prévoyaient d’installer une centrale nucléaire à Plogoff… La promenade de la baie des Trépassés et de la pointe du Van (GR34) est fortement recommandée. On revient vers Douarnenez par la départementale n°7. Sur la route de Quimper, un petit détour par Locronan (village ancien) est fortement recommandé!!

Marc Verney, Sur ma route, février 2023

Le phare de la Vieille à la pointe du Raz. C'est décoiffant (photo: Marc Verney, décembre 2021).
Outre le GR34 qui fait le tour de la Bretagne par la côte, il semble que l'on puisse rejoindre Venise en sentier de randonnée depuis la pointe du Raz (photo: Marc Verney, décembre 2021).
Dans les années cinquante, la R.N.165 reliait Nantes à Audierne (photo: Marc Verney, décembre 2021).

SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); Guide du Routard Bretagne Sud, Hachette (2021/22); audierne.fr; audierne.info; destination-paysbigouden.com; lanvern.pagesperso-orange.fr; lochprimelin.canalblog.com; pharesdefrance.fr; pointeduraz.com; Wikipédia, Wikisara.

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