Ancienne plaque indicatrice de la N5 bis à Laroche. (Photo: MV, janv. 2010).

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L'imposante porte de Sens à Villeneuve-sur-Yonne (Photo: MV, janv. 2010).

Nos sources:
-carte Michelin n°96 Routes et ponts (mars 1948)
-Atlas des routes de France (Michelin, 1951-1952)
-carte Michelin n°97 150 km autour de Paris (1970)
-carte Michelin n°319 Nièvre, Yonne (2008)
-Les chemins de Paris à Lyon, Georges Reverdy (éd. RGRA, 1978)
-Le Guide Bleu Bourgogne Lyonnais (Hachette, 1965)
-Les routes impériales dans l'Yonne 1830-1914, Centre auxerrois de l'Université pour tous de Bourgogne
-Saint-Florentin, Avrolles au XIXe siècle, Jean Millot
-Annuaire historique du département de l'Yonne (Auxerre, Perruquet et Rouillé imprimeurs-libraires-éditeurs, 1856)
-A la découverte de Joigny, édité par l'Association culturelle et d'études de Joigny, 1996
-Les offices du tourisme de Villeneneuve-sur-Yonne et de Joigny
-Wikipédia

Vos commentaires sur:
marc.verney@laposte.net

 

Sens-Saint-Florentin par Joigny
UN BIS POUR LE NUMERO 5!
Plusieurs portions de la route blanche ont "porté" le numéro 5 bis entre Brie-Comte-Robert, Melun, Fontainebleau et Montereau... La boucle de Sens à Saint-Florentin par Villeneuve-sur-Yonne et Joigny a, elle aussi, porté un temps ce même numéro jusque dans les années 40 (pour être ensuite remplacé par le n°6, puis le D606)... Cet itinéraire suit l'un des anciens chemins de poste Paris-Dijon avant l'ouverture d'une voie plus directe par Cerisiers et la forêt d'Othe... L'occasion est belle pour aller visiter -sur 53 kilomètres- quelques jolies cités de la vallée de l'Yonne...

En arrivant de Villeneuve-sur-Yonne, et un peu avant Joigny, la route Paris-Lyon frôle la forêt d'Othe sur sa gauche (Photo: Marc Verney, janv. 2010). En cliquant sur l'image vous reprenez le trajet Paris-Genève à Saint-Florentin (clic!)


Un peu d'histoire des routes tout d'abord... Durant le XVIIIe siècle, dans la région, on palabre sec autour du passage de la voie principale vers Dijon. Le plus ancien itinéraire faisait circuler les voitures de la poste par Auxerre, Noyers et Montbard. Vers 1750, l'option choisie est de relier entre eux Joigny, Saint-Florentin et Tonnerre tout en utilisant le chemin de Paris à Lyon jusqu'à Joigny. Evidemment, à Joigny on exulte à cette idée... la ville devient le point de rencontre des chemins de Lyon et de Dijon! Bon pour le commerce et l'économie!! L'état de grâce dure jusqu'en 1836; c'est en effet à cette date que le tronçon par le pays d'Othe est livré à la circulation... Et le tronçon Sens-Joigny-Avrolles prend le n°5 bis...

Km 00 (+53): On quitte Sens par la route d'Auxerre. La route (auj. D606) remonte la large vallée de l'Yonne (belle chaussée rapide). Peu de choses à nous mettre sous les yeux: une ligne droite nous fait aller jusqu'à Rosoy. Puis encore une autre qui nous fait passer très au large des villages de Véron et de Passy (vaste demeure du XVIIe où séjourna Châteaubriand). Il ne reste déjà que quelques km à parcourir avant d'atteindre notre première étape.

Km 14 (+39): Villeneuve-sur-Yonne La route moderne contourne l'agglomération. Il est fortement conseillé au visiteur d'entrer dans la cité par la porte de Sens (XIIIe siècle). Le bourg est une création royale: Louis VII le Jeune voulait en effet protéger les frontières du (petit) royaume de France d'alors face aux Champenois. Du coup, la ville (appelée tout d'abord Villefranche-le-Roy) se bâtit à partir de 1163 sur un plan "à la romaine" avec un quadrillage de rues rigoureux et une solide enceinte ouverte de seulement cinq portes lourdement fortifiées. Le gué sur l'Yonne est remplacé par un pont de 214 m où l'on peut voir aujourd'hui, en son milieu, une croix des Mariniers datant du XVIIIe siècle. La rue principale, la rue Carnot, coupe tout droit au travers de Villeneuve-sur-Yonne (parking possible).

La porte de Joigny à Villeneuve-sur-Yonne (Photo: Marc Verney, janvier 2010).

A VOIR, A FAIRE
Que ce soit en venant du nord ou du sud, on ne voit qu'elles: les portes (de Sens ou de Joigny) faisaient partie du système défensif de Villeneuve-sur-Yonne. Leur construction a débuté au XIIIe siècle; il ne faut pas hésiter à y entrer: vous y découvrirez des musées! Celui évoquant l'histoire de la ville se trouve à la porte de Joigny. Bâtie au XIIIe siècle sous le règne de Philippe Auguste, l'église Notre-Dame de l'Assomption, de style gothique, possède une façade Renaissance et de beaux vitraux, dont certains datent du XIIIe. Adossée à l'église, la fontaine Briard (due à Emile Peynot, prix de Rome et enfant du pays) représente Villeneuve avec ses attributs agricoles et nautiques. Les anciens murs de la cité ont laissé la place à de belles promenades plantées d'une quadruple rangée d'arbres qui font -sur 2 km- le tour de l'agglomération. Presque en face de l'église (41, rue Carnot), on pourra voir aussi la maison aux Sept Têtes, une ancienne maison de poste du XVIIIe siècle.
Office du tourisme de Villeneuve-sur-Yonne, 99, rue Carnot - cour de l'Europe
(tél. 03-86-87-12-52)

Ancienne plaque indicatrice de la "route impériale 5 bis" à Villeneuve-sur-Yonne (Photo: Marc Verney, janvier 2010).

On sort de Villeneuve-sur-Yonne par la porte de Joigny. L'ancienne nationale Paris-Lyon longe les bords de l'Yonne dans un paysage devenu plaisant. Voici Armeau, un village de vacances entre rivière et collines boisées. Une jolie route (la D122) mène en quelques lacets au château de Palteau (style Louis XIII). Celui-ci fut la propriété du chevalier de Saint-Mars, le geôlier du Masque de fer. La route évite Villevallier (déviation construite à partir de 1939). Il est cependant conseillé d'aller faire une visite au village de Saint-Julien-du-Sault, sur la rive gauche de l'Yonne. Situé sur les bords de l'Ocques, un petit peu en amont de son confluent avec l'Yonne, le bourg, autrefois fortifié, aux maisons de belle pierre, charme le regard. Un petit km au sud, on peut monter en direction de la chapelle médiévale de Vauguillain (vaste panorama sur la vallée de l'Yonne).

Deux kilomètres après Villevallier, la chaussée actuelle aborde un rond-point. Celui-ci inaugure la grande déviation de Joigny (qu'il ne faut pas emprunter). L'automobiliste doit suivre la direction de Villecien et de Saint-Aubin-sur-Yonne. La route longe alors les lisières de la vaste forêt d'Othe. Après une belle rangée d'arbres, l'ancienne nationale (auj. D959) aborde Joigny par la côte Saint-Jacques et le faubourg de Paris.

Juste après Saint-Aubin-sur-Yonne, en direction d'Auxerre, la route longe la forêt d'Othe avant de plonger sur Joigny (Photo: Marc Verney, janvier 2010).

Km 31 (+22): Joigny Voilà une bien intéressante cité construite en amphithéâtre sur les bords de l'Yonne. L'essentiel de l'activité se passe d'ailleurs sur les quais, autour du pont (XVIIIe siècle), qui supportait le gros du trafic Paris-Méditerranée avant que l'on ne construise l'autoroute du Soleil! C'est donc peu de dire que la petite ville fut une étape notable sur le trajet vers la Grande Bleue (nombreuses places de parking sur les bords de l'Yonne)...

Quelques mots d'histoire... L'origine de Joigny est romaine (son petit nom d'alors: Joviniacum). Mais la ville se développe plus tard: au Xe siècle, Joigny devient le siège d'un comté rattaché à la Champagne. Deux cents ans plus tard, la vie des Joviniens s'améliore. Commerce, travail vigneron et artisanat enrichirent les habitants et il fallut même construire une nouvelle enceinte. Sur l'Yonne, le pont de bois est partiellement reconstruit en pierre. Mais les tragédies reviennent: après avoir subi une terrible épidémie de peste noire en 1361, la ville se retrouve au coeur du conflit entre le parti des Bourguignons (pro anglais) et celui des Armagnacs (soutenant le dauphin légitime). En 1417, Charles VI est incapable de régner. La reine Isabeau (pro Bourguignons) s'autoproclame régente du Royaume de France. Retenue à Chartres par Bernard d'Armagnac, elle est délivrée par le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Poursuivis par les troupes du parti des Armagnacs, ils se réfugient cinq jours à Joigny. C'est de là qu'ils partent pour Troyes, où, en 1420 Isabeau mariera sa fille Catherine au roi Henri V d'Angleterre, qui deviendra donc (avec le traité de Troyes) héritier du trône de France.

Les années suivantes sont tout aussi troublées: siège anglais en 1429, à nouveau la peste en 1500, grand incendie de 1530, qui ravage les deux tiers de Joigny... Le XVIIIe siècle marque la reconstruction de la ville. Après l'hôtel de ville en 1727, les Joviniens aménagent les quais en 1754 pour préparer le passage de la route de Dijon par Saint-Florentin. Sur l'Yonne, un pont de pierre tout neuf reçoit la circulation s'écoulant vers Auxerre. La batellerie est florissante: vins, céréales, bois, cuirs sont acheminés vers Paris par la rivière. Plus tard encore, c'est l'ouverture du canal de Bourgogne (1832) et l'arrivée de la voie ferrée Paris-Lyon (1849). Au XXe siècle, dans les années cinquante, Joigny séduit les automobilistes empruntant la nationale 6, la route des vacances... Les restaurants et hôtels fleurissent au bord de la route (certains existent encore)... le Relais de l'Escargot, le Biarritz, L'Etape, le Paris-Nice, la Côte Saint Jacques...

A VOIR, A FAIRE
De très nombreuses maisons à pan de bois dans le quartier situé entre Saint-Thibault et Saint-Jean (dont les maisons dites du Pilori, de l'Arbre de Jessé ou du Bailli); l'église Saint-Thibault (achevée juste avant l'incendie de 1530); l'église Saint-Jean (XVIe) et sa belle voûte en berceau, oeuvre de Jean Chéreau, que l'on a déjà vu à l'oeuvre à Villeneuve-sur-Yonne; le château des Gondi, les comtes de Joigny (édifié de 1569 à 1608); la porte du Bois, la seule des quatre portes du XIIIe siècle ayant résisté au temps. Les Joviniens passaient par là pour aller chercher en forêt d'Othe du bois d'oeuvre et de chauffage. Du pont sur l'Yonne, jolie vue sur l'ensemble de la ville. L'automobiliste peut aussi suivre la D20 en direction de Dixmont. Sur la côte Saint-Jacques, voilà une mignonne route en lacets qui serpente au milieu des vignes...
Office du tourisme de Joigny, 4, quai Henri-Ragobert (tél. 03-86-62-11-05) L'office organise des visites guidées de Joigny et propose un bon circuit-découverte à faire en une journée.

Continuer sur la RN6
Avec la N7, la N6 est la route des vacances par excellence! Après Joigny, la nationale arrive à Auxerre, chef-lieu de l'Yonne. Puis, c'est la remontée de la vallée de la Cure, en direction d'Avallon... (lire)

Le petit bourg de Saint-Cydroine ne se trouve qu'à quelques kilomètres de Migennes (Photo: Marc Verney, janvier 2010).

On sort de Joigny par la D943 en direction de Laroche et Migennes. Le long de l'Yonne, le mail, appelé aussi allée de Villeroy servait au XVIIIe siècle au jeu de mail (une boule de buis poussée par un maillet à manche flexible). Quelques kilomètres après Joigny, voici Laroche-Saint-Cydroine. Dominant l'Yonne, on peut y trouver une église des XIe et XIIe siècles rappelant l'évangélisation de la contrée par Saint Cydroine (IVe et Ve siècles). A côté, Migennes vit autour de sa grande gare de la ligne du PLM (bifurcation vers Auxerre) et du canal de Bourgogne, ouvert totalement en 1832, mais dont la section de Saint-Florentin fut mise en service dès 1823.

Belle plaque indicatrice de la "route impériale 5 bis" à Laroche (Photo: Marc Verney, janvier 2010).

Embarras routiers!
En 1807, le maître de poste de Saint-Florentin, un certain Juhan se plaint du comportement des ouvriers charbonniers qui transportent leur cargaison vers le canal en direction du port de La Roche. Leur convoi se tient bien au milieu du chemin, qui est "fort étroit"... Et, du coup, ils obligent les autres voitures à rouler sur les bas-côtés. "Au retour, s'énerve Juhan, ils s'endorment dans leurs bannes, ivres pour la plupart". Et si on a le malheur de les éveiller, "il faut s'estimer heureux qu'ils se contentent de vous injurier. Leur grand plaisir est d'accrocher!"...
Source: Saint-Florentin, Avrolles au XIXe siècle, par Jean Millot

Km 49 (+4): Brienon-sur-Armançon Encore une ancienne cité qui a réussi à se défaire de ses murailles et à transformer cet espace en promenades ombragées. La cité s'appelait Brienon-l'Archevêque jusqu'au XIXe siècle puisque son château servait de résidence aux archevêques de Sens. L'un d'eux y est même mort en 623...

A VOIR, A FAIRE
L'ancienne collégiale Saint-Loup, surmontée d'une grosse tour carrée, et un pittoresque lavoir du XVIIIe siècle à l'orée du bourg.

Il reste quatre kilomètres à parcourir pour retrouver le trajet de la route blanche (ancienne N5, aujourd'hui D905) vers Avrolles, à peu près au niveau du petit pont sur le Créanton, là, où au début du XIXe siècle, les postillons aimaient à faire boire les chevaux de leur diligence peu avant le dernier relais vers Saint-Florentin...

Marc Verney, Sur ma route, avril 2010

Continuer sur la "route blanche"
L'ancienne nationale 5 de Paris à Genève se poursuivait en direction de Saint-Florentin avant d'atteindre Tonnerre, petite cité bourguignonne épatante et discrète... (lire)