Le Touquet Paris-Plage, station phare de la Côte d'Opale est résolument tournée vers l'Europe. Entre tradition et modernité, tout est mis en oeuvre pour que le «jardin de la Manche» vous accueille «4 Saisons» en vous offrant de les vivre avec passion... (le site officiel) SOURCES ET DOCUMENTS Carte Michelin n°51 Boulogne-Lille (1964); archeologie.pasdecalais.fr; attin-mairie.fr; etaples-sur-mer.fr; letouquet.com; tourisme-etaples.com; Géoportail de l’IGN; mairie de Beutin; Wikisara; Wikipédia. |
Belles
routes de France...
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Pour atteindre Le Touquet-Paris-Plage par la route, il faut quitter la R.N.1 historique peu après Montreuil-sur-Mer et suivre la R.N.318 en direction d'Etaples. Cette chaussée, créée en 1933, qui suit la vallée de la Canche, «est issue du chemin de grande communication n°113 du Pas-de-Calais, pour la section comprise entre la Paix-Faite et l'entrée d'Etaples, d'un embranchement de ce même chemin, ou GC113Emb dans la traversée d'Etaples, et d'un embranchement du chemin de grande communication n°119 dans la traversée du Touquet», dit l’encyclopédie des routes Wikisara. De1972 à 2006, voit-on encore sur ce site, la voie est renumérotée en R.N.39 (prolongement de cette nationale, qui reliait Tremblois-lès-Rocroi à Montreuil-sur-Mer). Jusqu'au Touquet, le trajet ne fait qu'environ 17 kilomètres. Depuis l'intersection de la Paix-Faite, notre premier village traversé est Attin. Le village, sans doute un des plus anciens du Montreuillois est mentionné pour la première fois «en 676 par une charte du roi Thierry III» qui évoque un bac sur le fleuve, écrit le site municipal attin-mairie.fr. «Le droit de passage était perçu à l’ origine par l’Eglise». Mais, en 1596, pour des raisons militaires, le génie condamne la porte Montreuilloise de la Ferté qui permettait l'accès direct au bac, condamnant de facto son usage. C'est alors qu'est construite une nouvelle route de Montreuil à Boulogne passant par Neuville, suivie d’un pont sur la Canche.
Pour ce qui est du village en lui-même, «plusieurs diagnostics et fouilles archéologiques à proximité de l'église d'Attin ont révélé une occupation ancienne du village» découvre-t-on sur le site archeologie.pasdecalais.fr. Ainsi, a-t-on découvert les fondations d'un bâtiment romain d'environ 200 m2 équipé de thermes et d'un hypocauste. Sans doute une grande exploitation agricole du IVe siècle qui rappelle que le versant nord de la Canche était habité à l'époque gallo-romaine. Attin devait constituer un site stratégique par sa position à la confluence de la Canche et de la Course et à proximité de la voie romaine Boulogne-Amiens, conclut ce site départemental. Dans Attin, on remarque que la R.N.318 (D939) passe sous la ligne de chemin de fer de Saint-Pol-sur-Ternoise à Etaples (ouverte en 1878). Voici maintenant la localité de Beutin. «La plus ancienne mention écrite du village remonte à 1042», lit-on sur un panneau d'information situé non loin de la mairie. Une agglomération semble toutefois exister ici dès l'Antiquité. On a d'ailleurs retrouvé les traces d'un chemin bordé d'habitations, remontant le versant nord de la Canche, daté du Ier siècle après Jésus-Christ, explique encore le panneau municipal. A l'ouest de Montreuil, une voie longeant le littoral devait passer à Sorrus, franchir la Canche au niveau du hameau de Visemarest à la Caloterie pour rejoindre la grande voie Amiens-Boulogne près de Longvilliers. «Sur le territoire de la commune, une épave de bateau à fond plat du XVe siècle découverte dans le lit de la Canche témoigne de la continuité du commerce fluvial à la fin du Moyen Age. Au XVIIe siècle, le village accueille un chantier naval spécialisé dans la construction de bateaux de pêche utilisés dans les petits ports du littoral», lit-on encore. Avant la Grande Guerre, on traversait la Canche grâce à un bac. En 1915, le bac est remplacé par un pont métallique réalisé par l'armée britannique pour des raisons de logistique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands le font sauter. Il est finalement reconstruit en 1946.
Un peu plus loin, voilà Enocq, village traversé par la «rue Nationale». Le village, un peu précurseur des regroupements de communes actuel, est lié avec le bourg de Brexent depuis 1790! Et nous voilà arrivés au niveau de l’embouchure de la Canche… Niché au fond de cette embouchure, le petit port d'Etaples a bénéficié d’un premier développement sous l’époque gallo-romaine, annonce le site tourisme-etaples.com. Puis les lieux sont victimes des invasions vikings. Au Moyen Age, c’est «une escale maritime pour le cabotage et le bornage à la voile». On y pratique aussi la pêche. Mais la Guerre de Cent ans se déclare, «en 1346, les Anglais incendient la ville en revenant vainqueurs de la bataille de Crécy; en 1355, le duc de Lancastre la pille. Etaples subit des sièges en 1351, 1378 et 1435…», lit-on encore sur le site tourisme-etaples.com. De 1803 à 1805, Napoléon Ier songe à envahir l’Angleterre. C'est l'époque du fameux «camp de Boulogne». Mais les troupes s'étalent tout au long de la côte: à Etaples, on reçoit le VIe corps d’armée du maréchal Ney. C'est une époque «brillante», dit le site etaples-sur-mer.fr, «l’Empereur vint plusieurs fois pour passer ses troupes en revue. La population en garda un souvenir inoubliable». Plus tard, la ligne de chemin de fer qui relie Amiens et Boulogne en passant par Etaples est inaugurée en 1848. Douze années après, on construit enfin, sous Napoléon III, un pont qui relie les deux rives de la Canche et envoie le peu pratique bac aux oubliettes. Elargi pour le passage d’une ligne de tramway, il sera remplacé en 1926 par le «pont Pulabeuf» construit en béton armé et détruit durant la Seconde Guerre mondiale. En juillet 1949 (après la parenthèse d’un franchissement provisoire), le «pont rose» actuel est mis en service.
Notre R.N.318 historique peut ainsi accéder à la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage en «utilisant» quelques hectomètres de la R.N.40… L'agrandissement de l'aéroport obligera à refaire le parcours terminal de la R.N.318 en 1959. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les terres entourant l’embouchure de la Canche étaient vides, relativement inhospitalières, soumises aux caprices des vents et des vagues. En 1837, découvre-ton sur le site letouquet.com, un notaire, Alphonse Jean-Baptiste Daloz, acquiert le domaine du Touquet, alors constitué de terrains sablonneux, bientôt plantés de pins maritimes, de peupliers et d’aulnes. Entre mer et forêt, l'espace ainsi constitué attire les regards. Daloz invite régulièrement ses amis parisiens à des parties de chasse au milieu des pins, dont le directeur du journal Le Figaro, Hippolyte de Villemessant, qui lui «souffle» l’idée d’une station balnéaire... «Paris-Plage» naît en 1882. Un an plus tard, «les lieux dénombrent déjà trente habitants. Le lotissement compte alors deux chalets en front de mer (La Vigie et L’Avant-Garde), un château (celui de M. Daloz), un sémaphore et deux phares», raconte le site municipal. Au début du XXe siècle, le site bénéficie du soutien d'un homme d’affaires anglais, Sir John Whitley, qui, adepte de la mode balnéaire, va investir dans l'endroit et lui fournir cette patine de chic qui fait venir la clientèle britannique dans cet «Arcachon du Nord»... Le Touquet-Paris-Plage naît officiellement le 28 mars 1912 après des années de tractations tendues avec la commune de Cucq. A cette époque, il faut trois heures pour rejoindre la côte d’Opale depuis la capitale, grâce au chemin de fer du Nord et à la ligne de tramway électrique Etaples-Paris-Plage, inaugurée en 1900... Au début de la Première Guerre mondiale, Le Touquet, qui n'est pas dans la zone des combats, devient un lieu de repos pour les soldats blessés, avec environ 3400 lits. Hôtels et casinos du littoral sont progressivement transformés en hôpitaux de fortune, rappelle letouquet.com. Dans l’entre-deux-guerres, la station balnéaire connaît un rayonnement intense. Paris-Plage est le rendez-vous de tout ce que la planète compte de personnalités. Les constructions prennent de l'ampleur. L'apogée en sera, le 12 août 1929, l'inauguration du Royal Picardy, un hôtel, symbole des «années folles», qui sera surnommé par les Britanniques «the most beautiful hotel in the world»... Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, la Royal Air Force bombarde la ville, militarisée et transformée en lieu de repos pour la Wehrmacht. A la Libération, le 4 septembre 1944, les troupes canadiennes investissent une ville déserte et sinistrée. La presse de l’époque qualifie alors Le Touquet de «ville la plus minée de France». La renaissance sera longue: en 1956, Bernard Chochoy, secrétaire d'Etat à la Reconstruction et au logement, inaugure les motels de la «résidence du Golf». Aujourd'hui, Le Touquet Paris-Plage se veut la «station de l'élégance», à l'image de ce qu'elle fut dans les années 1930. Sur ma route, Marc Verney, mars 2023
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